Chapitre 16 : JVP & Co

Write by Sandy BOMAS

VANESSA


J’arrivais à l’hôtel Laïko où j’avais rendez-vous. Une pancarte indiquait le nom de la salle dans laquelle était prévue la réunion de JVP & Co « C’est ici ! ». Je jetai nerveusement un coup d’œil sur le bracelet-montre qui ornait mon poignet, « Ouf je ne suis pas en retard ! Je vais devoir rencontrer ce client sans Vanessa. J’espère juste que sa présentation de JVP & Co a été correctement faite …»
Quand je fis mon apparition dans la salle réservée pour la réunion avec les futurs annonceurs, Stanley Wora-Monplaisir, une dame, sans doute son assistante et un jeune homme d’une vingtaine d’années m’y attendaient. Je leur adressai un large sourire, leur serrai la main et m’installai pour la présentation de JVP & Co. 
Monsieur Wora-Monplaisir était un très bel homme d’une quarantaine d’année. Le regard vif et pétillant il avait cette façon de vous fixer à vous faire perdre vos moyens. Pendant la présentation il n’avait pas arrêté de jouer tantôt avec sa cravate, tantôt avec son stylo et son bloc note.
« Si je t’ennuis il faut me dire tchiiip ! »
Je terminai ma présentation en insistant sur l’implantation stratégique des panneaux de ma société.
-Il serait bien pour vous de communiquer sur tous nos supports ce qui vous assurera une visibilité totale et vous permettra de suivre votre cible où qu’elle aille. Il faut que vous soyez présents partout.
L’assistante, une dame d’une cinquantaine d’années prenait des notes. Elle faisait parfois la grimace et l’instant d’après hochait la tête en signe d’approbation. Après quelques messes basses avec ses collaborateurs, Stanley Wora-Monplaisir prit la parole :
-Bien, après cette présentation détaillée, je crois que nous allons vous confier la campagne de BGFI Bank.
« Je n’en crois pas mes oreilles ! Il vient d’accepter ?! ». 
-Réservez-nous vos meilleurs emplacements. Cette année BGFI Bank fête ses quarante ans, on veut en mettre plein la vue !
-Vous êtes bien tombés Monsieur Wora-Monplaisir, nous nous occuperons de cet événement comme il se doit.
Je commençai à ranger mes affaires. Je ne pensais pas que ce serait si facile ! Il faut que j’appelle Vanessa pour lui annoncer la bonne nouvelle.
« Elle ne répond pas, peut- être qu’elle se repose….Ce n’est pas grave je passerai chez elle dans la soirée ».
J’étais en train de ranger mes affaires quand Monsieur Wora-Monplaisir me proposait de déjeuner avec son équipe et lui.
-Nous allons fêter le début de notre future collaboration.
Il me sourit, je lui rendis son sourire.

(...)

« Libertis* (opérateur de téléphonie mobile) bonjour le téléphone de votre correspondant est éteint….. Pffff Olivier n’était toujours pas joignable. »
Je m’engouffrais dans ma voiture : direction la ville. 
Le centre- ville me semblait à des milliers de kilomètres. Coincée dans un embouteillage monstre depuis une demi -heure, je trouvais le temps affreusement long. Les voitures avançaient à la vitesse d’un cortège funèbre. Chauffeurs de taxi et utilitaires se faisaient des bras d’honneur, juraient, exprimaient leur mécontentement en oubliant de lever leur main du klaxon. Certains s’insultaient comme d’habitude :
-Si tu n’es pas content passe au- dessus de ma voiture ! Il faut sauter !
- Imbécile ! Chien ! 
Ce spectacle de chamaillades incessantes entre automobilistes m’aurait amusée en temps normal, mais là, rien ne me faisait rire. Ma joie et ma bonne humeur se trouvaient à des années lumières de mon être entier. Le soleil agnangoulé* (soleil ardent) de midi heures envoyait ses rayons ardents droit sur mon visage. La luminosité me gênait. Je sortis mes lunettes de soleil de la boite à gants et protégeai mes yeux rougis et boursouflés. 
Dans la voiture, j’écoutais les informations d’une oreille distraite. Les catastrophes naturelles et la guerre dans le monde étaient aux antipodes de mes préoccupations. « J’ai ma propre guerre à mener pardon je ne vais pas m’encombrer l’esprit avec les sempiternels conflits entre les grandes puissances et ceux qu’ils prennent pour des marionnettes ! Tchiiiippp ! Allez un peu de zouk …».
♫Chéri de nous je n’ai aucun mauvais souvenirs pourquoi sommes- nous quittés…Pourquoi tu m’as déliassé…♫
Il n’y avait rien de mieux que la chanson de Medhy Custos pour m’enfoncer de plus belle dans la mélancolie. Je décidai alors de terminer le trajet dans le silence. 
J’avais conduis comme une automate. « Je suis déjà arrivée ! » Je m’arrêtais sur le parking le plus proche du restaurant où déjeunait Cynthia et je lui envoyai un sms :
« Ma co je suis là »
« Ok j’arrive »
Au bout de quinze- minutes toujours pas de Cynthia. « Cette fille et la ponctualité ce n’est juste pas possible ! »

On frappa fort à la vitre côté conducteur. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. 
-Pourquoi tu cognes comme une folle comme ça ? Tu m’as fait peur ! 
« Elle est définitivement bectée* (folle) cette fille ! »
-Regardez-moi quel qu’un tu me dis que qu’il y a quelque chose d’urgent et maintenant que j’accours tu me traites de bectée ?! Je te signale que ça fait un moment que suis arrivée. Je t’appelle tu ne réponds pas. J’étais obligée de tambouriner. 
-Heureusement que tu as accouru car j’ai même eu le temps de casser l’œil* (dormir) !...Qu’est ce que ça aurait été si tu ne t’étais pas dépêchée ? 
-Ah pardon ne ma gazes pas ! Tu t’es assoupie comment ? Le temps que je sorte du resto et que je vienne te rejoindre tu as pioncé* ? (tu as dormi ?) La nuit est faite pour dormir hein ! kiakiakia 
-Bouge !....
Je dévérouillai les portières et Cynthia monta à l’avant.
-Bouge toi-même ! Oh ma co ! Tu es en jean aujourd’hui ? Où est ton tailleur de la super commerciale de JVP & Co ? 
-Je ne suis pas allée au travail ce matin….
-Oh pourquoi ? Quel est le problème qui te fait manquer le taf comme ça ? 
L’air inquiet, sourcils froncés, Cynthia me regardait avec insistance.
- Ne me dis pas que….
-Si….Ma co, c’est grave….
Je marquai une pause, pris une profonde inspiration et repris.
- Papa Mupitu …..Ton super nganga avait raison….Il y a bien une autre femme….
-Je savais !!!
Je continuai d’un ton monocorde ignorant les exclamations de Cynthia.
- Et elle est enceinte….
-Seigneur !....
Elle tapait dans ses mains, jurait, hurlait, traitait Olivier de tous les noms.
-Tu avais raison sur toute la ligne ma co ….Et tu ne devineras jamais quoi, les preuves étaient là sous mes yeux...
-Comment ça sous tes yeux ? 
-En fait quand nous nous sommes séparées hier soir, j’ai finalement laissé mes principes de côté et j’ai tout mis sens dessus dessous chez moi. Et j’ai trouvé des tas de choses dont une échographie et des photos….Tout était dans ma chambre…..Je dormais avec tous les éléments près de moi sans rien voir !.....
-Mon Dieu !.... Tchouoooo Olivier ! Vraiment ! Il ne pouvait pas cacher ça ailleurs ?
- Olivier m’a surpris en train de fouiller dans ses affaires. Il s’est mis en colère et il est parti de la maison sans rien dire. Et depuis hier je n’ai pas de nouvelles.
-Ne le cherche même pas Vanou. Il est pépère chez sa tuée* (son deuxième bureau) On va s’occuper de ta veillée. Parce que moi je pense que l’affaire-là n’est pas simple. Tu l’attrapes et au lieu de se faire tout petit le bon monsieur s’en fout ! Bôlôoooo !



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