Chapitre 2
Write by Solim K.D.
Chapitre 2
Bruno d'Almeida
Je suis rentré à la maison à vingt-et-une heures trente.
Pour un homme marié, et père de surcroît, ce n'est pas une
bonne chose, je le sais. Seulement, j'avais du travail à rattraper. Et là, je
suis éreinté. Quand je rentre dans notre chambre, je vois Dominique couchée.
Elle dort déjà. Je la comprends sans peine. Elle a eu une dure journée et a dû
sûrement m’attendre.
Dominique, Ica, comme j'aime l'appeler. Ma femme. Ma moitié.
Mon âme sœur.
J'aime cette femme comme un fou, et, pour nous donner une
meilleure vie, je me suis jeté corps et âme dans mon entreprise. Aujourd’hui,
elle est prospère et fait ma fierté. Mais ma plus grande fierté est Ica. C'est
juste que tous les deux n'avons plus de temps à passer ensemble. Même les
samedis, nous travaillons. Et dimanche, on s'écroule, épuisés, pour reprendre
un peu d'énergie.
Je m'approche d'elle doucement et lui fais un bisou sur le
front. Elle bouge un peu et ouvre les yeux.
¾
Bruno… Bienvenue.
¾
Merci, ma chérie. Rendors-toi. Je vais aller
manger et venir me coucher.
Ce que je fais. Quand finalement je me couche, je ressens
tout le poids de cette journée. Mais mes pensées font un bref retour agité dans
le passé…
**
Les matins, chez nous, je suis toujours le premier réveillé.
Souvent, Dominique se lève un peu plus tard, après mon départ.
Cela fait quelques jours que je n'ai pas vu mes enfants.
Alors, avant de partir, je passe par leurs chambres. Il est six heures trente.
Loveday est déjà debout et son visage s’illumine quand elle me voit.
¾
Papa !
Elle court se jeter dans mes bras.
¾
Comment va ma princesse ?
¾
Je vais bien, papa. On ne t'a pas vu depuis
quelques jours.
¾
Oui, car j'avais du travail.
¾
Et maintenant, c'est fini ?
¾
Non, j'ai toujours du travail. Je suis même en
train de partir, mais je voulais vous voir d’abord, toi et Gilles.
¾
Ok.
¾
Et l'école ?
¾
Ça va.
¾
Tu travailles toujours bien ?
¾
Toujours. Je ne me bats avec personne comme tu
me l’as dit.
¾
C'est bien, ma chérie… Là, je dois y aller.
Elle s'accroche à moi.
¾
Tu rentreras tôt ce soir, papa ?
¾
Je ne crois pas.
La voilà qui me fait un visage abattu.
¾
Mais papa, on n'a pas mangé ensemble depuis
longtemps !
J’avoue qu’elle marque un bon point.
¾
Et quel plat comptes-tu me préparer ce soir pour
que je rentre plus tôt ?
¾
Je ne sais pas bien préparer comme Edgard (notre
cuisinier) et maman. Mais je vais lui demander de m'aider à faire un gâteau au
chocolat.
¾
Un gâteau au chocolat ? Hum… Je connais
quelqu’un qui veut m'acheter.
Elle se met à rire en secouant négativement la tête.
¾
Donc, tu rentres plus tôt ce soir, papa.
¾
Oui, ma princesse.
Difficile de dire non à Loveday quand elle s'y met ! Je
rentrerai donc plus tôt pour qu'on puisse dîner ensemble en famille. Et dire
que ma fille a raison sur toute la ligne ! Nous n'avons pas mangé tous les quatre
depuis un moment. Je sais que, malgré son emploi du temps également chargé,
Dominique fait de son mieux pour être présente le soir. Quant à moi, pff !
Mieux, je vais voir mon fils avant de partir.
Gilles… Mon fils ne parle pas beaucoup. Quand elle portait
sa grossesse, Dominique disait que cet enfant serait sage. En effet, elle
n'avait presque pas senti d'effets indésirables liés à la grossesse. Et à sa
naissance, il avait confirmé qu'il était sage. Alors que sa sœur, depuis toute
petite, tenait à crier son existence, monsieur, lui, voulait vivre caché.
Je le trouvai ce matin encore couché, mais éveillé, et lui
fis un sourire auquel il répondit.
¾
Bonjour champion.
¾
Bonjour papa. Comment tu vas ?
Ce garçon ! Le voilà qui me devance en me posant la question
que je devrais être en train de lui poser.
¾
Je vais bien. Et toi, ça va ? Bien dormi ?
¾
Oui, papa.
¾
Je voulais te voir avant de partir.
¾
Ça me fait plaisir. Tu as toujours beaucoup de
travail ?
¾
Oui, assez. C'est pourquoi on ne se voit plus
beaucoup.
¾
Je comprends, papa.
¾
Ce soir, je rentrerai plus tôt. Ta sœur a réussi
à me convaincre.
¾
Ah, c'est moi qui suis content.
¾
Elle m'a promis un gâteau au chocolat.
Il se met à rire.
¾
Loveday a promis ça ?
¾
Oui. Tout à l'heure même.
¾
Je vais voir comment elle va préparer ça.
¾
Tu vas l'aider ?
¾
Bien sûr. Sauf si elle se montre méchante
pendant la journée.
¾
Gilles, tu sais que même si elle n'est pas
gentille, tu ne dois pas lui faire du mal ?
¾
Oui, papa. Comme tu me l’as appris, un vrai
homme ne doit pas faire du mal à ceux qu'il aime. Mais il doit les protéger.
¾
C'est cela un gentleman. Je suis fier de toi,
Gilles.
Son sourire s’élargit. Ça fait du bien de passer du temps avec sa famille. Rien que ces quelques instants volés avec mes deux enfants me mettent de très bonne humeur pour attaquer la journée.