
Chapitre 21
Write by Spice light
- Sun FOKE LOMOMO -
J’étais en train de prier quand l’Esprit m’a rappelé de dire à Joan de faire attention. Attention à quoi ? Sûrement à cause des kulunas avec qui il traîne dans le quartier. Maman m’a demandé d’être indulgent avec lui. Et il en abuse : il va et vient comme bon lui semble.
Cette première année sous le même toit a été la plus longue de ma vie. Et il en a encore pour longtemps… J’espère juste qu’il ne fera ni master ni doctorat, sinon je serai obligé de me décharger de lui.
Au moins, je me console en me disant qu’il est propre. Une chose normale : les enfants de monsieur Victor aiment la propreté. Mais son amour pour les habits… pardon, je me tais. On va encore dire que je trouve toujours à redire.
Léonie est passée cet après-midi nous faire à manger.
Je m’attable simplement pour manger.
— Bonsoir et bon appétit, me dit Joan après avoir refermé la porte d’entrée derrière lui.
— Bonsoir, et merci. Toujours dans tes promenades, monsieur. Fais juste attention à toi, surtout avec les amis que tu as choisis.
— Ok.
Je lui parle et il répond juste « ok ». Quand je dis que cet enfant est impoli, tout le monde crie au scandale. Je ne suis pas son ami. J’ai 27 ans, c’est beaucoup quand même… Mais bon.
- Joan MUAMBA FOKE -
Deux mois plus tard.
Mercredi, c’était l’anniversaire de Rosine. Elle a décidé de le célébrer ce week-end. Elle a tellement bu que j’ai été obligé de la ramener chez elle.
Arrivés sur le parking de son immeuble, je coupe le contact, mets mon téléphone dans ma poche, ainsi que le sien. Je prends son sac à main avant de sortir, puis je l’aide à descendre de la voiture. Heureusement, elle ne vit qu’au premier étage.
Je sors les clés de son appartement tout en la maintenant fermement. J’ouvre la porte.
Je nous conduis dans sa chambre et la laisse tomber doucement sur son lit.
Je retire ma veste que je lui avais mise sur les épaules, puis je retrousse les manches de ma chemise. Je lui enlève sa robe et la couvre d’un drap. Je l’admire en train de dormir. Et je lui donne un baiser.
Mon sexe réagit. Je sais que ce que j’essaye de faire est mal. Mais j’enlève le drap et commence à malaxer ses seins.
— N’essaie pas ce que tu veux faire, me dit Rosine dans son sommeil.
Je suis pris de peur… mais je recommence. Deux fois. Et chaque fois, la même réaction.
J’abandonne. Je la recouvre, puis je pars dormir dans la deuxième chambre.
Le matin, c’est elle qui me réveille.
— Coucou Yoan, tu dors jusqu’à cette heure ? Il est 8h, me dit-elle.
— Bonjour Rosine. J’avais un peu la flemme. On est rentrés à 2h et j’ai dû m’occuper de toi, en plus.
— Hum, je comprends. Mais Yoan, parfois, quand on te dit de laisser, il faut le faire. Ne tente plus jamais ce que tu as essayé cette nuit. J’ai dû puiser au plus profond de moi pour te repousser. Ce ne sera pas toujours le cas. Un jour, tu risques de tomber.
— Pourquoi je ne peux pas ? On est ensemble, non ?
— Ouf… Pour ta gouverne, je suis de la Rose-Croix.
— Mais Rose-Croix, c’est vague, je lui dis.
— Pour toi, oui. En soi, la Rose-Croix, ce n’est pas forcément mauvais. Mais celle que je suis, c’est une sorte de secte. Et étant fille unique de mes parents, j’en suis l’héritière. Mon vrai nom, c’est Carmen. Rosine, c’est mon nom d’initiée. C’est pour ça le rouge à lèvres.
Je l’écoute sans comprendre.
— Je dois faire mes preuves, et j’aspire l’énergie des hommes avec qui je couche. J’allais faire la même chose avec toi, mais j’ai choisi de t’en préserver, Yoan. Si on couche ensemble, ta vie sera foutue. Moi je monterai en puissance, et toi tu te retrouveras vagabond. Tant dans l’âme que dans le cœur.
— C’est… c’est flippant, tout ça. Je dois rentrer, dis-je, tout pressé. Et t’inquiète, je ne raconterai rien.
Je sors de son appartement sans demander mon reste.
Quand on me dit d’aller à l’église, je rigole. Encore hier, Light et Mine me disaient la même chose. Même Ivy me l’a dit, et je l’ai traitée de « Seigneur des Anneaux » juste pour l’emmerder.
Mais là… je dois voir le pasteur. Je ne peux pas rester bras croisés.
C’est en regardant ma montre que j’ai attendu la fin du culte. Quand tout le monde est sorti de l’église, je suis resté, jusqu’à voir le pasteur sortir.
— Qui vois-je là ? Mon ami Joan ! Comment vas-tu ? me demande-t-il gentiment.
— Ça semble aller. Et vous ?
— Dieu fait grâce. Je suis content de te voir au culte de ce soir.
— D’accord. Sinon, j’aimerais vous parler de quelque chose de très sérieux.
— Écoute, mon ami. Il n’y a plus moyen de retourner à l’intérieur. Allons plutôt vers ma voiture, tu me diras tout, dit-il en regardant sa montre.
— Ok.
Une fois près de sa voiture, je lui raconte les grandes lignes de l’histoire.
— C’est quelque chose de sérieux, Joan. Et à prendre très au sérieux. Tu dois maintenant te montrer plus responsable qu’avant, et surtout t’attacher à Dieu. Il ne faut pas recourir à Lui seulement quand on est éprouvé. Mais bon… tu dis qu’elle t’a offert une bague ?
— Oui, elle m’a offert une bague. Je ne l’ai portée qu’une fois.
— Demain, viens avec. Sois ponctuel. Je compte commencer avec toi d’abord, et j’aviserai pour d’autres cas plus tard.
— D’accord, pasteur.
— Ferme les yeux. Nous allons prier…
Le lendemain, à 8h tapantes, je suis devant le bureau du pasteur. Un exploit, avec les embouteillages de cette ville, et un mercredi en plus.
Quand le pasteur passe le pas de son bureau, son secrétaire m’appelle aussitôt.
— Bonjour, Joan.
— Bonjour, pasteur. Voici la bague, lui dis-je en la lui tendant.
— Détends-toi, mon frère, me dit-il en voyant mon stress.
Mais je ne peux pas me détendre tant que je ne me suis pas débarrassé de tout ce qui me lie à Rosine… ou plutôt Carmen.
— Je suis détendu, je réponds, même si ce n’est pas le cas.
Il prend la bague et prie pour elle. Ensuite, il prie pour moi et me recommande une semaine de prière ferme, avec quelques psaumes et autres versets bibliques à lire.
J’ai même peur de retourner à la faculté.
Durant cette semaine, je prie. Mais l’angoisse ne me quitte pas. Au point que j’en fais une crise.