Chapitre 21: Les triplés
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 21: LES TRIPLÉS
**MYRNA NZAOU**
Pendant que maman Jeanne était en train de me gronder à cause de l'acte que j'avais posé, le médecin était rentré en même temps nous trouver dans la salle.
Maman Jeanne : Mon petit-fils va bien docteur ?
Docteur : Oui. Et ça relève d'ailleurs d'un miracle. Normalement avec ce qu'elle a pris ils devaient tous y passer et son ventre et les bébés devaient être brûler. Mais c'était comme s'il y avait eu une barrière qui les a enveloppés pour qu'ils ne soient pas atteints. Les enfants vont bien.
Maman Jeanne : Les enfants ?
Docteur : Oui. Quoi, elle n'a pas encore fait de visite ?
Maman Jeanne : Non, on comptait y aller dans deux jours.
Docteur : Je vois. Votre fille attend des triplés.
Maman Jeanne/Moi: Hein?
Maman Jeanne : Vous dîtes qu'elle est enceinte de triplés ?
Docteur : Oui. Elle l'est. C'est ce que l'échographie a montré et à en juger par leurs grosseurs et développement, elle doit être à son 5e ou 6e mois de grossesse. Vous ne le saviez pas ?
Maman Jeanne : Non, je pensais qu'elle avait trois mois ou un peu plus.
Docteur : Vous devriez prendre rapidement attache avec un gynécologue pour son suivi parce que je suppose que c'est sa première grossesse n'est-ce pas ?
Maman Jeanne : Oui.
Docteur : Si vous voulez, je peux vous orienter vers un confrère qui se chargera d'elle et fera tout le nécessaire.
Maman Jeanne : Faites donc comme ça.
Docteur : D'accord. Une infirmière viendra vous chercher pour vous conduire chez lui après là-bas, vous reviendrez ici. Nous la garderons cette nuit et si tout va bien, elle sortira demain matin.
Maman Jeanne : D'accord. Merci docteur.
Docteur : De rien.
Il était parti et nous avait laissés là. J'étais en train de pleurer. Ce n'était pas possible. Donc ce sorcier m'avait laissé jusqu'à trois enfants dans le ventre ? Seigneur, c'était quel genre de punition ça ? Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour qu'il me punisse de la sorte. Pourquoi moi? Donc tout ce que j'avais déjà subi par sa faute n'était pas suffisant ? Il fallait encore que le Seigneur le laisse me mettre jusqu'à trois enfants dans le ventre ? Comment était-ce possible ? Dieu était véritablement injuste et il ne m'aimait visiblement pas, je venais d'avoir la confirmation parce que
Vision d'une scène précédente.
Moi: Bébé ?
Ethan : Hun
Moi: Tu me feras des enfants plus tard ?
Ethan : Bien-sûr que je te ferai des enfants (touchant et caressant mon ventre) Ce ventre portera nos nombreux petits tu m'en feras au moins cinq.
Moi : Pourquoi cinq?
Ethan : Parceque ton père avait dit l'autre fois lors de sa prédication à l'église que le chiffre 5 était le chiffre de la grâce. Alors Je veux cinq enfants de toi ,des jumeaux et des triplés.
Moi : (écarquillant les yeux) Hein? Qui va porter ça ?
Ethan : (me faisant des bisous avant de me chatouiller) C'est toi. Tu porteras mes triplés dans ce joli petit ventre qui deviendra plus énorme qu'un ballon de basket.
Fin de la vision
Moi: (pleurant de plus belle) Nonnnnn, sorcier, tu es un véritable sorcier. Maudis sois-tu. Je maudis le jour où tu t'étais approché de moi, je te maudis.
Maman Jeanne : Si c'est sur le père de tes enfants que tu prononces ces paroles, je les annule au nom de Jésus. Tu ne sais pas que maudire une personne avec laquelle on a été intime c'est se maudire soi-même. En plus, il est question du père de tes enfants, ce sont les pauvres enfants que tu veux condamner? Tu ne sais pas que les paroles sont puissantes? Retire moi ces paroles tout de suite.
Moi: (pleurant en silence)
Maman Jeanne : Myrna ne m'énerve pas. J'ai dit de retirer ces paroles tout de suite.
Moi: (pleurant) Je, j'annule toutes les paroles que, que j'ai prononcées contre le père de mes, de mes, de mes enfants.
Maman Jeanne : Et j'interdis à tout esprit errant de les utiliser contre lui au nom de Jésus.
Moi: (répétant) Et j'interdis à tout esprit errant de les utiliser contre lui au nom de Jésus.
Maman Jeanne : Amen.
Moi: Amen.
Maman Jeanne : Maintenant tu vas prononcer une parole de bénédiction sur lui.
Même s'il fallait qu'elle me tue, je n'allais pas le faire et elle le savait. Au même moment, l'infirmier était venue nous chercher et nous avait conduit au deuxième étage, moi sur une chaise roulante et elle marchant près de moi. Nous avions attendu que le médecin termine avec une patiente et ce fut mon tour. Heureusement pour moi, il s'agissait d'une femme car je n'aurais jamais laissé un homme me toucher. Celui qui l'avait fait , m'avait payé un aller simple pour l'enfer, je n'allais plus donner l'occasion à quelqu'un d'autre de le faire encore.
Après nous avoir posé des questions basiques sur mon identité, mon âge et la date de mes dernières règles qui remontait exactement à 14 jours avant le jour où le sorcier là avait abusé de moi, elle m'apprit avec exactitude d'après les calculs qu'elle avait fait et le nombre de semaines que j'avais, 22 semaines et 3 jours que c'était effectivement la nuit de son anniversaire où il avait fait ses incantations en touchant mon ventre qu'il m'avait mis ses choses dans le ventre. Elle me confirma que les enfants allaient bien et qu'ils étaient effectivement au nombre de trois. Il s'agissait de trois garçons. Ce n'était pas possible. Dieu avait vraiment décidé de me punir. J'en étais plus que certaine. Trois garçons de ce démon?
Je recevais ces informations avec beaucoup d'amertume et sans les commenter. C'était maman Jeanne qui s'entretenait avec elle. À la question de savoir si je voulais entendre leurs cœurs j'avais dit non, je ne voulais rien savoir de ces choses. Lorsqu'elle avait fini, elle nous avait donné un autre rdv avant de nous laisser retourner dans la chambre. Dès que nous étions arrivés à la chambre,le téléphone de maman Jeanne avait sonné.
<<Maman Jeanne : (décrochant) Oui Maggie.>>
<<...........>>
<<Maman Jeanne : Oui, elle a eu un malaise, nous sommes à l'hôpital.>>
<<........>>
<<Maman Jeanne : Dieu merci, nous sommes arrivés à temps. Tout va bien maintenant>>
<<........>>
<<Maman Jeanne : On va sortir demain matin.>>
<<............>>
<<Maman Jeanne : Tu as rangé ma marchandise ?>>
<<............>>
<<Maman Jeanne : Merci, que Dieu te bénisse.>>
<<..........>>
<<Maman Jeanne : Non, je ne sais pas comment je ferai demain. Comme ça je ne pourrai pas la laisser à la maison seule.>>
<<.......>>
<<Maman Jeanne : C'est vrai ça ?>>
<<.......>>
<<Maman Jeanne : Merci Maggie, que Dieu te bénisse vraiment. >>
<<........>>
<<Maman Jeanne : Oui à demain.>>
<<.......>>
Clic!
Maman Jeanne : (rangeant son téléphone en souriant) Tu vois comment le Seigneur est merveilleux ? Il m'a donné des vrais parents. Pendant que je me demandais déjà comment j'allais faire avec la sardine là demain, il est allé toucher le cœur de ma sœur Maggie pour qu'elle me vende ça. Demain là, je pourrai rester à la maison avec le cœur posé . (Chantant) Il est bon de louer Dieu, Alléluia !
Il est bon de louer Dieu, Alléluia !
Il est bon de louer Dieu, Alléluia !
Louons- Le, Alléluia, Louons -Le, Alléluia !
Quand la tempête se lèvera, Alléluia !
Quand le vent soufflera, Alléluia !
Est-ce que tu as besoin de paniquer, oh?
Tu as un Dieu, invoque-Le, Alléluia !
Est-ce que tu as besoin de t'inquiéter oh?
Ton Dieu est là, invoque-Le. Hosanna !
(Cantique populaire : Il est bon de louer Dieu)
Elle avait continué à chanter tout en esquissant des petits pas de danses jusqu'à ce qu'elle s'asseye….
Maman Jeanne : (ouvrant la porte de la maison) Entre Mimi.
J'étais entrée et j'étais allée m'allonger sur l'un des fauteuils. Elle avait déposé les sachets qu'elle avait sur la table et avait ouvert les fenêtres pour aérer la maison avant d'aller prendre une bouteille d'eau, un verre, une assiette, une tasse et une cuillère. Elle était revenue me trouver et avait pris le sachet de haricots, l'avait renversé dans l'assiette avec des gâteaux bedoumes. Elle avait pris le sachet de counou (une bouillie) l'avait renversé dans la tasse avant d'aller prendre mon jus de pomme et le déposer devant moi.
Maman Jeanne : il faut manger tu vas boire les médicaments.
J'avais mangé ça malgré moi avec beaucoup d'appétit. Elle m'avait fait boire les médicaments qu'on m'avait prescrit à l'hôpital et m'avait dit de me reposer. Elle est allée vaquer à des occupations, s'était lavée et était revenue me parler.
Maman Jeanne: Mimi, ce n'est pas parce que je ris hein, je suis vraiment fâchée contre toi et je tenais à te le dire. Si Dieu ne t'aimait pas beaucoup et ne protégeait pas ces merveilles qui sont maintenant en train de grandir dans ton ventre, à l'heure où on parle, tu serais déjà morte. Tu crois que c'est bien ? Si tu étais morte, j'aurais fait comment ? J'aurais dit quoi ? J'aurais commencé à te pleurer par où ? Tu as pensé à moi quand tu as fait tes choses ? Tu ne sais pas que tu es la fille que Dieu m'a donné parce qu'il ne voulait plus que je reste seule dans cette maison ? Tu ne sais pas que tu es la famille que Dieu m'a donné pour me consoler de celle que j'avais perdue ? Le diable m'avait déjà pris une famille et tu veux qu'il me prenne la deuxième? (Coulant des larmes) Mimi tu veux me voir pleurer ?
Pendant qu'elle parlait, j'étais aussi en train de pleurer en silence car j'avais réalisé qu'elle tenait véritablement à moi et qu'elle avait vraiment eu peur de me perdre. C'était d'ailleurs la première fois que je la voyais non seulement pleurer mais aussi être triste.
Maman Jeanne: ( pleurant et parlant de façon nostalgie) Myrna, je n'ai pas toujours été la femme que tu vois aujourd'hui. Quand je t'ai dit que le Seigneur va arranger ta situation et que ce que tu vis aujourd'hui passera ce n'est pas une blague, il changera tes larmes de tristesse en larmes de joie. (Petite pause) Avant j'étais mariée avec mon mari et j'avais trois enfants, je vivais avec ma famille dans une grande maison à Mindoubé. Le diable a tué ma famille en un seul jour, au même moment dans un accident de circulation, mon mari et mes enfants sont morts sur le champ. J'avais failli mourir de chagrin et de folie Mimi mais le Seigneur m'a consolée. Je m'étais retrouvé dans la rue sans personne, mais le Seigneur m'a donné cette maison. Il a vu que j'avais besoin de quelqu'un avec qui parler en dehors de lui et il m'a envoyé ma fille et mes petits-enfants qui sont en chemin. Le diable a pris mon mari et mes trois enfants, Dieu m'a donné une fille avec trois petits-enfants. 4- 4, Dieu a rendu. Maintenant tu veux dire au diable qu'il va avoir le dernier mot sur ma famille ? Si tu ne veux pas de ces enfants, accouche seulement, je vais les garder moi-même. Je suis là, j'ai encore les mains et la force. Mais s'il te plaît ne me refais plus jamais ce que tu as fait hier. Tu as compris ?
Moi: (pleurant) Oui. Je te demande pardon maman Jeanne, je ne voulais pas te faire pleurer et te rendre triste.
Maman Jeanne : (venant me prendre dans ses bras et essuyant mes larmes) Si tu me dis que tu ne vas plus rien faire contre ces enfants, je ne serai plus triste.
Moi: (Dans ses bras) Je ne vais plus rien faire.
Maman Jeanne : Et puis tu vas maintenant bien manger et ne plus dormir sur le ventre ?
Moi: Je vais bien manger et ne plus dormir sur le ventre.
Maman Jeanne : Et puis tu vas aimer ces enfants parce que ce sont les tiens.
Moi: (silence)
Maman Jeanne : (soupirant) En tout cas, Dieu fera grâce. Il faut t'allonger tu vas dormir un peu. (Souriant grandement) Je vais aller préparer un bon plat pour mes petits fils comme ça ils seront bien vigoureux.
Elle s'était levée et était partie à la cuisine pendant que moi je m'étais allongée. Elle avait compris que je ne pouvais pas dire que j'allais aimer ces enfants, j'étais d'accord pour ne plus chercher à leur faire quelque chose de mauvais, mais il était hors de question que je les aime et je ne les acceptais toujours pas. Non content de m'avoir enceinté, mis jusqu'à trois enfants et il fallait encore que ce soit des garçons ? Et je devais les aimer ? Il en était hors de question. Il ne manquait plus qu'ils sortent avec la tête de leur père pour enfoncer le clou et finir le travail que leur sorcier de père avait commencé. Ce serait vraiment le comble de la malédiction. Dans tous les cas, je devais les porter jusqu'à l'accouchement et maman Jeanne ferait d'eux ce qu'elle voudrait.
C'était également la première fois qu'elle me parlait de sa famille. Je ne savais rien d'elle avant ce jour , juste son nom, sa foi et l'activité qu'elle faisait au marché. Quand tu regardais son énergie et la joie de vivre dont elle faisait toujours preuve, tu étais loin de t'imaginer qu'elle avait autant souffert en perdant toute sa famille. Elle disait que j'étais sa famille désormais, sa fille et elle était pour moi véritablement une mère, à cause de ça, j'allais éviter de la faire pleurer et la rendre triste.
Un peu plus tard dans la soirée, les gens du quartier et ceux du marché étaient arrivés à la maison pour venir me voir. Certains m'avaient apporté à manger, d'autres à boire , d'aucuns des fruits et d'autres présents. J'étais vraiment surprise par leur geste. Des gens qui ne me connaissaient même pas m'avaient apporté des choses quand ils avaient appris que j'étais malade. Je n'avais rien dit, mais j'avais été émue. Je constatais par la même occasion que maman Jeanne était beaucoup aimée de ses voisins et amis du marché du coup comme elle leur avait dit que j'étais sa fille, ils avaient simplement fait un transfert. J'avais aussi été reconnaissante à maman Jeanne car elle avait préservé mon image. À la question de savoir pourquoi j'avais été à l'hôpital, elle avait dit que c'était des malaises liés à la grossesse.
Tantine Maggie : Le bébé va bien ?
Maman Jeanne : (souriant aux anges) Oui oh, ils vont très bien.
Tantine Pamela : Ils? Ce sont des jumeaux ?
Maman Jeanne : (heureuse) Vous même vous savez que mon Dieu m'aime non et quand Il décide de me bénir, Il ne fait jamais les choses à moitié. Il m'a béni avec trois petits fils.
Eux: (surpris) trois ?
Maman Jeanne : (souriant) Oui oh, trois. Ce sont des triplés.
Eux: (me regardant) Ah ça !
Tantine Maggie : (à moi)Ma fille, ton mari là est fort oh. Un coup et puis il met trois enfants ? À ce rythme là, vous aurez beaucoup d'enfants hein.
Tantine Pamela : Vraiment ça c'est un vrai garçon qui ne s'amuse pas avec les femmes. Il faut lui dire qu'il va payer fort pour la dot oh, il ne peut pas venir nous enceinter beaucoup comme ça et puis il va payer le même montant que les autres.
Les autres : Vraiment.
Elles avaient continué à parler de ça pendant que dans mon cœur je bouillonnais de colère, je ne voulais ni de près, ni de loin être associé à ce criminel. Carrément mon mari, n'importe quoi. Pour que telle chose arrive, il faudrait que ce soit avec mon cadavre. Elles avaient parlé encore pendant un moment avant de partir chez elles. Tantine Maggie avait remis l'argent de la recette à maman Jeanne et lui avait dit qu'il ne restait plus grand chose, elle allait terminer ça le lendemain…
Maman Jeanne : (venant s'asseoir à mes côtés) Demain matin nous allons sortir. Tu iras me montrer chez le père de tes enfants.
Je m'étais figée et j'avais arrêté mes dents sur la pomme que j'étais en train de manger. Je n'avais pas bien compris, elle venait de dire quoi?
Maman Jeanne : Tu as bien compris ce que j'ai dit, j'ai dit demain matin on va aller chez le papa de tes enfants. Je ne peux pas avoir le cœur tranquille en ne disant pas à cet homme qu'il va être père donc nous irons chez lui demain matin pour le voir.
Moi: (tremblante et baissant les yeux) Je, je ne connais pas chez lui.
Maman Jeanne : Tu ne sais pas mentir Mimi et ce n'est pas la peine de chercher à commencer. Il y a des gens qui savent et d'autres non. Tu connais très bien où habite le père de ton enfant et demain tu m'y emmèneras. J'ai fini de parler. Je m'en vais à l'église.
Elle s'était levée, avait pris son sac et la clé de la maison sur la table.
Maman Jeanne : (caressant mon ventre) Mes champions restez sages hein, Mami arrive. Elle va d'abord à l'église pour aller prier papa Jesus. Vous même quand vous allez naître, je vais vous emmener là-bas et vous serez de vrais serviteurs et fils du Dieu vivant. N'embêtez pas votre mère oh sinon elle va vous maltraiter ici en mon absence et je ne serai pas là pour vous prendre la part. Donc attendez mon retour (faisant un bisou sur le ventre) Je vous aime très fort et votre maman aussi mais elle ne le sait pas encore.
Dès qu'elle avait fini, elle était partie à l'église et m'avait laissé dans une agitation qui ne disait pas son nom. Elle voulait m'emmener chez ce sorcier ???...
Maman Jeanne : Mimi marche, ne me fait pas perdre mon temps.
Nous étions dans la petite commune d'Owendo en train de marcher dans Razel (quartier)pour arriver devant le grand portail du démon là. C'était à contre cœur que je m'étais retrouvée ici. J'avais tenté toutes les stratégies pour ne pas venir ici, j'avais joué la malade, simulé un malaise, la colère, la tristesse et j'avais même dit que j'avais des douleurs articulaires et musculaires mais rien n'avait pris. Elle m'y avait emmené et nous étions à quelques pas de chez lui.
Maman Jeanne : (regardant autour d'elle) Vraiment dans le Gabon des Bongo (famille présidentielle) là, il y a des gens qui vivent bien oh. Donc il y a même des grandes maisons comme ça ici? Woh. (Me regardant) Et tu dis que le père de tes enfants habite ici?
Moi : (Du bout des lèvres) Oui.
Maman Jeanne : Ah ça. Donc il est riche oh. C'est où la maison ?
Moi: (m'arrêtant devant leur portail) Ici.
Elle avait écarquillé les yeux car il s'agissait de l'un des deux plus grands portails de cette cité et leur maison était la plus grande.
Maman Jeanne : (les grands yeux) C'est ici?
Moi: Oui.
Maman Jeanne : Eh! Attends, il a quel âge et il fait quoi dans la vie pour avoir une telle maison ?
Moi: Il a 18 ans et il est élève.
Maman Jeanne : (mettant la main sur le cœur) Merci Seigneur. J'ai eu tellement peur que ce soit un vieux papa qui avait profité de ton innocence et de ta jeunesse. Je serais allée tout de suite le dénoncer pour détournement de mineurs.
Moi: (dans ma tête) J'aurais même encore préféré tomber sur un vieux papa que sur cet agent du diable sorti tout droit des ténèbres qui est venu détruire ma vie.
Maman Jeanne : Donc ici c'est la maison de ses parents ?
Moi: Oui.
Maman Jeanne : Ok.
Elle avait sonné et le gardien avait guetté pour voir qui c'était. Comme il m'avait reconnu, il avait ouvert le portail.
Lui: (souriant) Bonjour madame Myrna, vous allez bien ?
Depuis que le sorcier là m'avait grimpé dessus le premier jour, il avait dit à leur gardien, le lendemain que j'étais sa femme et que donc j'étais maintenant madame Myrna. Quand j'écoutais ça aujourd'hui, une colère sourde étreignait mon cœur car je réalisais que c'était à cause des bêtises comme ça qu'il se jouait de moi ce chien.
Moi: (rictus amer) Bonjour, oui je vais bien.
Lui: Vous êtes venue pour voir monsieur ?
Moi: oui.
Lui: Ah, il ne vous a pas dit?
Moi: Dire quoi?
Lui: Qu'il partait en France. Ça fait maintenant un mois et demi . Dès qu'il a eu son bac, il est parti.
Moi: (Dans ma tête) Donc il a même eu son bac et est allé poursuivre ses rêves hein pendant que moi je suis ici avec tous mes rêves brisés et ces trois choses qu'il a mis dans mon ventre pour bien ponctuer ses actes.
Des larmes de tristesse teintées de colère avaient voulu me monter aux yeux mais je les avais réprimés.
Maman Jeanne : Et ses parents ne sont pas là ?
Lui: Non. Ils sont tous les deux en voyage. Madame est en Allemagne et monsieur en Afrique du Sud.
Maman Jeanne : Eh! Mais les gens-là ne restent pas chez eux ? C'est quelle façon d'être éparpillé comme ça dans les quatre coins du monde ? Et ils reviennent quand ?
Lui: Je ne saurais vous le dire. Ils n'ont pas donné des informations à ce propos. En plus, comme le petit patron n'est plus ici, c'est pas sûr qu'ils reviennent tout de suite.
Maman Jeanne : Vous n'avez pas de numéro sur lequel on peut les joindre ?
Lui: Non maman.
Maman Jeanne : Ah. En tout cas merci mon fils, je reviendrai prochainement. Que Dieu te bénisse.
Lui: Amen.
Nous avions dit au-revoir et nous étions parties de là. Durant le trajet retour, j'étais silencieuse, je repensais à ce qu'il nous avait dit et mon cœur était bien gros. C'était même bien comme je ne l'avais pas trouvé. J'espérais qu'une voiture allait l'écraser là où il était en France là-bas et qu'il souffrirait tellement qu'il n'en dormirait plus de la nuit. Et que.
Maman Jeanne : (m'interrompant)Myrna ne m'énerve pas tu m'entends non? Dis encore une parole de malédiction sur lui là et je vais te gifler dans le bus là.
J'avais attaché mon visage et collé ma tête contre la vitre en le chassant de mes pensées. Nous étions arrivées à la maison quelques minutes plus tard et j'étais directement allée m'allonger dans la chambre. Elle avait pris le linge sale et était allée le laver derrière la maison . Pendant ce temps, j'avais laissé libre cours à mes larmes. Je pleurais de colère, de tristesse, d'amertume, de tous. Je repensais à tout ce que je voulais faire et tous les projets que j'avais et je pleurais. Ce démon n'avait pas seulement tué mes parents, il avait véritablement détruit ma vie et toutes mes chances de réussite. Je le détestais, je le détestais de toutes mes forces et j'allais le faire jusqu'à la fin de ma vie, c'était une promesse que je m'étais faite ce jour…
Le temps était passé et la vie avait repris son cours. Après une semaine à la maison à prendre soin de moi, maman Jeanne avait dû reprendre la route du marché parce que disait-elle, l'argent ne tombait pas du ciel. Pour que la pluie de Dieu arrose tes champs, il fallait d'abord en avoir et donc elle était retournée vendre. Mais ne voulant plus me laisser toute seule à la maison, elle m'avait entraîné avec elle au marché et j'avais découvert le monde du commerce au marché de Mont Bouet. Je ne vendais pas, j'étais seulement assise non loin d'elle et je les regardais vendre. Je ne parlais pas beaucoup et ne riait pas non plus mais cela me changeait des journées que je passais toute seule à la maison. Toutes les femmes et les hommes du marché me traitaient avec beaucoup d' égards et veillaient à ce que je ne manque de rien.
Parallèlement à la maison, on avait dû aménager la deuxième chambre pour que je l'occupe quand les enfants arriverait. Maman Jeanne avait fait tout le trousseau avec l'aide des gens du quartier , de l'église et du marché. Au marché, ils s'étaient même cotisés pour m'acheter un grand berceau pour les enfants, tout était prêt. Maman Jeanne avait refait deux tours chez les parents de l'autre là, mais toujours rien, ils n'étaient pas rentrés. Elle avait dit qu'elle retournerait après l'accouchement et avait décidé de se concentrer sur moi et les enfants.
Un matin, je m'étais réveillée et j'étais énormément triste car c'était le jour de l'anniversaire de ma mère. Je n'avais envie de rien faire et je voulais simplement pleurer car je me sentais coupable de sa mort précipitée. J'étais allongée à la chambre et je ne voulais pas me lever du lit. Depuis deux jours en arrière, j'avais aussi des douleurs au niveau du bas ventre et du dos. Ce jour, les douleurs étaient très fortes. Je pleurais non seulement pour ma mère, mais aussi pour ces douleurs qui me faisaient très mal. Maman Jeanne était venue me trouver à la chambre.
Maman Jeanne : Mimi tu as déjà beaucoup mal?
Moi: (essuyant une larme) Oui.
Maman Jeanne : Bientôt tu vas accoucher , ce sont les douleurs. Viens quand même manger un peu.
Je m'étais redressée. À peine j'avais mis un pied au sol qu'un liquide avait coulé de mes jambes.
Maman Jeanne : Eyeee, Mimi c'est déjà le moment oh, tu vas accoucher.
J'étais figée. Je n'arrivais pas à bouger. C'était alors que les vraies douleurs avaient commencé. Tout ce que je ressentais au début là, c'était seulement de la plaisanterie. J'avais commencé à pleurer sérieusement. Comme elle voyait que je ne pouvais plus bouger, elle avait appelé les voisins qui m'avaient soulevés jusqu'à la route et nous étions partis à l'hôpital. Les petits monstres qui étaient dans mon ventre me faisaient tellement mal que juste après être rentrée en salle , je m'étais évanouie…
Moi: (ouvrant les yeux)
Maman Jeanne : Mimi tu t'es réveillée ?
Moi: Où suis-je ?
Maman Jeanne : à l'hôpital, tu t'es évanouie dans la salle d'accouchement. On a dû t'opérer pour faire sortir les bébés.
Une douleur au niveau du bas de mon ventre m'indiquait la véracité de ses propos. C'était comme j'avais dit, ces monstres étaient venus achever l'œuvre de leur diable de père. Un bruit de pleurs de bébé avait avait attiré mon attention et j'avais tourné ma tête vers les minis berceaux en plastique qui étaient juste à côté de moi. J'avais vu ces enfants qui avaient le teint trop clair comparé au mien. Un regard sur leur visage et mon cœur s'était serré.
Moi: (Dans ma tête) sorcier.
Maman Jeanne : (soulevant un des bébés) Tu veux les porter?
Moi: (visage fermé) Non….