CHAPITRE 18
Write by kony ariane
Karl SAGNA
Je comptais
rejoindre Jade, lorsque ce Disque Joker me tendit une perche. Hors de question
de ne pas la saisir.
-Jess
accorde moi cette danse s'il te plaît.
Pour toute réponse, elle se rapproche de moi.
Je n’hésite pas une seconde. Un sniper ne peut se le permettre.
Je la maintiens fermement contre moi. Je peux sentir les battements de son cœur contre le mien. L’insolente cambrure dans son dos est prisonnière de ma main d’homme. De mon autre main, je me connecte à la sienne. Cette Kizomba est endiablée. La piste n’es qu’à nous, nous y regnons en maîtres.
Au fur et à mesure que la mélodie coule tel un ruisseau, je la sens se détendre et se laisser aller, s'abandonnant à la musique. Elle vient juste pour le temps de cette danse, de baisser les armes.
-bébé, je
t’aime comme un fou aujourd’hui plus qu'hier et sans nul doute moins que
demain…
Elle frémit et se blottit encore plus contre moi.
Mon cœur est comme une terre frappée de séisme. C’est sans nul doute notre instant le plus magique.
Ses ongles s’enfoncent dans le haut de mon dos, où elle a posé sa main.
Quand la musique s'arrête, des applaudissements fusent. Nous nous détachons. Fin de la magie.
Elle paraît mal à l'aise. Je la suis de près lorsque nous retournons rejoindre
les autres.
-ça c’est
de la danse. J'ai intérêt à me surpasser pour rivaliser,
Venais de dire l'indélicat. Rivaliser avec
qui ? Il est sérieux lui. Je ne le vois même plus comme une menace. Ce que
je viens de recevoir comme message est clair.
Chantal Gbo
La maison
est vide sans mes deux enfants. Parfois, je ferme la boutique malgré moi, car
le silence qui m'attend de l'autre côté de ma maison m’est insupportable.
Jessica et
Luc m'appellent tous les soirs c’est vrai, mais la solitude reste la même.
Michelle m'a appelé il y a deux semaines comme quoi, elle a déjà des clientèles à qui je pourrais vendre les pagnes et foulards.
De ce qu'elle m'a dit, les choix que j’ai fait pour elle ont tous remporté l'unanimité.
Elle me propose d'acheter une trentaine de pagnes et de composer les tenues. Elle m'invite chez eux et son mari dit m’avoir déjà acheté un billet. La date est à ma convenance.
Florence estime que c'est une excellente idée et que je devrais le faire.
J'en ai
parlé à Jess qui dit que mon choix est le sien.
C’est ainsi que je me suis retrouvée au Congo. L'accueil a vraiment été chaleureux.
J'ai eu droit à la visite de tous les autres enfants de la famille, avec leurs familles.
Il y a eu aussi les oncles et les amis proches aux couples. J'ai été
gênée par tous ces remerciements pour ma participation au mariage de Chris.
En parlant de lui, j’ai eu la belle surprise de les voir car, ils sont venus remercier les parents de Chris pour ce qu’ils ont fait pour eux.
Marion est adorable. Ils
m’ont bien fait savoir qu’ils ne m’ont pas encore vu, car leur prochaine
destination est Pobè.
Les trente cinq ensembles que j'ai ramenés sont partis comme la bouillie que je vendais, en un clin d’œil.
Michelle m'avait informé sur les prix. J’ai diminué le prix sur certains accessoires et les clientes étaient plus que satisfaites. J'ai fait les prix en fonction de tous les frais déboursés. J'ai impliqué le coût du billet d’avion même si ce n'est pas moi qui ai acheté celui là. Ça me permet de savoir la marge qui est la mienne pour l’avenir.
J'ai déjà des commandes à honorer.
Je suis
partie de là, plus qu’heureuse de mon séjour et pour ce nouveau débouché qui, j'espère portera de grands fruits et qui sait, m’ouvrira de nouveaux horizons.
Brice SAGNA
Je suis très surpris par la démarche de cet enfant.
Il faut l'avouer, c’est celui de tous mes enfants qui me ressemble le plus. Il est certes solitaire, mais a un sens aigu de la famille. J'ai trouvé qu’il avait très vite volé de ses propres ailes. Il a toujours été brillant et très ambitieux.
Quand dans les coulisses, j'avais appris qu'il était nommé à un poste à responsabilité à l'extérieur, j'ai été surpris mais, il faut l’avouer, surtout rempli d'une grande fierté.
Beaucoup ont pensé à un poste de faveur, à cause de la place que j'occupe dans
le gouvernement, mais je n'y suis pour rien.
Il va sans
dire qu'il est culotté. Il sait rafler une mise quand c’est dans son intérêt.
Toute fois, mon garçon a été extrêmement, mais à un point con.
- papa,
pardonne-moi pour les écarts dont je me suis rendu coupable
-humm…il
t'en a fallu du temps
-je sais,
désolé
-mais
encore…
-papa, je
ne pensais pas devoir te dire ça un jour mais j'ai besoin de toi
-ah oui
c’est nouveau ça !
-papa
arrête s'il te plaît
-bon vas y,
je suis curieux de savoir ce que le plus grand bêtisier de mes enfants attend
de moi
-je ne
pense plus pouvoir tenir papa. J’ai toujours pensé jusque là, que j'avais déjà
mon galon en matière de relations amoureuses, mais je me suis trompé. Cette
expérience n'est comme aucune autre.
-tu as
toute mon attention Karl,
-je l’ai
blessé, déçu, trahi…mais je l’aime comme un fou. Pendant le temps qu'a duré mon
mariage, j'ai bien essayé de lui parler, mais je n'ai pas pu lui expliquer la
situation, le contexte dans lequel j'ai été contraint de me marier…et maman qui
n'a rien trouvé de mieux que de lui présenter le fils N'TABA
-Quelle
maman ? Le fils N'TABA de Ludivine ?
-ma mère,
ta femme a décidé de me rendre la tâche encore plus difficile en mettant ce
petit là sur mon chemin
-mais s'il
est petit le problème est où ? Juste que là, je ne vois pas où tu veux en
venir…
- que
dois-je faire pour qu'elle devienne ma femme ? Papa, je suis son premier
et je veux rester le seul et le dernier. Elle me complète. Papa, Jessica est
comme ma lumière. Je me sens meilleur, plus fort quand je suis à ses côtés.
J'aime tout en elle, même les petites choses qu'on pourrait détester. Par
exemple, elle est têtue. Quand elle me tient tête, elle est une manière de
plisser ses lèvres, c'est mignon. Elle veut toujours avoir le dernier mot. Et
puis…
-C'est bon.
Ce garçon
est complètement mordu.
-tout ça
est bien beau. Dis moi, t'es tu référé au grand patron ?
-quoi ?
-n'insulte
pas ton intelligence voyons. As-tu prié afin que Dieu te montre la voie à
suivre ? Et si elle n’était pas pour toi ?
-Papa le
jour du mariage de Chris, j'étais dans mon téléphone quand j'ai entendu une
voix me dire
« Voilà
ta femme, ta côte… »
Quand j'ai
levé ma tête, c’était elle que j’avais devant moi. J'ai même fait un jeûne pour
que la Providence divine m’éclaire. Je ne sais pas mais il me fallait te
parler.
J’appelle
la cuisine afin qu'on prévienne ma femme que je l’attends dans mon bureau.
-chéri tu
m’as fait appeler ?
-en effet
entre s’il te plaît. Pourquoi as-tu mis en contact le fils N’TABA et
Jessica ?
-Ah
ça ? C'est une fille bien et elle est tombée sur le mauvais garçon qui
s'est Joué d’elle ; si je peux réparer d’une certaine façon les dégâts, si
je peux l'aider à trouver l'amour ?
- mais
maman tu n’avais pas le droit de faire ça, Jessica est à moi !
-Me suis-je
adressée à toi ? Non, je parle à mon mari. Tu es sorti de moi et tu te
comporte ainsi avec une femme ? Ne vous ai-je pas enseigné le respect et
la valeur d'une femme, même si c'est la pire de toutes ? Tu n'as encore
rien compris. Je t'ai souvent entendu dire « c'est ma femme »,
« elle est à moi »… Jessica est une chose, c'est formidable. Tu me
fais penser que je dois informer Maman Chantal que sa fille est un objet, un de
tes objets. Puisqu’on en parle, tu n’as pas intérêt à t'en approcher. Tu lui a
déjà assez fait de mal.
Je suis
obligé d’intervenir car connaissant mon épouse elle pourrait aller très loin
dans cette histoire.
-ma chérie,
calme toi. Mon fils a compris la leçon depuis un moment. S'il tenait à
s'entretenir avec moi c'est parce qu'il reconnaît ses torts et il les regrette.
Tu as toi-même remarqué qu'il était malheureux.
-il a
compris dis tu ? Qui nous dit qu'il ne va pas récidiver à la
première occasion. Chantal et nous sommes en de très bons termes. Ça n’aurait
pas été par lui, nous serions tout de même amis car elle est la maman de la
meilleure amie de Chris.
-je le sais
bien, il s'en veut
-c'est tant
mieux pour lui, Jessica est ma protégée à présent. Il n'y aura aucune faveur
même pas pour mon propre fils. Une femme ça se respecte, on la chéri, on
l’aime, on la protège. Il a fait quoi de tout ça ? Rien
Ma femme défend la cause des femmes jusqu’au bout. Je me souviens lorsque notre fils aîné avait giflé sa petite amie, aujourd’hui sa femme. Mon épouse l'a fait enfermer 72 heures.
Pour dire à quel point elle tient à ce qu’on respecte la
femme quoi qu’elle soit.
Je vois mon
fils, les larmes aux yeux, se jeter au pied de sa mère la suppliant de lui
pardonner les erreurs commises et de lui permettre de se racheter auprès de la
femme qu'il aime.
-mon amour,
donnons lui la chance que nous nous avons eu s'il te plaît. Si je n'avais pas
trouvé la femme que tu es, j'aurais été malheureux et je sais que tu penses
pareil pour moi.Laissons-le se racheter…
Elle
soupira de résignation.
-C’est pour
toi que j’adhère, c’est en toi que j'ai confiance.
Il s'en ait
fallu de peu pour que nous perdions Karl car il aurait fait une crise
cardiaque.
-Maintenant
laisse moi seul avec ma femme.
Il nous
remercie et sort de là. Le tournant vers ma femme.
-tu y as
été fort là
-moins que
je ne le voulais. J’espère que le message est passé
-n'as-tu
pas vu comment il transpirait, on aurait dit qu'il a vu un fantôme
-c’est tant
mieux
-alors ma
copilote, la prochaine étape c’est quoi ?
-Le fils de
N'TABA m’a rassuré de ce que ils ne sont que amis. Il n’y a absolument rien
entre. Elle est éperdument amoureuse de ton vilain garçon.
-Jessica a réellement été blessée par ses agissements je ne pense pas que la tâche sera
facile
-là ça sera
à lui de se débrouiller. En tant que parents, nous avons fait ce que nous avons
pu, et de la discussion que j’ai eue avec Chantal, seul le bonheur de sa fille
lui importe. D’ailleurs elle a la conviction que cette dernière est toujours amoureuse de
notre fils.
-tu me fais
penser, nous allons ouvrir une agence matrimoniale, en tant que Cupidon nous
assurons.
Jessica Gbo
Maman,
depuis qu’elle est revenue de son voyage du Congo ne jure que par maman Michelle. Je me demande ce qu'ils ont pu lui faire manger.
Elle dit
vouloir faire un commerce de pagnes. Elle achètera les pagnes au Nigeria et les
revendra au Congo. A long terme de ce qu'elle m'a dit, maman Michelle et elles
ouvriront une boutique là-bas au Congo.
Ça me fait
plaisir que ça lui plaise d'autant plus qu’elle se retrouve toute seule à la
maison, je ne voudrais pas qu'elle se sente seule, délaissée.
Karl c’est
le calme plat. Je n’ai plus de ses nouvelles. Il me manque incroyablement.
Jamais je n’aurais imaginé que notre histoire se terminerait de la sorte.
Je regarde
ma montre et il est un peu plus de 22h, je me demande qui peut bien venir
sonner à cette heure-ci.
J’ai envoyé
le gardien m’acheter des unités. Aurait-il oublié ses clés ? Je me lève et vais ouvrir.
Mon cœur
s’est mis à battre, si fort que j’ai cru avoir un arrêt cardiaque.
-Karl ?
-bonsoir
Jess, excuse-moi de débarquer à cette heure.
-bonsoir
-j’avais
envie de pâtes alors du coup je suis sorti en acheter. Je ne sais pas si tu as
déjà dîné mais j'en ai pris pour toi.
-je ne
ferai pas la fine bouche, tu sais comment j’en raffole.
Il ouvre la portière côté passager et en ressort un paquet. Il me donne un plat à emporter.
Ma
curiosité est grande. Je vois bien qu'il y a un autre plat, sans doute le
sien.J’ai envie de l’inviter à entrer manger avec moi. Après tout, le temps
qu’il rentre les siennes seront froides.
-ça te dit
de manger avec moi ?
-avec grand
plaisir ...
Il prend son paquet à dans voiture.
Je me mets sur le côté pour lui permettre de rentrer. Je reçois en plein dans mon nez, les effluves de son parfum ; comme ça m’a
manqué.
J'ai
l'impression que nous nous sommes quittés hier lui et moi, et pourtant nous ne
sommes plus ensemble depuis maintenant 1 an.
Karl SAGNA
En venant
lui apporter ce plat de pâtes jamais je ne me serais imaginé qu'elle
m'inviterait à dîner avec elle.
Elle est
toujours maniaque. Son séjour est impeccable et ça sent bon la lavande ou
plutôt je dirais ça sent le propre.
Elle
m’invite à m’asseoir et pose son paquet sur la table.
Elle
revient avec un plateau contenant deux assiettes, deux fourchettes,deux verres
et une bouteille de jus de fruit.
-Karl tu
connais la cuisine va te laver les mains.
-oui bien sûr
J’entre
dans sa cuisine et entreprend de me laver les mains. Une fois terminé je la
rejoins et m'installe à ses côtés. Chacun de nos déballe son plat.
-merci pour
les pâtes j'aurais déjà dîné que je m'en serais voulu. Elles sont tellement
délicieuses, ça m’a manqué.
Pour toute
réponse je lui souris
-enfin je
veux dire que ces pâtes m'ont manqué,pas le fait que nous dînions ensemble.
-aucun
souci. Écoute Jessica je voudrais te parler.
-finissons d'abord s'il te plaît, je ne voudrais pas à avoir à les gaspiller.
- ok…
Nous mangeons en silence. Dès que nous eûmes
terminé, je l'aide à débarrasser et à faire la vaisselle bien qu’elle ait refusé.
Nous sommes
installés dans son canapé
-avant
tout, je te demanderais de m'écouter sans m'interrompre s'il te plaît. Jessica…
je voudrais te demander pardon. Pardon de t'avoir trompé, pardon d'avoir trahi
ta confiance, pardon de t’avoir blessé. Cette erreur je la regretterai toute ma
vie. Je suis fou de toi, et même si tu ne te remettras jamais avec moi, je
souhaiterais que tu me pardonnes. Si dans ton cœur il y a encore une petite
place pour notre histoire, donne-nous une chance, donne-moi une chance. Je
voudrais te prouver que tu n’as pas eu tort de me donner ton cœur, de t’offrir
à moi. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée.
Quand je
lève les yeux vers elle, elle a la mâchoire serrée. Elle bat des paupières. La
dernière chose que je voudrais c'est de la voir pleurer.
-tu devrais
y aller.
Je me lève
l’âme en peine et prends la direction de la sortie.
Quand je me
retrouve au seuil de la porte de son appartement, je me retourne et la prend
dans mes bras lui donnant le baiser de la dernière chance, le baiser de la
détresse. A cet instant, je suis comme un marin qui part en mer pour une durée
indéterminée, et qui ne sais pas quand ou
s’il reviendra.
Elle se
donne à ce baiser. J'y mets fin et je m'en vais sans me retourner.
Jessica Gbo
Cette
nuit-là, je n'ai pas pu dormir. J'avais besoin de parler à quelqu’un. Ni Chris, ni Carla n’étaient connectés.
Tantie Florence l’était. Je lui écris un coucou et elle m'appelle aussitôt. Je
lui raconte la scène qui venait de se passer.
A La question de savoir comment je me sentais, pour toute réponse, je lui explique l’état d'âme qui est le mien.
Il est clair que je suis troublée par lui, que dis-je ; je l’aime de toutes mes
forces, de tout mon cœur, mais il y a cette peine qui au fond de moi m’empêche
de m'ouvrir à lui. Je veux pouvoir lui pardonner mais c'est trop difficile.
Ma tante
m’exhorte à lui pardonner, à lui donner
une nouvelle chance.
Les jours qui ont suivis, je pensais qu'il m’appellerait. Contre toute attente, je reçois une blague stupide à laquelle je n'ai rien compris. J'en reçois une chaque matin.
Finalement je me
décide à lui écrire
-« Tes
blagues sont archinulles »
-« enfin,
moi-même je n'y comprends pas grand-chose »
-« pas
étonnant »
-« déjeune
avec moi aujourd’hui, pitié… »
-« … »
-« dis-moi
que tu y réfléchis »
-«désolée
mais je déjeune avec un collègue, ici à la cantine »
- « je
peux retenir que tu me dois un déjeuner ? »
-« … »
Chris SAGNA
Jessica m’a
mise au courant de la nouvelle situation qui prévaut entre elle et Karl.
J’ai la
confirmation qu’il est fou d'elle certes mais je suis pour qu'elle le fasse
courir.
Marion et moi sommes au Bénin, direction Pobè où nous allons faire deux jours.
Quand j'en ai informé maman Chantal elle m'a toute suite assuré que notre chambre sera prête.
Nous ne voulions pas la déranger et nous avions prévu rester à l’hôtel
mais bon ce n’est pas plus mal.
Notre
séjour a été parfait. Marion était aux anges. La maman de Jess a été un amour.
Nous sommes de retour sur Cotonou. Ma femme a envie de danser alors je la sors.
J'ai
demandé à Jess si elle était intéressé mais, elle refuse de tenir la chandelle
car elle n'a pas oublié que la dernière fois. Je l'ai lâché et que cette fois
ci ça arrivait elle n’aura pas de moyen pour rentrer. Elle ne veut pas conduire
seule la nuit.