Chapitre 17 : Deux aveugles

Write by Dalyanabil

Chapitre 17 : Deux aveugles

 

Farid.

 

Je suis tellement fatiguée, que je m’endors presque sous la douche. Je suis bien content que A m’ai permis de prendre ma soirée pour récupérer un peu mais d’un autre côté j’aurais aimé dîner avec tout le monde juste pour la voir. J’ai l’impression que ça fait trop longtemps et pas juste six mois et tous un tas de question se bousculent dans ma tête : est-ce que ces yeux sont toujours autant remplis de tristesse ? Rie-t-elle ? Si oui comment est son rire ? Ses yeux sont-ils toujours aussi noirs avec des touches dorées ? et ses cheveux ? La première fois que je l’ai vu, ils étaient emmêlés, boucles, touffus, d’un noir de jais et lui tombais en cascade jusque dans le dos. Je ferme les yeux et pendant un bref instant l’homme en moi resurgi je sens mon érection prendre vie « idiot. » Je frappe mon front contre le mur, les mains à plat sur les carreaux, je me force à reprendre le contrôle de mes émotions, je mets à fond l’eau froide et m’efforce de reste stoïque sous l’eau glacé. « Idiot. Idiot. Idiot. » Je me répète le mots plusieurs fois comme une litanie, cette femme a été victime des pires services qu’un homme peut infliger à une femme comment est-ce que je peux m’imagine qu’elle me verra un jour autrement que l’un de ceux de l’espèce humaine qui lui a fait le plus de mal.

 

Il me faut encore une bonne dizaine de minutes pour me calmer quand je sors de la salle de bain j’ai les lèvres bleues, dans la chambre le contraste entre la température de la pièce et celle de mon sont tels que je me réchauffe vite sans avoir à me précipiter pour m’habiller. Je vais partager le même bungalow que Malick, j’ai beau lui avoir dit d’aller dîner avec les autres que j’allais pouvoir me débrouille il m’a assuré que passer la soirée à me servir de baby-sitter n’était pas un problème. Je me sens confus devant son attitude, elle n’a rien de méfiante, douteuse ou hautaine mais par son insistance à passer le reste de la soirée avec moi est très bizarre. Je n’ai pas le temps de m’y appesantir car quelqu’un frappe à ma porte et une voix de femme donne le Salam, je l’entends discutée avec mon colocataire mais les murs sont tellement épais que tout ce qui me parviens est feutré et sonne comme des murmures. Un coup d’œil au miroir en pied et l’image qu’elle me renvoi est satisfaisante un jogging et un t-shirt me semble approprie surtout si qu’on ne va recevoir personne, sûrement la voix c’est une employée venue servir le dîner.

 

Quand je sors de la pièce, Malick et la femme sont en pleine dispute, La poignée de la porte encore dans la main je me retrouve figé sur place comme projeté en plein milieu d’une scène entre deux amoureux sur le point de conclure. C’est tellement intense qu’ils me n’entendent pas, « j’ai le droit de voir qui je veux », La femme semble très en colère, sa voix monte dans les aigus quand elle pointe son commentaire avec un doigt sur sa poitrine « et tu n’as pas ton mot à dire sur les personnes avec qui je couche.

 

« Avec qui tu couches ? » La question est posée avec incrédibilité mais surtout douleur, voit-elle à quel point ces mots lui font mal ? Sa posture est devenue rigide, il fait un pas vers elle. Je le vois surement à cause de mon propre passé, j’allais donner mon nom, mettre à disposition ma fortune, le prestige de ma famille mais par-dessus tous mes sentiments pour une femme qui pensait que je ne valait tellement rien et était aussi con qu’elle m’as trompé non pas avec un seul mais plusieurs hommes : Je me reconnais en Malick, le conflit intérieur qu’il vit. Et juste comme ça je me tourne plus vers elle : est-elle aussi insensible qu’elle le prétend ?

 

Elle ne lâche pas l’affaire, « quoi, je n’ai pas le droit de coucher avec qui je veux ? » ça c’est du sarcasme ou je ne m’y connais pas. « Oh laisse moi devinez une femme ne peut pas parler de ces choses-là ? » Il serre les points, ferme les yeux plusieurs fois, fait un pas dans sa direction laisse échapper un grognement comme s’il ça lui demandait toute la volonté du monde pour ne pas la toucher. « Laisse moi te répéter les choses clairement Malick Tcharé Fall, si tu veux du sexe avec moi… » elle penche la tête vers lui, fait aussi un pas dans sa direction sur le ton de la confidence lui jette à la figure « fais la file. »

 

MERDE ! Je n’ai jamais vu une femme avec autant de couilles ! Je suis admiratif qu’elle n’ait pas peur de lui, elle et Malick sont comme deux boxeurs dans un ring partageant une intimité qui fait de tout spectateurs un voyeur, je me sens de trop. Je voudrais disparaitre je suis sur le point de signaler ma présence quand Malick fait un pas en arrière ensuite deux, ensuite une troisième quand il a mis suffisamment de distance entre eux, il secoue la tête en signe de négation. D’où je suis-je ne peux pas très bien voir son visage mais je l’entends clairement « Tu as raison. Mais non merci si c’était une offre je préférerais encore me faire une fille de joie. » Le visage de la femme s’horrifie à ces mots, elle est sur le point de réplique quand enfin je retrouve mes facultés motrices, je claque la porte derrière moi avec un peu plus de fermeté que nécessaire et donne le Salam ce qui les fait sursauter tous les deux. Mes premières pensées en le voyant me semble maintenant complément à des années lumières de la vérité ce n’est pas deux amants mais deux adversaires que je vois qu’ils malgré les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre n’hésiterait pas à se démolir tellement leur animosité mutuelle est forte.

 

« Tu dois être le nouveau ? » Elle n’attend pas réponse et se dirige vers moi en me dévisageant ouverte, sur son visage il ne reste plus rien de sa dispute avec Malick. Je fronce les sourcils, si je n’avais pas surpris quelques brides de cette conversation je dirais qu’elle n’a jamais existé. En silence je subis son examen minutieux de ma personne, parce qu’elle est dos à Malick elle ne voit pas sa réaction, quand je croise son regard j’ai un mouvement de recul tellement elle est violente : il est jaloux cela ne fait aucun doute. « Tu es muet ? »

 

Elle n’est pas moqueuse, elle semble juste curieuse son regard passe de Malick à moi à plusieurs reprises avant de se fixer sur moi « ça va ? » La femme devant moi n’a rien à voir avec la harpie qu’a affronter Malick, son regard est doux, ses yeux compatissants elle fait un pas en arrière plus pour me donner de l’espace que pour fuir comme si elle venait de ce rendre compte d’avoir envahi mon espace. En observant de plus prés ces traits j’y retrouve un trait de familiarité avec A, elle a un teint caramel et le visage fin, un visage de peuls comme on dirait au Cameroun.

 

« Tu peux arrête de faire l’idiot et lui répondre » me jette Malick boudeur « sinon on y passer la nuit. »

 

Je me racle la gorge « non je ne suis pas muet. Salam moi c’est Farid » avec un léger sourire je porte ma main devant mon visage « c’est beaucoup mieux que le nouveau. »

 

Elle écarquille les yeux devant mon geste et fait plusieurs pas en arrière, les yeux remplis de larmes, je fronce le front plus perdus que jamais devant son attitude Qu’ai-je bien pu faire de mal pour la rendre aussi triste car il ne fait aucun doute que de la femme révolté pleine de hargne et bien décidée à se faire respecte par Malick j’ai maintenant devant moi quelqu’un en deuil. Derrière elle se tient ce dernier, ces mains sur ses épaules lui apportant son soutien de manière silencieuse. Si je m’attendais à ce qu’elle se dégagé et lui jette quelque chose à la figure il n’en ai rien mais ce qui me surprend le plus c’est la légère inclinaison de son corps vers lui. Elle essuie ces larmes sur ces joues « walaikoum salam. »

 

« Je vous prie de m’excuser, quoique j’ai pu faire pour vous rendre triste, ce n’était pas intentionnel. »

 

Elle secoue la tête en signe de négation, ouvre la bouche plusieurs en cherchant ces mots sans réussir à dire quoique ce soit.

 

« Que t’as dit A exactement sur elle ? »

 

Mon regard se porte sur l’homme derrière elle, pour être précise sa question l’est bien que étrange, que répondre à ça ? « Qu’elle vit ici avec sa sœur, ses jumeaux, Fadia et vous en plus des autres employés. »

 

« Mon beau-frère donnait le salam de cette manière. » Sa voix est éteinte, les mains de Malick sur elle se font plus ferme, « ça faisait longtemps que je n’avais vu personne le faire et pendant un instant… » elle se tait, inspire « j’ai crue que je l’avais en face de moi. »

 

J’ai la gorge nouée, j’ai envie de lui pose tellement de question à son sujet, elle semble beaucoup l’aimé pour réagir de cette manière à mon Salam « A m’as dit qu’il était porté disparu dans un accident d’avion il y’a presque cinq ans. »

 

« Il. N’est. Pas. Mort. » Elle a bien articulé chaque mot.

 

« Ça fait cinq ans. » Je ne suis ni dans le déni, ni dans la leçon de moral mais j’aimerais bien comprendre d’où A et maintenant sa sœur tiennent mon frère pour vivant.

 

« Ma sœur le dit. » Maintenant il n’y a plus aucune trace de tristesse en elle juste de la détermination pure et froide « quand elle me dira le contraire non pas parce qu’elle ça fait mil ans. Non pas parce qu’elle en a marre ou qu’elle est triste ou physiquement et mentalement épuisée mais parce qu’elle le sent ici » elle touche son cœur de la main droite « seulement à ce moment je le croirais, alors ça pourrait bien faire mil ans : Jafar Hassan est vivant. »

 

Sa déclaration est faite avec passion, conviction et ne souffre d’aucune contradiction que je souris. Amsetou Mahmoud épouse Hassan le dit, elle le fait avec tellement de conviction que même cinq ans après cette femme que je ne connaissais pas encore il y’a dix minutes et qui m’ai apparue comme de pragmatique y croit. J’acquiesce de la tête et lui adresse un sourire maladroit. Juste comme il était arrivé Malick est à nouveau au bout de la pièce assis.

 

« J’ai emmené le repas un bouillon de poisson, si tu as des préférences n’hésite pas à les communiquer je verrais ce que je peux faire. »

 

« Donc lui il a le droit de te dire ce qu’il veut manger ? » Demande Malick incrédule.

Elle affiche son plus beau sourire et lui répond simplement « OUI. » elle se tourne à nouveau vers moi « t’es plutôt beau garçon alors n’hésite pas à venir traite plus souvent du côté de la cuisine. » Son audace me laisse perplexe et fait régurgiter son bouillon à Malick. Elle sourit fière d’elle, nous donne le salam et s’en vas.

 

Encore sous le coup des diverses émotion que je viens de vivre, je souris devant le cinéma de la sœur de A, je me rend finalement compte qu’elle en m’as pas dit son nom « elle s’appelé comment ? »

 

Si un regard pouvait tué, le sien serait surement entrain de m’achever. Je levé les mains au ciel en signe de protestations « quoi ? Elle ne s’est pas présente c’est pour ça que je demande. »

 

« Maimouna » il grommelé.

 

Son attitude me fait éclater de rire, je ne sais pas ce qu’il a bien pu avoir entre ces deux, mais ils sont amoureux l’un de l’autre c’est clair et même si Malick ne s’en rend pas compte il vient de déclarer Maimouna comme sien de la manière la plus primal qu’il soit. Seul un fou serait assez idiot pour ne pas le voir et encore moins l’ignore et je ne suis ni l’un, ni l’autre même si Elle me plaisait le fait qu’ils aient une réaction aussi viscérale l’un avec l’autre ne me donne pas envie d’être la troisième roue du carrosse en plus je l’aime bien Malick. Je me sers en silence et m’assoie en face de lui après quelque bouchés je soupire d’aise, ferme les yeux « Waouhhhh. C’est trop bon. »

 

Ma déclaration est accueillie par un silence total, quand j’ouvre les yeux j’ai sur moi deux paires eux qui lancent des éclairs, il respire difficilement et pour la deuxième fois de en moins de cinq minutes je lève les deux mains au ciel « ne tire pas » mais la situation est tellement comique que j’éclate de rire : se rend-t-il compte de quoi il a l’air ? « Mec le message est passé cinq sur cinq » je le rassure entre deux rires ensuite je ferme mes mains en forme de point les tape sur la table ensuite sur ma poitrine imitant un gorille « ouh. Ouh. Ouh. Ouh. Ouh. Moi compris qu’elle toi » je croise les index de mes mains avant de continué à rire.

 

« Ce n’est rien de tel. » il marque une pause « Non tu n’y ai pas. »

 

J’arrête de rire pour l’observe « non tu n’es pas amoureux d’elle ? ou non toi et elle ? » je refais le même geste avec mes index. »

 

Il secoue la tête vigoureusement « elle et moi on n’est rien. Je dois beaucoup à sa sœur donc je garde juste un œil sur elle. »

 

« Ya Allah dis-moi qu’il ne croit pas à sa propre connerie. »

 

« Ce n’est pas de conneries ? »

 

« Ok. » Le bon sens me dit de ne rien rajoute en plus mais au diable celui-ci « donc tu es devenu son grand-frère quand elle t’a friendzone ou tu as été assez idiot pour la friendzone pour ne pas affronter tes sentiments ? » Bon je reconnais je suis surement en train de pousser.

 

« C’est compliqué. Elle et moi ça remonte à loin. »

« Et malgré ça vous vous bagarrer comme des chiffonniers. »

 

Ma remarque le fait rire, « je ne sais pas si elle et moi un jour serons… mais si jamais ça arrive j’aurais toujours les réconciliations et pour en avoir eu un aperçu je sais que ça en vaudra toujours la peine si c’est avec elle. »

 

« Double Waouhhh marry the girl already mate. »

« Fadia? »

 

« C’est compliqué. »

 

Je m’attends à ce qu’il se moque de moi, ou encore me fasse la morale mais il se contente de m’observe avant de dire « sois patient et ne t’avise de lui faire du mal. »

 

« Je croyais que celle sur qui tu avais des vus c’était Maimouna ? »

 

« Justement, May l’aime comme une sœur et c’est la famille dont garde à l’esprit qu’elle n’est pas seule et qu’elle une famille prête à la défendre si jamais il te prends l’envie de faire le con. »

 

Au lieu de me sentir menace par ces propos, il me rassure je dirais même jusqu’à dire que je suis heureux de savoir qu’elle à des personnes qui assure ces arrières. « J’ai l’intention de l’épouser et de la rendre très heureuse inchallah. Et Toi avec May ? » 

 

Il hoche la tête avec un sourire satisfait « ok arrête de sourire comme un idiot. » J’éclate de rire devant ses yeux rieurs et son air faussement sévère.

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