CHAPITRE 20 : Poussée à bout

Write by delali


Un temps considérable est passé après l’heure à laquelle maman Claudine finit son service, mais elle n’a toujours pas quitté son lieu de travail. Elle l’attend, car pour être ennuyée, elle l’est. Elle ne sait plus quoi penser, encore moins quoi faire, elle est tout simplement perdue. Elle se dit « je n’aurais jamais dû céder aux supplications de Kady pour suivre Philippe ici ! Maintenant tout devient compliquer et presque hors de contrôle ! Mais de toutes les façons, elle n’aurait pas compris si j’avais refusé, … et cela aurait été aussi égoïste de ma part de le faire, elle avait besoin de cette chance que lui donne Philippe… mais là c’est trop, il dépasse les bornes là ! » Elle ruminait toute seule lorsqu’une voix l’a fait sursauter :
- Claudine !
- Oh ! j’ai eu une de ces peurs. Répond-t elle
- Désolé ! je ne voulais pas te faire peur, c’est que je ne m’attendais plus à te voir ici à pareille heure !
- Je t’attendais ! je veux avoir une discussion avec toi à propos de ce qui s’est passé à l’école de Rowen !
- Ah ! Répond-t-il dans cet accent que seuls les bretons ont.
- Ça suffit maintenant Philippe, stop là !
- Parce que tu trouves normale que cette école n’est pas le personnel nécessaire pour prendre soin des enfants ??!
- Non ! Parce que je crois que tu le fais encore une fois parce qu’il s’agit de Kady et de Rowen !
Philippe esquisse un sourire. Il retire sa veste qu’il accroche au porte-manteau à l’entrée de la pièce et avance vers son fauteuil préféré :
- Assieds-toi Claudine, je t’en prie.
Elle hésite un instant puis :
- Juste le temps de la discussion…. Stop cette procédure contre cette école s’il te plait !
- Non Claudine ! Ça ils l’ont bien mérité.
- Mais enfin, tu as pensé à Kady et son fils ? Ça leur fera de la mauvaise publicité, déjà qu’elle n’avait pas une bonne renommé à ton bureau !
- Je m’en fiche Claudine ! Laisse les gens parler !
- Philippe soit raisonnable ! Elle est encore très jeune !
- Je n’aime pas qu’on froisse ma sensibilité comme l’a fait ce directeur Claudine !
- Ok ! S’il te plait, je te le demande, laisse-leur au moins le temps de se mettre au pas comme tu le désires et oublions cette histoire, s’il te plait.
- Ok. Mais tout compte fait, je retire Rowen de cette école !
- Arrête Philippe ! Arrête, laisse Kady tranquille je te le demande.
- Mais de toutes les façons, où est le mal Claudine ??! Le père du gamin n’est pas là, laisse-moi m’en occuper.
- Je veux qu’elle grandisse, qu’elle apprenne à voler de ses propres ailes et toi tu ne l’aides pas avec toutes ces gâteries !
Philippe la regarde un moment dans les yeux et reprend avec un léger sourire aux lèvres :
- J’aimerais proposer à Kady de donner mon nom à Rowen.
- Non mais, tu es tombé sur la tête où quoi !!! …. Tu sais quoi ! Je m’en vais.
Elle tire son sac à main au passage et sors de la pièce à grandes enjambés, mais avant d’atteindre la porte, Philippe l’interpelle et lui dit :
- Maintenant que j’ai Kady avec moi, je compte bien la garder tout prêt.
Maman Claudine s’en va et le laisse seul. Il pousse un soupir, se sert un verre pour se détendre un peu les nerfs et murmure :
- Ce n’est qu’une question de temps, elle finira bien par succomber…
Une fois seul, la maison est replongée dans son silence habituel. Il commence à arpenter la pièce son verre à la main. Il a le sourire au coin des lèvres lorsqu’il lui revient en mémoire les moments que le petit Rowen a eu à passer à l’intérieur de la maison. Il est tellement débordant d’énergie, il court partout dans la maison jusqu’au point où il lui donne des hauts le cœur, tant il manque de casser tous ses objets de collection si chèrement acquis sur son passage. Mais tous ces moments passés avec Rowen, il les adore, parce qu’il se sent revivre et se remémore avec nostalgie des années plus tôt quand ses deux garçons à lui ont été tous petits et qu’ils lui ont donné tant de fil à retorde. Il s’aperçoit finalement comment il s’est lié d’affection à l’enfant, c’est la raison pour laquelle il n’a pas du tout apprécié le ton avec lequel ce directeur d’école a géré la situation. Cela l’a vraiment mis hors de lui, il s’en rappelle et la revit comme s’il y était encore :
« 
- Non ! monsieur attendez, je ne savais pas que c’était votre fils ! dans ce cas on peut trouver un arrangement… a répondu le directeur pour se défendre.
- Non mais quel toupet ! vous faites même la différence entre les enfants selon qui est ou n’est pas leur parent ?! a questionné Philippe ahuri.
- Je crois que c’est moi qui ne veux plus que mon fils continue dans cette école ! a déclaré Kady tout aussi hébétée.
- Non ! … ce n’est pas … ce que je voulais dire ! a reprit maladroitement le directeur : c’est que d’habitude les parents ne viennent pas se plaindre pour des broutilles pareilles, mais comme vous…
- Ecoutez monsieur ! a coupé Kady : je vois que c’est peine perdue de discuter avec vous ! Philippe, je crois qu’on fera mieux de nous en allez.
- Mais d’où l’on t ils dégoté ce directeur ?!!! d’une pochette surprise ?!!
- Ne vous fatiguez plus pour ce monsieur Philippe, tout ce qui nous reste à faire, c’est de changer d’école à Rowen ! a continué Kady.
Elle est sortie du bureau suivi quelques minutes après de Philippe, qui avant, a lancé ceci au directeur :
- Des broutilles !!?? Vous n’avez pas encore fini d’entendre parler de moi ! Je vais vous attenter un procès !
- Attendez monsieur ! attendez ! on peut s’entendre ! n’a eu de cesse de répéter le directeur. »
***
Kady se frotte les tempes signe de fatigue. Sa journée a été des plus harassantes. Depuis que son fils a commencé l’école, elle fournit deux fois plus d’efforts qu’a l’accoutumé. Malgré le fait que Philippe ait mis son chauffeur à disposition pour le déposer, elle accorde un point d’honneur à l’accompagner le matin et à retourner le chercher avec le chauffeur les soirs. Il a de tout temps été habitué à sa présence, alors elle ne veut pas que la séparation soit trop brutale. Ce soir-là en particulier, elle a encore une pile de documents à relire et à ordonner, sans compter ses rapports d’exposé qu’elle doit rendre le lendemain. Déjà que ça n’a pas été facile de faire endormir le petit, voilà qu’il faut qu’elle combine avec maman Claudine qui lui fait des reproches :
- Je n’apprécie pas trop cette manie que tu as de laisser Philippe tout gérer. Commence maman Claudine.
- S’il vous plait maman Claudine, on peut en reparler demain ? Je suis épuisée.
- Non Kady, tu fuis le sujet depuis deux jours…
- Même si je prends en compte vos considérations, Rowen non plus n’est pas épanoui dans cette école, alors pourquoi ne pas lui changer d’école ?!
- Mais tu t’entends parler ??? Et ce procès qu’il veut attenter !? C’est toi qui veut régler la facture peut être ?!
- Raison de plus pour que je le laisse faire, sinon comment on fera pour sa scolarité ?!
- Non mais, tu es folle ou quoi ? Quelqu’un t’a envoyé faire un enfant peut être ?? Quand on en fait, on se débrouille pour s’en occuper.
- C’est pas de ma faute non plus si le père de cet enfant a fui ses responsabilités !
- Ecoute moi très bien petite fille ! aujourd’hui parce que ses amis l’importunent à l’école, au lieu de lui apprendre à se défendre, tu le couves en voulant le faire fuir la réalité ! Il est appelé à être un homme, un homme doit être courageux et c’est ce que toi sa mère tu dois lui apprendre et non entrer dans le jeu de Philippe. Sache aussi qu’un enfant, on l’éduque avec les moyens qu’on a. Je t’avais dit qu’on allait l’inscrire dans l’école qui est à la portée de nos moyens, mais non ! Mademoiselle a préféré suivre des rêves de grandeur qui ne sont pas encore à sa portée, parce que je te signale que c’est avec l’argent de Philippe que tu donnes tous ce luxe à ton fils. Que feras tu quand il partira comme ça du jour au lendemain ?! Parce qu’il partira bien un jour pour …
- Tout le monde ne peut pas être comme Christopher !!! ou encore moins Prince !!! répond-t- elle en haussant la voix presque sur un ton de reproche.
Maman Claudine ne dit plus rien, le silence s’installe dans la pièce un moment, puis elle préfère rejoindre sa chambre, quand Kady lui dit :
- Je sais que je ne devrais pas laisser Philippe prendre autant de responsabilité me concernant et que j’en abuse aussi parfois, mais je veux le meilleur pour mon fils, pour le moment je ne peux pas le lui offrir, c’est pour cela que je travaille dure et je sais que je vais …
- C’est ta vie Kady, et c’est ton fils, tu fais ce que tu veux ! déclare maman Claudine d’un ton solennel.
- S’il vous p…
Maman Claudine n’attend pas la fin de la phrase, et claque la porte de sa chambre derrière elle.
***
- Kady ! monsieur BENTON te demande dans son bureau ! vient de lancer sur un ton acerbe Carène, la secrétaire principale de Philippe.
Kady ne fait plus du tout attention à ces manières à Carène, elle a fini par comprendre que c’est une envieuse qui a de tout temps voulu mettre le grappin sur Philippe. Par contre ce qui la choque, c’est que cette dernière est une femme déjà mariée ! Mais bon, Kady s’en fiche, pour le moment, elle a d’autres chats plus importants à fouetter que de gérer les histoires de jambes d’une secrétaire coincée. Malgré sa grande fatigue de la veille, elle n’a presque pas fermé l’œil de la nuit, elle n’a eu de cesse de retourner cette histoire en elle-même. Elle arrive devant le bureau de Philippe, frappe puis entre :
- Kady ! Ma grande, j’ai une nouvelle qui te plaira certainement ! commence ce dernier en se levant à sa vue.
- Ah oui !? Mais avant, je voudrais vous parler d’un sujet qui me tracasse...
- Humm… tu as les traits un peu tirés, tu as eu une nuit agitée apparemment ?
- Oui en effet ! Mais je ne savais pas que ça se voyait tant que ça !
- Mais non ! Tu es une vraie beauté tu sais !? continue-t-il en allant l’entrainer afin qu’ils s’asseyent dans son salon privé.
- Vous êtes un flatteur vous ! … en fait, je voulais qu’on reconsidère la décision de faire changer d’école à Rowen.
- Humm… c’est Claudine n’est-ce pas ?
- J’ai réfléchi aussi et j’ai compris, elle a raison, je ne … on ne sera pas toujours présents pour prendre soin de lui, la vie est une jungle et il faut qu’il apprenne dès maintenant à se défendre par son propre chef !
Il reste silencieux, se lève et va observer le paysage à travers la baie vitrée de son bureau :
- Je ne me suis pas trompé, elle est d’une bonne influence sur toi Claudine… mais il est encore tout petit ce soldat, ne lui demandez pas des choses trop grandes pour lui, ok ?
- Oh merci beaucoup Philippe, je savais que vous comprendriez !
- Mais s’il vous plait, laissez-moi au moins le plaisir de faire remplacer ce directeur de pacotille tout de même !
- Vendu ! Répond-t-elle avec gaieté.
- Tu es formidable ! Bon maintenant je veux que tu m’affiches ton plus beau sourire pour affronter cette rayonnante journée qui commence !
Ils sont interrompus par un appel entrant Skype qui provient de l’ordinateur de Philippe. Il s’empresse de le prendre et c’est Mike, son deuxième fils. Il décroche tout gai et s’installe confortablement sur le canapé :
- Champion ! tu as pensé à ton papounet aujourd’hui !
- Oui papa ! Tu sais que je viens de terminer ma thèse et je m’ennuie presque…
- Mais passe me voir, Abidjan est une belle ville tu sais !
- Bof, je ne sais pas trop … tu sais que maman aime nous avoir tous à noël…
Kady fait donc signe à Philippe afin de le laisser seul discuter plus tranquillement, mais ce dernier la retient :
- Non Kady, ne t’en vas pas ! Mike, tu te souviens du petit Rowen n’est-ce pas, sa mère est ici, je vais te la présenter. Approche Kady….
Elle vient alors se mettre debout derrière lui pour faire un coucou au jeune homme, Philippe lui en a tellement dit du bien :
- Kady, mon fils Mike, Mike voici Kady. Fait Philippe en guise de présentation.
- Bonjour Mike. Dit Kady
- Saluuuut ! …. Waouh ! Tu sors d’un conte de fée toi !?
- Il est drôle votre fils Philippe, tout comme vous ! S’exclame Kady souriante à l’endroit de Philippe.
- Mon papounet, je crois que je vais accepter ton invitation à venir à Abidjan ! Pourquoi pas pour ces congés de Noël déjà ! Je sens que je vais aimer cette ville !

« Mike BENTON vous souhaite une superbe semaine à tous

L'enfant de la Honte...