Chapitre 19

Write by Myss StaDou

Chapitre 19


Que me réserve encore Olivier ? Depuis à peine une semaine que cet homme est revenu dans ma vie, je vis un véritable carrousel d’émotions, quittant du bonheur à la colère et aux larmes. Je me suis même battue avec ma sœur ce matin. Non, mais cette fois, elle a dérangé ! Oser me voler un cadeau de Victor ? Je ne suis pas prête à lui pardonner cela.

 

Je suis couchée là sur le lit, me demandant ce qu’Olivier veut de moi. Sûrement m’emmener quelque part ? Pas à son hôtel pour y passer le week-end, j’espère. Ce sera trop difficile à gérer pour moi. Trop réfléchir là n’est pas bon pour le cerveau. Je relis les messages de Victor, pour me souvenir de la chaleur qu’ils m’apportaient. Mais ce n’est pas pareil. J’ai besoin de sentir cette chaleur là maintenant, sur mon corps. Épuisée, je m’endors, avec l’espoir que tous ces hauts et bas cesseront bien vite.

 

*****

 

Je me réveille très tôt le vendredi matin. Pour me racheter auprès de mes parents, j’ai décidé de faire des travaux ménagers avant de partir en cours. Je m’active dans la cuisine, faisant la lessive, balayant le sol de la maison. Ma mère a pu ainsi rapidement apprêter un repas pour ce jour. C’est vrai que je commence la journée avec les courbatures. Mais le sourire de ma mère compassera la douleur de mes os.

 

Je vais ensuite apprêter un petit sac de voyage, y mettant deux robes, deux T-shirts, un short et une nuisette, ainsi que trois ensembles de sous-vêtements. Ne pas oublier des sandales ouvertes et une paire de pumps noires passe-partout (talons). J’apprête ensuite mon sac pour aller en cours. Je me dépêche car il est déjà 8h passé et mon premier cours a débuté à la fac. Même comme je sors en catastrophe de la maison, j’ai eu une journée assez cool qui se termine aux environs de 15h. Je dois me dépêcher pour arriver à la maison, manger et avoir le temps de me rafraîchir avant un programme fantôme.

 

Dans le car, tellement intriguée, je fais un texto à Olivier pour me renseigner :

 

« Cc. Ça va ? C’est quoi le programme ? Besoin d’infos. Nicole »

 

Aucune réponse. Peut-être était ce mieux de l’appeler. Je suis juste tomber sur le répondeur.

Bizarre tout ça… C’est presque quarante minutes plus tard quand je suis déjà installée devant un plat de plantains mures bouillie au folong (légumes sautés) que je reçois une réponse.

 

«Tu ne sauras rien, curieuse. Mais ça te plaira. Tout à l’heure. Olivier »

 

J’éclate de rire, à presque vouloir m’étouffer avec la nourriture que je mâchais. Cette histoire devenait intéressante. Après notre discussion de l’autre soir, je crois qu’il a compris que je ne voulais plus sortir avec lui, au trop être amis. J’ai même pensé un moment à couper complètement les ponts avec lui. Mais sa manière de revenir à moi m’intrigue trop pour que je laisse ça passer.

 

Après mon repas, je vais prendre une douche rapide pour être fraiche pour la suite. Je porte une paire de leggings peau de panthère sous un body marron accompagné d’un veston noir. Les ballerines noires au pied feront l’affaire. Il est 17h passée quand je reçois un texto d’Olivier :

 

« Je suis là ».

 

Ses messages courts m’intriguent. Ce week-end s’annonce pimenté. Je prends mon petit sac de voyage et mon sac à main posés sur le lit. Je fais un tour rapide de la chambre pour être sûre que je n’ai rien oublié. Je ferme la porte, pensive. Est-ce juste de sortir avec Olivier après ce qu’il m’avait dit ?

 

Je lève la tête et je vois Carole qui entre dans le couloir. On se toise de la tête aux pieds avant que je fonce dans le couloir pour passer devant elle et sortir dans le salon. Si elle avait tenté de me parler, elle aura senti sa part aujourd’hui. Junior est assis dehors en train de laver sa paire de chaussures.

 

− La go, tu lances pour où ?

− Tu poses trop de questions… Lave ta chaussure en silence. Si on me demande, dis que je suis allé passer le week-end chez une amie. S’il y a quelque chose d’urgent, tu m’appelles. OK ?

− Ok madame. Amuse-toi chez ta copine, dit-il en riant. Bon week-end et tu me gardes.

− Ok. Promis. Je vais te garder le bonbon.

 

Je me dirige rapidement vers le portail car Olivier doit m’attendre depuis un moment déjà et je ne sais même pas où on va. Quand Olivier me voit approcher, il descend de la voiture en souriant pour venir à ma rencontre. Il me fait une bise et sourit :

 

− Ravi que tu aies acceptée mon invitation.

− Tu as parlé d’une surprise. J’espère juste qu’elle est bonne, car j’ai eu ma dose de stress pour la semaine.

− Ne t’inquiète pas. Je te vais faire passer un week-end de rêve.

− Ok… Si tu le dis.

− Promis. Donne-moi ton sac, je le mets dans le coffre. Installe-toi.

 

Je monte dans la voiture et m’installe bien. Je suis déjà heureuse à la pensée des bons moments à venir. Olivier monte et démarre, se dirigeant vers le cœur de la ville. Intriguée, je lui demande :

 

− Où allons-nous ?

 

Olivier a un sourire narquois :

 

− Tu le sauras dans quelques minutes.

− Ok.

 

Quelques minutes plus tard, il trouve une place de parking sur l’Avenue Kennedy, une rue connue et bourrée de magasins et bureaux en tout genre. Il descend et vient m’ouvrir la porte.

 

− Je sais qu’on est un peu en retard sur notre programme. Mais nous sommes à la première étape.

− Ok.

 

Son attitude m’intrigue. Il me dirige vers une boutique de prêt-à-porter. Nous entrons. Peut-être voudrait-il y acheter quelque chose ?

 

− Nicole, je veux que tu choisisses une jolie robe qui te plaît. Prends une tenue pour la piscine, car tu en auras besoin.

 

J’ouvre grand les yeux :

 

− Non… Ce n’est pas vrai. Moi ? Ici ? Mais ça doit couter très cher.

− Qu’importe ! Tu le vaux bien. Allez, dépêche-toi.

 

Olivier sort du magasin et se tient dehors pour passer un coup de fil. En fonçant vers les différents rayons de la boutique, je n’arrive pas à croire à ce qui m’arrive. La vendeuse m’aide à choisir une jolie robe de soirée rouge et échancrée dans le dos, avec une longue fente sur la cuisse gauche. Elle est trop belle. Je choisis aussi un beau maillot de bain deux pièces d’un beau bleu ciel avec un paréo blanc. Dans l’euphorie, je n’ai pas vérifié les étiquettes des vêtements. Quand je regarde le prix de tout cela, j’ouvre les yeux en grand. Je me tourne vers la vendeuse pour les lui remettre quand Olivier entre dans la boutique et demande à payer.

 

− Olivier, attends. Ça coute trop cher.

− Laisse cela être mon souci.

 

Il paie sans sourciller. Et je suis ébahie par ce qu’il fait.

 

« Ok. Mais je ne me laisserai pas impressionner par cela », pensé-je au fond de moi.

 

Nous sortons du magasin, Olivier tenant les sacs. Quand il se dirige vers le coffre de la voiture, je m’arrête d’un seul coup. Bon sang ! Pas maintenant ! C’est Jeanne qui se dirige dans notre direction avec un des ses prétendants. À voir son pas de course et son sourire, elle m’a déjà vu. Je dois sauver la situation.

 

− Olivier, monte déjà. Donne-moi une minute. Je dois saluer une amie.

− Hein ? Ok.

 

Je décale et me place un peu loin de la voiture, pour ne pas attirer trop son attention. Quand Jeanne arrive à mon niveau, elle me regarde, intriguée. Nous nous faisons la bise, ainsi qu’à son accompagnateur.

 

− Ma chérie, que fais-tu ici ? Je t’ai vu sortir de cette boutique, demande Jeanne en me scrutant.

− Euh, je regardais juste un truc.

− Tu n’étais pas seule. C’est qui ce monsieur ?

− Un ami que j’aide. On en parlera plus tard.

− Hum ! Si tu le dis.

− Je dois y aller. Je te souhaite un bon week-end. On se prend lundi ?

− Ok. Merci. À lundi.

 

C’est quoi ce timing ? Il fallait que je la croise maintenant. J’espère qu’elle m’a cru et qu’elle n’en fera pas un thème de discussions. J’ai le droit d’avoir des amis non ?!

 

Je remonte dans la voiture et Olivier démarre. On se dirige vers la sortie de la ville. Il avait pris le soin avant de venir me chercher de s’arrêter dans une boulangerie pour nous prendre des pâtisseries et des boissons. Nous avons un long voyage devant nous. Il met de la musique. Le rythme me pénètre et je me mets à me fredonner.  Il fait pareil et nous éclatons de rire. Pendant un long moment, nous chantons les chansons qui se succèdent. C’est trop bien comme atmosphère.

 

La nuit est tombée depuis longtemps. Après avoir grignoté un morceau, je m’endors, fatiguée de cette journée. J’attends une petite voix dans mon sommeil. J’ouvre les yeux. Je me rends compte que la voiture est garée.

 

− Nicole, réveille-toi. Nous sommes arrivés.

− Hein ? Il est quelle heure ?

 

Olivier rit :

 

− Euh… 22h34.

− Quoi ? On est où ?

− Bienvenue à Kribi !

 

Quoi ? Kribi ? L’une des plus belles villes balnéaires du Cameroun. Mes copines me racontent souvent leurs escapades dans cette ville, à la plage, la mer, le poisson frais,… J’ai toujours rêvé d’y aller. Mais je n’avais pas les moyens de le faire. Je le regarde, perdue, des papillons pleins le ventre. L’excitation monte. J’ai hâte tout d’un coup de descendre, moi qui somnolait il y a quelques minutes. Je veux tout voir. Nous descendons de la voiture et c’est là je me rends compte que nous sommes garés dans le parking privé d’un hôtel.

 

Ma-gni-fi-que… Ce que je vois me laisse sans voix. Rien que la façade de l’hôtel était digne d’un grand hôtel. Décoration typiquement africaine dans un standard européen, des palmiers, des bancs en bois, des fauteuils en bambous, un feu de bois,… C’était trop beau. J’étais toujours là bouche bée devant cette scène de rêve.

 

− Ça te plaît hein ? demande Olivier.

− Tu ne peux même pas imaginer !

 

Il était resté un moment derrière moi pour sortir nos affaires de la voiture. Il est venu silencieusement pendant que j’étais perdue dans mes pensées. Je lui ai répondu sans même me retourner, ne voulant pas détacher mes yeux du spectacle. Un portier vient dans notre direction. Il nous salue et prends les bagages. Il nous propose de nous accompagner à la réception de l’hôtel pour nous enregistrer.

 

− Je te laisse continuer à admirer le spectacle, dit Olivier. Je reviens dans quelques minutes. Je vais juste prendre les clés de nos chambres.

− Hum… Ok.

− Ne t’inquiète pas. J’ai fait une réservation.

− Oh. Je vois.

 

Il se dirige vers la réception, tandis que je fais quelques pas sur le domaine de l’hôtel. C’est si beau. Je me vois bien y vivre tous les jours. Les voitures garées devant l’hôtel sont si belles, toutes de grandes marques. On devine que seuls les riches séjournent dans ce lieu. Comme quoi le plaisir a un prix.  Tout d’un coup j’ai un coup de blues. Je me sens triste. J’aurais bien aimé venir ici avec Victor… Nous nous serions bien amusés. Mais bon, si la destinée a voulu que je vienne ici avec Olivier, cela devait bien avoir une raison.

 

Olivier revient tout souriant, suivi du portier qui nous mène vers nos chambres. Elles sont situées dans un des bâtiments à un niveau de l’hôtel. En plus d’être près de la mer, car j’attends ben le bruit des vagues, l’hôtel possède une piscine. Nous longeons un couloir.

 

− Malheureusement, vos chambres ne sont pas côte à côte, dit le portier. Nous avions déjà des réservations et avons essayé de trouver un moyen de vous installer au mieux.

 

Olivier et moi nous regardons.

 

− Ce n’est pas grave, dit Olivier. Du moment que nous soyons longés dans le même bâtiment.

− Oui c’est le cas, Monsieur. Nous arrivons d’ailleurs à la première chambre.

 

Il s’arrête et ouvre la porte sur une chambre magnifique. Elle est située juste en face de la piscine et est la première chambre du bâtiment.

 

− Olivier, je la veux ! Je la veux ! m’écrié-je, toute excitée.

− Tu n’as même pas vu l’autre chambre, dit-il en riant. Mais ce n’est pas grave. Ce sera donc ta chambre.

− Merci.

 

Je lui saute au cou. Je lui colle une bise sur la joue et je me dirige vers une porte que je devine être celle de la salle de bain. C’est trop beau ici. Le portier m’explique des trucs sur le fonctionnement des gadgets de la chambre. Je ne l’écoute que d’une oreille très distraite. Olivier, pendant ce temps, prends mon sac et les sachets de la boutique pour les déposer près de la penderie.

 

− Je peux vous montrer votre chambre, Monsieur, dit le portier à Olivier.

− Bien sûr. Je vous suis.

 

Curieuse, je les suis pour voir dans quelle chambre Olivier réside. Trois chambres nous séparent. La sienne est un peu au fond du couloir. Elle est aussi belle que la mienne, mais moins grande. Le portier nous présente les fonctionnalités de la chambre.

 

− Pas mal, dit Olivier. Votre hôtel est très bien.

− Merci, Monsieur.

− Je sais qu’il est tard. Mais le restaurant de l’hôtel est toujours ouvert ? J’ai une longue route derrière moi et j’aimerais bien manger un morceau.

 

Comme si mon ventre s’était senti interpellé, il se met soudain à gargouiller. Ce qui provoque un fou-rire chez Olivier. Le portier se retient visiblement de rire. Quand Olivier peut se calmer et que le silence revient :

 

− Bien sûr, dit le portier. Mais il est ouvert jusqu’à minuit. Vous devrez vous dépêcher. Auriez-vous une préférence ? Je pourrais passer la commande le temps que vous arriviez.

− C’est super. Ok, j’accepte votre proposition. Du moment que ce soit un repas à base de poisson, je suis partant.

 

Le portier se tourne vers moi :

 

− Pareil pour vous, Madame ?

− Bien sûr, dis-je, déboussolée.

 

Le portier sort de la pièce. Olivier et moi nous sourions sans mot dire. Il va à la douche, tandis que je l’attends assise sur le lit. Je me décide aussi à aller dans ma chambre. Le voyage a été long et ma vessie en a souffert. Je me lave aussi le visage, refaisant mon maquillage. Olivier frappe à la porte :

 

− Nicole, tu es prête ? Mon ventre chante déjà l’hymne nationale.

 

J’éclatant de rire :

 

− Tu es terrible. J’ai fini. Je viens.

 

Je prends juste mon téléphone et on se dirige vers le restaurant. Une table nous a été préparé. Une serveuse nous apporte rapidement des frites de plantains accompagnés d’un bon poisson braisé… Divin. Je ne sais pas si j’ai déjà mangé quelque chose d’aussi bon. À la fin du repas, Olivier semblait déjà assez fatigué. Le pauvre avait dû bosser toute la journée. Ensuite presque 4h30 de route.

 

− Olivier, allons-nous coucher. Tu dois être fatigué.

− Comme toujours, dit-il faiblement, tu es la voix de la raison. Tu as raison. J’ai besoin de sommeil pour bien profiter du week-end.

− Allons-y alors.

 

Nous nous levons pour nous diriger vers la sortie. Arrivés devant ma chambre :

 

− Merci pour tout, Olivier. Je sais que tu penses que tu dois te racheter envers moi. Mais tu ne dois pas faire tout ça.

− Je le fais avec plaisir. Tout ce que je te demande, c’est de profiter de chaque seconde.

 

Il me fait une bise sur la joue droite.

 

− Dors bien, princesse. Demain, nous avons beaucoup à faire.

− Ok. Bonne nuit à toi.

− Bonne nuit, dit-il en s’éloignant déjà dans le couloir.

 

J’entre dans ma chambre et me décide ranger mes affaires dans la penderie. J’en profite pour prendre une douche rapide dans cette salle d’eau de rêve. Je porte ensuite ma nuisette et me dirige vers le lit qui appelle juste à se lover à l’intérieur. Les draps sont si doux. Leur toucher est comme une caresse sur la peau. Sans même me rendre compte, je m’endors, rêvant du paradis. Je pense que non, je suis déjà au paradis.

Mon amour, mon comba...