Chapitre 2 : La rencontre

Write by Alexa KEAS

La conversation se déroule en anglais normalement.


Djiédjom NAYO

Je me suis tellement retenue mais cette fois j’éclate de rire.

-It’s not funny Djiédjom. Me reprocha Cindy en me lançant l’oreiller.

-Oh sorry my dear, it’s just that… La quinte de rire qui me prend m’empêche de finir ma phrase. Je ris au point de tenir mon ventre. Je sais que ce n’est pas bien de me moquer d’elle mais c’était plus fort que moi.

-Wicked girl. Dit-elle en éclatant de rire à son tour.

Cindy et moi sommes amies depuis quatre ans déjà. Nous nous sommes rencontrées au ‘’London Business School’’ et le courant est toute de suite passé entre nous au point où la deuxième année, nous avons laissé nos différents appartements pour emménager dans un seul. Elle est ma meilleure amie, ma sœur et mon âme-sœur, dirais-je. Elle est ghanéenne et moi togolaise. Nous sommes actuellement dans son pays précisément à Accra et comptons nous rendre à Lomé ensuite. Ce sera sa première fois d’aller au Togo et elle est très excitée d’où l’accélération de nos cours de français.

Je lui apprends à parler français depuis un petit moment déjà mais comme tout à l’heure, je ne peux m’empêcher de rire face à sa prononciation de certains mots. Je dois avouer qu’elle se débrouille pas mal mais l’accent me fait mourir de rire.

-I’m hungry. Dit Cindy en baillant.

-And what do you want to eat?

-Rice, let’s go to the kitchen.

Nous sortons de la chambre et dévalons les escaliers menant au séjour en nous taquinant. Une agréable odeur de nourriture émanait de la cuisine et Cindy se caresse le ventre en souriant. Une bonne mangeuse qui ne grossit jamais.

Nous rejoignons la cuisine et y retrouvons Efia la cuisinière, très occupée et concentrée à remuer sa sauce.

-Can we help you ? Lui proposa Cindy.

-Oh no, don’t need p…

Cindy la dissuada de poursuivre sa phrase d’un geste de la main.

-It will be ready in a few minutes. Reprit Efia en se courbant légèrement, la louche à la main.

Nous ressortons de la cuisine et allons nous poser sur les fauteuils au salon. Je prends la télécommande et allume la télévision. Une chanson de Castro passe sur la chaine nationale et je me lève pour bouger sur le rythme sous le regard amusé de Cindy.

-Yes, dance my baby, shake your body. Me taquina-t-elle.

C’est dans cette ambiance que vient nous trouver sa tante Joy qui revient certainement de l’église.

-Hi girls.

Elle nous fait les bises à tour de rôle avant de prendre place sur le canapé. Efia vient nous prévenir que le repas était servi et nous passons toutes les trois à table.

Un quart d’heure plus tard alors que nous sommes toujours attablées dans la bonne humeur, la servante Safina vient informer Cindy que Kobena était là. Cindy laisse tomber sa fourchette aussitôt et s’excuse avant de sortir de table. Croyant qu’elle se rendrait à la terrasse voir son invité, elle se dirige plutôt vers les escaliers et disparait avant que sa tante et moi puissions lui dire un mot. Kobena est un jeune homme qui drague Cindy depuis Londres mais malgré son désintérêt clairement avoué à ce dernier, il insiste dans l’espoir de faire flécher le cœur de Cindy un de ces beaux jours. Avec tante Joy, nous échangeons un regard et je me lève pour aller rencontrer Kobena.

-Hi, fis-je.

-Hi Djiédjom. Répondit-il en se levant.

Nous nous faisons les bises avant de nous rasseoir.

-Cindy dort, elle ne sent pas bien. Mentis-je.

-Tell me the truth Djédjom. She doesn’t want to see me, right?

-I’m sorry.

-Je reste optimiste, dit-il en se mettant debout. Viens avec moi à la voiture s’il te plait pour lui prendre les présents que je lui ai apporté.

Je le suis au portail et prends les paquets que je remets au gardien afin qu’il me les transporte à l’intérieur. J’attends que Kobena démarre avant de retourner terminer mon plat à l’intérieur. L’amour ne se force pas, me dis-je en haussant les épaules.
*
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Cindy Nana Klénam Anpomsah
Aunty Joy me serre fort dans ses bras encore une fois avant de me laisser monter dans la voiture.

-Take care my baby. Me dit-elle.

-I will, aunty, don’t worry.

-Djiédjom, take care of yourselves. Dit-elle à Djiédjom confortablement installée à l’avant aux côtés du chauffeur.

-We will, aunty. Lui répondit Djiédjom.

-Have a safe journey my dears, I love you.

-We love you too. Répliquons-nous en chœur.

Le chauffeur démarre enfin et je m’adosse contre le siège en prenant une profonde inspiration. J’ai hâte de découvrir Lomé.

Le trajet dure quatre heures jusqu’à la frontière d’Aflao et nous arrivons à la maison familiale de Djiédjom après une autre heure passée sur la route. Ses parents nous accueillent chaleureusement et je me sens comme chez moi. Je dévore chaque plat avec appétit, sous le regard satisfait de la mère de Djiédjom.

J’aurais voulu congédier le chauffeur mais il m’était impossible de le faire à moins que je veuille rentrer au Ghana. Je négocierai néanmoins avec lui pour qu’il me laisse sortir de temps à autre.

Avec Djiédjom, nous avons prévu une sortie en boite ce soir et j’ai hâte de découvrir comment les togolais s’enjaillent. Nous regagnons notre chambre, celle de Djiédjom que je partage et dormons un long moment. C’est maman Charity qui nous réveilla aux environs de dix-neuf heures pour diner.

Je déploie mes talents de grande mangeuse une fois de plus sans la moindre gêne.

Djiédjom avait passé quelques coups de fils pour prévenir ses amis d’ici qu’elle était à Lomé. Ils nous retrouveraient directement en boite selon le programme. Nous quittons la maison à minuit, conduites par mon chauffeur et arrivons une demi-heure plus tard devant le ‘’MONTECRISTO VIP CLUB’’.

Nous entrons et retrouvons la bande d’amis de Djiédjom déjà bien installée autour de deux tables. Elle fait les présentations et je fais la bise à tout le monde au fur et à mesure.
Mon français faisait rire tout le monde et chacun essayait de parler anglais pour me mettre à l’aise. Nous allons pour la plupart sur la piste de danse et je me déchaine aux côtés de ma meilleure amie qui est meilleure danseuse que moi. Je perçois le regard insistant d’un de ses amis sur moi et feint l’aveugle.

En retournant à notre table, mon regard croise celui d’un homme qui sirotait son verre seul à une table et je me fige. Il se distinguait en premier par son accoutrement d’une blancheur comparable à la couleur de la neige. Djiédjom me pince en s’esclaffant.

-Qu’il est beau Cindy, regarde !

Eh oui, ça je l’avais déjà remarqué. Il est plutôt très bel homme. Apparemment mon regard n’était pas le seul à avoir croisé le sien, celui de Djiédjom aussi.

Il lève son verre à notre honneur et détourna son attention de nous. Comme deux petites filles prises en flagrant délit de bêtise, nous nous éloignons. Djiédjom rigole mais moi je suis plus que troublé par cet homme. J’ai bien envie de l’approcher mais je ne connais pas la mentalité des gens d’ici. Je passe le reste de la soirée à guetter cet homme qui ne s’est pas levé une seule fois pour aller danser. Il demeurait enfermé dans sa bulle malgré les agitations autour de lui.
Vers trois heures du matin, je le vois se lever et prendre la porte. Comme poussée par une force extérieure, je me lève aussi et précipite mes pas vers la sortie. La boite est inondée et perchée sur mes hauts talons, j’ai du mal à vite me faufiler entre ce beau monde.
Une fois à l’extérieure, je balaie l’esplanade du regard et seule la fumée dégagée par le pot d’échappement d’une voiture m’accueille. Je me précipite vers la route et l’aperçois à travers le pare-brise arrière.

Déçue, je retourne à l’intérieur où Djiédjom me recherchait déjà comme une folle.

-On rentre ! Me dit Djiédjom.

-D’accord. Répondis-je. Je n’avais plus envie de rester de toutes les manières.

Deux filles parmi le groupe d’amis de Djiédjom montent avec nous. En réalité, on ne rentrait pas vraiment. La bande avait faim, moi y compris et il parait qu’il y a une vendeuse de riz à l’haricot à cette heure de la nuit, quatre heures du matin pour être exact. Je suis heureuse dé découvrir un monde différent mais mes pensées se tournent vers cet homme.

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Noah DJEVOU

J’avais juste envie de prendre un verre et me changer les idées alors je me rendis au ‘’MONTECRISTO VIP CLUB’’. Je me suis interdit de poser mon regard sur toutes ces filles moulées dans des robes les unes plus courtes que les autres. Il me fallait arrêter cette vie de débauche qui ne me ressemblait pas.

Il y avait ces eux filles, l’une d’entre elles avait un regard si perçant que je me suis forcé à lever mon verre en leur honneur.

Elle est plutôt jeune et je préfère ne pas jouer sur ces terrains là.

En quittant la boite, je décide de faire un tour chez la célèbre vendeuse de riz à l’haricot à quatre heures du matin. A mon arrivée, il y avait déjà un petit monde. Je prends place et attends patiemment que la foule se dissipe pour passer ma commande.

Un quart d’heure après mon arrivée, trois voitures dont l’une avec une plaque d’immatriculation ghanéenne se garent sur le trottoir. Une bande de jeunes en sortit et je détourne mon regard d’eux pour le reposer sur la vendeuse qui s’apprête à me servir. Mon plat emballé, je paie et tourne les talons quand je tombe sur elles. Décidément, nous avons les mêmes habitudes dans ce pays.

Je passe à côté d’elles et leur lance un ‘’bonsoir’’ alors que je n’étais pas obligé. J’avance de quelques pas quand j’entends un ‘’s’il vous plait’’ dit avec cet accent qu’ont les anglophones qui s’essayent au français.

Je m’arrête et me retourne pour tomber sur l’une des ces deux filles, celle au regard insistant. Elle a un teint noir sublime qui brille malgré l’absence de lumière à cette heure de la nuit.

Elle semble timide mais n’éprouve néanmoins aucune gêne à me fixer.

-Hi, i Am Cindy. Dit-elle en tirant sur une mèche de sa chevelure abondante.

-Hi Cindy, répondis-je en lui souriant. Que puis-je faire pour toi ?

-Can i have your number? Dit-elle sans bégayer.

Cette fille devrait avoir quoi, vingt-quatre ou vingt-cinq ans au plus! Je lui remets mon numéro pour ne pas la frustrer et m’éloigne vers ma voiture amusé.
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Alexa KEAS...

A la conquête du cœu...