Chapitre 3
Write by Auby88
Aurore AMOUSSOU
Je viens de rentrer dans la salle de réception. Je remarque que Steve n'est plus sur la piste de danse. Je balaie la salle du regard, mais ne le vois pas. Bella, trop occupée à discuter avec Jordan, ne l'a pas vu. Je me promène dans la salle et finit par apercevoir mon homme.
Ce que je vois ne me plaît pas : Steve et Rita, en train de discuter dans un coin. Ils rient de je ne sais quoi. J'enrage. Je m'empare d'une coupe pleine de champagne et me dirige prestement vers eux, bousculant quelques serveurs au passage. J'en arrose le visage de ma rivale, ce qui l'aveugle temporairement. J'en profite pour lui donner une belle gifle, la jeter à terre et lui asséner des coups. Je suis déchaînée. Steve, Bella et d'autres gens essayent de m'arrêter, mais je ne laisse pas ma proie. Elle parvient à me mordre et reprendre le dessus sur moi, mais juste pour quelques secondes. Car la tigresse que je suis s'empresse de la griffer dans le visage. Elle crie et j'en profite pour tirer sa perruque qui finit dans mes mains, dévoilant ses cheveux ébouriffés. On finit par nous séparer. Je respire à plusieurs reprises pour reprendre mon souffle. Je suis méconnaissable et elle aussi. Nos robes onéreuses sont déchirées et nos talons cassés. Bella essaie tant bien que mal de me calmer. Quant à Steve, il me regarde avec indignation. Là, je m'en fous. J'espère qu'il comprendra désormais qu'il est à moi et à moi seule.
- Vous deux, suivez-moi ! ordonne la Directrice.
Nous obtempérons.
- ... C'est scandaleux tout ça !
- Madame, c'est Aurore qui a commencé !
Avec mépris, je regarde Rita.
- Je me fiche de savoir laquelle de vous deux a tout déclenché. N'avez vous pas honte d'agir comme deux gamines ?
- Madame, elle a osé draguer mon mec !
- Aurore, je me fiche de connaître ces détails futiles. Vous venez de vous donner en spectacle ! Et moi, qui vous considérais comme des personnes responsables et professionnelles en toutes circonstances ! Je pense devoir revenir sur ma proposition de tout à l'heure, vous concernant toutes les deux.
- Oh non, madame ! supplie Rita.
- Excusez-moi, madame ! dis-je. Je vous promets que cela ne se répètera plus.
Je m'abstiens de lui préciser que cela ne se repètera plus en sa présence. Parce que, croyez-moi, je le referai encore et encore si nécessaire. Je hais cette Rita !
- Cette fois-ci, je vous pardonne. Mais sachez que vous n'aurez pas d'autre chance !
- Merci madame.
Je la remercie également pour son indulgence.
- A présent, hors de ma vue !
Je pars en premier, je vais rejoindre Steve. Il me boude encore. Bella est inquiète pour moi. Je la rassure en lui disant que la directrice n'a puni ni Rita, ni moi.
- Il faut que j'y aille, me notifie Steve. En parlant, il se lève.
- Attends, je viens avec toi.
- Non, Aurore. Il vaut mieux que je rentre seul. On se voit demain.
- Mais...
- Je veux être seul cette nuit.
- Laisse-le partir, me conseille Bella.
Il est hors de question que je le laisse s'en aller. Je ne me suis pas faite épiler pour rien. J'ai besoin qu'il me fasse l'amour cette nuit, comme convenu. En tout cas, je sais comment l'amadouer. Il finit toujours par céder.
- Je viens avec toi, comme convenu. Bella, nous nous verrons demain.
Elle hoche la tête.
Steve soupire en me regardant puis quitte la salle. Il sait qu'il n'y a pas plus entêtée que moi. Je le suis. Je marche derrière lui. Nous atteignons sa voiture. Il entre à l'intérieur. Je fais autant.
- Tu ne vas quand même pas continuer à me bouder ainsi !
-…
- J'ai pété les plombs quand je l'ai vue près de toi. Je t'assure que cette fille est une piqueuse de mec. Dis quelque chose, voyons !
Il me toise longuement. Je lui souris. Il détourne son regard et démarre.
* *
*
Nous venons d'entrer dans son duplex. Il est demeuré muet durant le trajet. En tout cas je sais comment délier sa langue. Il monte l'escalier et se dirige vers sa chambre. J'attends quelques secondes avant de l'y suivre.Il est dans la douche. De mon sac, je sors une boîte de préservatifs. J'entre dans la salle de bain sans faire de bruit et je me colle tout contre lui.
- Tu ferais mieux d'aller te coucher. Je ne suis plus intéressé, cette nuit !
- Allez, mon cœur. Ne me fais pas cela.
- Je suis désolé mais c'est la seule manière de te faire cesser tes enfantillages et ton caractère imprévisible. J'ai longtemps laissé passer, mais là c'en est trop. Va te coucher.
Je vais lui faire face. Il ne résiste d'habitude pas à la vue de mon corps nu.
- Ne pense pas pouvoir m'avoir, Aurore ! Je…
Avant qu'il finisse sa phrase, je me baisse vers son intimité pour lui offrir une belle "gâterie". Il rouspète un peu, mais finit par lâcher prise. Les hommes adorent qu'on les "prenne en bouche". (Rires)
Après m'être soigneusement occupée de lui, je me penche au-dessus du lavabo et l'invite à s'immiscer en moi. C'est peut-être précipité, mais cela fait des heures déjà que je désire mon homme.
- Allez, Steve, "punis-moi" comme je le mérite !
Je le sens s'introduire en moi d'un coup sec et initier des va-et-vient profonds et rapides. J'adore quand mon colosse me chevauche ainsi, j'adore ce plaisir qui envahit mon être et me fait perdre mes sens... J'arrête ma description là. C'est quand même de ma vie privée qu'il s'agit là. (Rires)
*****
Le lendemain
Je viens de me réveiller. Il est 10h30 environ. Steve est déjà parti à la banque. Il m'a laissé un mot.
" C'est avec regret que j'ai dû te laisser ce matin. Merci pour cette nuit ! Big Kiss."
Je souris et file prendre une douche. Je choisis des vêtements parmi ceux que j'ai laissés dans son dressing. Je m'asseois quelques minutes sur le lit pour consulter mon compte WhatsApp. J'ai plein de messages. Je les lis puis je mets mon statut à jour : la photo de Bella et moi prise pendant le récent shooting. Je ne peux m'empêcher de zyeuter le statut de Bella. Elle porte sa splendide robe de gala. Tchrummm, dis-je en déposant le mobile. Pourquoi je regarde même son statut ! Elle saura que je l'épie. En tout cas, je m'en fous. Si elle-même, elle a posté cela c'est que c'est public. Donc tout le monde peut voir.
Ma sonnerie d'appel retentit. C'est Bella.
- …
- Oui, je sors de l'appart de Steve. T'es déjà à Cotonou ?
-…
- Bien. Donc on se coince dans quinze minutes tout au plus, au coin habituel. Zoubi.
Je me dépêche de quitter l'appartement. Direction le salon de thé Ced-and-Ro à Maro-militaire. Tandis que je gare ma bagnole, j'aperçois dans mon rétroviseur la voiture de Bella. Je descends et vais à sa rencontre. Nous sommes là à papoter quand un mendiant infirme s'approche de nous. Dans un français maladroit, il s'exprime en joignant ses paumes en signe de supplication. Je reluque ce "sous-homme". La vue de son "moignon" me répugne. En effet, il est amputé au niveau du genou et c'est franchement dégoûtant à voir. Il prend appui sur une béquille en bois. J'espère que j'aurai encore envie de manger après cela.
- L'aumône s'il vous plaît, dit-il à peu près.
Je ne compte rien lui donner. Bella, quant à elle, s'apprête à ouvrir son sac.
- Allons-y, lui dis-je avec insistance pour l'en dissuader.
Malheureusement, son caractère de fille gentille l'empêche de m'écouter. Elle se permet de donner 500 FCFA à ce paresseux.
Indignée, je secoue la tête puis tire son bras, l'entraînant vers le salon de thé.
- Bella, arrête, tu me fais mal !
Je lâche sa main.
- T'aurais pas dû lui donner de l'argent. Ces mendiants sont tous des imposteurs.
- Il semblait pourtant vraiment handicapé.
- Peut-être mais l'handicap n'est pas une fatalité. Qu'il aille travailler !
- Tu sais qu'il n'est pas facile pour eux de s'insérer professionnellement.
- Alors qu'il se débrouille, qu'il s'occupe à faire quelque chose plutôt que de mendier. De toute façon, ces gens sont trop insignifiants pour que je mène tout un débat sur eux.
- Ne parle pas ainsi Aurore. Arrête de sous-estimer certaines catégories sociales. Tous les humains sont égaux.
- Bah ! fais-je. J'ai faim, moi.
- Pense-y Aurore. Surtout sache que personne ne choisit de naître avec une infirmité ou de finir avec un handicap.
- Je touche du bois ! Plutôt mourir que d'être ainsi. C'est trop dégueux !
Elle secoue la tête. Je hausse les épaules et la précède à l'intérieur.
Dans l'après-midi.
Je viens d'arriver à la maison. J'entends de la musique chrétienne. Elle provient sans doute de la chambre de ma mère. En montant les escaliers, j'aperçois Baï. Je lui fais signe de me suivre dans ma chambre. Je remarque brièvement que ses yeux sont rouges. Je suppose qu'elle a pleuré. Mais bon, peu importe, la vie des misérables comme Baï ne m'intéresse pas. Tout ce qui m'importe, c'est qu'elle me serve.
- Aide-moi d'abord à ouvrir la fermeture de ma robe.
- Oui, mademoiselle, dit-elle avec empressement en s'approchant de moi.
Je sens ses mains trembler.
- Gare à toi, si tu me pinces le dos en ouvrant !
- Oui, mademoiselle.
Son geste est si maladroit que la fermeture de ma robe coince au beau milieu.
- Tu n'es qu'une bonne à rien, Baï ! hurle-je. T'as intérêt à décoincer la fermeture sans abîmer ma luxueuse robe, sinon tu devras me la rembourser. Même si je doute que ton salaire de bonniche, accumulé sur des années, puisse te permettre d'acheter un pareil vêtement.
- Excusez-moi mademoiselle, répond-t-elle en s'appliquant.
Je soupire puis continue de me plaindre. Cinq minutes plus tard, je suis délivrée. Elle est parvenue à ouvrir la robe.
- A présent, va me faire un thé à la camomille. Ne tarde surtout pas. Je t'aurais prévenue !
En attendant mon thé, j'initie un tchat WhatsApp avec l'homme de ma vie.
Baï se ramène avec ma commande. Je reste concentrée sur mon téléphone.
- Votre thé, mademoiselle.
- Donne-le moi, dis-je en ne quittant pas le mobile des yeux.
Le contact chaud contre ma peau me fait crier et sursauter.
- Aïe, tu veux me brûler ou quoi ? Sorcière !
- Excusez-moi mademoiselle ! Je ne savais pas oh. Je vais chercher une serpillère.
Le thé n'était pas trop brûlant, heureusement. Je n'ai presque plus mal mais je demeure courroucée contre cette maladroite.
Elle revient quelques secondes plus tard.
- Tu es renvoyée, Baï ! Je t'ai assez supportée !
Elle pleure, me supplie, s'agenouille pour m'implorer. Mais je ne cède pas.
- Je vous en supplie, mademoiselle. Je vous jure que je ne referai plus jamais cela. J'ai besoin de cet emploi. Ne me faites pas cela. Je vous en prie.
- Va-t'en ! dis-je en continuant ma discussion avec Steve.
Elle reste là un moment puis finit par sortir.
"Bon débarras ! me dis-je intérieurement. Il y a longtemps que je voulais me débarrasser d'elle. Elle me tapait trop sur le système quoi !"*
* *
*
- Aurore !!!
Ça, c'est ma mère. Je devine déjà pourquoi elle crie ainsi. Je ne bouge pas de ma chambre. J'interromps ma discussion avec Steve.
- Aurore, ouvre-moi !
Je laisse ma mère moisir cinq minutes devant ma porte puis je lui ouvre à distance.
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- Aurore, tu n'as pas le droit de congédier Baï pour si peu !
- Si peu, tu trouves ! Elle a failli brûler ma belle peau.
- Tu es tellement égoïste ! J'ai parfois du mal à croire que tu es sortie de mon ventre !
- Tu as fini ?
- Je ne te reconnais vraiment plus, Aurore. Sache en tout cas que Baï reste à notre service.
- Ah ça non !
- Je te rappelle que je suis la maîtresse de la maison !
- Bof ! J'ai autant de droits que toi ici, chère maman ! Je te rappelle que cette maison m'appartient. Papa me l'a donnée en héritage. Et c'est donc une faveur que je te fais en te laissant vivre avec moi !
Mes propos semblent la blesser. Elle est visiblement en colère.
- Je préfère ne pas te répondre, petite impolie !
Je hausse les épaules. Je m'en moque.
- Mais sache, Aurore, que Baï continuera à travailler ici, que cela te plaise ou pas ! achève-t-elle en quittant ma chambre. Avec fracas, elle referme la porte.
"C'est ce qu'on va voir, me dis-je intérieurement. Je suis l'intrépide Aurore AMOUSSOU. Je n'ai peur de personne. Je ne recule devant rien. Le dernier mot, c'est moi qui l'ai toujours."