Chapitre 18

Write by Kaylee

LA SECONDE ÉPOUSE


Épisode 18 : Happy Birth Day


**** Amir MOUSTAPHA  ****


« Vingt-cinq ans ça se fête!» Raoul et Melvin, mes chers associés (et accessoirement meilleurs amis) scandent cette putain de ritournelle depuis au moins deux mois. Je suis rentrée dans mon train-train newyorkais il y a deux semaines et je ne regrette rien. J'allais commettre un meurtre si je restais une minute de plus auprès de Oumou. Mon père veut me faire craquer mais il n'y parviendra pas. Bon, comme je disais, c'est aujourd'hui que je fête mes 26 ans. Je suis un fêtard inné et mes amis m’ont tellement pris la tête, que j’ai accepté qu’ils organisent une soirée, heureusement qu'ils vont contribuer car avec le vieux qui m'a diminué mes frais mensuels, je fais beaucoup attention à mes dépenses.

Ce matin en me réveillant, j'ai reçu un message WhatsApp de Oumou qui disait:" Joyeux anniversaire chéri. Je te souhaite mes meilleurs vœux que sont la santé, la réussite et la prospérité. Je n'ai pas assez de mots pour t'émettre mes souhaits car ils sont nombreux. Toutefois, beaucoup de 19 novembre dans ta vie futur papa. Je t'aime. Bisous".

Je n'avais pas répondu à son souhait d'idiote car si je lui écris mes pensées envers elle, elle en pleurerait pendant des mois.

Il est bientôt 21heures, et pendant que je me prépare, j'entends mes potes rires joyeusement depuis le salon. Nous sommes tous jeunes et nous ne nous privons pas de vivre comme des gens de notre âge, de notre génération, c'est-à-dire de manière totalement dépravée tous les week-ends… 

Je porte pour un jean, une chemise blanche et une veste de costume bleu foncé. Un coup d’œil rapide dans le miroir : merde, pas rasé… Tant pis, plus le temps, ce sera look «barbe de trois jours». Ça m'est égal de toute façon. Je me fous de ce que peuvent penser les gens, peu importe la manière dont je peux me présenter, les meufs me trouveront toujours beau et séduisant… Je rejoins les gars au salon qui eux sont vêtus simplement mais sont chic. À la fac, je ne traine pas avec n'importe qui. Mes amis sont les mecs les plus populaires de la fac. Beaux, accessoirement playboy avec leurs comptes bancaires très fourni. Raoul Deschamps, 25 ans comme moi, fils d'un grand viticulteur français et d'une comtesse. Ses parents sont pleins aux as et il dépense sans regarder les chiffres. Melvin Alexander Miller, 23 ans, fils d'un richissime homme d'affaires et diplomate américain. Melvin est non seulement le plus jeune de notre bande mais est également le plus sage et celui dont le compte bancaire est le plus fourni. 


 Raoul : Salut ma cocotte ! Alors, prêt pour la plus monumentale soirée de ta vie ?


 Moi : Continue de m’appeler comme ça don Juan, et je reste chez moi…


Il est mort de rire. 


 Raoul : Sérieux, toi Amir rater une fête ? Surtout quand c'est en ton honneur et qu'il aura des nanas bandantes dans la place.


 Moi : Hum, je peux toujours te surprendre.


 Raoul : On va passer une super soirée ! Ramène tes fesses, on t’attend en bas !


Allez, c’est parti. 

A peine suis-je sorti de mon immeuble que mon téléphone vibre dans ma poche… 

Ce qui est intéressant dans la vie, c’est lorsque l'on croit que la journée ne pourra pas être plus pourrie qu’elle ne l’est déjà…

Je décroche et m’engouffre dans la Mercedes rutilante de Melvin, stationnée juste devant, en faisant signe à mes deux acolytes de se taire, et en prononçant muettement le prénom de ma fiancée. Melvin sourit. Son compère, comme à son habitude, se fourre deux doigts dans la gorge comme pour se faire vomir. 

Classe.


 Moi : Bonsoir bébé, dis-je d’un ton monocorde.


 Rainha : Oui BONSOIR MOUSTAPHA!!!!! 


Putain, elle est remontée comme une pendule. 

Elle hurle littéralement dans le téléphone.


 Rainha : Comme tu l’as si bien remarqué, nous sommes le 19 novembre aujourd'hui. J'ai appris par le biais d'une amie que tu organises une soirée mais évidemment tu n'as pas jugé bon de m'inviter. Je t’ai laissé six messages, six!!! Si c’est comme ça que tu comptes faire tourner notre couple, je peux toujours me retirer.


Moi : S’il te plaît Rainha. Pas ce soir, dis-je complètement dépité. Je suis désolé, j’ai écouté tes messages et comme ce n’était pas urgent, j'avais prévu de te rappeler plus tard. J'étais avec les gars et…bref, désolé. Et j'avais aussi oublié de te dire pour la soirée.


Comment lui dire que je préfère m’ouvrir les veines avec un couvercle rouillé plutôt que de passer ma soirée à fêter mes vingt-cinq ans avec elle dans les parages ? Elle va gâcher tous mes plans de me taper une nouvelle meuf. Comme si elle lisait dans mes pensées, elle ajoute ;


 Rainha : Bien sûr, tu préfères fêter ton anniversaire avec ces deux dépravés qui te servent d’amis plutôt qu’avec moi. Ils sont là avec toi? Évidemment qu’ils sont là! Ils sont toujours là !


Raoul me regarde et fait un geste très classe avec son majeur en direction de mon téléphone.


 Moi : Raoul t’embrasse, ai-je la bonne idée d’ajouter.


Et j’éclate de rire, genre, rire super nerveux. 

Ça y est, c’est définitif: je craque. Cette fille m’a poussé à bout. Mais si j'essaie de la supporter c'est pour faire plaisir à mon père, le rendre à nouveau fier de moi. Rainha Koné est la fille de l'ami à mon père qui m'était promise. Après mon mariage forcé avec Oumou, son père a décidé d'annuler la promesse de mariage avec sa fille comme on s'y attendait déjà. Je sais à quel point mon père et son ami sont proches et à quel point ce mariage programmé entre nous leur faisait plaisir. Pendant mon séjour à Cotonou, j'étais allé chez tonton Koné pour le supplier de me donner une nouvelle chance avec sa fille. J'ai prétendu l'aimer et etc, ce qui l'a fait flancher. Mon père n'est pas encore informé de la reprise de ma relation avec Rainha mais ça ne saurait tarder. Je compte l'épouser dès que nous retournerons au bled. J'imagine d'ici la fierté que je verrai dans ses yeux. Ma mère est déjà informée de son côté et elle est très contente. C'est d'ailleurs elle qui m'a conseillé d'aller voir le père de Rainha.


 Rainha ( toujours avec son ton des mauvais jours ) : Très drôle. 


 Moi : J'avais prévu qu'on allait célébrer mon anniv tous les deux en solo le samedi, dis-je d’un air las. Arrête de faire tout un plat avec ça. On a décidé d’un commun accord de se remettre ensemble, je te rappelle. 


 Rainha : Dis à Raoul d’aller se faire foutre! Et un conseil, je te le répète depuis des années, arrête de traîner avec eux, ça te rend complètement débile ! Et puis je vous rejoins au Plaza. Si tu penses pouvoir te jouer de moi, tu te leurres.


Elle raccroche.


Je range mon téléphone et intime aux mecs de ne faire aucun commentaire. JE SUIS SUPER FURAX. Elle a vraiment le don de me mettre en rogne. Je règle la radio sur la station de hip hop, et pendant le reste du trajet, je me plonge dans les lumières éblouissantes du trafic nocturne de New York, très dense à cette heure-ci. Elles m’absorbent, m’hypnotisent, m’aident à réfléchir et tout doucement ma colère s'évapore. 

Le nightclub est très sympa, comme je les aime: classe et pompeux. Les filles et autres gars de la fac sont présents et me chantent un happy Birthday avant de m'arroser de champagne. 

Nous parlons un peu des cours, des vacances qui approchent, projets d'avenir, et rions ensuite aux éclats lorsque Raoul nous raconte sa toute dernière «partie de chasse». Je vois une des filles qui me fait discrètement des yeux de biche. J'allais sûrement finir ma soirée avec elle si Rainha ne s'était pas pointé pour ne plus me lâcher d'une semelle.

Putain de malchance !

LA SECONDE ÉPOUSE