Chapitre 18: Mourir

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 18: MOURIR



**MYRNA NZAOU**


Je m'étais retournée et je lui avais dit que je retournais chez moi. J'étais ressortie et j'avais marché sous la pluie avant de tomber sur mes genoux.


Moi: (criant) Seigneur pourquoi m'as tu abandonné ?? Jusqu'à quand Seigneur ? Jusqu'à quand vas tu me regarder comme ça avant que tu n'interviennes. Je n'en peux plus, je n'ai plus de force. C'est trop dur. (M'allongeant par terre) papa, maman venez me chercher, svp, venez me prendre, je n'en peux plus. Je veux aussi mourir (ramenant mes pieds vers ma poitrine) Je veux mourir aussi, je veux seulement mourir.


J'étais restée allongée pendant des heures sous la pluie en train de pleurer. Toute la pluie était finie sur moi. Quand je m'étais relevée, il faisait nuit noire et j'étais complètement trempée. Les cinq cents francs que j'avais n'avaient pas pu me ramener à la maison car tout comme moi, ils étaient mouillés. J'avais donc dû marcher jusqu'à la maison et j'étais arrivée autour de 20h30. Le gardien m'avait ouvert le portail et j'étais rentrée. Lorsque je voulais rentrer dans la maison, j'avais constaté que la porte était fermée à clé, j'avais donc dû cogner.


T. Agnès : (dans la maison) C'est qui ? 

Moi: Myrna. 

T. Agnès : Et que veux tu ?

Moi: Je veux rentrer dans la maison.

T. Agnès : Quand tu partais d'ici à 13 heures, tu disais que tu partais où ?

Moi: À l'église.

T. Agnès : C'est très bien. Il faut donc retourner d'où tu viens. Si tu avais l'habitude de rentrer à la maison aux heures que tu voulais, tu sauras que ce n'est pas avec moi que tu feras ça. Il faut retourner d'où tu viens hein, tu rentreras dans cette maison quand il fera jour. 


J'étais restée debout devant la porte pendant près de 30 minutes sans qu'elle ne l'ouvre. Lasse d'attendre en vain que cette porte s'ouvre, je m'étais assise par terre juste à côté de la porte. Normalement, il y avait des rotins à la terrasse, mais à cause de la pluie, ils avaient fait rentrer ça dans la maison pour éviter que cela ne se mouille, donc il n'y avait rien dehors. Je m'étais simplement recroquevillée sur moi et j'avais passé la nuit assise là par terre en train de lutter avec le froid et les moustiques. Comme ma tenue était déjà mouillée, cela m'avait donné le rhume. Malgré tout, j'avais quand même pu fermer les yeux pendant une heure de temps. C'était autour de 7 heures que j'avais entendu la porte s'ouvrir. Mon oncle était sorti et était passé devant moi avec ses deux filles sans prêter attention à ma personne. Ma tante était sortie un peu plus tard avec son fils et elle s'était arrêtée devant moi parce qu' Olivier qui m'avait vu là avait marqué un arrêt. 


Olivier : (me touchant de sa petite main) Mimi. 

T.Agnes: Olivier vient ici. Toi j'espère qu'à mon retour, la maison là sera propre. (Appellant à nouveau son fils qui n'avait pas bouger) Olivier allons. 


Au lieu de partir chez sa mère, il m'avait plutôt fait un câlin qui avait duré moins d'une minute parce que sa mère était venue le tirer et m'avait giflé au visage.


T. Agnès : C'est mon enfant que tu veux coller ta malchance là. Je sais ce que tu es allée faire la nuit ? Imbécile. Il faut encore recommencer. 


Elle avait tourné ses talons et était partie avec lui. J'avais essuyé la larme qui avait coulé avant de me lever avec beaucoup de difficulté. J'avais les articulations endolories et je me sentais très faible. Je m'étais fait violence et j'étais rentrée dans la maison pour aller me laver et me changer avant de revenir faire le ménage, plus le temps passait, plus les douleurs devenaient intenses. J'avais aussi maintenant les maux de tête et des vertiges, mon corps chauffait aussi. Je m'étais assise pendant un moment pour que ça essaie de passer. Il y avait des médicaments, la boîte à pharmacie, dans la chambre de mes parents, mais comme c'était la chambre que mon oncle occupait désormais et qu'elle était bouclée à clé, je n'avais pas pu prendre les médicaments. Je m'étais efforcée à finir le ménage et la préparation avant d'aller me coucher. 


Je n'avais pas su à quelle heure ils étaient rentrés d'ailleurs j'avais eu une sorte de sommeil comateux. J'avais dormi autour de 13 h et je m'étais réveillée le lendemain autour de 7 heures. Je me sentais plus mal que la veille, j'étais littéralement malade et j'avais du mal à me lever du lit. Ma tante s'était arrêtée devant ma porte et m'avait dit qu'elle avait sorti le poisson et que c'était ce que je devais préparer. Elle m'avait également dit que je ne devais pas oublier d'aller prendre Olivier à l'école à 12 heures. Je lui avais dit que je ne me sentais pas bien et elle m'avait répondu que c'était les conséquences de la mauvaise vie. Après cela, elle était partie. J'avais essayé de puiser dans toutes les forces que j'avais pour me mettre debout, mon vertige s'était accentué et mes jambes tremblaient. Je me déplaçais en attrapant les murs et j'avais pu arriver au salon où je m'étais lourdement assise sur un fauteuil, après 45 minutes assise pour essayer de reprendre des forces, je m'étais levée et m'étais forcée à faire les travaux. Quand j'avais fini, j'avais mis le poisson dans une bassine pour l'écailler. Ne pouvant rester debout, je m'étais alors assise sur un tabouret pour le faire. J'avais fini et j'avais mis au feu, je tenais à peine debout alors je m'étais allongée par terre pour attendre la fin de la cuisson. 1 heure plus tard, j'avais éteint tous les feux, je voulais nettoyer la cuisine mais je n'avais pas pu, alors j'avais décidé d'aller m'allonger d'abord un moment afin de gagner quelques forces pour nettoyer. C'était à quatre pattes que je m'étais rendue dans ma chambre et que j'étais montée sur le lit. Dès que ma tête avait touché le lit, j'étais tombée dans un profond sommeil…



Moi : (levant en sursaut) 

T.Agnes: (tenant une bassine à la main)Imbécile. Tu es là en train de dormir alors que tu as abandonné mon enfant à l'école ? Et tu te permets de me laisser la cuisine sale? J'attends ton oncle ici, parce que si je te tiens tout de suite, je vais te payer un aller simple pour lalala (cimetière) Comme c'est mon enfant que tu veux faire voler, connasse. 


Elle avait tourné ses talons et était sortie de ma chambre. J'avais baissé les yeux sur moi et j'avais vu que j'étais mouillée et je sentais le poisson. Elle venait de me verser la bassine dans laquelle j'avais écaillé le poisson et toute la saleté était maintenant sur moi et sur mon lit. J'avais regardé le petit réveil qui était sur la tablette et j'avais vu qu'il était 15 heures. Je m'étais levée avec difficulté et j'avais ôté mes vêtements ainsi que mes draps et j'étais allée dans ma douche pour me laver. Quand j'avais fini, j'étais revenue dans la chambre qui sentait le poisson. Je n'avais même pas le courage d'aller chercher des choses à la cuisine de peur qu'on me gronde. J'avais alors pris mes vêtements sales pour nettoyer avec avant de retourner le matelas. Ce petit effort m'avait énormément fatigué et je m'étais allongée, en moins de cinq minutes, je m'étais à nouveau rendormie. 


(Bruit de porte qui s'ouvre avec fracas) Je m'étais encore réveillée en sursaut pour voir tonton Gautier qui me regardait méchamment avec une ceinture qu'il tenait à la main. 


Tonton Gautier : Donc non contente d'avoir tué mon frère, c'est mon enfant maintenant que tu veux liquider c'est ça ?

Moi: (me redressant sur le lit et reculant apeurée) 

Tonton Gautier : (pénétrant dans ma chambre en colère) En plus je t'appelle, tu me fais la sourde oreille ?

Moi: Non tonton, je n'ai pas


Slash!


La boucle de la ceinture atterrissait sur ma tête avec le premier coup . Aussitôt d'autres avaient suivi. 


Moi: (me tordant de douleur en le suppliant) Pardon tonton, pardon, je ne vais plus recommencer. Pardon.

Tonton Gautier : (fouettant) C'est mon enfant que tu veux aussi tuer comme tu as tué tes parents ? C'est mon enfant ? Imbécile. 


Quand j'avais compris qu'il n'allait pas arrêter, j'avais simplement serré un coin du lit et je m'étais recroquevillée sur moi-même pour protéger mon visage. Il m'avait fouetté jusqu'à être fatigué avant de sortir de ma chambre. J'avais gardé la même position pendant longtemps en train de pleurer. Tout mon corps était douloureux et j'avais plein de blessures à plusieurs endroits. J'avais pleuré jusqu'à ce que ma voix se coupe. Je ne pouvais pas supporter ça plus longtemps, je préfèrerais mourir une bonne fois au lieu de le faire un peu plus chaque jour. De toutes les façons, je dérangeais tout le monde. 


J'avais rampé sur mon lit avant de descendre. J'avais attrapé mon sac de l'école, j'avais enlevé tout ce qui était à l'intérieur avant de mettre la Bible de mon père , une photo dans laquelle nous étions tous les trois et mon acte de naissance. J'avais attendu 24 heures, heure à laquelle tout le monde dormait et j'étais sortie de la maison. Dehors il y avait une grande pluie, ça tombait bien, le gardien n'allait pas m'entendre sortir. J'avais ouvert le portail et j'étais sortie de la concession. J'avais marché sous la pluie avec des jambes tremblantes et tout le corps endoloris. Mes larmes se confondaient avec la pluie. Je n'avais pas peur de me faire tuer ou me faire violer par les bandits, de toute les façons je voulais mourir. 

J'avais marché jusqu'à l'échangeur du pk5, j'avais escaladé les barres de fer pour me jeter du haut du pont….



QUELQUES HEURES PLUS TÔT



**JEANNE YEMBI**



Moi: (Rendant la monnaie à la jeune fille qui a acheté la sardine) Prends mon bébé. Merci beaucoup. Il faut encore revenir ici pour prendre la bonne sardine là. Toi-même tu as vu comment c'est balèze non?

Elle : (souriante) Oui maman

Moi: Voilà. Ce n'est pas ce que les gens vendent partout- partout là, les bébés poissons qui n'avaient même pas encore fini de téter le sein de leur mère.

Maggie : Eh Jeanne, tout le bruit là c'est seulement pour vendre le poisson là ? La pauvre fille a déjà pris, tout le discours là c'est encore pourquoi ?

Moi: C'est comment ? Donc si j'ai le bon poisson, je ne peux pas le dire? Ce sont mes ennemis qui t'envoient ? Vous savez que je suis ceinture noire de spiritualité non? 

Maggie : Tu es surtout ceinture noire de la folie oui. (À la cliente qui n'arrêtait pas de rire) Ma fille si tu restes là à écouter les bêtises de la vieille femme là, tu ne vas plus rentrer chez toi oh. Elle parle trop.

Moi: (écarquillant les yeux) Qui parle trop, moi YEMBI ? Maggie ne fait pas et (me tenant debout sur un pied en étendant mes bras avec les mains repliées comme les aigles prenant leur envol) je vais bondir sur toi comme l'aigle descend pour ramasser la poule au village hein.


Les gens qui étaient là et la cliente avaient éclaté de rire. Ils disaient que je n'étais pas normale. Au marché ici on m'appelait "maman la joie","maman show" ou "maman bonheur" parce que quand j'étais là, les gens étaient toujours de bonne humeur même si le marché était dur. 


La cliente : (me tendant 2000) Maman tiens tu vas boire le jus. Tu as tellement mis la joie dans mon cœur que j'ai même oublié mes problèmes. 

Moi : (prenant) Merci ma fille que Dieu te bénisse. Tu verras que toutes les portes te seront ouvertes mon bébé au nom de Jésus. 

Cliente: Amen maman. Merci et bonne journée.

Moi: Bonne journée ma fille. Les anges t'accompagnent.


Elle était partie avec un énorme sourire sur les lèvres.


Maggie : Eh Jeanne tu vas nous acheté à tous le jus non?

Moi: Qui? Vous n'aurez rien. 

Maggie : (m'attrapant par la taille) Oh ma jeannounou, maman bonheur, maman show, maman la joie, tu sais que tu n'es pas mauvaise non? Achète les jus on va boire. Regarde le soleil là sur nous depuis le matin ? Pardon oh. 

Moi: Hum. 


J'avais acheté 4 jus pour les trois femmes qui étaient à côté de moi et moi. Nous étions en train de parler et rire quand j'avais entendu dans mon cœur. 


<<Protège ta marchandise, la pluie arrive.>>


Le soleil était au zénith lorsque j'avais entendu ça. Mais je ne discutais pas. Si on me disait que la pluie arrivait c'était qu'elle arrivait. Je m'étais levée et j'étais allée chercher le gros sachet plastique avec lequel je couvrais ma marchandise les jours de pluie. 


<<Non, emballe, c'est fini pour aujourd'hui. >>


Moi: Eh, ce sera donc une grande pluie comme ça. 


J'avais alors pris le gros sac et j'étais revenue pour emballer.


Émilienne : (étonnée) C'est comment tu ranges la marchandise à l'heure là Jeanne, il n'est que 14h.

Moi: (rangeant) Le marché est fini oh, la pluie arrive. 

Pamela : La pluie ? Tu ne vois pas le soleil là ? Ça c'est quelle pluie ? Aujourd'hui c'est samedi, les clients seront là jusqu'à 20h et toi tu veux ranger à 14h?

Moi: Pamé je te dis que le marché est fini. Ne suis pas le soleil là, la pluie est derrière. 

Maggie : (se levant pour ranger sa marchandise aussi) Dans ce cas, moi aussi je range. 

Pamela : Maggie tu fais quoi ?

Maggie : Ah moi aussi je pars. Jeanne a déjà dit que le marché est fini et que la pluie arrive si elle le dit, c'est que c'est vrai. Vous savez qu'elle fait toujours les choses comme ça non? 

Émilienne : Mais y a le soleil voyons.

Maggie : Ça c'est pas le vrai soleil que Dieu lui-même a créé, ça c'est pour les blancs. 


Elles avaient tenté de nous faire entendre raison mais c'était inutile. Moi je ne doutais pas même un peu et je ne contestais jamais un ordre. Si on me disait de me lever et marcher à quatre pattes dans la rue comme une chienne, j'allais le faire. S'il disait qu'il devait y avoir de la neige au Gabon et ce en plein mois de mai, j'allais le croire. Il était le propriétaire de tout et faisait chaque chose où, comme, comment et quand il le voulait, qui étais-je pour contester ?


Nous avions emballé notre marchandise Maggie et moi avant d'aller mettre ça dans l'entrepôt de celui qui nous gardait ça la nuit en échange d'un billet de 500f. Nous étions revenues dire au revoir aux autres avant de partir. À peine nous montions dans le taxi pour rentrer chez nous, qu'un tonnerre gronda et presque aussitôt, la pluie s'abattit sur le sol.


Maggie : (me regardant avec les grands yeux) Eh Jeanne, tu avais raison oh. Heureusement que je t'ai écouté sinon j'allais perdre ma marchandise comme ça. Merci.

Moi: Ah ce n'est pas moi qu'il faut remercier oh, c'est le Seigneur, c'est lui qui m'a prévenu. 

Maggie: Merci Seigneur.


Nous avions continué. Elle était descendue dans son quartier qui était avant le mien et j'étais descendue un peu plus tard. Je cherchais à savoir comment j'allais faire pour arriver à la maison sans me mouiller quand j'avais vu un jeune de mon quartier tourner à la recherche de je ne savais quoi avec un parapluie.


Moi : (l'interpellant) Jérémie ? (Me regardant) vient m'accompagner avec ton parapluie à la maison. 

Jérémie : Bonjour maman Jeanne.

Moi: Bonjour, ça va ?

Jérémie : Oui. 

Moi: Tes parents vont bien ?

Jérémie : Papa oui mais maman est un peu malade depuis hier.

Moi: Ah bon? Je ne savais pas. Quand la pluie va finir, je viendrai prier pour elle. 

Jérémie : D'accord. 


Il m'avait accompagné jusqu'à la maison avant de partir. J'avais prononcé des paroles de bénédiction sur lui. Lorsque j'étais rentrée dans ma petite maison de deux chambres , petit salon et cuisine, faite de planches,j'avais commencé à benir mon Dieu et chanter ses louanges.


Moi: Ô mon Dieu, tu es bon

Ô mon Dieu euh, tu es bon

Ô mon Dieu euh, tu es bon , tu es bon pour moi tu es bon. 

Pour ma vie, tu es bon.

Pour mes affaires, tu es bon

Pour ma santé, tu es bon , tu es bon pour moi, tu es bon.

(Cantique populaire : Ô mon Dieu,Tu es bon)


J'avais chanté pendant un bon moment avant de m'arrêter pour compter ma recette. Je m'apprêtais à le faire quand j'avais écouté. 


<<Arrête toi, met toi à genoux et prie pour elle. >>


J'avais mis l'argent de côté, je m'étais levée pour boucler ma porte et ma fenêtre afin de ne pas être dérangée avant de venir m'agenouiller et me mettre à prier pour la petite "Myrna". Une jeune fille que je n'avais jamais vu, que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve. Je ne savais pas où elle était ni ce qu'elle faisait, qui était ses parents, ni même si elle était au Gabon . Seulement depuis presque trois mois, le Saint Esprit me demandait de prier pour elle et ce à n'importe quel moment, alors je le faisais. 


Mon nom était YEMBI Jeanne, veuve de 55 ans vivant toute seule dans la petite maison que le Seigneur m'avait donnée. Tout ce que j'étais, c'était grâce au Seigneur alors c'était avec une grande joie que je l'aimais et consacrait ma vie à le servir. J'avais une relation très étroite avec le Seigneur au point que les nombreuses personnes qui me voyaient dire ou faire des choses pensaient très souvent que j'étais une sorcière. Moi ça me faisait rire. Je devais me rabaisser aux petites choses comme la sorcellerie alors que je pouvais être la servante du grand Dieu ? Mais quelle aberration ! La sorcellerie c'était quoi devant la puissance du Dieu vivant ? Je l'avais toujours dit et je le disais toujours à qui voulait l'entendre, que ce soit au marché de Mont Bouet où je vendais ma sardine, dans le quartier où je vivais ou n'importe où où je m'étais les pieds, que ce n'était rien, absolument rien du tout. 


Ma relation avec Dieu par son Esprit n'avait pas toujours été fusionnelle comme aujourd'hui. Je le connaissais depuis car j'étais née des parents tous les deux chrétien qui eux-mêmes s'étaient convertis à l'époque des missionnaires blancs. Ils m'avaient toujours enseigné la parole et à 7 ans j'étais née de nouveau. Tout allait bien jusqu'à ce que je rentre dans l' adolescence, j'évoluais maintenant en dents de scie, un pied dedans, un pied dehors, comme on disait chez nous. Les mauvaises compagnies. Quand la Bible disait que "les mauvaises compagnies corrompaient les bonnes mœurs"  ce n'était pas du tout un mensonge. Moi la petite fille tranquille que j'étais, je m'étais associée à une bande de petite fille de mon quartier qui fréquentaient la même école que moi et en moins de temps qu'il n'en fallait, je m'étais retrouvée enceinte à 15 ans. Le papa avait nié la grossesse et toutes celles qui se disaient mes amies m'avaient abandonné. C'étaient mes parents qui s'étaient occupés de moi et ma grossesse avec les petits moyens qu'ils avaient. J'avais accouché un an plus tard d'un petit garçon. J'avais repris la route de l'église mais malheureusement je n'étais plus retournée à l'école faute de moyens. Je travaillais comme dame de ménage chez des particuliers et Dieu merci j'allais bien. Le Seigneur était bon avec moi et quand j'avais eu mes 20 ans avec un enfant de quatre ans sur les bras, il m'avait envoyé mon mari. Un jeune frère d'une église sœur que j'avais rencontré lors d'une croisade d'évangélisation où plusieurs églises s'étaient réunies pour lancer le programme. Nous nous étions mariés deux ans plus tard et avions ensemble eu deux enfants, une fille et un garçon. Comme mon mari travaillait et avait beaucoup de moyens, il m'avait demandé d'arrêter le travail du ménage que je faisais pour m'occuper de la maison et des enfants. Tout allait bien, nous vivions heureux et servions le Seigneur malgré les petits soucis que j'avais avec ma belle famille qui ne m'aimait pas. 


J'avais 38 ans , mon mari 42 et mes enfants 22 , 16 et 12 ans, quand mon avait pris la voiture et était monté avec les trois enfants pour aller faire quelques courses. La veille de ce jour, j'avais fait un rêve bizarre dans lequel on me disait que l'ennemi voulait m'attaquer et que je devais prier. Lorsque je m'étais réveillée, j'avais oublié le rêve. Tout au long de la journée, j'avais des interpellations de la part de l'Esprit pour que je prie, mais j'étais occupée à gauche et à droite avec les tâches ménagères. Didier, mon mari, avait pris la voiture et était parti avec les enfants. Mon cœur battait pourtant très fort dans ma poitrine quand ils s'en allaient, mais là encore, j'avais ignoré. Autour de 13 heures, heure à laquelle j'avais écouté l'ultime interpellation où l'Esprit de Dieu me disait d'arrêter tout ce que je faisais et prier pour ma famille, j'avais répondu que je finissais d'abord de préparer et après j'allais le faire. J'avais arrêté mes marmites 1 heure plus tard et je m'apprêtais à prier quand mon téléphone avait sonné et on m'avait dit que mon mari avait fait un accident de circulation, lui et mes trois enfants avaient péri dans l'accident. La folie avait failli me prendre ce jour et je n'avais pas assez de larmes pour les pleurer. J'en voulais à Dieu de ne pas avoir étendu sa main pour les sauver. Je n'avais pas encore fini de pleurer ma famille que ma belle famille, me jetait à la rue, je n'avais rien, ni personne car mes parents étaient déjà décédés depuis quelques années. J'avais trouvé refuge dans une petite église qui venait à peine d'ouvrir et dont le pasteur s'appelait Mike avec sa femme Raphaëlle. L'église était en planches et n'atteignait pas 50 membres. C'était ces gens qui m'avaient porté et littéralement ramené à la vie. J'avais décidé d'abandonner le Seigneur malgré le fait que j'étais dans cette église, mais le Seigneur lui n'avait pas encore fini avec moi. Après 3 ans, comme ça dans la colère et le ressentiment à son égard, il m'avait ramené en arrière pour me montrer toutes les fois où il m'avait interpellé pour me demander de prier pour ma famille sans que je ne le fasse. J'avais compté jusqu'à 30 interpellations que j'avais ignoré et ce jusqu'à la dernière minute. Ce jour, j'avais à nouveau pleurer, mais plus pour les mêmes raisons. J'avais pleuré pour mon manque de discernement et la distraction à laquelle je me laissais prendre car si j'avais été attentive, ma famille serait avec moi. À partir de ce jour, j'avais juré que quelque soit ce que j'étais en train de faire, si le Seigneur m'interpellait pour me dire de faire quelque chose, j'allais tout laisser pour le faire sans rechigner. C'était ainsi que j'avais fini par intégrer cette œuvre au niveau de l'intercession car c'était dans ce couloir que Dieu voulait que je le serve. Il m'avait ensuite donné la maison dans laquelle j'habitais par le canal d'une maman de l'église et quelque temps après j'avais commencé mon petit commerce pour avoir de l'argent. J'avais continué ma vie, j'avais eu des prétendants pour le mariage, mais j'avais refusé, j'avais préféré consacrer ma vie au Seigneur pour le servir nuit et jour et n'importe où. 


Un jour, alors que j'étais à l'église en train de prier, le Seigneur m'avait montré le visage d'une belle jeune fille et il m'avait dit de prier pour elle car elle était sa servante. Comme je ne savais pas dans quel sens aller, je m'étais mise à prier en langue pendant un bon moment avant de m'arrêter. Moi qui pensais que ça devait s'arrêter là comme pour les autres sujets de prières, j'avais compris que je faisais une grave erreur. La semaine qui avait suivi, il m'avait à nouveau demandé de prier pour sa servante, je l'avais fait. Après un mois de prière, il m'avait dit son prénom, "Myrna". Depuis ce jour, il était passé à la vitesse supérieure, au début c'était après une semaine, mais le jour où il m'avait dit son prénom, c'était tous les jours à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, il me disait "arrête toi et prie pour elle" . Sans réfléchir, je m'arrêtais et je priais pour Myrna. 


J'avais prié en langue pendant 3 heures de temps pour cette petite avant de m'arrêter. Quand j'avais fini , j'étais allée me laver et j'avais mis une marmite au feu pour manger. 


<<C'est peu ce que tu prépares, ajoute. >>


Moi: Ah papa, est-ce que moi je mange beaucoup ?Toi-même tu sais que je suis une femme sport non? Il faut que je sois souple-souple pour dandiner dans la prière. En tout cas, j'ajoute oh. 


J'avais ajouté les quantités de ce que je préparais avant de revenir m'asseoir sur mon vieux canapé et compter mon argent. J'avais vendu pour 55 milles ce jour. J'avais béni mon Dieu qui était très bon avec moi. Pendant que je voulais aller cacher l'argent à la chambre, il m'avait dit de prendre 5 milles pour aller prendre un baume en pharmacie et quelques anti douleurs. Je n'avais rien compris à ça. 


Moi: Ah, peut être que comme je dois aller prier pour la maman de Jérémie qui est malade là c'est pour ça. 


Après ma préparation, j'étais allée acheter les choses en pharmacie et au retour je m'étais arrêtée chez Odile pour prier. Elle avait le palu mais n'avait pas besoin des médicaments que j'avais achetés. C'était donc pour qui? J'avais prié avec eux un moment avant de rentrer à la maison.


Moi: Ahn Seigneur, tu m'as dit d'acheter les médicaments là, j'espère que ce n'est pas pour moi oh, parce que sinon je vais bien me fâcher avec toi, je t'avertis déjà. 


J'avais déposé ça sur la petite tablette avant d'aller à la cuisine me laver les mains dans une bassine d'eau , me servir et manger. Lorsque j'avais fini j'avais pris ma Bible pour lire et autour de 21 h 30 j'étais allée me coucher après avoir prié. 


<<Réveille toi maintenant Jeanne>>


Moi: (me frottant les yeux sur le lit) Il est déjà 4h tout de suite là ?


J'avais regardé l'heure dans mon petit téléphone et il était 23h. 


Moi: aïe, il est seulement 23h. Maintenant tu me réveilles à l'heure là pour faire quoi?


<<Va la chercher à l'échangeur du pk5.>>


Moi: Chercher qui? À l'heure là ? Il y a les bandits dehors, en plus il pleut. 


Il ne m'avait pas répondu. Je m'étais levée du lit en marmonnant des choses inaudibles. 


Moi: (Dans ma tête)Comment on peut réveiller une vieille femme comme moi pour l'envoyer dehors sous la pluie dans un quartier où y a beaucoup de bandit à 23h. Le Seigneur aussi exagère. En plus, il ne me dit même pas la personne que je suis censée aller prendre. 


J'avais porté mon long collant noir , un soutien et une robe avant de prendre un pull over pour me protéger du froid. J'avais enfilé mes bottes de pluie, pris mon parapluie et un peu d'argent et j'étais sortie pour marcher jusqu'à la route où j'avais eu rapidement un taxi pour l'échangeur du pk5. Lorsque j'étais arrivée là, il n'avait personne. Les rues étaient désertes. 


Moi: Seigneur, tu vois non? C'est à cause des choses comme ça que je me fâche souvent après tu dis que j'aime trop me fâcher. Quand toi même tu vois ce que tu fais, est ce que c'est bien ? J'étais tranquille pour moi sur mon lit en train de dormir, tu m'as réveillée pour me dire de venir chercher quelqu'un ici, maintenant je viens et il n'y a personne. 


J'étais allée m'asseoir à une extrémité du pont pour attendre, attendre quoi même, je ne le savait pas, j'avais mis un bon moment là en train de me plaindre. 


Moi: Regarde comment je me suis bien mouillée, si on vient me tuer ici ce sera de ta faute parce que 


J'avais tourné ma tête et écarquillé les yeux pour tomber sur une jeune fille qui avait un sac au dos et grimpait sur les barres de fer de l'échangeur afin de se jeter en bas. 


Moi: Seigneur Jésus Christ de Nazareth, Dieu tout puissant, trois fois Saint. Ça c'est quelle histoire ?


Je m'étais rapidement mise debout et j'étais partie vers elle. Elle avait légèrement décalé sa tête et j'avais pu voir son visage. C'était le visage de la petite fille pour laquelle je priais depuis déjà trois mois. 


Moi : Myrna stp mon bébé, ne saute pas…


LE JOUR OÙ MA VIE BA...