Chapitre 3
Write by Solim K.D.
Chapitre 3
Dominique d’Almeida
C'est Loveday qui me tire de mon sommeil ce matin. Je
m'étais à moitié réveillée quand Bruno partait, car il m'avait fait un bisou au
front.
¾
Maman, debout ! Nous partons !
Je m'étire en me redressant sur mon lit et regarde l'heure
sur mon téléphone. Sept heures trente. Je fais une grimace car il est tard.
¾
Bonjour Loveday.
¾
Bonjour mum ! On t'a attendue pour prendre
le petit-déjeuner.
¾
Je suis désolée. J’étais très fatiguée.
¾
Tu es pardonnée, ma maman chérie d'amour. Papa
m'a promis de rentrer tôt ce soir. Et moi je vais lui faire un gâteau au
chocolat.
¾
C’est vrai, tout ça ?
Son frère entre aussi dans la chambre et me répond.
¾
Oui, maman. Papa me l'a dit aussi. Loveday a
réussi à le convaincre.
Vraiment ? je
me demande intérieurement pendant que mon fils et moi nous saluons. En tout
cas, ça me faisait plaisir de le savoir. Sauf que je ne pourrais rentrer tôt
aujourd’hui…
J'avais une présentation à faire à une ministre. Dans mon métier,
je m’adapte aux gens et à leurs exigences. Tout cela fait de ma galerie ce
qu'elle est aujourd’hui. J'ai donc une présentation de deux collections à faire
chez elle. C’est quelque chose de privé auquel elle a convié trois de ses
amies. Que Bruno rentre tôt aujourd’hui n’était vraiment pas prévu. Zut !
¾
Bon, les enfants, je suis contente que papa
rentre tôt aujourd’hui. Mais moi, je ne serai peut-être pas là.
¾
Mais maman !
¾
Je suis désolée, mes chéris. On va rattraper ça
ce week-end. D’accord ?
¾
D’accord, maman.
¾
Mais ce ne sera pas la même chose si tu n'es pas
là ce soir.
¾
Ne vous en faites pas. Vous allez bien vous
amuser avec papa et passer un bon moment ensemble. Loveday, je vais demander à
Edgard de t'aider pour le gâteau.
¾
D’accord, mum.
¾
Il est temps de partir.
On s'embrasse et ils partent. Je me lève et pars m’apprêter.
Ce n'est qu'une fois au volant de ma berline que je lance l'appel vers mon
époux.
¾
Dominique.
¾
Bonjour Bruno.
¾
En forme ?
¾
Oui. Je suis sur le point de partir. Et toi,
comment vas-tu ?
¾
Je vais bien.
¾
Ok… Les enfants m'ont dit ce matin que tu
comptes rentrer tôt aujourd’hui ?
¾
Oui. Ta fille m'a fait promettre.
¾
Lol. Ma fille, hein ?
¾
Oui, la tienne. La nôtre. Loveday.
¾
Ah ! Je préfère ça.
¾
Je vais essayer d’être là pour dix-huit heures.
¾
Si tôt ?
¾
Oui. Et toi ? Dix-neuf heures
toujours ?
¾
J’aimerais bien, mais…
¾
Mais quoi, Dominique ?
¾
J'ai une présentation privée à faire ce soir
chez la ministre KALOU à dix-huit heures trente.
¾
Je vois.
¾
Je suis désolée, Bruno. Je vais essayer d’y
faire une heure. Mais je ne peux t’assurer de rien.
¾
Je vois, Dominique... Bon, j'ai du travail qui
m'attend. À plus tard.
¾
À plus tard, Bruno.
Je raccroche et un sentiment de tristesse m’envahit. Bruno
et moi sommes devenus si distants ! Quelques bisous sur le front et la
joue parfois. Il n'y a plus de petits noms tendres et affectueux. À quand
remonte notre dernière vraie discussion ? Notre dernière sortie ?
Notre dernier baiser sous l'emprise de la passion ? Notre dernière fusion
charnelle ? Je soupire d’impuissance et de frustration. Vivement ce
soir !
**
Ouf ! Journée bouclée. Je m'installe dans la voiture et
démarre, direction la maison. Il est vingt heures. Je prie pour qu'il n'y ait
pas de fâcherie avec Bruno ce soir, car je suis juste exténuée. La présentation
m'a épuisée. Certaines personnes sont tellement indécises !
Arrivée chez moi, le gardien m'ouvre rapidement et je me
gare. Je descends aussitôt, le salue et m'avance sans plus attendre à
l’intérieur. Je retrouve ma famille autour de la table à manger et remarque
qu'ils sont au dessert.
¾
Bonsoir tout le monde.
Je remarque aussi que seuls les enfants m'ont répondu, Bruno
non. Ok. On va s’expliquer plus tard.
À vingt-et-une heures, les enfants couchés, je monte prendre
un bain. Quand je sors, Bruno est déjà dans le lit avec son laptop.
¾
Je voudrais te présenter mes excuses pour
n'avoir pu rentrer tôt.
¾
Dominique, tu n'as pas d'excuses à me présenter.
Il n'y a rien eu.
¾
Si. Tu t'es libéré tôt ce soir et tu aurais
voulu qu'on passe la soirée ensemble.
¾
Donc, toi, ça ne t’intéressait pas.
¾
Ce n'est pas ce que je veux dire, Bruno.
¾
C’est pourtant ce que tu viens de dire.
¾
Tu sais bien que moi aussi, j'aurais voulu être
avec vous toute la soirée. Tu le sais, Bruno.
¾
OK.
¾
Comprends-moi. Je ne pouvais pas faire faux bond
à la dernière minute et je n'ai pas encore de représentante.
¾
J'ai dit ok, Dominique. Ce sujet est clos.
S’il le prend ainsi, mieux, je vais dormir.