Chapitre 2
Write by Auby88
Aurore AMOUSSOU
Je m'éveille dans mon lit 3 places et m'étire longuement. J'ai passé une merveilleuse nuit sous mes draps douillets. Je m'empare de mon mobile et fouille mon WhatsApp.
Quelqu'un toque contre ma porte. J'appuie le bouton de dévérouillage automatique. C'est assez pratique. Avec ce système, je n'ai pas besoin de quitter mon lit pour ouvrir la porte.
- Entrez !
C'est Baï, la domestique.
- Bonjour mademoiselle Aurore. Je vous apporte votre petit-déjeuner.
- Dépose-le et va-t'en.
Elle demeure figée et m'observe.
- Tu veux ma photo ou quoi ? lui lance-je.
- Je voulais savoir si vous désirez autre chose.
- Bon sang ! vocifère-je. Tu es sourde, idiote ou quoi ? Je t'ai bien dit de déposer le plateau et de déguerpir d'ici.
- Bien mademoiselle.
Cette écervelée a le don de me faire sortir de mes gonds. Je finirai par lui interdire l'accès à ma chambre, voire même par la congédier car elle m'énerve grave.
Je prends un bain, je finis mon déjeûner puis je descends. J'ai une longue journée devant moi. D'abord, je dois me rendre à une séance photo à l'agence puis j'irai faire un peu de shopping. Ensuite, je m'apprêterai pour le gala de ce soir. J'ai déjà reçu la robe Versace que j'ai commandée.
J'aperçois ma mère en bas dans le grand canapé. Elle regarde la télévision tout en feuilletant des revues. J'inspire profondément. Je rechigne intérieurement. Je parie qu'elle me volera encore des secondes précieuses avec ses discours interminables. Il vaut mieux que je passe sans me faire remarquer par elle.
Je descends lentement sans faire de bruit. Je suis prêt de la porte quand elle m'interpelle.
- Aurore !
Je soupire.
- Oui, que me veux-tu encore ?
Elle éteint la télévision, dépose sa revue et vient près de moi.
- Les bonnes manières exigent qu'on salue les aînés chaque matin.
- Bonjour maman, lance-je sans grand intérêt. C'est fini ? Je peux partir ?
Elle me fusille du regard.
- Pourquoi es-tu ainsi, Aurore ? Impolie et arrogante ! Tu n'as aucune humilité !
Et c'est reparti pour un sermon. Tandis qu'elle déblatère, j'ouvre la porte et sors.
- Aurore, l'entends-je crier !
Je ne me retourne pas.
- Aurore, c'est à toi que je m'adresse. Reviens ici. Nous n'en avons pas fini !
"Trop tard, madame AMOUSSOU !" me dis-je. "J'ai mieux à faire !"
Je monte à bord de ma chic bagnole puis je démarre en trombe. Je fais escale devant la demeure des ZANNOU et je klaxonne. Bella ne tarde pas à me rejoindre. Elle monte à l'avant côté passager puis je prends la direction de l'agence, sise à Haie Vive.
Franchement, j'adore ce quartier. Je pense y louer bientôt un duplex. Ce sera un deuxième nid d'amour pour Steve et moi. Je suis fatiguée de devoir chaque fois aller à son appartement ou à l'hôtel quand on a envie de "s'envoyer en l'air". Parce qu'avec une mère conservatrice et moralisatrice comme la mienne, c'est quasi impossible de faire crac-crac chez moi avec un petit-ami. C'est vrai que je suis une fille intrépide, que je n'ai pas peur de ma mère, mais j'ai besoin d'être libre de crier quand Steve "laboure" mon antre d'amour. Hors avec ma mère dans les parages, elle risque de faire une crise, d'appeler les urgences ou de faire quelque autre bêtise digne d'elle. En outre, Steve n'a jamais voulu passer la nuit chez moi...
- T'as pu avoir ta robe ? me demande Bella.
- Oui ma chère. Ils me l'ont livrée hier soir. Je l'ai essayée et elle est superbe. Je doute que Rita puisse faire mieux.
- Aurore ! s'exclame-t-elle.
- Laisse, petite sœur ! Tant que je serai en vie, je détesterai cette vipère.
Elle soupire.
- Toi, tu es trop gentille, Bella. Tu laisses passer trop de choses, tu laisses trop de gens te marcher dessus. Il faut que tu arrêtes tout cela. Dans la vie, il y a des loups et des agneaux. Si tu comptes évoluer dans cette jungle, t'as intérêt à être le loup et non l'agneau.
- Mais…
J'use de mon pouvoir de persuasion sur elle. Je trouve que Bella s'attendrit trop de jour en jour.
- Crois-moi ! C'est cela la vie ! Point final.
- D'accord ! finit-elle par dire.
Je lui souris. Elle me sourit en retour…
Enfin, nous voilà devant l'agence. Un magnifique trois-étages aux couleurs jaune et verte. Nous prenons l'ascenseur pour nous rendre au dernier étage. C'est là que nous faisons les "shooting".
- Bonjour les filles ! nous lance Christian.
Bella lui répond.
- Bonjour ! lui réponds-je sèchement.
- Voyons Aurore ! Tu ne vas quand même pas me bouder toute ta vie pour une ancienne histoire entre ton amie et moi.
- Tu lui as brisé le coeur !
- Arrête, Aurore ! intervient Bella. Christian et moi, c'est de l'histoire ancienne. Cela ne sert à rien de ressasser le passé.
- Effectivement, Aurore. Je ne vois pas pourquoi tu prends cela tant à coeur !
- C'est parce que tu as osé la tromper avec cette pétasse de Rita, notre pire ennemie !
Il écarquille les yeux. Je me retiens pour ne pas gifler cet idiot.
- Aurore ! Nous sommes ici pour travailler ! me rappelle Bella.
J'inspire profondément pour retrouver mon calme. Christian nous scrute tandis que nous partons nous changer dans les vestiaires. Aujourd'hui, je pose pour une grande marque de lingerie. Je suis leur égérie pour un an. Cela n'a pas été facile mais j'ai pu, grâce à mon expérience, décrocher ce titre au détriment de Rita. Quant à Bella, elle posera pour une marque de robes de soirées. Nous aurons quelques poses en commun.
Après séance maquillage et coiffure, me voici devant les projecteurs. Je porte une lingerie très sexy qui révèle encore plus ma féminité, mon sex appeal.
J'adore ainsi exposer mon corps dont je suis très fière. J'adore mon teint naturel, mon visage bien dessiné, mes courbes légères et surtout mes longues et belles jambes galbées. Je pense même pouvoir poser nue un jour. (Rires)
Devant l'appareil, je varie mes poses, les unes plus provocantes que les autres, souriant au maximum avec des yeux coquins maquillés en noir.
- Allez, c'est bien. Continue ainsi ! me complimente Christian tout en me photographiant...Tu assures vraiment... Tu es une professionnelle !… Une dernière prise et c'est fini.
Je souris, très contente de moi. Au final, il a juste fallu trente minutes pour prendre les vues. Je suis vraiment une pro quoi ! (Rires). Je me rappelle les fois où l'on passait une journée entière à faire des vues, parce qu'il y avait beaucoup de ratés.
C'est au tour de Bella d'être photographiée. J'affiche un grand sourire en sa direction et reste derrière Christian, pendant qu'il prend les vues.
Bella est franchement belle, comme l'indique son nom. Une vraie gazelle avec ce teint peulh qu'elle tient de sa grand-mère maternelle. Son visage toujours souriant, avec des fossettes de part et d'autre de ses joues, me rappelle celui d'un ange. Ses sourcils sont sombres, d'une noirceur et d'une épaisseur sans pareil qui la rendent unique. Quant à ses cheveux qu'elle aime garder au naturel — plutôt que de toujours porter des extensions brésiliennes comme moi — ils sont beaux, volumineux, longs et frisés.
Par moment, je lève mon pouce en sa direction pour lui signifier combien ses poses sont excellentes. Je finis par m'éclipser dans les vestiaires pour réapparaître avec l'une des robes de soirée pour les photos communes avec Bella...
- Une dernière vue de Bella et moi, demande-je à Christian !
Puis m'adressant à Bella, j'ajoute :
- Celle-là sera uniquement pour nous, en signe de notre amitié de longue date.
Elle acquiesce :
- Super ! Je la mettrai dans mon album-photo.
Nous rions aux éclats.
- Concentrez-vous les filles !
Nous ne nous le faisons par redire.
Nous quittons l'agence puis nous nous rendons dans un spa pas loin de là. J'ai besoin de chouchouter mon corps avant le dîner gala de ce soir. Et puis, je compte passer la nuit chez Steve. Mes jambes et mon "maillot" se doivent d'être bien épilés. Cela donne plus de "piment" aux jeux sous la couette. (Rires)
********
Des heures plus tard
Je viens d'arriver dans la salle de réception d'Azalaï Hôtel, aux bras de Steve. Je marche à l'instar de la Reine que je suis. Plein de regards d'hommes et de femmes sont rivés sur moi. J'affiche mon plus beau sourire en direction des uns et des autres. J'ai réussi mon entrée dans ma robe Versace.
Nous allons nous asseoir à notre table. Bella nous y attend déjà.
Nous en sommes maintenant à cinq minutes de discussion. C'est d'ailleurs moi qui mène les débats. Je parle avec enthousiasme. Tout serait parfait dans mon monde si cette salope de Rita n'avait pas fait son entrée, encore plus majestueuse que la mienne. Elle porte une robe Versace, au décolleté encore plus plongeant que le mien. J'avoue quand même qu'elle lui sied très bien. A notre table, elle vient poser ses fesses.
- Bonsoir les filles, commence-t-elle.
- Bonsoir Rita, fais-je en lui offrant un faux sourire.
- Bonsoir beau gars, dit-elle en direction de Steve.
Je la toise méchamment tandis qu'il lui répond. Elle sourit en ma direction.
- J'espère que nous aurons le temps de faire plus ample connaissance tout à l'heure. Bien sûr, si Aurore me le permet.
Avant que Steve ne pipe mot, je réplique :
- Steve n'est pas dans le monde du mannequinat. Je ne vois vraiment pas de quoi vous pouvez parler !
- On ne sait jamais. De toute façon, t'as pas à être jalouse. Je ne veux pas te piquer ton mec. Voyons !
- Et tu crois que je vais croire une garce comme toi après que tu aies piqué le copain d'Arabella !
Je sens les yeux de Steve se poser sur moi. Il n'aime pas que je joue à la jalouse, mais là je n'ai pas pu me retenir. Ça se voit que Rita drague mon mec.
- Aurore ! intervient Bella. Ce n'est pas le moment.
- Je pense que tu exagères ! renchérit Steve. Cette demoiselle n'a rien dit ou fait de déplacé à mon égard !
Tu ne la connais pas autant que moi, me dis-je intérieurement. Mieux vaut prévenir que guérir, comme le dit l'adage.
- Laisse ta petite-amie s'exprimer, reprend Rita.
Elle abuse là. De quel droit tutoie-t-elle mon homme ? Je la laisse parler.
- Je suis habituée. Aurore et moi, c'est l'eau et le feu. Je ferais mieux d'aller m'asseoir ailleurs. Excusez-moi, dit-elle en faisant mine de se lever.
- Non, Rita ! Reste avec nous.
Je secoue la tête, face à l'insistance de Steve devant cette sainte nitouche, mais ne dit mot. Je n'ai pas envie de faire mauvaise impression devant lui. Cette fille parvient toujours à embobiner les gens.
Elle engage une conversation avec lui, ce qui ne m'enchante pas. Je m'apprête à riposter quand je m'arrête net. Bella vient de me donner un léger coup de pied, par dessous la table. Elle passe son temps à me conseiller d'arrêter d'être autant jalouse mais je n'y parviens pas. Je déteste voir une autre femme avec Steve, encore moins Rita. Je me retiens malgré moi.
- Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
- Je suis contrôleur de gestion dans une grande banque de la place.
- Intéressant ! En tout cas, je dois reconnaître qu'Aurore a très bon goût ! Tu es divinement beau.
- Merci.
Lui-même, il sourit quoi ! Ah les hommes ! Ils aiment qu'on les flatte dêêê !. Je lui donne un bon coup de pied sous la table pour lui rappeler que je suis là. Il étouffe un cri. Je me lève et lui souris en disant :
- Le buffet est servi, mon cœur. Nous devrions y aller.
Il me lorgne puis finit par se lever. Tous quatre, nous nous levons. J'insère un bras sous celui de mon mec...
Une demi-heure plus tard, Steve et moi sommes sur la piste de danse. Nous nous balançons sur un zouk bien intéressant. Puis place à la salsa que j'adore danser. Eh oui, je suis aussi une pro de la danse. J'ai suivi des cours à cet effet. Je n'aurais pas pu faire mieux avec d'aussi belles jambes que les miennes. Oui, je sais. Je passe mon temps à me complimenter. Eh oui, c'est pas ma faute si je suis un canon de beauté. Je regarde autour de nous et je vois Bella en très bonne compagnie sur la piste. Tout en dansant, elle discute avec son cavalier improvisé, Jordan, un mannequin comme nous. Au moins, tout à l'heure, je pourrai m'en aller avec Steve sans avoir du remords, de la peine pour elle.
La Directrice de l'agence s'approche de nous. Elle souhaite me parler. Je m'excuse auprès de mon homme et je la suis. Nous allons dehors.
- Aurore, commence-t-elle, tu sais bien que Rita et toi êtes les meilleures mannequins de l'agence...
- Oui, madame, dis-je, le regard quelque peu inquiet quant à la suite de sa phrase.
- ... Actuellement une marque de prêt-à-porter sud-africain, qui travaille uniquement le pagne africain, cherche leur nouvelle égérie. Ils m'ont donc fait appel pour que je leur fasse une proposition. Sauf que je ne peux choisir l'une d'entre vous au détriment de l'autre. Ce serait déloyal et impartial de ma part.
- Je vois, dis-je simplement, même si intérieurement, j'aurais voulu qu'elle me choisisse d'office.
- Tu comprendras donc que seule la plus méritante sera retenue. Vous serez mises à l'épreuve pendant un mois avant que je choisisse. C'est compris ?
- Oui, madame, dis-je en m'efforçant de sourire.
Je compte travailler dur pour être la meilleure. Parce que ce contrat étranger signifiera beaucoup pour ma carrière.
- A présent, retournons en salle !
Je la précède. Elle me suit.