Chapitre 17

Write by Kaylee

LA SECONDE ÉPOUSE


Épisode 17 : Chantage ? Ou pas ?


**** Oumou Ali ****


Mon nouveau collège est le best. Le premier jour quand mon beau-père m'y a conduit, je me suis tout d'abord sentie intimidée par la grande bâtisse de l'établissement. Mais plus maintenant. Le proviseur m'a présenté à ma classe qui au passage contient juste 27 élèves contrairement à ma classe au village qui contenait 75 élèves de la terminale C. Ce n'est un secret pour personne que Montaigne est un établissement pour gosse de riche et gosse de diplomate. Comme c'est une école française, les white et métisse pullulent dedans. Le nombre de noirs sont à compter sur les doigts. L'établissement contient principalement des français, libyens, sénégalais et béninois. Ce qui me fait plaisir dans tout ce mélange est l'absence de racisme. L'établissement met un point d'honneur à nous apprendre l'amour de chaque race. Ça fait une semaine que j'ai commencé les cours chez eux et ils sont légèrement en avance sur le programme par rapport à mon ancien collège. Mais heureusement j'ai pu me rattraper grâce à Orlane Alexander Miller, une belle blanche de 17ans très joviale. Elle me fait penser la plupart du temps à ma sœur Salewa. Pas qu'elles se ressemblent. Non. Mais je me surprends parfois à leur trouver des traits communs. Par exemple la même bouche, les mêmes mimiques. C'est là que je me rends compte à quel point ma sœur me manque. En discutant au téléphone avec mes parents hier, ils m'ont aussi appris qu'ils n'ont plus eu de ses nouvelles depuis plusieurs jours déjà, d'autant plus qu'elle n'a pas de téléphone et que c'est par l'intermédiaire de Jessica qu'ils parviennent à communiquer avec elle.

Depuis que Amir est retourné aux États-Unis, je n'ai plus eu de ses nouvelles et cela me chagrine même si j'essaye de ne rien laisser transparaître. Je l'aime à la folie. Je l'aime à un degré qui me fait peur parfois. Son mépris à mon égard me tue à petit feu mais j'ai fois qu'il changera. L'Amir que je connaissais, que j'ai connu n'est pas celui de maintenant. C'est cette nouvelle de grossesse inattendue qui l'a ainsi chamboulé. Lorsqu'il va mieux digérer la pilule, il va revenir sur de meilleurs sentiments.

Entre ma belle-mère et moi, c'est comme avec le chat et la souris. Elle me méprise clairement et ne manque pas une occasion de me ridiculiser devant ses amies. Ça me fait mal oui, mais je prie tous les jours Allah pour qu'il touche leurs cœurs à son fils et elle.


*

*

*


**** Salewa ****


Comme dit, Jessica n'avait pas passé la nuit à la maison hier, ce qui m'a fait un bien fou. Je suis à la cuisine entrain de manger le riz que j'ai fait.

Ding Dong ! Je marche jusqu'au salon et jette un coup d'œil à l'horloge qui affiche 10h 35. Si c'était Jessy, elle n'allait pas sonner puisque c'est son appartement et qu'elle a le double des clés alors qui cela pouvait bien être ? À moins que... Mieux je n'y pense pas. Le cœur battant, j'ouvre doucement la porte d'entrée pour me retrouver nez-à-nez avec lui. Tout de suite, mon cœur se met à faire des girouettes et je rougis comme une tomate.


 Lui : Bonjour Salewa.


 Moi : Euh... Bon... bonjour.


Il sourit d'amusement face à mes bafouillements.


 Lui : Pourrions-nous entrer s'il te plaît ?


Ce fut seulement à ce moment-là que je me rends compte qu'il n'était pas seul mais avec certains membres de sa famille.


 Moi : Euh oui bien sûr. Entrez je vous prie.


Je dégage le chemin.

Ils sont au nombre de quatre au total. Liam "mon mari", ses parents et son oncle. Après qu'ils sont installés dans les canapés, je cours à la cuisine et reviens avec un grand gobelet contenant de l'eau. Je fléchis légèrement les genoux et donne le gobelet à l'oncle qui boit en première position, puis aux autres au fur et à mesure avant de reprendre le gobelet toujours en fléchissant les genoux. C'est comme ça qu'on nous a appris au village. Quand un étranger vient chez toi, tu lui sers de l'eau, le fléchissement des genoux est une marque de respect. Lorsque je reviens au salon après avoir déposé le bol à la cuisine, je m'assis devant eux.


 Le père : Comment vas-tu ma fille ?


 Moi : Je vais bien papa.


 La mère : Tu es très belle ma chérie.


 Moi (timidement): Merci beaucoup.


 L'oncle : Bon, comme tu peux le constater, nous sommes venus chez toi comme on l'avait promis hier. Tout d'abord, au nom de toute la famille ELISHA, je tenais à te présenter nos excuses pour les évènements fâcheux qui ont eu lieu hier. Si tout s'est envenimé c'est en partie de notre faute et nous te demandons une fois de plus pardon car à cause de quelques bourdes, tu t'es retrouvé au cœur d'une tohue-bohue.


 Moi : Arrêtez s'il vous plaît de vous excuser monsieur. Vous êtes mon aîné, et vous êtes en âge d'être mon père. Vous excusez auprès de moi est me mettre des péchés sur les épaules. Je n'ai rien à vous pardonner. Depuis hier, j'ai beaucoup réfléchi à tout ça et j'en suis venue à la conclusion que ça aurait pu être une autre fille, que votre fils se serait trompé sur n'importe quel autre fille de la cérémonie. Ce sont des choses qui arrivent. La seule personne à qui vous devriez présenter vos excuses est Ya Kamila car c'est elle la grande victime de l'histoire. Elle a certes mal réagi ensuite mais mettez ça sur le coup de la colère et du stress qu'elle ressentait avant la cérémonie. Quoi qu'elle ait fait, qui qu'elle soit, je ne pense pas qu'elle mérite l'humiliation qu'elle a subi. Vous avez également une ou des filles. Imaginez que c'est à l'une d'elles qu'on faisait une telle chose. Je ne suis pas digne de vos excuses mais plutôt elle. Et je suis désolée de devoir revenir sur ma parole mais je ne peux pas devenir la seconde épouse de votre fils. Ce ne serait pas bien vu par la société. Et d'un autre côté, j'ai aussi des parents. J'ai accepté sur le coup. Mais vous qui êtes aussi parents, permettrez-vous que votre fille entre dans un foyer de cette manière ? Vue ces circonstances ?


Il eut un silence de mort dans le salon pendant lesquels je vois les parents se concerter du regard tandis que Liam me regarde fixement comme s'il essayait de sonder mon âme. Je fais tout pour ne pas croiser son regard et me concentrer sur ses parents. Je ne sais pas où mais j'ai l'impression de l'avoir déjà vu avant la dot. Mais peut-être que je me trompe. Il est tellement beau que s’en est flippant. Un tel homme ne s'oublie pas facilement donc si je l'avais déjà rencontré avant, je m'en souviendrai forcément.

Après un raclement de gorge, son père prends la parole.


 Le père : Tu as raison sur toute la ligne ma fille. Tu n'as pas tort quand tu as dit que nous devons nous excuser auprès de Kamila. Et nous le ferons. Aussi, c'est vrai lorsque tu as dit que Liam aurait pu choisir n'importe quelle fille de la cérémonie mais même si c'était le cas nous n'aurions pas tenu à appliquer notre tradition. Tu as quelque chose de spécial. Une aura et une personnalité très forte. Nous désirons que tu deviennes notre belle-fille et Liam aussi désire faire de toi son épouse. Pour faire les choses dans les normes, Kamila sera sa première épouse et toi la deuxième. Nous sommes prêts à t'assurer une indépendance financière et tu pourras faire n'importe quelle activité que tu désires. Pour tes parents, je te prie d'accepter de nous conduire à eux. Nous saurions comment les faire accepter ton union avec notre fils en omettant bien sûr l'épisode désastreuse de la dot. Nous leur dirons que notre fils a déjà une femme mais pas plus. Si tu reviens sur ta parole, nous serons dans l'obligation d'annuler la dot de Liam et Kamila comme convenu hier. Ne prends pas cela comme un chantage émotionnel mais nous voulons juste le bonheur de notre fils. Et nous pouvons t'assurer que tu ne seras pas déçu si tu acceptes de faire partir de notre famille.


Je regarde ces gens et ne sus plus quoi dire.

LA SECONDE ÉPOUSE