Chapitre 18

Write by EdnaYamba

Mireille KAKOU

Je savais bien que c’était une mauvaise idée de vouloir piéger ces gens et voilà que Sylvain se retrouve en détention.

Après l’appel de maître Jackson, je me suis apprêtée rapidement avant de prendre le chemin du commissariat.

J’ai dû  attendre une quarantaine de minutes avant qu’on ne me permette enfin de le voir.

Quand on l’emmène c’est vêtu d’’un caleçon, les mains menottées croisées devant lui. Ces gens n’ont aucun respect pour la dignité humaine.

Son visage tuméfié m’horrifie. Ils lui ont fait du mal.

J’avais mal de le voir dans cet état.

Si la justice coûtait la liberté des innocents, il ne servait donc pas de se battre pour elle.

J’accoure vers lui, mais son attitude est fuyante, il détourne le visage.

- Oh Sylvain, je vais tout faire pour te sortir de là ! pleuré-je 

- Arrête tes pleurs Mireille, je sais tout !

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- Je sais que tu as  couché avec Innocent !

Je recule d’un pas, la main au cœur. 

La panique s’empare de moi.

Son regard autrefois couvert d’amour est à présent rempli de dégout.

Je détourne mon regard pleine de honte incapable de soutenir le sien.

J’ai fait une erreur  qui va coûter la perte son mari.

- Tu ne peux même pas me regarder Mireille, comment as-tu pu te donner à cet homme ? Comment as-tu pu ?

Quelle justification, vais-je lui donner ? Je l’ai trahi.

Je savais que Sylvain ne m’aurait jamais pardonné cette incartade. C’est pourquoi je n’ai jamais eu le courage de tout lui avoué.

J’aurai dû tout lui dire dès le début moi-même au lieu d’avoir ce misérable espoir qu’il ne le saurait jamais. La culpabilité me ronge. 

Je n’imagine pas ce qu’il doit ressentir et surtout comment il le vit en prison.

Mon Dieu que j’ai été stupide ! Mes raisons ne pourront jamais justifier ce que j’ai fait. 

Ma gorge se serre.

- Cet enfant c’est le mien ou le sien !? me demande-t-il la voix brisée en posant son regard sur mon ventre.

- C’est le tien chéri, je jure que c’est le tien ! dis-je en espérant du fond du cœur que ça soit le cas.

- Comment te croire Mireille ? 

Quand je réussis enfin à regarder en sa direction, ’expression douteuse dans son regard, me montre bien qu’il ne me croit pas .

- Tu as quand même pu coucher avec lui, dormir à mes côtés et me regarder dans les yeux en me disant que tu m’aimes.

- Je t’aime Sylvain, ça n’a rien à voir avec les sentiments, dis-je la voix modifiée par l’émotion alors que mes yeux s’emplissent de larmes.

- Ça n’a rien à voir avec les sentiments, reprend-t-il d’un ton plein de sarcasme. 

C’est dur à supporter.

Perdre la confiance de Sylvain était déjà un lourd châtiment qu’il n’était pas possible que je lui apporte encore un enfant adultérin.

- Je préfère encore mourir en prison que revivre avec toi !

Mon cœur se fend.

Ces paroles sont dures.

Elles ont l’effet d’un coup de massue qui s’abat sur moi.

- Sylvain, chéri, pardonne-moi, pleuré-je

- Je ne veux plus te voir pour l’instant ! m’annonce-t-il 

- Sylvain pitié, dis-je en me mettant à genoux, yaco pitié ne me fais pas ça ! je te demande pardon chéri, je te demande pardon !

Mais mes pleurs et mes larmes ne l’émeuvent nullement.  Je m’agrippe à son pied mais il réussit à m’en dégager. Il donne un coup à la porte. Un jeune officier vient le chercher me laissant à genoux en pleurs.

Il est parti sans un regard en arrière. 

- Eh Madame, pardon il faut vous lever ! ce n’est pas ici que vous allez venir accoucher !  vous ne voulez tout de même pas qu’on surnomme votre futur enfant cellule !

Il se met à rire croyant que sa boutade est drôle. 

Je lui décoche un regard menaçant qui ne l’intimide en rien.

Je me relève péniblement et sort de la pièce sans vraiment savoir où je vais, l’âme en peine et terrifiée par l’inconnu.


Peter SIMA

J’écoute l’esprit complètement ailleurs le compte rendu de Raïssa par rapports aux essais cliniques de la veille après que j’ai convoqué une réunion d’urgence.

Les accusations de Tia me semblaient trop importantes pour que je les laisse passer.

Qui était cet homme ? Et comment expliquait-on qu’on l’ait attrapé tentant de mettre du feu à nos produits et que je n’en sois pas informé.

- Alors que nous nous étions réunis pour les derniers tests, tu le savais vu que je t’ai appelé pour t’informer du déroulement. C’est après qu’on l’a surpris tentant de mettre feu au bâtiment, explique Raïssa. Il y a plusieurs personnes qui pourraient le confirmer !

- Mais pourquoi ne m’avoir pas appelé ?

- Je n’allais pas vous déranger pour ça, j’estimais qu’on pourrait en parler au réveil. Je ne pouvais pas imaginer que ta fiancée soit l’avocate de ce pyromane ! 

Et moi, je n’imaginais pas qu’elle ait pu recevoir des accusations sur ce projet sans être venu m’en parler.

Je comprends qu’elle était soumise au secret professionnel, mais nourrir des doutes à mon endroit après tout ce qu’on a partagé me  semblait irrationnel. 

Elle m’avait dit qu’elle m’aimait alors que le même soir, elle fomentait un plan visant à nuire un projet qui me tenait à cœur et pas qu’à moi, à toute la famille SIMA.

- On l’a attrapé sur les lieux, et il y a le mobile, il désire se venger d’Innocent !

Je jette un regard vers Innocent dont les lèvres s’étirent dans un sourire malsain.

On en est là parce que ce monsieur ne sait pas tenir sa braguette fermée.

Coucher avec la femme de son employé ! Comment peut-on être aussi vil ?

Il me tarde d’en finir avec ce projet.

Que sa sortie soit effective et que je n’ai plus à les revoir.

Quand la séance est enfin levée, Raïssa m’intercepte dans le couloir demandant à me parler.

Elle prend la direction de son bureau, j’ai dû mal à associer cette apparence douce et élégante  à une femme impitoyable comme a voulu me la décrire Tia hier.

Ce qu’on peut reprocher à Raïssa c’est d’être une séductrice qui sait user de ses charmes, de ses atouts.

Alors qu’elle claque le bout de ses longs talons sur le sol, le long de la distance la porte  à la table de bureau elle me dit : 

- Tu m’as l’air épuisé, 

Je porte encore les mêmes vêtements hier. J’ai à peine eu le temps de prendre une douche dans le garage de Mitch dans lequel j’ai dormi.

Et la nuit n’avait pas été réparatrice parce que je l’avais passé à ruminer.

Elle s’adosse sur le meuble, alors que sa queue de cheval balance d’un côté à l’autre, croise ses pieds  où on peut apercevoir sortant de ses escarpins ouverts les ongles de ses orteils portant du rouge vif. Elle me regarde et me dit : 

- Tu ferais insulte à mon intelligence, si tu me disais que je n’ai pas lu entre les lignes que Mlle Jackson m’accusait d’avoir tendu un piège à cet homme ?

- Elle n’a fait que répéter ce que lui a dit son client, mais je suppose qu’à tête reposée elle verra que tout ça est absurde !

Raïssa va derrière son bureau, ouvre les tiroirs et sort des documents qu’elle me tend :

- Ici se trouvent les certifications des analystes, prends le temps de les lire tu verras que le produits a réussi toutes les étapes ! tu pourrais aussi le lui faire lire ! oh lala chéri tu as vraiment une mauvaise mine, je peux te relaxer tu sais….

J’enlève délicatement les mains qu’elle vient de poser sur moi.

- C’est gentil mais je vais décliner l’offre ! bien s’il n’y a plus rien à ajouter je vais prendre congé.

D’une criminelle, elle n’en avait pas les traits mais d’une séductrice oui.

Peut-être est-ce pour cette raison que Tia avait facilement pu croire en cette accusation, parce qu’elle était jalouse de Raïssa.

Tia Jackson

Assis derrière son bureau, Harry me regarde faire des va et vient dans son bureau. Ça fait une dizaine de minutes que je suis venue le trouver dans l’espoir de soulager mon esprit et  ces propos ne m’aidaient pas du tout.

- Tu vas me donner le tournis, à force ! me dit*il, tu veux bien t’asseoir ! 

Je marque un arrêt brusque, soupire avant de me laisser choir sur le fauteuil. Je me débarrasse de ma veste qui tout à coup semble m’étouffer. Ce qui arrache un petit sourire moqueur à Harry.

- Ah les femmes ! s’exclame-t-il.

Je lui lance un regard furieux.

- Tu peux être une des meilleures avocates du barreau pourtant tu as tout fait de travers hier ! 

- Tu vas me le répéter combien de fois ? j’aimerais bien te voir à ma place !

- La recherche de la vérité ne s’opère pas comme ça, tu es y allé trop brusquement même moi je ne t’aurais pas donné mon téléphone !

- J’ai laissé mes émotions prendre le dessus ! avoué-je

- Parce que tu es amoureuse ! me dit-il en me faisant un clin d’œil, c’est compréhensible.

Il est clair que je ne peux rien cacher à Harry.

- Je connais ta peur d’être déçue, mais décider d’épouser quelqu’un ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère ça veut dire que tu lui faisais assez confiance pour devenir ton époux. Alors pourquoi as-tu autant de doutes sur lui concernant une affaire où tu n’as même pas encore pu prouver son implication ou sa culpabilité et où tu n’as aucune preuve si ce n’est la parole de ces gens ? je ne doute pas de leur honnêteté non, mais avoue que sans preuve…..

Je n’en peux plus de ce mensonge. Me prenant la tête entre les mains, je me demande ce qu’Harry pensera de moi quand je lui dirais que mes doutes sont basées sur le fait que je ne connais pas vraiment Peter et que notre relation est bâtie sur le mensonge.

- C’est beaucoup plus compliqué que ça en a l’air Harry !

Il se lève et me rejoint sur le fauteuil.

- Tia , qu’est-ce qui se passe ?

- Harry, tu sais Peter et moi…

Deux coups tapés à la porte nous interrompent.

Agathe apparaît.

Elle a l’air toute excitée.

- Maître Jackson, votre fiancé est là !

Elle disparaît aussitôt comme elle est arrivée.

Harry me lance un regard de soutien et me tapote la cuisse alors que je souffle avant de me lever.


Raïssa MAVOUNGOU

Je doute fort que la relation de Peter et de Miss avocate je me mêle de tout survive à tout. Il suffisait de voir sa tête pour voir combien de fois il était affecté. La discussion entre les deux n’avait pas dû être tendre.

Finalement, je ne risque pas d’attendre trop longtemps avant qu’il ne me retombe dans les bras.

Je pivote sur ma chaise,  le visage satisfait. 

Je ne donne pas cher de leur couple.

Bientôt Peter retrouvera le chemin de mon lit et je l’y accueillerais à bras grands ouverts. Et il n’en sortira plus.

Tout compte fait, pourquoi n’aurais-je pas le droit d’être Mme SIMA ?

Ce serait l’accomplissement de tout.

Carrière florissante, et mariage dans l’une des plus grandes familles de ce Pays.

Moi Raïssa MAVOUNGOU, j’obtiens toujours ce que je veux.

La petite avocate ne sera pas un frein ! 

Toc toc 

- Entrez ! dis-je 

- Madame, désolée de vous déranger mais y a une femme qui demande à vous voir

- Est-ce qu’elle a rendez-vous ? 

- Non, mais elle insiste, elle dit que c’est urgent que quand vous saurez qui elle est, vous la recevrez forcement !

- Et que dit-elle, qu’elle est ? 

- Blandine MAVOUNGOU


Merde, que fait-elle ici ? 

Je me lève d’un bond ! 

Que vient faire ce passé à mon boulot ?






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