Chapitre 2: Sueur, bouffe et extra

Write by Womins

Deux jours déjà que Margot se plaint de notre abandon. C’est vrai que ces derniers temps j’ai eu beaucoup de travail, j’ai délaissé mes amies. Nous avons décidé de profité du retour d’Anne-So pour se faire un samedi cent pour cent girly.  Au programme un peu de sueur, une pointe de gastronomie et quelques pas de danse.

J’avais passé la journée entière sur un dossier et je n’avais pas vu passer le temps. L’interphone me ramène à la réalité. Le concierge m’annonce l’arrivée de Charlotte et de Margot. Je laisse la porte légèrement entre ouverte et je cours mettre ma tenue. Je n’ai pas intérêt à être longue.

Moi (hurlant depuis la chambre) : Je prends mon sac et j’arrive.

J’étais encore en train de nouer les lacets de mes baskets.

Quand j’arrive au salon, Margot est allongée dans le canapé, les jambes pliées et Charlotte tient un verre de ce qui me semble être du Pinot.

Moi (inquiète) : J’espère que tu ne comptes pas accoucher sur mon canapé.

Charlotte : Elle se plaint d’avoir de fausses contractions depuis que je l’ai prise.

Moi : On devrait peut-être passer par la clinique.

Margot : Non, j’ai juste besoin d’un pot de crème glacé caramel et pécan.

Moi (l’aidant à se mettre sur ses pieds) : En attendant, ce n’est pas ici que tu trouveras ça. On y va les filles ?

Chacha vide son verre de vin d’une traite.

Quand on rejoint Anne-So est en pleine conversation avec un beau spécimen. Elle ne perd pas de temps celle-là.

Anne-So (en s’installant sur un vélo elliptique) : Ils sont pour qui ces pots …

Elle n’a pas encore fini d’exprimer sa pensée que Margot s’installe sur un tapis et ouvre sans grande gêne l’un des pots de glace. C’est grands yeux brillent de mille feux. On pourrait croire qu’elle a découvert le trésor d’Ali Baba.

Je me défoule sur un sac de frappe de boxe. Ca fait huit jours que Raphaël est en voyage. Il faut que j’évacue toute la pression qui m’habite d’une façon ou d’une autre. Je donne des coups de poings, des coups de pieds. Je transpire à grosse goutte et ça me fait du bien. Je me sens de plus en plus légère. A bout de souffle, je m’arrête. Ma respiration est haletante. J'appuie mon frontsur le cuir du sac en le callant de mes mains. Il est bien dur. Mon esprit ne peut s’empêcher de penser à l’intimité de mon chéri lorsqu’il est en érection.

Mon attention est vite détournée par ce que je vois dans le reflet de l’énorme glace toute en face. Chacha fait de la corde à sauter. Le reflet de son cul de brésilienne attire bien des regards et détourne les plus motivés. Elle saute sans se soucier de l’effet qu’elle produit dans cette salle pleine d’hormones en ébullition. On dirait trop qu’elle est dans une publicité d’un équipementier. Quelques mèches rebelles s’échappent du chignon haut qu’elle porte. Elle est magnifique notre Chacha. Quant à Margot, elle est en train de vider le second pot de glace. Nous sommes si différentes et pourtant si complémentaires. Je n’imagine pas ma vie sans cette bande de joyeuses loufoques.

En toute honnêteté, nous rions plus que nous ne transpirons. La petite maman de Noah semble s’amuser. Ses fausses contractions ne se sont pas arrêtées mais elle n’est toujours pas décidée à aller en clinique. Après tout, c’est la seule à avoir donné la vie du coup je pense qu’elle est la mieux callée en la matière.

 

A dix-neuf heures précises, nous prenons place à la table que nous avons réservée au Fouquet. Cette brasserie de que j’affectionne tant. Nous sommes bien décidés à profiter des mets classiques, raffinés et twistés par le Chef triplement étoilé Pierre Gagnaire.

Margot profite de l’attente des entrées pour nous avouer les raison de son ennuie. Anne-So et Chacha s’empressent de lui poser une série de questions et pendant ce temps, je me pose les miennes dans ma tête.

Comment peut-on s’ennuyer avec un bambin comme mon petit chéri Noah ?

Je n’aurai jamais pensé qu’une maman puisse s’ennuyer. Il y avait tant à faire. Entre la lessive, la cuisine, les courses et les gaffes de ce petit monstre, comment trouvait-elle le temps de s’ennuyer ? C’était là un vrai mystère pour moi.

Anne-So (se régalant) : Cette blanquette de veau est juste un délice.

Moi : Je ne comprends pas pourquoi tu te sens toujours obligée de commander ce plat, dans ce restaurant.

Anne-So (un tantinet malicieuse) : Pour la même raison qu’à chacun de mes séjours à Nice, je dois voir Fred.

Chacha : Il est marié maintenant, lâche l’affaire.

Anne-So : Comme tu le dis si bien, il est marié. C’est à lui de se décider de respecter ses engagements. Moi, je n’en n’ai aucun.

Margot : Imagine un seul instant que Sam me fasse ça. Qu’il ait une maitresse qu’il verrait à chaque fois qu’il serait dans une autre ville.

Anne-So : Je serai la première à la dégommer ma chérie. Personne n’a le droit de te faire souffrir.

Moi : Donc toi, tu as le droit de faire souffrir sa femme ? C’est mesquin tout ça.

Anne-So : Vous êtes mes copines ou ma conscience ?

Chacha : Un peu des deux. Coucher avec un mon ex le jour de son mariage je sais pas si je pourrai.

Margot : Laisser-moi profiter de mon gratin de macaronis. Vous risquez de me couper l’appétit avec cette sordide histoire.

Le reste du dîner n’est pas loin de cette ambiance. On passe en revue la vie de chacune de nous et à coups de hache, nous nous chargeons de la démonter. Margot n’a pas terminé son assiette et j’en suis fort étonnée. Peut-être commence-t-elle à prendre consciente de ses kilos en trop.

Je dois avouer qu’à cet instant, il me manque.

J’aime notre relation telle qu’elle est. Jamais l’un sur le dos de l’autre.

Chaque fois que nous nous retrouvons, c’est comme si nous nous rencontrions pour la première fois.

Je lui fais un message pour lui dire qu’il me manque. Il répond instantanément. Je me sens nettement mieux.

Margot (tout sourire) : Alors, on fait quoi maintenant ?

Notre table a été débarrassée. Nous profitons encore quelques temps de cette ambiance chic et à la fois commune en savourant pour certaines un dessert et pour d’autre juste un verre.

Ça fait un moment que nous n’avons pas passé une soirée ensemble. Il faut dire que nous sommes presque toutes prises par une profession bien accaparante.

Chacha : Ça vous dit qu’on marche un peu avant de se faire un club ?

Margot (ravie) : Pourquoi pas, histoire de perdre les quelques calories que nous avons ingurgité. Mais je ne pense pas que se sera très bénéfique pour moi.

Elle nous a donné un vrai fou rire.

 

Nous voici en train de marcher dans les rues de Paris, la plus belle ville du monde. C’est vrai en plus, c’est la capitale de l’amour, la capitale de la mode, la capitale de ma vie. Je sais que tout ceci est très relatif. Il y a des personnes qui vivent des déceptions dans cette ville, il y en a qui galère pour se faire une vie et il y a ces personnes qui se fringuent hyper mal et que j’ai envie de taper avec une batte de baseball, un peu comme dans GTA.

Anne-So (en caressant le ventre de Margot) : T’as déjà pensé à un prénom pour notre diva ?

Margot (en se posant avec difficulté sur un banc) : Je te vois venir.

Anne-So (en tournant sur elle-même telle une danseuse étoile) : Pourquoi pas Anne ou Sophie ou encore Anne-Sophie.

Chacha : Tu rêves ma vieille. Elle pourrait lui donner le magnifique prénom de Charlotte. Ca fait princesse et fille de bonne famille.

Moi : Ou Alex, c’est sexy. On ne sait pas s’il s’agit d’une fille ou d’un mec tant qu’on ne te voit pas.

Margot : Et pourquoi pas Alex Anne-Charlotte ? Je ne tiens pas à ce qu’elle vous ressemble.

Moi (outrée) : Mais pourquoi ?

Margot : Mais pourquoi vous ne faites pas vos gosses à qui vous pourrez donner tous les prénoms qui pourraient vous passer par la tête ?

Elle venait de nous clouer le caquet.

Aucune de nous ne dit mot.

Margot : Vous êtes tout d’un coup muette ?

Anne-So : Je ne suis pas prête à porter ces horribles chaussures que tu as accrochées à tes pieds.

Margot (en faisant bouger ses pieds comme une gamine) : Ce sont des ballerines et c’est très pratique. On verra bien dans nos vieux jours si tu penseras toujours ainsi.

Moi (en faisant la grimace) : Les gosses, ce sont des « tue l’amour ».

Margot : Crois-moi quand t’épouses l’homme de ta vie, il y a tout un tas de petits actes du quotidien qui deviennent des « tue l’amour » comme tu dis.

Chacha (rieuse) : Allez, dis-nous tout.

Margot : Je vous prends le cas de Sam. Il rote, il pête à longueur de journée et pourtant je suis toujours aussi folle de lui. Et même que quand il va dans la salle de bain pour la grosse commission, il laisse quelques fois la porte ouverte.

Je me remémore cette fois où, Raphaël m’avait surpris en train de me soulager. Qu’avait-il pensé ?

Margot : Vous pensez que parce que vous êtes tout le temps perchées à onze centimètres du sol, bien apprêtées dans vos fringues de marque personne ne s’imagine ce que vous faites dans les toilettes ?

Chacha (dégoutée) : J’arrive même pas à me brosser les dents avec mon mec dans la pièce, j’imagine pas alors faire caca.

C’était pareil pour moi. C’était des trucs trop intimes pour se faire avec la personne pour qui nous étions supposées toujours provoquer du désir.

Anne-So : Je pense qu’on pourrait déjà prendre des taxis.

Moi : Et on va où ?

Anne-So (se prenant pour une grande poétesse par ses gestes) : C’est une surprise.

Moi : La dernière fois que tu m’en as faite, j’ai bien failli faire pipi dans ma culotte.

Anne-So : Allez, venez !

C’est ainsi que nous nous retrouvons quelque part à Saint Germain des Prés dans un club de strip-tease.

Anne-So (dès notre entrée) : Ne vous inquiétez pas mes cocottes, il y a des chippendales aussi. Je sais qu’aucune de nous n’est lesbienne ou bi du coup, je vous propose qu’on aille de ce côté-là.

Autour de nous, une ambiance stylée. Contrairement à cette idée qui veut que les clubs soient bruyants et saturés, ici c’est beaucoup plus doux. Pas de cris, pas de sifflements. Juste des hommes et des femmes assises à leur table et se régalant du spectacle que donnent une dizaine de filles presque nues sur scène. Il faut être une sacrée sportive pour danser ainsi des heures durant sur ces chaussures. Il y en a pour tous les goûts. Des blondes sulfureuses aux brunes qui se la jouent femmes-enfants. Des plus exotiques aussi pour le plaisir de ces messieurs et de ces dames qui comme nous ont eu la même idée que nous. Ici tout est subtil. Rien n’est vulgaire. C’est un savant mélange de sexe, d’alcool, de musique et de classe.

Nous nous enfonçons dans le club et la musique à elle seule me donne déjà des frissons.

Anne-So nous a réservé un salon. Une excellente idée.

Nous dégustons nos verres tout en admirant le spectacle qu’un groupe de pompiers donne. Le corps luisant, les muscles saillants. On dirait des gladiateurs, des Dieux d'une arène. Margot accepte même de se prêter au jeu en participant à leur spectacle. L’un des chippendales la porte dans ses bras et l’installe sur une chaise au milieu de la scène. Le voici qui soulève sa robe laissant apparaitre ses cuisses. Il y pose un filet d’une sauce chocolat et invite un de ses camarades à venir le lécher. Pendant qu’un autre, joue avec le lobe de son oreille.

Elle ne devait pas penser à ceci quand elle a demandé qu’elle serait la suite du programme. Mais nous sommes toutes ravies de la voir s’amuser ainsi. Après tout, elle ne fait rien de mal.

Anne-So se déplace un instant et revient accompagné d’un monsieur qu’elle nous présente comme étant un ami. Il travaille dans le club. Il nous propose un extra.

Chacha : C’est quoi cet extra ?

Il lui chuchote quelques mots à l’oreille, elle fait oui de la tête. Il s’éloigne.

Moi (curieuse) : Alors, il a dit quoi ?

Chacha : C’est de la poudre. Si tu veux on partage.

Moi (sur mes gardes) : Tu déconnes Charlotte, ça fait un bail que j’en n’ai pas touché et là, je n’en veux pas.

Anne-So : Elle a raison Chacha, tu ne devrais pas. Tu seras toute patatras demain.

Chacha (riant aux éclats) : Nous sommes là pour nous amuser non ?

Et le voici qui réapparait, tenant entre ses mains un petit plateau. Margot nous a rejoints et elle semble aussi perturbée que moi à la vue de ce petit sachet. Il s’installe entre Chacha et Anne-So. Cette soirée me rappelle étrangement celles de nos folles années d’université.

Il sort de son portefeuille une carte de crédit qu’il dépose sur la table. Je sens soudainement ma gorge sèche. J’avale une gorgée d’absinthe. Avec un petit poignard, il coupe le petit sachet contenant la poudre blanche. Mon cœur s’accélère. Il verse une petite quantité sur la table et s’aide de sa carte pour la couper en deux portions qu’il effile d’une main experte. La carte tranche plusieurs fois cette ligne avant de l’effiler à nouveau.

Lui : Vas-y.

Chacha nous jette un dernier regard avant de s’abaisser en se pinçant une narine. En une fraction de seconde, elle aspire une ligne entière et du bout de l’index, porte les restes de poudre sur ses dents avant de les frotter.

Elle se laisse tomber en arrière dans le canapé en cuir noir.

Chacha : Oh mon Dieu, ça fait un bien fou.

Il pose une main sur la cuisse d’Anne-So et plonge son visage dans sa chevelure pour lui chuchoter quelque chose. Elle sourit. Les deux rentrent dans une conversation dont j’imagine bien chaque mot. Je vide mon verre et j’en recommande. Chacha a raison, nous sommes là pour nous amuser. Margot n’est pas en reste, c’est à croire que les femmes enceintes attirent naturellement les chippendales. Ils lui font presque tous participer au spectacle.

Anne-So et son ami se lèvent et s’éloignent. Je ne suis pas là pour faire la gardienne en plus elle est majeure. Chacha quant à elle, se prépare à tirer cette seconde ligne qui je dois l’avouer me séduit. Elle me devance et je la laisse faire.

Je crois que je suis à moitié saoule. J’enlève mes chaussures et je monte sur le canapé où je commence à me déhancher langoureusement. J’ai chaud, je défais les trois boutons hauts de mon chemiser, dévoilant une partie de ma poitrine. Quelques regards sont sur moi, ils me donnent envie d’aller un peu plus loin mais je n’ose pas. Margot quitte la scène et s’approche de moi, j’ai l’impression que sa robe est mouillée. Ils ont dû lui verser du champagne dessus. Elle me fait signe de m’approcher d’elle mais moi, je n’ai pas envie. Je veux rester là, je veux continuer à danser.

Chacha me rejoint. Son déhanché me passionne. Je trempe un doigt dans le verre que je tiens en main et je dessine le contour de sa bouche pulpeuse. Elle se mordille la lèvre inférieure. Margot s’éloigne une nouvelle fois vers la scène et je la perds de vue. C’est une belle soirée. Je verse lentement le contenu de mon verre entre les seins de Chacha. Au contact froid de l’alcool, elle semble devenir folle.

Soudain, la musique s’arrête et j’entends la voix de Margot en fond sonore… Mais que fait-elle au micro?

Margot (paniquée) : Je perds les eaux… Anne-Sophie, Alex, Charlotte… je perds les eaux.

Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? A quoi joue-t-elle ? Comment ça elle perd les eaux?

Ce sont là mes dernières pensées avant de m’évanouir.

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