Chapitre 17
Write by Benedictaaurellia
A Lomé.
Ruth.
Nana : Oh ma chérie ! Comme tu m’as manqué.
Ruth : Tu m’as manqué aussi.
Nana : Viens entrons. Ce sont les jumelles qui seront contentes de te voir.
Ruth (surprise) : elles sont toujours là ?
Nana (acquiesçant) : Oui. Elles travaillent ici.
Dès que j’ai vu nana à l’accueil, toute appréhension m’a quitté.
Elle s’appelle en fait Joanna KOKOU. Elle était la meilleure amie de maman. C’était la seule amie que je lui connaissais d’ailleurs. Elles formaient un trio vraiment unique ma mère, sa jumelle et Joanna. Petite, j’avais du mal à l’appeler Joanna. J’ai décidé alors de l’appeler Nana et ça m’est resté jusqu’aujourd’hui.
Seigneur ! Qu’est-ce qu’elle a vieilli ! Mais c’est normal. Trente ans ont passé. Elle avait monté cette structure avec maman et c’est entre ses mains que je l’avais laissé. Renaissance est aussi son bébé à elle. Personne n’était mieux placé qu’elle pour tout gérer.
Elle nous fait faire le tour et je vois que beaucoup de choses ont changé.
Les locaux ont pris un coup de vieux. De nombreux ateliers ont été ouverts pour les filles/ femmes pour leur permettre d’apprendre des métiers. On pouvait voir certaines à l’œuvre. Pendant que certaines s’initient à la couture, d’autres apprennent la coiffure, d’autres, la cuisine, etc. au niveau des ateliers, je constate qu’il y en a de nouveaux qui n’étaient pas là à mon époque. C’est l’exemple de l’atelier consacré à la mode.
Je m’y suis particulièrement intéressé et Nana m’a expliqué qu’ils l’ont monté il y a quelques années parce que certaines femmes avaient émis ce désir. C’est un vaste atelier qui en lui-même comprenait d’autres mini ateliers. Comme par exemple l’atelier mannequinat, l’atelier perlage, et l’atelier stylisme.
Je suis contente de voir que tout ce que j’envoyais comme soutien financier ait servit à quelque chose. Bien sûr je recevais des rapports financiers mais voir tout ça de mes propres yeux me fait chaud au cœur. Je ne me suis pas privée pour faire de nombreuses photos que je compte transmettre à nos partenaires. Ils seront tout aussi fiers que moi de voir que leurs donations servent à une bonne cause.
Je reconnais certains visages et d’autres non. C’est bien normal puisqu’il écoulé assez de temps depuis lors. Certaines anciennes résidentes sont devenues des formatrices à leur tour. Il y a de nombreux nouveaux visages. Revoir toutes ces personnes m’émeut.
Bien sûr, les anciens ne sont plus aussi nombreux. Juste quelques-uns sont encore là. C’est normal. On les encourageait toujours à quitter le centre et à aller de l’avant une fois qu’elles progressaient. Celles qui sont resté l’ont fait par choix. A leur tour, elles ont devenues des mentors et aident les nouvelles venues.
Maman aurait été tellement fière. Une larme perle à ma joue quand j’y pense. Paul me tend discrètement un mouchoir que je prends. Je ne savais pas qu’il s’en était aperçu. Cet homme est une perle. Qu’aurai-je fais sans lui ? Je me reprends rapidement et entreprends de discuter un peu avec les uns et les autres. Ça m’a manqué.
Ce n’est qu’après trois heures que je me décide à quitter les lieux. Non sans un pincement au cœur. Mais je promets à tous de revenir dès le lendemain. Maintenant que je me suis remise dans le bain, je compte bien m’y donner à fond comme auparavant.
J’ai même déjà plusieurs idées.
C’est avec le sourire que nous regagnons la voiture.
Paul : Dis, maintenant que nous avons crevé l’abcès de Renaissance, tu ne crois pas que nous devrions aussi crever l’abcès de ta maison ?
Il fait allusion à la maison de mes parents qui est la mienne maintenant.
Ruth : D’accord. Lui répondis-je. Mais on va d’abord manger un bout. Je suis affamée.
Paul : A tes ordres.
Ruth : En revenant demain, ce serait bien que nous apportions quelques vivres.
Paul : J’y ai aussi pensé. Nous ferons les courses cet après-midi. Ça te va ?
Ruth : Oui. Tu es un ange, tu sais ? Je ne sais pas ce que je ferai sans toi. Lui dis-je en l’embrassant.
Paul (en souriant) : Oui, je le sais. Je suis ton ange à toi. Ben sans moi, tu n’existerais pas non plus. Dieu nous a créés ensemble. Collé, serré, soudé, cimenté c’est ça l’amour !
Nous rigolons ensemble.
C’est dans la bonne humeur que nous continuons notre route.
Nous nous arrêtons devant un maquis pour prendre un plat local.
Une fois à table, on nous sert un bon plat de foufou que nous dégustons avant de reprendre la route.
Maintenant, nous prenons la direction de mon domaine familial.
Quand nous arrivons à l’entrée, je ne peux m’empêcher de devenir triste. Paul en bon gentleman comme toujours, me prend la main et nous nous dirigeons vers une petite maison située à quelques mètres de la résidence elle-même. Il s’agit de la maison du contre maitre. Je me demande s’il est toujours vivant. A l’époque, avant que nous partions pour Paris, je lui avais confié la maison. Au début, je lui envoyais de quoi prendre soin de sa famille et ma maison mais depuis une dizaine d’année, tous mes virements me revenaient. J’avoue avoir été bête sur ce coup-là. Je ne me suis pas posé de questions par rapport à ça. J’ai joué la politique de l’autruche et j’ai largué ça dans un coin de ma mémoire.
Il n’y a pas de sonnerie et nous tapons des mains plusieurs fois sans réponse. Comment allons-nous avoir accès à la maison si nous ne le retrouvons pas ?
Je suis en totale panique. Je m’en veux. J’ai négligé cette maison, ma maison et voilà qu’aujourd’hui, je suis devant elle et je ne peux y entrer. Mes parents doivent m’en vouloir d’où ils sont. Comment vais-je faire ? Et si quelqu’un d’autre était venu s’approprier la maison ? Je réalise que ça fait plus de trente ans. En matière de propriété, possession fait loi. Et la durée c’est vingt-cinq ans. Je suis mariée à un avocat je connais les b a ba.
Je tourne un regard interrogateur vers Paul, incapable de dire un mot.
Paul : Ne t’inquiète pas. Je sais ce à quoi tu penses et il n’y aura rien de tout cela.
Ruth : J’ai été tellement négligente ! Et si je perdais la maison ? Je m’en voudrais tellement, tu sais.
Paul (me prenant dans ses bras) : Sois positive. D’accord ? Tu ne l’as perdra pas. Aie confiance.
Plus facile à dire qu’à faire.
Nous restons là plusieurs minutes sans qu’une âme qui vaille ne passe.
Nous finissons par retourner à la voiture et reprendre le chemin de Lomé. Nous reviendrons demain. Peut-être qu’avec un peu de chance, nous trouverons quelqu’un.