Survivre à l’enfer des ‘’H’’ommes
Write by Dalyanabil
Résumé : Ils ont beau essayer, son esprit garde les portes, un peu comme un gardien de phare toujours obligé d’être sur ses gardes sans jamais savoir quand surviendra l’attaque. Fadia ne sait pas combien d’abus son corps peut encore encaisser avant que ses bourreaux ne l’atteignent. Mais une chose est sûre dans son esprit, elle tiendra aussi longtemps que possible et dès qu’elle en aura l’occasion, elle s’échappera. Même si cela doit lui couter la vie. Toute sa vie Farid, malgré l’amour, l’opulence et le pouvoir de sa famille, a vu une ombre survoler au-dessus de leur maisonnée. Un peu comme une épée de Damoclès prête à frapper à tout instant. Quand il apprend qu’elle a déjà frappé et ce qu’elle a couté aux siens, il est dévasté et prêt à tout pour changer non seulement son destin, mais le cours de leur histoire à tous. “La femme a une puissance singulière, qui se compose de la réalité de la force et de l’indifférence de la faiblesse. » Victor Hugo. Préambule. Fadia. En fait, rien ne vous prépare jamais à la douleur. Je me mords la langue pour ne pas faire de bruit. L’air dans la pièce est lourd, l’odeur cuivrée du sang, de la transpiration, du renfermé, doublé de la puanteur des restes de nourriture qui trainent sur la petite table basse me donnent un haut le cœur. Mais je ferme les yeux, me raccrochant au conseil donné par la borgne : ‘’Ferme les yeux Fadia, évade toi, pense à ton souvenir le plus beau et vas-y. Ils pourront faire ce qu’ils veulent de ton enveloppe charnelle, mais jamais ils ne pourront te briser si tu n’y es pas’’. Ces mots avaient été suivis d’un clin d’œil. Je dois au moins lui reconnaitre ça, malgré tous les coups reçus, jamais elle n’a perdu ses yeux rieurs. Pendant un de ces rares moment de lucidité, elle m’avait raconté l’avoir lu quelque part : « quand le pire vous arrive, accrochez-vous à votre plus beau souvenir et vous êtes alors sûr de survivre à n’importe quoi. » Mais je n’en ai pas, du moins je crois. Alors quand je ferme les yeux, je ne revis pas un quelconque moment de mon passé mais je me forge un avenir dans un endroit où je pourrais décider quoi faire de mes journées, quoi faire de mon corps, que manger… Je m’imagine travailler, qui sait je pourrais être styliste. Ai-je le talent nécessaire ? Mon évasion consiste principalement à me construire une vie où je suis forte, indépendante, respectée, aimée et appréciée. Aujourd’hui, pour survivre, je serais sage-femme, vivant seule dans un petit studio où le seul bruit qu’on entendrait le matin serait le chant des oiseaux. J’ai plusieurs consultations, deux patientes à terme, et une dans son deuxième trimestre. Le reste de ma journée, je rendrais visite aux nouveaux nés que j’ai aidé à mettre au monde. Oh je ne vous l’ai pas dit mais je fais des visites à domicile. Le bruit d’une porte qu’on claque me ramène un peu dans la réalité. J’entends des pas lourds se diriger vers moi. Je ne sais vraiment jamais si je vais recevoir un coup de pied dans le ventre, si je vais me retrouver la tête sous les crampons de ses bottes, me faire traîner directement sur le canapé, ou les trois à la fois. Je suis maintenant complétement alerte, il marmonne sur le manque de bières, jette ses clés sur la table avant de s’affaler sur le canapé. Pendant ce qui me paraît une éternité, il se déchausse balançant ses bottes dans ma direction avant d’allumer son vieil ordinateur pour reprendre son match d’hier ou de ce matin, ou peut-être est-ce un nouveau ? Je ne saurais dire exactement. La seule chose que je sais avec certitude, c’est que je viens d’obtenir un sursis de quelque heure pour voir de quoi l’avenir de cette sage-femme sera fait. J’inspire profondément et en silence, ignorant la douleur dans mes côtes, avant de replonger dans ma tête pour fuir ma réalité. Salam, je m’appelle Farida. Pour l’instant ce que je suis, c’est un objet à la merci de son propriétaire, une esclave. Mais inchallah, un jour je serais libre. Assez pour découvrir ce dont je suis capable… Je le jure, que ça soit dans cette vie ou dans l’autre, jamais je ne cesserais de me battre. Du moins c’est la promesse que je me fais à chaque nouveau répit. Farid Al-Naser Je regarde sans la voir ma Nana, comment est-ce possible ? cela ne se peut. Ma poitrine me brûle, maintenant la tristesse permanente dans les yeux de mes parents s’explique. Ma douleur lui arrache quelques gémissements. Du moins c’est ce que je crois jusqu’à ce qu’elle se penche pour essuyer mes joues. Suis-je celui qui gémit ? Cela ne se peut, comment mes parents ont-ils pu vivre avec une douleur pareille ces trente-cinq dernières années ? Je me laisse allez contre l’épaule de ma grand-mère, avec mon poing dans ma bouche pour étouffer mes pleurs, des bras que je reconnais comme celle de Ma m’encerclent par derrière. Assis tous les trois sur le tapis de prières de Nana nous pleurons. Je ne crois pas que la douleur pour ma mère ou ma grand-mère soit différente, car je suis comme écorché vif, comme si tout à coup le temps avait été remonté et que les faits venaient juste de se produire. Ma poitrine brûle encore plus, pour une fois j’aimerais voir couler mon sang, pour justifier la douleur que je ressens. Je viens d’une famille où j’ai reçu tout l’amour du monde, parfois même un peu trop. J’ai toujours été surprotégé. Je ne me souviens pas d’un moment où je n’ai pas été entouré des gardes du corps ou roulé dans une voiture hyper sécurisée. Je veux dire que ma famille n’est pas seulement riche, mais elle fait aussi parti d’une des plus anciennes royautés à avoir survécu après la colonisation de l’inde. Notre histoire a toujours été riche et lourde en sens, rempli d’anecdotes tantôt joyeuses, tantôt tristes. J’ai toujours été conscient qu’aucune famille royale ne parvient à survivre aussi longtemps que la nôtre sans quelques squelettes dans ses placards, mais jamais au grand jamais je n’ai su que quand je serais prêt, les premiers que j’aurais à déterrer seraient ceux de mes frères. JE NE SUIS PAS FILS UNIQUE. J’ai une sœur et un frère perdu dans le monde, à cause de la cupidité de certains membres de ma famille. Et pendant trente-cinq ans ils ont vécu loin de nous. Savent-ils que j’existe ? Se souviennent-ils de Ma ? De Pa ? Sont-ils vivants ? Je jure par Allah qu’a compter d’aujourd’hui, moi Farid Quasim Al-Naser je n’aurais de cesse avant d’avoir trouvé des réponses à ces questions. Ma, Pa, Nana, je vous jure de trouver les réponses pour vous, pour eux et pour moi. Je retrouverais mes frères même si pour cela je dois y passer le reste de ma vie. Je suis Farid Quasim Al-Naser, prince du royaume de Madras, fils du roi Assam et de la reine Myriam Al-Naser et je fais le serment de ramener le prince héritier légitime à sa famille et dans son royaume, inchallah.
A propos de : Dalyanabil
La lecture a toujours été mon refuge et l’écriture la manière la plus évidente pour m'exprimer. Et pendant très longtemps je n'ai écrit que pour moi jusqu’à récemment alors bienvenu à vous, installez-vous, servez-vous une tasse de thé, café ou que sais-je et voyagez avec moi.
-
Chapitre 1 : ‘’un début de piste.’’ 2 993
-
Chapitre 2 : L’enfer d’une femme. 1 694
-
Chapitre 3 : La fuite 1 606
-
Chapitre 4 : Si prés et pourtant si loin… 1 562
-
Chapitre 5 : L’espoir. 2 050
-
Chapitre 6 : Rejeté. 1 492
-
Chapitre 7 : Nuit noire 1 591
-
Chapitre 8 : la scène de crime 1 563
-
Chapitre 9 : ‘’Tout le monde connait quelqu’un qui connait quelqu’un’’ 1 594
-
Chapitre 10 : ‘’Une embauche sur recommandation’’ 1 525