Chapitre 16

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 16⚜️


Emile Biyoghe


Arrivés au terminal du jet privé, nous descendons du véhicule. Le pilote vient à notre rencontre et prend nos valises.

Yolande tient difficilement debout donc je la tiens par le bras. Elle regarde autour d'elle et se passe la main sur le visage.


—Nous ne sommes…nous ne sommes pas à l'aéro... Commence t-elle en begayant. On est où Emile?


—Viens on va monter dans l’avion, tu pourras t’asseoir, dis-je en la guidant vers l'appareil.


—Qu’est ce…que…le…le jus…le jus..


Elle essaye de formuler une phrase cohérente mais elle y arrive difficilement. Elle a le regard trouble, se passe régulièrement la main droite sur le visage comme pour remettre ses idées en place. La kétamine est une drogue parfois utilisée comme psychotrope donc bientôt ma très chère épouse va partir en vrille.


—C’est…c’est un jet…mais pourquoi...?


—Oui c’est un jet Yolande, montons pour que tu puisses te reposer.


Dès qu’on monte, je la fais directement asseoir étant donné qu’elle titube déjà puis je boucle sa ceinture de sécurité. Elle commence à s’agiter un peu parce qu’elle se rend bien compte de l’endroit où on est. Elle s’est certainement attendue à ce qu’on prenne un vol commercial pour qu’elle puisse nous faire un vrai show à l’aéroport de Libreville.


Donc vu qu’on part en jet, elle comprend qu’on ne descendrait pas à l’aéroport, son plan tombe automatiquement à l’eau. Mais vu son état, elle a du mal à sortir une phrase sensée, elle passe les mains sur son visage,sur sa tête,se frotte les yeux. Ses larmes coulent tout le long de ses joues.


—Madame vous allez bien ? Demande l'hôtesse. Vous m’avez l’air mal en point.


—Je…j…


—Ma chérie calme toi, cta va aller. En fait, euh…elle est sous l’influence de stupéfiants. Dis-je à l’hôtesse en soupirant.


—Elle s’est droguée ?


—Oui de la Cocaïne,elle est malheureusement dépendante de cette saleté depuis bientot 4 ans. Mais ne vous inquiétez surtout pas, ça va lui passer,après un petit moment de sommeil.


—Vous êtes sûr monsieur ? Il n’y a rien qu’on puisse lui donner pour améliorer son état?


—Je vous assure que j’ai l’habitude, elle a juste besoin de repos.


—Ok d’accord,si vous le dites…je vous sers quelque chose ?


—Du champagne, s’il vous plait.


—Et pour votre femme? Elle a vraiment l’air mal en point, je peux lui apporter de l’eau ?


—Je vous assure que quand elle est dans cet état, il n’y a aucun moyen de la calmer.Il faut juste attendre que la crise passe,à un moment donné elle va s’endormir.Au réveil,elle ira mieux. Elle aura une sérieuse migraine mais ça lui passera après un petit calmant.


—Vous êtes vraiment habitué,à ce que je vois.


—Oui malheureusement,c’est ce qui se passe quand vous êtes marié à une personne accro à certaines substances,à la longue vous vous y habituez. Ajouté-je avec un petit sourire triste.


—D’accord, j’apporte votre champagne.


—Merci mademoiselle.


Pendant le vol,l’état de Yolande ressemble à des montages russes. C’est-à-dire qu’à un moment donné elle est agitée et débite des incohérences,à un autre moment elle part dans un état d’hilarité totale. Parfois elle se met à pleurer, à crier. À un autre moment elle est en pleine extase, elle chante, elle siffle.Je suis totalement amusé en la regardant faire son show, je sirote mon champagne en lisant une revue financière.


Quand on atterit finalement des heures plus tard, Yolande dort à point fermé.

L’hôtesse m’aide avec les bagages qu’elle met dans la voiture qui nous attend dehors. J’avais appelé Vincent des heures à l’avance pour lui demander de me laisser un véhicule au terminal de Jet. Je porte Yolande dans mes bras et je descend de l’avion. Vu que j’ai déjà réglé ma facture de la location, je monte directement dans la voiture.


Je vérouille les portières avec Yolande qui dort à l’arrière et je démarre.Dès qu’on arrive à destination, je klaxonne et le gardien m’ouvre le portail, je me gare dans le garage. Le gardien sort nos valises du coffre et les porte jusque dans le salon. Je porte encore Yolande dans mes bras, vu qu’elle dort toujours et je vais la deposer dans une des chambres à l’étage.Je redescend dans le salon et je fais appel à Sidibe le gardien et Marie la dame de ménage.


—Bonjour monsieur.


—Bonjour, comme vous pouvez le remarquer je suis rentré de voyage avec ma femme. Donc cela signifie que je ne vais plus avoir besoin de vos services.

Ma femme s’occupera du ménage et de la cuisine donc ce n’est pas nécessaire pour nous d’avoir une ménagère.

Sidibe je n’aurai plus besoin de tes services aussi, donc tu peux me rendre la télécommande du portail. La sécurité est très renforcée ici par un système très sophistiqué donc on pourra s’en sortir sans toi.


Les deux m’écoutent sans rien dire. Je signe deux chèques, où je double les sommes de leurs salaires respectifs et je les leur remet.


—Comme vous voyez, je vous ai donné le double de vos salaires,pour vous remercier pour l’excellent travail que vous avez fait en mon absence.Donc vous pouvez prendre vos affaires et rentrer chez vous.


—Merci monsieur me repondent-ils avant de sortir du salon.


À ma tête, ils se rendent certainement compte que je suis très sérieux, donc ils n’essayent même pas de me faire changer d’avis. Plus tard, ils me remercient et je les accompagne jusqu’au portail, avant de le refermer.

Ce n’est pas vrai que je n’aurai plus besoin d’une ménagère.Je vais en embaucher une qui viendra une fois par semaine pour faire le ménage dans le salon,la cuisine et dans ma chambre qui n’est pas loin de la salle à manger.


Elle n’aura pas à monter à l’étage vu qu’elle n’est pas sensée voir Yolande.Voila pourquoi, j’ai préféré que Sidibe et Marie s’en aillent parce qu’ils m’ont vu rentrer avec Yolande dans la maison. Si je les laissais travailler ici, ils auraient fini par comprendre que quelque chose cloche dans la maison, vu que Yolande sera toujours enfermée dans sa chambre.


Pourquoi la femme du patron ne sort jamais ? Même pour aller dans le salon? Pourquoi on ne la voit jamais ? 


Ils auraient compris qu’il y a anguille sous roche surtout quand Mélissa serait venue vivre ici et qu’elle dormirait dans le sous-sol. Ça aurait pu les pousser à creuser. Alors, je prefere ne prendre aucun risque.


Je monte les valises de Yolande dans sa chambre. Elle se réveillera un peu plus tard, il ne faudrait pas qu’elle se balade dans la maison jusqu’à trouver un couteau pour me poignarder. Donc je ferme la porte à clé et je vais ranger mes affaires dans ma chambre.


              ♤~~~~~~~♤     


Yolande Otando épouse Biyoghe


Je ressens une surface dure et froide mais je ne vois rien, je suis dans l’obscurité. Je percois une odeur nauséabonde et âcre qui me fouette les narines. Ça sent tellement mauvais qu’on dirait de la viande pourrie ou plutôt un être vivant en état de décomposition avancée. Je ressens une douleur atroce à l’estomac, comme si mes intestins étaient attachés. Je finis par ouvrir les yeux pour comprendre où je me trouve, je cligne des yeux à cause de la lumière qui m’aveugle pendant un moment.


 Ma vue est légèrement brouillée mais elle s’éclaircit au fur et à mesure. C’est à ce moment que je tombe sur des yeux, ces yeux là que je trouvais très beaux avant. Mais désormais ce sont des yeux que je trouve trop froids, calculateurs et malveillants.


— La Belle au bois Dormant décide enfin à se réveiller, dit-il en dévoilant ses dents toutes blanches. Tu as dormi longtemps, je suis sûr que tu rêvais de moi!


Je ne lui répond pas et je fais courir mon regard un peu partout, je me rend compte que je suis allongée par terre dans une salle de bain, sur des carreaux froids. Je tente de me lever mais c’est impossible, je ressens d’affreuses courbatures. Puis il y a toujours cette odeur immonde qui pue et m’incommode, je tourne la tête vers la droite et là, vision d’horreur tout près de mon visage. 


Je suis pris d’un tel haut le coeur que je trouve la force pour m’asseoir et reculer rapidement jusqu’à coller mon dos au mur sans quitter cette chose du regard. C’est tellement dégoûtant que j’ai juste envie de vomir. Emile qui est toujours debout avec les mains en poche se moque de moi.


— Pour quelqu’un qui devrait avoir mal au corps, tu as très vite deguerpi dis donc! Fait-il, hilare.


— Qu’est ce que…, commençais-je dégoûtée. C’est quoi ça Emile?


—Ça c’est Molly, tu l’as très vite oublié Yolande, c’est pas cool ma chérie.


— Molly? Quelle Moll…


Ma phrase reste inachevée quand je me souviens de la petite chienne qu’Emile m’avait achetée quelques jours avant notre mariage, je l’avais appelée Molly. Je regarde ce tas degeulasse, on dirait un melange de sang, viande pourrie, poil, asticot et je suis juste dégoûtée.


—Mais pourquoi elle est… que lui est-il arrivé? Tu avais dit que tu avais engagé une dame de ménage qui prendrait soin d’elle pendant les trois semaines de notre lune de miel.


—Tu imagines bien qu’une dame de ménage que je paye avec mon argent, n’allait pas passer son temps à s’occuper d’un clebard. Donc j’ai dit à la dame de ménage de laisser ta bestiole dans la cave jusqu’à notre retour. Et malheureusement, elle est morte de faim. Quand elle a commencé à se decomposer, la dame de menage l’a mis dans un sac plastique et l’a conservé jusqu’à notre retour, selon mes instructions. 


Je le regarde comme s’il est complètement malade. Conserver le cadavres d'un animal, juste pour me le montrer ? 


Je suis avec qui comme ça Seigneur ? 


—Non mais ne me regarde pas comme ca, dit-il hilare. Je ne pouvais quand même pas faire enterrer ta chienne sans que tu ne sois présente. Tu as vu où qu’on enterre quelqu’un sans la présence d’un parent?


Je suis totalement sans voix en regardant cet homme, je ne sais pas s’il est atteint de folie ou de psychopathie, mais il me fait de plus en plus peur.


—Bon j’ai un rendez vous en ville dans pas longtemps, il faut que tu nettoies toute cette saleté avant que je ne parte.


—Tu dois vraiment être malade du cerveau si tu penses que je vais toucher à cette horreur.Tu es celui qui a emmené ça ici donc débrouille toi.


—Oh tu ne veux pas nettoyer? Ok ca peut rester là. Je dois juste te souligner que cette salle de bain est la tienne, vu quelle est dans ta chambre. So, si tu veux rester dans une chambre pleine d’asticots et accompagnée d’une odeur âcre, qui suis-je pour te juger ma cherie? Dit-il, amusé.


Il sort de la salle de bain et ferme la porte à clé, je reste là dépassée par l’enfer dans lequel je suis tombée. Connaissant Emile, il est très capable de me laisser dormir dans cette chambre avec cette saleté. Je soupire et je decide de nettoyer. Je fais un effort de me lever, je m’adosse un moment au mur à cause du vertige que j’ai. Au bout de cinq minutes je prend le balai et la pelle qui sont juste à côté de moi. Je serre les dents et je ramasse toute cette saleté, je la met dans le sac poubelle. Je passe la serpillière et je me rince les mains avec de l’eau vu qu’il n’y a pas de savon.


Quelques minutes plus tard, Emile déverouille la porte et il entre dans la salle de bain avec un flingue, je me fige.


—Ah tu as nettoyé, c’est bien!


—Pourquoi tu as apporté une arme, lui demandé-je apeurée.


—Par précaution, dit-il en haussant les épaules. Qui sait, peut être que tu m’aurais attaqué avec le balai dès que je serai revenu dans la douche, donc j’ai emmoene ça au cas où.


Je ne répond pas…


—Bon sors d’ici, dit-il.


Je sors de la douche et quand j’arrive dans la chambre, je suis étonnée par son aspect. Elle est très grande mais il n’a pas de commode, ni tiroir, ni miroir sauf un petit lit d’une place au centre de la pièce et des rideaux. Je suis sans voix.


—La déco te plaît j’espère dit-il amusé.


—Comment tu veux que je reste dans une telle chambre? Il n’y a aucune commodité.


—Oui ça vaut mieux ainsi ma belle.


—Même pas un miroir ni dans la chambre, ni dans la salle de bain?


—Te laisser un miroir pour que tu puisses le casser et m’égorger plus tard avec les morceaux? Tu me prends pour un idiot ou quoi?


Je me rend compte qu’il a vraiment retiré tout ce qui pourrait constituer une arme dans cette chambre.


—Bon je t’aurais bien fait visiter la maison ma chérie, mais je risque d'être en retard pour mon rendez-vous. Donc tu vas rester bien sage ici à m’attendre.


—Emile tu ne vas pas m’enfermer dans cette chambre à jamais, je devrais pouvoir au moins prendre l’air. Et d’ailleurs, j’ai envie de voir ma soeur.


Il ne me répond pas, il soulève le sachet poubelle, le saut et le balai puis il sort de la chambre en la verouillant. Je m’approche de la fenêtre, cette dernière a des barreaux en acier, donc impossible de penser un jour à pouvoir sauter par là. Et vu la hauteur, ma chambre doit être au 3e ou 4e étage. Je jette un coup d’oeil et je vois le jardin qui est je l’avoue très beau.


Comment vais-je sortir d’ici? Il va me falloir un miracle pour m’en sortir parce que ce scelerat a toujours une longueur d’avance sur moi. Vu la facon dont je me suis subitement sentie mal en sortant de l’hôtel, je comprends qu’il m’avait droguée pour éviter que je ne fasse un scandale a l’aéroport. Je soupire, et je m’allonge sur le lit avec les yeux qui piquent tellement j’ai envie de pleurer.


Bonne lecture.

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