Chapitre 22
Write by EdnaYamba
Peter SIMA
Richard ASSENGONE se tient en face de moi, calme et écoutant sans perdre aucun mot de ce que je lui dis.
Après avoir été alerté une fois de plus de leur présence sur le sol gabonais, j’ai demandé à le rencontrer pour discuter.
Contrairement à son épouse, il n’est pas fermé au débat. Il est impératif qu’on trouve un terrain d’entente par rapport à Nicolas. Chez les fangs, nous sommes patriarcat, Damien ayant épousé Olivia coutumièrement cet enfant est le nôtre. La seule raison pour laquelle nous nous sommes inclinés est que dans nos coutumes, on ne se discute pas un enfant et nous étions encore trop choqués par les décès brutaux de Damien et Olivia pour revendiquer quoi que ce soit.
L’absence de Damien était déjà assez difficile pour mes parents que tenir Nicolas ainsi éloigné parce qu’ils en avaient la garde , les tuaient à petit feu. Ils avaient eu aussi besoin de voir leur petit-fils. Nous avions besoin de voir aussi notre neveu.
Avec l’annonce de la grossesse d’Armande, je crains que ces souvenirs ne causent à nouveau de la douleur dans les yeux de mes parents.
Avec respect, j’essaie de faire comprendre à l’homme que Richard avait pour habitude de décrire comme un homme sage, la nécessité pour Nicholas d’être entouré de son côté paternel autant que de son côté maternel.
- Vous savez c’est regrettable qu’on en soit arrivé là, regrette-t-il, votre père sait tout le respect que je lui porte !
- C’est réciproque, lui assuré-je
- Les femmes quand elles s’y mettent, soupire-t-il.
Il semble embêté et gêné.
Je comprends que la situation est occasionnée par son épouse, mais il va bien falloir qu’il tape du poing sur la table. Elle ne peut pas nous tenir pour responsable de la mort d’Olivia ! Elle a toujours été querelleuse, et ce depuis le vivant de Damien et d’Olivia. Je me demande pourquoi c’est à elle qu’il a songé laisser la garde de son fils. Peut-être avait-il dû céder à Olivia qui était proche de sa mère. Il ne devait sûrement pas penser qu’un malheur ne l’atteindrait avant que Nicolas ne soit adulte.
Qui pouvait l’en blâmer ?
Aucun de nous, n’y aurait jamais songé.
Ils étaient trop jeunes !
D’ailleurs sa mort m’a bien rappelé, qu’il faut être prêt à tout moment de quitter ce monde.
Quand nous nous quittons c’est avec l’assurance qu’il parlera à son épouse ! Il serait vraiment regrettable que Nicholas soit au centre d’une bataille juridique ou familiale.
La voiture garée de Tia m’indique qu’elle est déjà là.
J’aime la sensation de la retrouver tous les soirs.
J’aime la sensation que j’ai chaque fois que je me lève à ses côtés.
Je ne compte plus le nombre de nuits que nous avons passées ensemble que ça soit chez moi ou chez elle.
Je descends de la voiture pressé, de la tenir dans mes bras.
Quand j’entre dans la chambre, elle est déjà allongée, elle dort à poings fermés. La journée a dû être éreintante. Je m’approche doucement, elle a autour du cou un foulard attaché.
Délicatement je dépose un baiser sur sa joue avant d’aller prendre un bain et de la rejoindre dans le lit.
Plus les jours, plus j’en suis amoureux et je veux vraiment faire ma vie avec elle.
Tia JACKSON
Devant la coiffeuse ce matin, je regarde la trace rosée laissée par le couteau de mon agresseur.
Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie.
« Si tou insistez nous nous occuperons de tou! » m’avait-il dit dans un accent anglais.
Il a retourné son couteau et avec le dos de la lame, il a repassé brutalement mon cou, ce qui m’avait fait frissonner de peur.
À entendre son ricanement, il avait obtenu ce qu’il voulait.
« Est-ce que tou as compris ? »
Tétanisée de peur, j’ai opiné du chef.
Puis il a disparu aussi vite qu’il est apparu sans que je n’ai pu voir son visage.
J’ai dû faire preuve de beaucoup de courage, pour conduire. En milieu de chemin, je me suis arrêtée, tremblante de peur, j’ai appelé Aaron. il est venu aussi vite qu’il a pu et c’est lui qui a pris le volant.
Il a dû m’emmener dans un endroit calme pour que je puisse reprendre mes esprits. Dans mon balbutiement, il a écouté tout ce que j’ai pu lui dire.
J’avais besoin d’évacuer tout ça et à ce moment précis il était la personne qu’il fallait !
Quand inquiet pour ma sécurité, il a voulu me raccompagner jusqu’à la maison, j’ai décliné.
Je n’allais pas commencer à laisser la peur me gagner sinon ils auraient gagnés !
Dieu merci, Peter n’était pas là quand je suis arrivée. J’ai attaché ce foulard afin que Peter ne puisse pas voir les marques sur mon cou.
Et apparemment ce matin, elles étaient encore là.
J’essaie aussi bien que je peux de masquer tout ça avec du fond de teint, il est hors de question que quelqu’un le voit !
Quand Peter fait irruption dans la salle de bain. Il a ses aises chez moi aussi bien que je les aie chez lui. Je me saisis aussi vite que je peux de l’écharpe à coté pour la nouer sur mon cou.
- Qu’est-ce qu’il y a ? fait-il curieux ! en approchant.
- Rien, mentis-je, j’ai attrapé froid hier, donc je me protège la gorge !
- Il est 07h, tu vas être en retard aujourd’hui. D’habitude tu te réveilles un peu plus tôt que ça ! tu es sûre que ça va ?
Il me retourne face à lui. Je dois sûrement faire une petite mine. Hier à son arrivée, je ne dormais pas. Je simulais. Je n’avais pas envie qu’il apprenne pour cette agression pour plusieurs raisons.
J’ai passé toute la nuit à réfléchir.
Qui était mon agresseur ? Comment avait-il su que je me trouvais chez Mireille KAKOU ? Me suivait-on ?
Autant de questions qui suscitaient un sentiment d’inquiétude.
Il m’enveloppe de ses bras et je me sens en sécurité. Je referme automatiquement mes bras sur lui.
- Je vais faire un tour rapidement chez moi, prendre une autre chemise. J’ai une réunion importante ce matin et toi tu feras quoi de la journée ?
- Travailler, travailler et travailler !
- Repose-toi un peu !
Il m’embrasse et s’en va.
Aaron MEVIANE
J’ai passé toute la nuit à réfléchir aux tactiques que je pourrais employer afin de faire avancer cette enquête. Savoir Tia en danger m’inquiétait. Elle n’aurait pas dû aller dans ce quartier seule.
Hier, elle était submergée de terreur et de panique. C’était la première fois qu’elle se faisait agresser et n’importe qui devant une arme blanche serait terrorisé s’il ne se trouve incapable de riposter ou de changer la donne.
La voir vulnérable a provoqué une telle émotion en moi, que je me suis juré intérieurement de trouver ce salopard et de lui apprendre à terroriser les jeunes femmes. Je n’ai été soulagé que par le fait qu’elle n’ait pas été blessée.
Les menaces étaient plutôt claires et pour ce que je sais la seule affaire qui accapare Tia en ce moment est celle en rapport avec les KAKOU.
Ma mission de ce matin, aller dans ce quartier et glaner quelques informations sur ce mystérieux agresseur.
La seule chose qu’elle ait pu noter c’est son accent anglophone.
La majorité des expatriés anglophones au GABON, sont des nigérians donc je cherche un nigérian.
Un nigérian qui serait en rapport avec Innocent MAGANGA ou Raïssa MAVOUNGOU !
Sur le chemin qui mène sur le lieu de l’agression, j’en profite pour appeler Tia.
- Ça va ! me rassure-t-elle. Je me disais que ce matin qu’on pourrait aller enquêter, j’ai découvert le nom de l’établissement universitaire où Raïssa a appris
- On n’ira nulle part Tia et tu devrais te reposer après ce que tu as vécu hier ! lui dis-je fermement
- Mais voyons, je m’en suis déjà remise !
- J’ai dit Non ! Repose-toi !
Sans lui laisser l’opportunité de répliquer, j’ai raccroché.
Elle devrait se reposer !
Ce qu’elle ne sait pas c’est que j’ai pris une longueur d’avance sur elle.
Hier, j’ai appelé un ami des renseignements pour qu’il me trouve quelques informations sur Raïssa MAVOUNGOU. Je le rencontre cet après-midi.
Quand j’arrive dans le quartier, j’ai le temps de faire le tour du quartier en quête de quelques gamins qui pourrait m’aider à avancer dans cette enquête qu’il me tarde maintenant de boucler.
C’est assis près d’un arbre que je trouve, un attroupement de jeunes garçons, fumant et dans une discussion vive au sujet de leur jeu de cartes. Je m’invite en donnant une mise alléchante. Une fois que je les aurais mis de mon côté, je pourrais soutirer ce que je veux.
Une dizaine de partie de jeu effectuée, j’apprends qu’hier ils ont vu un monsieur d’environ 1M 75 avec des balafres sur son visage suivre la jolie métisse venue rendre visite à Mme KAKOU. L’individu ne serait pas du quartier mais aurait discuté avec certains d’entre eux.
On avance.
Quand je pars de là, je m’arrête près de Bessieux.
Garé dans un coin, j’attends mon ami des renseignements.
Une dizaine de minutes plus tard, il arrive et toque sur ma vitre.
Je débloque la portière alors qu’il rentre et s’assoit.
- Elle s’appelle Raïssa MAVOUNGOU, elle travaille à Pharmaco et Co. Je suis intéressée par tout ce que tu pourrais me trouver à son sujet même ce qu’on pourrait estimer inutile.
- Considère que c’est fait ! ça va me prendre quelques temps mais tu les auras tes infos.
Je n’en doute pas.
Ces gens sont doués pour retrouver la moindre info concernant la vie d’un individu. C’est ainsi qu’ils procèdent même lorsqu’un militaire devait se marier avec un civil. Ils déterrèrent tes secrets les plus cachés.
- Au passage, j’aimerai que tu en cherches aussi sur Peter SIMA
Il tique.
- Le Peter SIMA des entreprises SIMA ET families ?
- Oui lui-même !
- Ok ! fait-il sans me poser d’autres questions.
Je ferais au moins d’une pierre, deux coups et ôterait le doute qui persiste dans l’esprit de Tia une bonne fois pour toutes. Même si j’avoue que ça ne me desservirait pas d’avoir des informations qui pourraient le discréditer auprès de Tia.
Lorsqu’il descend de ma voiture c’est avec la même recommandation comme à chaque fois qu’on se voit :
- Toi et moi, nous ne nous sommes jamais parlés jamais vus !
J’hoche la tête. Il sait qu’il peut compter sur moi mais il éprouve le besoin de toujours le rappeler !