Chapitre 19

Write by Kaylee

LA SECONDE ÉPOUSE


Épisode 19 : Approbation


**** Salewa Ali  ****


Je n'arrive toujours pas à croire que je suis dans la voiture avec ces gens en partance pour le village. Les yeux obstinément tournés vers la vitrine, j'observe le paysage. Quand le père de Liam avait fini d'argumenter, j'étais restée silencieuse plusieurs minutes à réfléchir. J'ai tourné la situation dans tous les sens avant d'en arriver à accepter de les accompagner chez les miens au village. Mais bien avant ça, je leur ai donné le numéro de Jessica pour qu'ils puissent la joindre et l'informer de leur venue ici, de ma décision ainsi que notre imminent départ pour le village. Malheureusement ou heureusement, après plusieurs tentatives pour la joindre sans succès, nous avons dû nous mettre en route sans qu'elle ne sache rien de ce qui se trame. Depuis mon siège, j'appréhende la réaction de mes parents. Surtout celle de ma mère. J'ai extrêmement peur et je veux tout lire dans leur regard sauf la déception. La mère de Liam qui était assise à côté de moi prends ma main gauche dans la sienne et me sourit avec attendrissement.


 Elle : Tout ira bien ma chérie. Ne t'inquiète pas.


Je lui retourne un sourire triste en retour puis retire doucement ma main avant de tourner à nouveau le regard sur la route. J'ai la gorge nouée pour parler et j'espère vraiment dans mon cœur que tout aille bien.


*

*


**** Rose Da’Silva épse Ali ****


Malaika, nakupenda Malaika.

Malaika, nakupenda Malaika.

Nami nifanyeje, kijana mwenzio,

Nashindwa na mali sina, we,

Ningekuoa Malaika.


Nashindwa na mali sina, we,

Ningekuoa Malaika.


Pesa zasumbua roho yangu

Pesa zasumbua roho yangu

Nami nifanyeje, kijana mwenzio,

Ningekuoa Malaika.


Nashindwa na mali sina, we,

Ningekuoa Malaika.


Kidege, hukuwaza kidege.

Kidege, hukuwaza kidege.

Nami nifanyeje, kijana mwenzio,

Nashindwa na mali sina, we,

Ningekuoa Malaika.


Nashindwa na mali sina, we,

Ningekuoa Malaika. "


J'épluche mes patates tout en fredonnant malaika d'Angélique Kidjo. Malaika c'est un morceau que j'affectionne beaucoup et après avoir pris connaissance de la signification de chaque parole, j'en suis encore plus attaché. N'ayant maintenant que deux enfants à ma charge, je croyais que j'allais avoir un peu de repos mais c'est sans compter sur les jumeaux qui enchaînent chaque jour bêtises sur bêtises. C'est à croire qu'ils se tenaient à carreaux avant à cause de leur sœur Salewa qu'ils craignent beaucoup. Je réprime le sanglot qui voulait me prendre à la pensée de ma fille. Depuis près de quatre mois qu'elle est en ville, je n'ai pu discuter avec elle au téléphone qu'une seule fois. Depuis lors, quand j'appelle Jessica pour discuter avec Salewa, elle me dit qu'elle est partie travailler et à chaque fois me promet de me rappeler lorsqu'elle sera de retour mais jamais elle ne le fait. Depuis sa naissance, je n'ai jamais été séparé de Salewa même une journée tout entière, à moins qu'elle ne soit à l'école. Lorsque mes autres enfants allaient en vacances chez leurs tantes et oncles, Salewa restaient toujours ici car malgré toutes sortes d'explications que mon mari et moi avions pu donner, ma belle-famille soutenait bec et ongles que Salewa n'était pas de leur frère. Cette situation m'a causé mille chagrins ainsi qu'à ma princesse qui se voyait tout le temps mise à l'écart. Je m'appelle Rose Da'Silva, j'ai 48 ans et je suis marié à Moumouni il y a de cela 24 ans. Ma belle-famille était contre notre relation à cause des différences tribales et religieuses. C'est lorsque je suis tombée enceinte de mon amour que nous avons eu un peu de répit. Nous habitions à l'époque en ville. J'étais enseignante et je gardais les enfants de la maternelle tandis que Moumouni était ouvrier dans une grande usine de fabrication de produits chimiques. Nous nous sommes vu emménager ici au village à la suite de certains événements que je préfère garder enfouis très loin de mes souvenirs.  Ces événements nous ont tellement marqué que malgré tous nos efforts, on s'en souviendrait, mon mari et moi jusqu'à la tombe.


Vroumm. Vroummmmmm


Je sursaute en entendant ce vrombissement sonore de véhicule et me demande quel riche commerçant ou citadin est venue dans notre zone. Ce n'est pas tous les jours qu'on entend des bruits de voiture par ici et quand c'est le cas, il faut tout de suite retenir que quelqu'un dans le voisinage a la visite d'un proche venant de la ville. 


 Khalil : Néné, néné, néné.


Je regarde d'un œil réprobateur à mon premier jumeau Khalil qui vient vers moi en courant tout en criant mon nom.


 Moi : Continue de courir et crier pour m'approcher et je te casse la tête avec ce bâton.


Même sachant que je ne suis pas capable de faire ça, il ralentit tout de même avant de venir à moi.


 Khalil : Néné !?


 Moi : Donc tu savais que tu allais être proche de moi quand tu t'époumonais comme ça ?


 Khalil : Laisse seulement néné. Devine qui je viens de voir dans une belle voiture qui se dirige chez nous.


 Moi (fronçant les sourcils) : Oumou et ses beaux-parents ?


 Khalil : Nonnn.


 Moi : Qui alors ?


 Khalil : Mais devine ! Je te laisse cette dernière chance. Si tu ne gagnes pas, tu me donnes un petit 200f là j'irai prendre les beignets pour Khaled et moi avec chez Ya Moussly.


Je le toise et continue mon travail.


 Moi : Va travailler le "petit" 200f là toi-même. Petit chenapan.


 Khalil : Pfff. Tu n'es même pas drôle.


 Moi : Oui c'est ça.


 Khalil : Je vais quand même te dire hein. C'est Salewa qui est venue.


 Moi : Hein ???


 Khalil : Oui ooh.


 Moi : Tsuiiip. Ne me blague pas hein.


 Khalil (abhorrant un visage triste): Oh Allah ! Mais pourquoi personne ne me prend jamais au sérieux dans cette maison ci ?


 Moi : Tsuiiip.


Au même moment, je vois le portail en tôle s'ouvrir pour laisser apparaître ma fille avec son frère Khaled accroché à ses basques.


 Moi ( heureuse): Iyooo. Mon enfant est là oooh.


Je détache le nœud ou j'attache de l'argent et remets un billet de 500f à Khalil avant d'aller prendre ma fille dans mes bras. Ma joie est au summum. Je suis tellement heureuse que je ne remarque pas tout de suite les gens qui sont avec elle. Je me sépare lentement d'elle avant de saluer les gens qui me répondent avec enthousiasme. Il ne faut pas être devin pour voir que ces personnes sont des gens de la haute. Ils sont tous vêtus richement et après un coup d'œil rapide à ma devanture je vois une belle voiture noir rutilante. Que fais Salewa avec ses gens ? Est-ce ses employeurs ? Si oui, pourquoi sont-ils ici ?


 Moi : Ne restez pas là je vous prie. Venez.


Ils me suivent tous dans mon modeste salon et je leur donne de l'eau à boire.


 Moi : Khaled, laisses un peu ta sœur et vas me chercher votre père au champ.


 Khaled : Tout de suite néné.


Il s'en va en courant et je propose la pâte de maïs et sauce de légumes que j'ai fait à mes visiteurs mais ils déclinent gentiment, même ma Salewa qui en raffole. Humm. Je ne sais pas mais je ne suis pas très rassurée. Je trouve ma fille trop calme, pas qu'elle était bruyante avant mais j'ai l'impression que si ces gens sont ici avec elle aujourd'hui, c'est parce qu'ils ont quelque chose de très sérieux à nous annoncer. En tout cas sans mon mari sur les lieux, je ne peux poser aucune question alors j'attends.

 Une dizaine de minutes plus tard, mon mari se pointe. Dès qu'il rentre dans le salon et voit nos visiteurs ou plutôt l'un de nos visiteurs, son visage s'éclaire.


 Moumouni : Monsieur Georges ?


L'un des visiteurs, un peu âgé lui aussi se lève pour venir faire une accolade à mon mari.


 Monsieur Georges : Ça alors ! Moumouni Ali ! Quel plaisir de vous revoir !


 Moumouni : Ça fait aussi très plaisir monsieur. Mais vous avez pris beaucoup de poids.


 Monsieur Georges : Hahaha. C'est la vieillesse qui fait ça mon cher ami. Liam, Ikenji et Mercy, je vous présente Moumouni. C'est une très bonne connaissance de longues dates !


 Les autres : Enchanté.


 Monsieur Georges : Moumouni, je te présente mon frère aîné Ikenji, sa femme Mercy et leur fils Liam.


 Moumouni : Enchanté également mes gens. Rose, monsieur Georges était un grand investisseur de l'usine où j'avais travaillé. C'était un monsieur très gentil. C'est celui qui nous a envoyé un chèque pour la naissance de Khadija.


 Moi ( m'en souvenant): Oh je m'en rappelle. Ah, merci ooh monsieur.


 Monsieur Georges : Hahaha. arrêtez ça. C'est un truc très vieux. La petite doit être une grande demoiselle aujourd'hui.


 Moi : Ah oui ! Bientôt 24 ans. Elle est déjà mariée avec deux enfants.


 Monsieur Georges : Waoh c'est très bien.


Moumouni et le monsieur discute encore un moment avant que le monsieur ne reprenne place.


 Monsieur Georges : Quand nous avons décidé venir rencontrer les parents de Salewa, je ne me doutais pas un seul instant que j'allais te revoir mon cher Moumouni. Te revoir ne m'a non seulement pas fait plaisir mais je suis rassurée que ce soit ta femme et toi les parents de cette magnifique créature qu'est Salewa. Je sais l'homme bien que tu étais et que tu es toujours et un homme comme toi ne peut qu'élever une bonne fille avec de belles valeurs. Si ma famille et moi sommes ici aujourd'hui, c'est pour vous demander la main de votre fille. Notre fils, Liam que voici et elle se sont rencontrés il y a quelques temps de cela et cupidon a joué son rôle entre eux. Mon fils nous a fait ensuite part de son désir de faire d'elle sa compagne pour le restant de sa vie et nous avons décidé de vous rencontrer pour vous demander humblement de nous accorder la main de votre fille. Mais avant toute chose, je tiens à préciser que notre fils a déjà une épouse donc votre fille sera la deuxième mais nous vous promettons tout de même qu'elle ne sera nullement importunée si vous nous accordez sa main.


 Moumouni : Je vous ai écouté mon ami et votre démarche est tout à fait louable. Salewa a quitté notre maison pour la ville il y a de cela que quatre mois et c'était surtout pour travailler et continuer ses études ou suivre une formation. Alors c'est très surprenant et déroutant cette demande en mariage. Toutefois, je ne vais pas jouer au père impulsif et vous refuser sa main juste parce que je ne veux pas. Si elle est d'accord avec ça alors, ça me va. Salewa.


 Salewa : Oui baba.


 Moumouni : Tu es venue avec ces gens et tu as entendu ce qu'ils ont dit. Tout ce que j'aimerais savoir, c'est si tu veux vraiment te marier ? T'unir avec ce jeune homme ?


 Salewa : Oui baba.


 Moumouni : Bien, si c'est le cas je ne me vois pas m'y opposer. Tu as quelque chose à dire, Rose ?


 Moi : Non.


 Moumouni : Dans ce cas, j'informe mes frères et nous allons nous concerter. Pour ma part j'accorde la main de ma fille à votre neveu monsieur Georges.

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