Chapitre 2

Write by Lilly Rose AGNOURET

 

2-

 

~~~ Abraham ~~~

 

Dans la salle de réunion, plus tard avec mon comité de direction, Eunice m’apprend une mauvaise nouvelle.

- Jeremy a été abandonné tout nu, devant le CHU. C’est un passant qui m’a appelé. Je viens de contacter la clinique El Rapha qui enverra une ambulance pour le prendre en charge. Carole est en route vers la clinique, pour s’assurer que tout va bien.

- On se croirait en plein western. C’est de la pure folie ! Dis-je.

- Hum! Va savoir qui est derrière tout ça.  Ce sont vraiment des méthodes de gangsters, dit Greg.

- Il va falloir être vigilants dans les prochains jours, fais-je.

Là, Louis-Karl Ogatha notre Chef-Comptable, qui comme Stéphanie, a dû disparaître pendant des jours pour se mettre à l’abri, nous dit :

- La signature de Jérémy sur cet accord est valide, étant donné qu’il est le directeur financier adjoint. Mais, Gregory en tant que Directeur financier, doit décider de la façon dont les fonds, c’est-à-dire 75 millions de francs, seront mis à disposition pour ce projet.

Greg répond alors :

- C’est signé, c’est signé. Nous pouvons toujours aller en justice et contester cela. Bref, ça me dérange d’avoir ainsi le couteau sous la gorge.

- Que tout le monde sorte son téléphone, l’arrête et le pose au milieu de la table! La réunion va commencer, lance Stéphanie.

 

Il est 18h 30 quand je quitte le bureau pour la maison. Je discute avec Greg en marchant vers ma voiture. Il me dit :

- Je passe par la clinique El Rapha pour rendre visite à Jeremy. J’espère que le médecin me permettra de lui parler un tout petit peu.

- D’accord. On se tient au courant.

Je monte en voiture et appelle mon épouse pour lui signifier que je suis sur le chemin vers la maison. Elle me dit alors :

- Ramène du pain, s’il te plaît. J’ai complètement oublié d’en prendre en faisant des courses ce matin.

En chemin, je m’arrête dans une boulangerie pour prendre dix baguettes de pain complet. Arrivé à la maison, je me rends compte que le véhicule de de mon ami Dominique est déjà garé. Je descends. Le gardien vient à moi et m’apprend que ma mère est sortie avec la mère de Greg. Je ne comprends pas pourquoi il me le dit ainsi. Je pressens quelque chose. Il appuie ses dires en me disant :

- Elles sont parties avec toutes les femmes-là!

Je comprends alors que maman et maman-Grâce avaient des affaires de femmes à régler.

A l’intérieur, je tombe sur ma tante qui est aux manettes dans la cuisine, en grande conversation avec Darla, la meilleure amie d’Alma.

- Bonsoir, mesdames! leur dis-je.

Darla se retourne vers moi, sourit et me dit :

- Bonsoir Abraham. Je suppose qu’il est inutile de te demander comment s’est passée ta journée.

Je souffle et dis :

- J’ai connu de meilleurs jours.

Je m’adresse à maman-Janine et lui demande où maman est partie.

- Elle te le dira à son retour.

- Mais encore ?

- Nous vous avons vus à la télévision, Grégory et toi. Si l’on ne fait pas quelque chose, votre entreprise mettra la clé sous le paillasson dans moins d’une semaine. Vous attirez beaucoup trop de convoitise.

- Et que va-t-il se passer? Qu’est-ce que maman et maman-Grâce ont l’intention de faire?

- Disons qu’elles sont allées donner à une certaine personne, des cours de politesse.

- Je suppose qu’il est inutile que je pose plus de questions, n’est-ce pas?

- Ne pose pas de questions, Abraham. Laisse les femmes faire. Si nous sommes capables de mettre des hommes au monde, cela suppose que nous sommes capables de leur montrer la voie.

- Darla, je pense que je vais aller tranquillement prendre une douche. Parce que si je reste là à t’écouter parler en paraboles, je crains de te confondre avec le Christ !

Elle éclate de rire et me répond :

- La journée a été longue, n’est-ce pas ?

Dans le salon, je retrouve Alma en grande conversation avec mon ami Dominique. À côté, les bébés sont tranquillement assis dans le transat et font du bruit, comme s’ils composaient de la musique. J’embrasse mon épouse et salue mon ami. Il me dit alors :

- On dit quoi, frangin? C’est fou cette histoire! J’ai appris pour votre chef-comptable.

- Hum! Greg est en ce moment à son chevet. On s’attendait à tout sauf à ça !

- Hum! C’est clair ! Qui a envie de financer de grands travaux que l’Etat n’a pas entrepris ? Je suis sûr qu’il y a d’autres façons plus lucratives de dépenser 75 millions de francs cfa.

- Ce pays devient fou! Les gens qui nous gouvernent n’ont aucune idée de ce qu’est la gestion d’une entreprise. Le business est fait pour prospérer et non pas pour jeter l’argent par les fenêtres! Fait mon épouse.

Je les laisse après avoir posé des bisous sur les fronts de mes enfants. Dans la douche, je laisse un jet d’eau froide me taper sur la tête. Je me détends en espérant avoir les idées plus claires, ensuite. J’ai la chance de pouvoir compter sur l'équipe avec laquelle au quotidien, je fais avancer l’entreprise. J’ai surtout l’immense chance d’avoir à mes côté, un ami qui partage la même vision que moi quand il s’agit du business. Si Greg avait été différent, il aurait répondu à l’appel des sirènes. Quand je parle de l’appel des sirènes, je pense à ces sollicitations reçues de toutes parts, nous demandant d’enter dans “des cercles de réflexion”. Nous savons ce que l’on appelle cercle de réflexion. Et pour nous, c’est non. On pense y entrer pour réfléchir et changer le monde mais on finit par déchanter quand on comprend la dose d'ésotérisme qu’il faut pour évoluer dans ces cercles.

Les sollicitations sont tellement nombreuses et explicites, qu’il m’est arrivé un jour, de rester simplement assis dans mon canapé, en peignoir, avec l’intention de ne plus sortir de la maison. Entre le cercle des frères de lumière du sud, la Panthère grise et le Haut Phoenix du Kongo, il y a de quoi avoir envie de vomir après avoir envoyé tout ce monde se faire foutre.

Je sais que certains chefs d’entreprise se font copter dans ces cercles en espérant que cela les fera prospérer, mais pour ma part, je sais que si ces cercles étaient utiles, le pays ne serait plus depuis longtemps, dans cet état. Nous n’avons, ni autoroute, ni piscine olympique, ni plateau technique pour une transplantation cardiaque. En quoi avons-nous avancer depuis les indépendances ?

 

A table, plus tard, je discute avec Dominique alors que les femmes parlent de tout et rien. Le repas est déjà bien avancé quand le téléphone d’Alma vibre. Elle le prend puis nous dit :

- Je viens de recevoir un message de la part d’Urielle. Elle me demande de mettre la chaine nationale.

Je me lève alors et vais chercher la télécommande. Je mets la chaine nationale. Là, qu'elle n’est pas ma surprise de voir à l’écran, ma mère entourée d’une cinquantaine de femmes. Elles sont toutes vêtues en blanc. Je mets le son pour entendre les commentaires du reporter qui couvre l’affaire. Là, je comprends ce qui se passe. Je demande alors à tout le monde de venir. Tout le monde s’exécute excepté ma tante Janine. Je suppose qu’elle n’a pas besoin de voir ce dont elle est déjà au courant.

“Il faut du cran pour agir ainsi. Ces femmes ont osé se lever pour dire non à toute sorte d’oppression, d’extorsion et mise en danger de la vie de leurs fils. Il est la question de rappeler que la vie humaine est précieuse et qu’on ne peut s’amuser à menacer sciemment la vie de quelqu’un par simple cupidité. Dit le reporter.

Là, j’entends maman Grâce dire au micro de ce reporter : “ Sommes-nous dans un état de droit ou pas ? Le sang de nos enfants ne coulera pas car on sait tous, nous autres esprits connectés, que le sang appelle le sang.”

Et une autre femme, que j’identifie comme maman Sarah, de lancer : “Que celui qui a des oreilles entende. Que celui qui a des yeux les ouvre. Que celui qui sait, parle maintenant sinon, le tam-tam résonnera.”

Je reste longtemps silencieux à regarder l’écran. Darla dit alors :

- Elles sont dans les jardins du Sénat.

Dominique me pose une main sur une épaule et me dit :

- Regarde le visage des Sénateurs ! Ils s’attendaient à tout sauf à recevoir une telle visite.

En effet ! Ces hommes et ces femmes s’attendaient à tout sauf à une telle visite.

“Nous dormirons ici cette nuit jusqu’à ce que notre cause soit entendue. Qu’on vienne nous dire ici, si les lois qui favorisent le commerce et l’entrepreneuriat ont changé. Si le racket est maintenant la règle, que le Président du Sénat vienne nous le dire.”, lance la voix d’une dame que j’ai du mal à identifier.

Ayant ainsi parlé, elles prennent tranquillement place sur la pelouse, avec la ferme intention d’y prendre racine.

Maman Janine vient à nous et nous dit :

- Revenez à table. Je vous ai fait un très bon dessert.

Darla lui passe un bras autour du cou et lui dit :

- Nous avons encore beaucoup à apprendre de vous, maman Janine. Rien ne vous fait peur ?

Ma tante hausse les épaules et dit :

- La chose la plus importante que vous devez garder en tête, c’est que l’union fait la force.

Au moment où je m’apprête à éteindre la télévision, mon téléphone sonne. Au bout du fil, c’est Greg. Il me dit :

- Je viens de recevoir un coup de fil me venant de mon beau-père.

- Que t’a-t-il dit ?

Il me dit :

- Le président du sénat vient de l’appeler. Il demande une escorte pour sortir de son bureau pour faire face à toutes les femmes qui l’attendent dehors. Apparemment, des instructions sont venues de plus haut pour mettre fin à cette expédition, car un média international a relayé l’affaire. Tout ce qui a rapport à la femme en ce moment, est un sujet délicat.

- Hum ! Voyons voir ce qui va se passer. On se tient au courant, dis-je avant de raccrocher.

 

En fait, il faut le vivre pour le croire. J’ai toujours su que ma mère n’avait pas sa langue dans sa poche et qu’elle n’hésitait pas à montrer les crocs si on s’en prenait à ses proches. Quand trois heures plus tard, un des petits frères de Dominique, attaché parlementaire de son état, appelle son grand frère, c’est pour lui dire :

- Grand ! Si tu avais vu les grands du Sénat bégayer devant les mamans, tu aurais compris pourquoi Corneille a chanté que le Bon Dieu est une femme. Elles ont simplement demandé pourquoi des chefs d’entreprise devraient se substituer à l’État pour construire là où l’État a failli. Personne n’a pu répondre. Personne n’a été capable de justifier les sommes astronomiques que l’on demande à l’entreprise de Greg et Abraham de sortir. C’était fort.

 

Il est six heures le lendemain, lorsque le gardien fait sonner mon téléphone pour me dire que ma mère et ses copines sont de retour. Je sors de mon lit, vais dans la cuisine et y trouve maman Janine en train de sortir des bières Heineken du réfrigérateur. Elle me dit :

- Oh ! Nous sommes samedi ! Retourne tranquillement au lit !

Je lance un coup d’œil par la fenêtre et vois toutes ces femmes assises là, dansant ou chantant, comme si de rien n’était. Je repars donc dans mon lit et les laisse là. Une heure plus tard, je suis réveillé par les pleurs des bébés qui réclament leurs biberons. Je me retourne dans le lit et remarque qu’Alma est déjà debout. Je décide de me recouvrir complètement avec l’intention de dormir. Je compte faire la grasse matinée pour rattraper mes heures de sommeil perdu.

   

~~~ Stéphanie Léliwè ~~~

 

Il est 9h quand je reçois un appel de la part du ministre de l’intégration régionale et de l’égalité des chances. L’appel est très solennel. Le ministre m’annonce, en ma qualité de responsable commerciale de mon entreprise, que tout ce qui a été conclu hier comme accord est désormais annulé. Il me redit, sur un ton très formel, qu’un Etat qui se respecte, ne fait pas pression sur les entreprises, pour réaliser de grands travaux qui incombent aux pouvoirs publics.

J’accueille l’annonce avec silence et abnégation. Lorsqu’il finit de parler, je peux sortir de mon lit en me demandant quel épisode de cette histoire, j’ai raté. J’ai envie d’appeler mon père pour discuter avec lui, mais mon téléphone sonne. C’est Ézéchiel. Dans la soirée, j’ai prétexté un mal de tête pour décliner son invitation à dîner au restaurant. J’avais envie de me changer les idées. Je suis donc allé prendre un verre chez Sabrina, puis, suis allée dîner chez ma mère avant de rentrer à la maison. Ce soir, je suis invité à dîner chez l’un de mes frères. C’est son anniversaire ce soir.

Je regarde mon téléphone et me demande si j’ai envie de parler à Ézéchiel. Je décide de décrocher. Après tout, nous sommes des adultes. Les adultes discutent quand il y a un malaise.

Il me lance:

- Comment vas-tu bébé ?

- Tout va bien. J’avais vraiment besoin de repos.

Il m’annonce alors :

- Écoute, j’ai réservé une chambre pour tous les deux à la Baie de Tortues. Je passe te chercher à 11h.

- Ce n’est pas possible, Ézéchiel. C’est l’anniversaire d’un de mes frères. Il y a un dîner à cette occasion.

Là, il me demande :

- Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé? Je pensais passer un week-end tranquille avec toi. Tu as été tellement occupée pendant cette semaine !

Je vois poindre une touche de déception dans sa voix. Alors, je me rattrape en lui disant :

- Écoute, je suis invitée à y aller accompagner. Donc, toi et moi, avons rendez-vous ce soir. Qu’en dis-tu?

Il semble réfléchir puis me dit:

- À quelle bouteille de vin dois-je penser pour ton frère ?

- Il n’est pas très compliqué. Du Cabernet-Sauvigon suffira.

- D’accord. A quelle heure dois-je passer te chercher ?

Au moment où je m’apprête à répondre, j’entends une voix féminine qui donne des ordres. Je demande alors:

- D’où m’appelles-tu, Ézéchiel?

- Je suis chez moi. C’est un peu le chantier ici. Ma mère fait changer les rideaux dans toute la maison.

Mon sang ne fait qu’un tour. Je lui demande:

- Pourquoi est-ce ta mère qui change les rideaux chez toi alors que j’aurais pu le faire?

Il me répond :

- Écoute, bébé, je me fout pas mal des rideaux. Mais je suppose que si tu avais passé la nuit ici et que ma mère t’avait vu ce matin au réveil, jamais elle n’aurait eu l’idée de faire tout ce remue-méninges.

Je respire pour garder mon calme puis lui dis:

- Ok, je vois. Je comprends ce que tu veux dire.

Je l’entends alors crier à sa mère:

- Maman, je suis au téléphone avec Stéphanie. Elle estime que tu n’as pas le droit de débarquer chez moi, un samedi matin, pour changer la déco des lieux. Elle vient de me dire qu’elle s’en chargera elle-même.

Je lance alors:

- Ezéchiel, tu es fou! Tu veux que ta mère me tue ou quoi ?

Il me répond:

- Je ne vais pas faire l’arbitre entre vous. Si tu ne veux pas qu’elle change la déco ni ne repasse mes chemises, viens le faire au lieu de m’éviter en te noyant dans le travail. Nous sommes un couple ou pas ? Pourquoi ai-j dû dormir tout seul toutes les nuits, depuis une dizaine de jours ?

Je respire et lui dis:

- Ok, ok! Je reconnais mes torts. Mais tu n’as pas à me jeter dans la gueule du loup en disant à ta mère que je ne veux pas la voir chez toi.

- D’accord. Tu vois que nous avons encore beaucoup de choses à ajuster. Comment fais-je si tu es toujours fourré dans tes dossiers ?

- J’ai besoin de travailler et tu le sais.

Il se tait puis, quelques secondes, plus tard, il me dit:

- Est-ce une obligation ?

- Que veux-tu dire ? Je t’écoute.

Il me répond:

- Je gagne assez d’argent pour deux. Je ne comprends pas cette obsession pour le travail.

Je respire, histoire de garder mon calme puis lui réponds :

- Je ne développe aucune obsession vis à vis du travail. J’estime simplement que mon cerveau est en phase avec la vie dont j’ai rêvé, c’est-à-dire celle d’une femme active.

- Écoute, nous auront le temps de parler de tout ça. A quelle heure dois-je passer te chercher ?

- Ezéchiel, pourquoi doit-on discuter du fait que je travaille et que tu es capable de pourvoir à mes besoins?

- Ma mère a une licence en économie. Pourtant, elle a été femme au foyer. Nous pouvions compter sur sa présence au quotidien. Elle prenait soin de nous. Quand nous rentrions de l’école, le repas était prêt. Elle pourvoyait à tout. Je trouve que pour l’équilibre des enfants, il n’y a rien de mieux qu’une femme au foyer.

Je me masse les tempes et lui dis:

- Je vais te dire que ce sujet pour moi, est à mettre dans un tiroir. Il est hors de question que je renonce à ma carrière. Bien, nous nous voyons tout à l’heure. Il faut que j’appelle mes patrons pour  leur parler des derniers dénouements de la situation que nous vivons actuellement.

- Hum! Oui, au fait, j’ai entendu dire que la mère d’un de tes patrons a fait une peur bleue au Président du sénat. D’après ce qu’on dit, elle aurait traversé une porte pour aller le choper dans son bureau. Le type a pissé dans son pantalon.

- Elle a traversé une porte? C’est quoi cette histoire ? Où as-tu entendu des bêtises pareilles ?

- Oh! Je suis tombé sur un Live sur Facebook. Tu penses bien qu’une histoire de femmes qui assiègent un sénat, cela ne passe pas inaperçu.

- Oui, mais de là à extrapoler ! Traverser une porte ! Vraiment, n’importe quoi. Bref, on se voit plus tard.

 

Je passe la demi-heure suivante en conversation vidéo à cinq avec Sabrina, Eunice, Abraham et Gregory. C’est Grégory qui met fin à la conversation en nous souhaitant un bon week-end.

- Nous avons besoin de souffler pour être en forme, lundi. J’ai rendu visite à Jeremy et ‘avoue que le savoir si mal en point, m’attriste. Prenons soin de nous.

Jeremy est sous assistance respiratoire. Il a tenté de résister alors qu’il était torturé par les personnes l’ayant enlevé. Nous avons appris que les personnes en question, sont activement recherchées. Va savoir si elles seront retrouvées.

Je prends la peine, après une douche, de composer le numéro de Pélagie, l’épouse de Jérémy, pour prendre des nouvelles et l’assurer de mon soutien moral. L’appel est décroché par une jeune fille que je reconnais tout de suite.

- Lucrèce? Comment allez-vous. C’est Stéphanie Léliwè à l’appareil.

Elle me répond:

- Madame Léliwè, j’ai reconnu votre voix. Je suis heureuse de vous entendre. Malheureusement, ma grande sœur ne peut pas répondre au téléphone. Son état ne le permet pas. Elle se remet du choc de son AVC mais elle n’a pas correctement retrouvé l’usage de la parole.

J’ose lui demander comment elles s’en sortent. Elle me répond alors:

- J’ai une grande sœur qui est là et sur qui je peux compter. Ne vous inquiétez pas. Nous n’avons pas de souci d’argent.

- D’accord Lucrèce. Avec ce qui est arrivé à Jeremy, nous sommes tous inquiets au bureau. Mais vous pouvez compter sur nous pour vous aider.

Elle me répond alors:

- Il peut créer, Ya Jéremy. Je m’en fous !

Je suis frappé par l’âpreté de son propos. Je lui demande alors:

- Que se passe-t-il, Lucrèce? Pourquoi parlez-vous ainsi? Jéremy a frôlé la mort.

- Je m’en fous ! Quand il m’a vendu à ce milliardaire Emirati, il pensait que c’était bien? Je m’en fous s’il crève. À cause de lui, ma grande sœur a eu un AVC. Tu te maries avec quelqu'un et des années après, tu te rends compte que même le diable est petit devant cet homme.

Ainsi, comme je l’avais craint, c’était bien Lucrèce que Jeremy avait livré à ce milliardaire Émirati qui nous a octroyé le gros contrat qui nous embarrasse aujourd’hui. Je cherche mes mots et lui réponds :

- Lucrèce, la vie te réserve de belles choses. Ne te laisse pas définir par ce que Jeremy a fait.

- J’étais pucelle, madame Léliwè. Pucelle. Je fais comment pour oublier ce que ce milliardaire a fait de moi ? Après ça, il m’a donné tellement d’argent que j’ai eu besoin d’un sac-poubelle pour tout transporter.

Touchée, je lui réponds :

- Lucrèce, tu peux appeler pour parler, si tu le veux. Je te le répète, ne te laisse pas ronger par la haine. Tu as besoin d’une énergie positive pour continuer ta route.

- Merci madame Léliwè. Il faut que j’aille retrouver les autres. Quand ma grande sœur aura fait des progrès avec la parole, on vous appellera.

- D’accord. Que Dieu vous garde !

 

Je raccroche puis décide de prendre mon sac de sport pour aller faire un tour en salle. Après m’être épuisée sur diverses machines pendant une heure, je décide d’aller faire des courses pour remplir mon réfrigérateur. Je vais chez un primeur du côté d’Okala. A mon retour à la maison, j’ai la voiture pleine de fruits divers: des papayes, des mangues, des ananas, des kiwis, des bananes douces, des clémentines, des pastèques. Cela a fait rire Ézéchiel la dernière fois. Il n’a pas trop compris mon obsession pour les fruits. Il aime bien utiliser ce mot: obsession.

 

Quand il arrive chez moi à 18h, il est beau comme un prince. En fait, Dieu lui a donné cela: la classe. Je l’accueille en me jetant dans ses bras. Il me dit alors:

- Je me demande comment tu étais à 20 ans.

- J’étais belle et insouciante. J’avais de l’énergie à revendre.

Sur ce, je ne lui laisse même pas le temps de s’asseoir. Déja, je fourre ma langue dans sa bouche et laisse mes mains aller se perdre dans son pantalon. Il enlève ma main et je la remets en lui disant :

- Ce n’est pas toi qu’on attend à la fête. Laisse-moi faire ce que je veux.

Il semble embarrassé. Là, je le toise et reprends notre baiser où il s’était arrêté. Il enlève à nouveau ma main de son pantalon et me dit:

- Bébé! Nous allons arriver là-bas et tout le monde verra sur nos visages que nous avons fait l’amour avant.

- Et alors! Dis-je en glissant ma main livre, sous sa chemise. Ce n’est pas toi qui tout à l’heure, a dit que je t’ai manqué ? Montre-moi combien je t’ai manqué.

Là, il n’a pas d’autre choix que de m’embrasser comme s’il en allait de sa vie.

Je le pousse jusqu’à ce que nous arrivions dans le canapé ! Je le couche là, et décide de dégrafer son pantalon. Avant qu’il n’ait le loisir de rouspéter, son sexe atterrit dans ma bouche. Là, il finit par se détendre et me dit:

- Tu es vraiment dingue!

 

Il est 20h quand nous arrivons au diner chez mon grand frère. Tout le monde est déja là: amis, collègues, famille élargie. Il y a une centaine d’invités. Mes frères trouvent le moyen de prendre Ézéchiel en show pour le cuisiner. Je m’éclipse pour aller retrouver deux de mes belles-sœurs qui discutent dans la cuisine. Quand j’arrive, l’une d’elles me dit:

- Je pensais que tu ne viendrais pas. On te voit rarement, Stéphanie. Mais pour une fois, tu as une bonne raison pour nous zapper. Ton chéri est vraiment très beau !

- Merci pour le compliment. Alors, comment allez-vous?

- Nous allons très bien! Me répond l’une d’elle.

L’autre me dit:

- Je me suis fait engueuler par mon patron. J’ai découvert ce matin, qu’il faisait partie de la mafia qui voulait extorquer de l’argent à l’entreprise à laquelle tu travailles.

- Ah bon! Raconte.

- C’est bien simple ! Mon patron prend l’avion ce soir pour Paris, histoire de se faire oublier. Il a posé un mois de congé.

Je leur dis alors:

- J’ai un collègue qui a failli y rester. Il est à l’hôpital.

Ma belle-sœur hausse les épaules et dit:

- Le contrat qu’a signé votre entreprise est impressionnant. Les gens sont cupides! Mais bon: Vu ce qui s’est passé cette nuit, je sais que vous pourrez manœuvrer en paix.

- Nous allons certes manœuvrer en paix, mais les personnes qui ont torturé mon collègue courent toujours.

Mon autre belle-sœur me dit alors:

- Les donneurs d’ordre enverront la police dans un mapane. Ils attraperont deux ou trois gars qu’on foutra en prison en leur faisant porter le chapeau. On sait comment ça fonctionne.

 

Durant toute la soirée, je fais la fête, mangeant, dansant. Personne ne se soucie de ma façon de faire car tout le monde est dans le bain. J’entraîne Ézéchiel sur la piste. J’arrive à le décoincer en remuant mon popotin contre lui. Il finit par sourire, car il sait que je peux faire preuve de plus de folie encore. À minuit, mes frères déclarent que la soirée continue en boîte. Ézéchiel me dit alors qu’il a envie de rentrer et d'être au calme avec moi. C’est ainsi que nous allons dormir chez lui. Enfin, je dis dormir... Je devrais plutôt dire que je l’invite dans la douche, pour ce qui sera la douche la plus longue de notre histoire de couple. 

- Fais-moi planer ! Lui dis-je en espérant qu’il m’envoie au 7e ciel.

Là, il ose me dire :

- Stéphanie ! Nous sommes dans la douche ! Tu es vraiment too much!

Comme je n’ai pas trop envie de parler, je lève mes deux mains, les porte à son crâne et l’oblige à venir butiner mes seins. Je lui murmure :

- Les cours d’anglais, ce sera pour une autre fois. Pour l’instant, occupe-toi de moi.

   

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