Chapitre 19
Write by EdnaYamba
Chapitre
19
Raïssa
MAVOUNGOU
Je regarde ma sœur furieuse. Comment a-t-elle osé se
présenter ici ? En donnant son nom en plus !
Maintenant tout le monde va m’associer à elle.
Elle mâche sauvagement
un chewing gum et ses vêtements respirent les bas-fonds.
Je parie qu’elle s’en est procurée à 17h au carrefour de
rio.
Je ne le sais que trop bien, il y a quelques années nous
le faisions ensemble avec nos quelques milles francs nous attendions 19 h pour
nous rendre au marché nocturne du carrefour le plus populaire de la ville et
fouiller dans les vêtements à moindre cout.
Et quand nous manquions d’argent, nous faisions un
échange de bons procédés.
La majorité des vendeurs étaient des expatriés nigérians
et c’est ainsi que nous avions rencontré GODWIN et son frère JAMES.
-
Ah Sista ! dit-elle en ouvrant les bras en me
voyant.
-
Chut ! lui fais-je, suis moi !
Je la prends par le bras en la tirant presqu’à
l’intérieur de mon bureau, regardant de gauche à droite que personne ne nous
voit. Une fois à l’intérieur, je ferme à double tour la porte derrière nous.
-
Qu’est-ce que tu veux ? lui dis-je
-
Ah pose le cœur c’est juste un big up .
Elle s’interrompt, prend sa respiration et balance :
-
Waouh c’est ici que tu work?
Elle regarde autour d’elle émerveillée par le niveau de
luxe.
Un luxe qu’elle n’a jamais connu jusqu’à présent.
Je me doute bien qu’elle n’est pas là pour une salutation
de politesse.
-
Tu n’aurais jamais dû venir ici, lui dis-je.
D’ailleurs comment tu as fait pour connaitre où je travaille.
Jusqu’à présent,
j’avais mis un point d’honneur à les tenir éloigné de ma vie actuelle.
Chaque mois, je leur envoyais une ration pour pouvoir
vivre. Mais je n’avais pas besoin d’eux dans ma nouvelle vie.
Le contrat était pourtant clair !
Elle se balance sur le fauteuil les jambes écartées.
Quelle manque de savoir vivre !
-
Ce n’est pas toi oh, me fait-elle ,
Waouh !
Ma sœur n’a jamais voulu faire un effort de se battre
pour sortir de notre guêpier. Tandis que moi j’avais juré m’en sortir par tous
les moyens. Rien n’a changé, toujours ce même jargon de rue qui cache son
analphabétisme.
Elle s’est toujours contenté du peu quand moi j’étouffais
de cette maison en planches pourries que
nous louions.
Quand la pluie s’abattait, il nous fallait mettre des
seaux partout pour éviter le déluge.
Godwin avait été comme une bouée de sauvetage à cette
époque, grâce à lui, la vie avait été moins chaotique.
Je chasse au loin ces souvenirs.
-
Mais si tu décrochais au call, je n’allais
pas atterrir ici là! Mon Dieu Raïssa, tu as percé, quand je vais talk ça aux
frangins….
-
Eh, tu ne vas rien dire tu comprends !
dis-je en m’avançant d’elle menaçante.
Mais elle ne semble pas intimidée le moins du monde, par
contre elle se met à rire.
-
Tu penses que tu fais peur à qui ? se
moque-t-elle. Tu nous as waze que tu es réceptionniste hors que …
Hors que ? son français me donne des céphalées.
-
Peut-être parce que ce que je fais, ne vous
regarde pas !
Pour moi, il a toujours été hors de question que je traine
cette famille comme un boulet à mon pied. Je leur faisais déjà don d’une rente
mensuelle. Ils devraient s’estimer heureux. Je m’étais donnée les moyens pour
changer ma vie, je n’allais pas non plus supporter toute leur misère.
-
Ce n’est pas notre level mais quand tu as un nix
, tu viens nous falla dans le mapane n’est-ce pas…
-
Chut, mais tu vas te taire bon sang !
Bon Dieu qu’est-ce qui m’avait pris d’aller solliciter
leur aide…Maintenant je devais craindre qu’elle ne le balance à tout vent dans
sa bêtise.
-
Tu as le mauvais cœur Raïssa.
Je ne suis pas obligée d’en écouter davantage.
Furieuse, je me dirige vers l’armoire de mon bureau.
Je sais qu’elle n’est là que pour une chose.
Je prends la clé et ouvre le dernier tiroir où je tire
une liasse de billets violets. J’en
retire 10.
Je reviens vers elle et les lui tends.
-
Tiens, et maintenant fiche le camp !
Elle feuillette les billets, un sourire aux lèvres.
-
Je suis sûre que tu as encore un barème en
faux à ajouter !
Elle jette un regard en direction de mon bureau alors
qu’elle garde sa main tendue vers moi.
Je ferais tout pour qu’elle s’en aille, sans riposter je
retourner et prends 50 milles Francs de plus et les lui tend.
-
C’est tranquille pour le moment à bientôt
frangine.
Je me presse pour la raccompagner vers la sortie en
prenant la route hors service.
-
Avec autant de do, tu imagines que le…
-
Je passerais ! la coupé-je, maintenant
va-t-en s’il te plait !
Peter
SIMA.
Debout, les mains en poche, je fixe l’écriteau sur le mur
en attendant Tia, comme la première fois que j’avais franchi les portes de son
bureau.
Rien
n’est plus beau que de rendre justice.
J’admirais ce crédo.
Quand j’entends la porte qui s’ouvre. Je sais qu’elle est
là.
Je me tourne et elle porte ce chemisier en soie noir ouvert à la limite des deux premiers
boutons, laissant deviner sa poitrine, enfilée dans une jupe crayon cuire verte
qui dessine son corps.
Elle allie classe et beauté.
Bien que je reste remonté par notre discussion de la
veille, la revoir me fait un énorme bien mais pour l’homme que je suis
impossible de laisser paraitre mes sentiments.
Nous nous regardons alors que personne ne parle.
-
J’ai apporté à manger ! lui dis-je en
lui présentant le sac de FOODS and FOODS.
Il n’y a pas de meilleur moyen d’amorcer une réconciliation
que par la nourriture et je sais combien, elle a apprécié leur formule la première
fois.
Pour amorcer un sujet qui pourrait être dangereux
j’optais toujours quelque chose de léger au début, ce qui pourrait permettre de
détendre l’atmosphère.
Elle s’avance, et m’arrache presque le sac des mains.
-
Tu ne viens pas t’asseoir ? m’invite-elle
alors qu’elle prend place.
Elle déballe le
sac, faisant sortir les tacos et hamburgers.
-
Tiens, me dit-elle en me tendant un
hamburger, je parie que tu n’as encore mangé !
Elle me dévisage constatant que je n’ai pas changé de tenue.
Sans évoquer, le sujet qui nous a fâché la veille, ni le
sujet qui m’amène à elle ce matin. Nous croquons à pleines dents dans la
nourriture silencieusement.
-
Les Fangs ne sont pas que des brutes, ils
savent aussi nourrir leurs femmes, la taquiné-je alors que je la voie manger
avec appétit !
Elle sourit.
-
Tiens, lui dis-je en lui tendant une copie
des résultats des tests effectués sur notre produit, une fois que nous avons
fini de manger.
Elle prend les documents qu’elle parcoure
silencieusement, concentrée.
-
Hier quand Raissa m’a appelé c’était pour me
dire que la dernière phase du test était enclenchée et quand elle m’a envoyée
le message qui disait…
Je m’interromps pour prendre mon téléphone et lire.
-
C’est bon , ça a marché.
Tia s’arrête arque un sourcil, le regard interrogateur.
-
C’était pour dire que la dernière phase était
validée et Rien d’autre.
Elle poursuit sa lecture et quand elle arrive à la
dernière page, elle soupire en déposant le document sur sa table.
-
Hier, je m’y suis vraiment mal prise.
Ah
au moins elle le reconnait !
-
Je m’excuse de t’avoir accusé.
-
Tu ne m’as pas seulement accusé, mais tu m’as
rendu coupable Tia
-
Et je te demande pardon. Mais il y a peu de
temps , cet homme est venu , désespéré
dans mon bureau tu comprends Peter, et
il m’a parlé d’un complot autour de ce produit !
-
Et tu aurais dû m’en parler ! lui
dis-je, tu m’as regardé tous ces jours ci en me traitant de coupable au fond de
toi !
-
Bien sûr que non, j’espérais qu’il se
trompe ! avoue-t-elle, je voulais qu’il se trompe !
-
Voulais ? tu ne crois toujours pas qu’il
y a méprise ?
-
Peter ce document, dit-elle en soufflant,
n’est pas une preuve que tout va bien….
Je n’y crois pas !
C’est écrit noir sur blanc de D-rax a passé tous les
niveaux de validation et qu’il n’y a aucun danger. Alors que cherche-t-elle
encore comme preuve ?
Elle se lève, les bras croisés et se tourne vers cet écriteau.
-
Cet homme ne peut pas avoir menti ….et mon
travail est de rendre justice ! rendre justice ! il me semble qu’il y
a quelque chose qui nous échappe dans cette histoire !
-
Est-ce que je dois m’estimer heureux que je
ne sois plus considéré comme un potentiel coupable ?
-
Peter, je ne peux pas abandonner cet Homme,
sans avoir au préalable recherché des preuves pour soit le sortir de là, soit
reconnaitre que j’ai tout faux !
-
J’espère qu’il t’a aussi dit, qu’il a voulu
mettre le feu à l’entreprise parce que son patron a couché avec sa femme !
À en croire, le regard ébahi qu’elle fait. Elle ne le
savait pas.
Finalement si elle a besoin de défendre cette affaire, ça
ne me dérange pas.
Je ne me reproche de rien, je ne me sens pas le moins du
monde inquiété, ni pour moi, ni pour la sortie du produit.
-
C’est bon, tu peux le défendre si tu veux !
lui dis-je
-
Mais j’allais le faire avec ou sans ton
autorisation, me défie-t-elle, mais merci !
Elle se retourne
vers moi.
-
Tu ne seras pas un peu juge et partie dans
cette histoire ? lui dis-je
-
Non, je sais faire la part des choses, et la
justice passera toujours avant l’amour ! d’ailleurs, regarde-moi et jure
moi qu’il n’y a rien que je ne vais découvrir à l’intérieur qui ne te
compromettrait ! Tu ne m’as jamais menti n’est-ce pas ?
Techniquement si on compte l’affaire de la blogueuse , j’ai
déjà menti.
Mais ce n’est qu’un petit mensonge qui n’a eu pour
conséquence que l’amour, alors on ne peut pas l’appeler vraiment mensonge.
-
Jamais ! maintenant cessons de parler de
tout ça !
-
Oui tu as raison, dit-elle en avançant vers
moi. Tu m’as manquée