Chapitre 21

Write by EdnaYamba

 

Tia JACKSON

-         Il va nous falloir bien plus  que des accusations pour prouver que cette dame puisse avoir fait  quelque chose d’illégal, me dit Aaron, elle n’en donne pas l’apparence !

-         Tu es toi aussi tombée sous son charme, conclus-je desesperée.

Il part dans un rire franc qui me  laisse perplexe.

-         Il m’en faut plus pour être séduit, mais nier que cette femme est désirable serait un mensonge aussi gros qu’un nez en plein milieu d’un visage ! elle est belle et même très belle.

Tout le monde est d’accord là-dessus.

-         Mais….

-         Parce que y a un mais… ?

-         Il y a toujours un mais ! dit-il,  et c’est astiquant au peigne fin toute information la concernant qu’on saura qui elle est vraiment. On va devoir chercher qui est vraiment Raïssa MAVOUNGOU derrière ses airs de femme de pouvoir.

-         Comment on va procéder ?

-         On va commencer par son entourage, sa famille, qui elle fréquente !

Il est 17 h quand je dépose Aaron au commissariat.

L’appel de Peter les minutes qui suivent pour me demander ma position, me rappelle que mon projet d’aller voir Mireille KAKOU ce soir sera avorté.

-         Je peux annuler, si tu ne te sens pas en forme !

-         Non j’avais promis. Passe me prendre dans 20 minutes.

Mais c’est 30 minutes qu’il me faut environ pour arriver à la maison, prendre un bain et échanger mes vêtements formels contre une robe longue mousseline en col V profond, aux imprimés vert noir et une paire de pieds nus

Je ne fais pas plus attendre Peter qui klaxonne déjà  à l’extérieur.

 Je le retrouve dans la voiture.

Après l’avoir embrassé, il démarre.

                                          

                                                 ***

 

Les garçons sont au salon dans une partie de cartes alors que nous discutons gaiement entre filles dans la cuisine.

La cuisine de Layla est spacieuse, les armoires vitrées servent au rangement de ses assiettes, plats de service et autre service de tables, avec des teintes marrons et noir mat  recouvrant murs et meubles.

Assises autour du grand ilot mêlant noir mat et bois, Layla parle avec extase de l’organisation de sa baby shower. Elle a tout prévu, elle a dressé une liste d’invités que des personnes intimes : 15 personnes.  Et je me sens flattée qu’elle ait pensé à moi. Elle caresse tendrement ventre ;

-         J’ai tellement hâte qu’il soit déjà là, nous confie-t-elle. Je veux le serrer dans mes bras et manger sa petite bouille. J’espère qu’il sera un parfait mélange de Mitch et moi !

-         Ce sera un beau bébé, ça c’est sûr !

Il n’y a aucun doute quand on voit les parents qu’il a. Si la génétique ne faillit pas ce bébé va en faire des envieux.

-         Oh Layla, tu donnes envie d’être mère !  dit Amande dont les yeux brillent d’envie.

-         C’est le but, se moque-t-elle, il faut bien que j’ai un compagnon de galère quand Kylian va commencer à tout caser !

-         J’aurais voulu attendre encore un an après le mariage, avoue Amande, mais je crois que ça va arriver plus vite que prévu…

-         Quoi ??? demandons Layla et moi en même temps

Armande nous fait signe de la main de baisser le volume de nos voix.

Elle se rapproche de nous, la main en coque sur sa bouche et nous annonce sous le ton de la confidence.

-         J’ai fait le test deux fois ce matin, et c’était positif !

Nous nous retenons de crier de joie pour elle car elle nous confie qu’elle n’a pas encore annoncé la nouvelle à Fred. Elles me semblent si heureuses que je me demande ce que ça me ferait si j’étais moi aussi enceinte. Jusqu’à présent, elle n’y avait jamais pensé. Sa carrière était passé avant tout et d’ailleurs il n’y avait pas d’hommes qu’elle aurait trouvé digne d’être le père de son enfant.

Mais maintenant il y avait Peter.

Et je ne suis toujours pas prête  se dit-elle en elle-même , chassant au loin ces pensées de maternité.

-         Tu devrais lui dire aujourd’hui, suggéra Layla à Armande. Je suis sûr qu’il sera très content !  

Et Layla ne s’était pas trompée. Quand Fred qu’Armande avait appelé sur le côté apprit la nouvelle, tout le monde l’entendit crier de joie. Il revint au salon portant sa femme dans les bras. Je regarde Peter, il me semble heureux pour sa sœur.

-         Les gars, je vais être père !

-         Ça mérite qu’on pète le champagne, Layla fait sortir une bouteille ! Pet il ne reste plus que toi !

                                             ****

Raïssa MAVOUNGOU

Je m’avance évitant du mieux que je peux d’atterrir de poser mon pied dans les eaux sales qui coulaient partout dans le quartier.

Le niveau d’insalubrité qui régnait faisait peine à voir, devant ou derrière chaque maison, on trouvait un tas d’immondices. Et dire que j’avais vécu dans cet environnement pendant longtemps.

Quand j’arrive devant mon ancienne habitation, deux petits coups suffisent à interpeller ma sœur. Inutile de cogner fort au risque de briser ce qui sert de porte.

-         C’est qui c’est ? crie-t-elle

Si seulement, elle était allée à l’école…

-         C’est moi, Raïssa !

J’entends des pas pressés, arrivés vers la porte.

Bientôt ma sœur se tient, devant moi, un débardeur et un pagne attaché au rein. Elle essuie ses mains sur son pagne et m’invite à entrer.

-         La go, si c’est pour l’argent que tu m’as donné là que tu es venu. C’est bad hein !

-         Je ne suis pas venue pour ça ; lui dis-je. D’ailleurs tu as même fait quoi de l’argent là !?

-          J’ai envoyé un peu aux parents au village, tu sais bien qu’ils en ont besoin pour s’occuper de ton mouna !

-         Je partais chercher la vie, je n’allais pas m’encombrer d’un enfant.

Je détestais revenir ici parce que cela évoquait en moi des souvenirs douloureux.   C’était toujours les pauvres qui malgré leurs conditions allaient faire l’amour sans se préserver. J’avais eu cet enfant avec GODWIN. Au fond, à l’intérieur de moi, je savais qu’il n’y avait pas d’issue favorable possible entre nous. J’étais trop ambitieuse pour rester en couple avec un commerçant d’habits et trafiquant de drogues.

Nous avions souvent été vendeuses pour eux. Et Quand GODWIN s’est fait prendre j’en ai profité également pour sortir de tout ça.

J’avais longtemps baigné dans ce milieu que je savais que pour accomplir certaines tâches, je pouvais compter sur eux. C’est à eux que j’ai eu recours pour boycotter la voiture de Damien SIMA sur ordres d’Innocent et c’est encore vers eux que je reviens pour s’occuper de cette enquiquineuse de Tia Jackson.

-         Si c’est pas pour le do que tu es là, tu es là pourquoi ? me demande ma sœur.

-         J’ai encore besoin que James règle un petit problème pour moi !

-         Genre c’est mon gars que tu veux encore mettre dans les problèmes, me dit Blandine.

-         Quels problèmes, James c’est un pro ! est-ce que la dernière fois il a été inquiété ? et puis vous avez eu beaucoup d’argent non !?

-         On n’a rien fait avec, James avait des dettes et il devait refaire sa carte consulaire ! le sous bassement qu’on a commencé n’a même pas évolué !

-         Bah voilà l’occasion de le terminer, tenté-je de la convaincre.

Je n’ai pas besoin de trop verbaliser avec elle, son copain arrive les minutes qui suivent. James OKWEKO. Il porte quelques balafres distinctives de sa région , et derrière son visage dur se cache un homme parfois attentionné bien qu’intransigeant en termes d’affaires.

-         Oh Raissa, tuè là, me dit-il avec son ton anglais que les nombreuses années passées au GABON n’ont pas influencé. Bonsoir !

-         Bonsoir, James ! j’ai encore besoin de toi !

-         Si y a le money, considère que c’est fait ! me dit-il sans même demander de quoi il s’agit.

Je savais que je pouvais compter sur lui. Blandine se lève, ne voulant rien écouter de notre conversation. Tout ce qui l’intéresse c’est avoir de l’argent, la provenance ou le moyen d’obtention l’importe peu.

J’explique la situation à James à qui je montre une photo de Tia. Pour l’instant il pourra juste l’importuner un peu et si elle s’entête on pourra passer à la vitesse supérieure.

Tia JACKSON

Assise en tailleur, Peter derrière mon dos, j’apprécie les mouvements de massage que Peter fait sur mes épaules. C’est relaxant. J’étais tellement stressée qu’il a tenu à me le faire. Sceptique au début, je dois avoir qu’il n’a pas exagéré quand il a dit que c’était un expert. Nous sommes rentrés épuisés de chez Mitch.

-         Alors comment était ta journée ? me demande-t-il alors que les yeux fermés je savoure.

-         Oui, je suis allée au commissariat et après avec Aaron…

-         Tu travailles maintenant avec Aaron ?

-         Tu ne vas pas recommencer Peter, soupiré-je. C’est un inspecteur talentueux !  Et puis tu n’es pas bien placé pour me faire la morale quand ton ex m’a dit qu’elle te connait mieux que moi devant tout le monde !

-         Tu parles de quelle ex ?

-         On a rendu une petite visite à Raïssa et elle m’a dit pleine d’assurance  qu’elle te connaissait mieux que moi si on en croit à ce qui s’est passé entre nous, fais-je en l’imitant.                                                  

-         Vous êtes allés faire quoi ?

-         Ben l’interroger tiens ! elle est la principale citée dans cette affaire.

-         Je commence à croire que tu fais une fixation Tia, Raissa n’a rien à voir dans tout ça !

-         Peter on avait dit que tu me laissais mener mon affaire jusqu’à la fin, commencé-je à m’énerver.

-         Oui mais j’ai l’impression que tu te laisses affecter par ta jalousie !

-         Moi jalouse ? rié-je en me dégageant.

Je me suis allongée et j’ai arrêté la lampe de mon côté. Il en a fait de même.

-         Toi jalouse et beaucoup trop impliquée !

-         Tchipps !

 

                                          ***

Les dernières lueurs du soleil commencent à disparaitre quand je pénètre dans le mapane où réside Mireille MOUKAMA. Il fallait absolument que je la voie aujourd ‘hui.

Dieu merci j’ai troqué mes talons contre ma paire de babouche que je garde toujours à l’intérieur de ma voiture. J’ai aussi ôté tout ce que je pouvais avoir comme bijou, dans ce genre de quartier il ne vaut mieux pas attirer l’attention sur soi au risque de se faire braquer.

-         Oh les gars y a la métisse dans le kwat ! entends-je quelqu’un crier. Mama tu es bonne hein !

Je  continue d’avancer en ignorant tous les sifflements et interpellations auxquels je suis sujet. Je poursuis mon chemin avec pour seuls repaire les indications de Mireille que j’ai eue au téléphone.

Il est difficile de donner exactement son emplacement au Gabon, les repaires populaires restent : derrière chez le malien, à côté du manguier, tu tournes à gauche, tu tournes à droite.

Bientôt je la vois apparaître, à côté de la maison en dure jaune l’air fatiguée portant une robe Caba. Elle m’invite à la rejoindre dans la maison.

Ses yeux montrent qu’elle a dû passer son temps à pleurer et qu’elle a très peu dormi.

Elle m’offre une chaise en plastique sur laquelle je m’assois. Le vide dans la maison, me rappelle bien qu’ils ont été victimes de vol.

Après tout ce qu’elle a vécu pour son mari, j’ai dû mal à comprendre qu’elle entretienne une relation avec son patron. Sans perdre de temps nous entrons dans le vif du sujet, en pleurs elle me raconte la pression qu’elle a vécue au boulot et pourquoi elle a cédé.

-         Pourquoi ne m’avez-vous  jamais dit ça, je suis votre avocate !

-         J’avais honte, dit-elle en larmes. Je ne voulais pas que ça se sache ! maintenant j’ai perdu mon mari !

Elle éclate en sanglots.

J’imagine combien c’est difficile pour elle qui croyait protéger son époux.

Les hommes comme Innocent usent de leur pouvoir pour asservir les plus faibles, les manipuler et les tenir en laisse. Il avait su jouer sur sa vulnérabilité.  Je me rapproche d’elle pour la consoler

Il n’est pas bon dans son état de pleurer encore moins qu’elle tombe en dépression. Elle pourrait affecter le bébé.

Compatissante, je la prends dans mes bras.

-         Maintenant il va falloir que vous vous ressaisissiez Mireille, lui dis-je, pour votre enfant et pour votre mari !

-         Mais Sylvain, ne veut plus de moi !

-         Votre mari est juste en colère, mais il vous aime ! lui dis-je. Laissez passer quelques jours, le temps que sa colère et sa frustration le libèrent et repartez le voir. Il a besoin de vous !

Tant bien que mal, j’essaie de lui remonter le moral.

-         Je vais vous raccompagner maître ! me dit-elle une fois notre entretien fini

La nuit est complètement tombée déjà sur la ville, le vent souffle tellement fort qu’il me tarde d’arriver chez moi, prendre un bain chaud et me coucher.

Quand nous arrivons près du carrefour, je la libère, je ne crains plus rien à ce niveau. C’est assez éclairé.

Je me dirige vers ma voiture et alors que le dos tourné, je veux ouvrir la portière, une masse brute vient me bloquer sur la voiture alors qu’une lame de couteau se place devant mon cou.

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