Chapitre 22 : Joyeux anniversaire !

Write by Auby88

"Joyeux anniversaire fidèle amie, mille souvenirs à la hauteur de ta vie.

Maxalexis ; Joyeux anniversaire Claudia (2008)"


Devant la piscine à débordement face à la mer, Sandra est étendue sur l'un des fauteuils pliables. Derrière elle, on aperçoit une haie formée par des grands arbres. Elle porte un bikini rose. Des lunettes de soleil protègent ses yeux pendant que sa peau bronze au soleil.

Elle se relève avec hâte quand elle aperçoit son homme, et court l'embrasser. Il l'enlace. Elle lui rappelle combien elle s'ennuyait sans lui.

- Je ne me suis absenté qu'une semaine ! rétorque-t-il.

- Sept jours interminables sans tes baisers, tes caresses …

Elle promène ses doigts sur son corps. Il la laisse faire, sans intérêt manifeste.

- Tu n'es plus fâché contre moi, j'espère, demande-t-elle.

- Non. Du moins, tant que tu ne recommenceras pas avec tes reproches.

Elle se débarrasse de ses pièces de tissu et l'invite à des jeux coquins devant la piscine. Il prend une serviette qu'il noue autour de son corps nu. Elle s'offusque. Ils en avaient pourtant l'habitude.

- Je vais prendre une douche et me reposer.

- Alors, je viens avec toi !

- Sandra, je suis fatigué ! On aura tout le temps pour cela !

- Dis plutôt que tu t'es bien amusé​ avec ta garce. Je parie qu'elle n'a pas hésité à se glisser dans ton lit, à forniquer avec un homme qui n'est pas le sien, pendant qu'aux yeux de tous, elle joue à la sainte.

- Pense ce que tu veux ! J'ai mieux à faire.

- Richmond, reviens ! Je te parle.

Il n'attend pas. A pas pressés, il s'éloigne vers la maison. En rouspétant, elle fait malencontreusement tomber sa serviette. Elle se baisse pour la ramasser et se rend compte que quelqu'un la regarde. Elle vocifère contre le jardinier, puisque c'est de lui qu'il s'agit, et se dirige vers la maison.


Dans l'après-midi, une BMW vient s'ajouter aux deux Range Rover déjà présentes dans le garage de Richmond. Satine en sort. Elle longe la grande allée carrelée, bordée de gazon, passe devant la piscine puis fait coulisser la grande baie vitrée qui donne accès au vaste salon. Sur le mur face à l'entrée principale, on aperçoit un gigantesque poster de Sandra. Le salon est décoré en style africain. Des masques ainsi qu'une gravure portant les symboles des douze principaux rois du royaume Danxomè sont disposés autour d'une télevision Ultra HD ( Haute Définition) fixée au mur.


Elle appelle Richmond, mais n'entend que l'écho de sa propre voix. Elle dépose son sac dans le grand canapé en cuir rempli de petits coussins blancs et marrons, manque de cogner l'énorme vase décoratif, puis va faire un coucou aux petits habitants de la table basse aquarium, placée devant le canapé.

Sandra apparaît derrière elle.

- Si c'est ton frère que tu cherches, il est en haut dans la chambre ! Je sors.


La nouvelle Satine se retourne et regarde Sandra s'éloigner sans dire mot. Elle monte une par une les marches en bois, en prenant appui sur la rampe en verre. Elle bifurque à droite, la gauche donnant sur la terrasse où Richmond aime se retrancher. Elle longe le couloir, passe devant deux portes puis s'arrête sur la troisième.


- Richmond, t'es là ?

- Oui, Entre Satine !

Elle tire les rideaux et fait coulisser une longue baie vitrée, qui offre une belle vue sur la maison et la mer. Les rayons du soleil de l'après-midi s'invitent dans la chambre. Richmond ébloui, ferme les yeux.

- Qu'est-ce que tu fais, Satine !

- Je laisse entrer le soleil et l'air naturel, répond-t-elle. Ne trouves-tu pas qu'on respire mieux ainsi, sans l'air artificiel de la clim ?

- Bah ! fait-il.

Du revers de la main, Satine pousse l'un des pans de la tenture du lit à baldaquin et saute par-dessus...


- Satine ! Tu m'étouffes avec tes bisous !

Elle essuie les marques de rouge-à-lèvre et poursuit :

- Qu'est-ce que tu m'as ramené ?

- Moi et …

Il ouvre le tiroir au chevet du lit et lui tend un petit coffret. Elle l'ouvre sans tarder, puis se précipite vers la coiffeuse.

- Ce collier est magnifique, Richmond ! Et le design au milieu est original : un cocotier en cristal blanc argenté !

- Je suis content que cela te plaise.

Il se rendent sur le balcon de la chambre à coucher.

- Dis, Sandra et toi, vous vous êtes encore disputés ? Elle m'a semblé en colère tout à l'heure !

- Oui, nous nous sommes chamaillés pour la rengaine habituelle. Que des broutilles ! Cela ne vaut même pas la peine qu'on en parle !

- Ok. Je suis passé te dire que demain, c'est l'anniversaire de Cica. Et je compte lui faire une petite fête.

Les yeux de Richmond s'illuminent en écoutant sa sœur.

- Elle m'a dit que ce n'était qu'une date commémorative, pas sa vraie date de naissance, mais je tiens à lui faire passer une journée inoubliable.

- Tu peux compter sur moi, Satine ! Je t'aiderai à tout organiser.

- Merci d'avance. Il faut que je file ! Richmond !

- Déjà !

- Oui. J'ai des cours à lire et une fête à organiser.

- D'accord, je ne te retiendrai pas plus. Je passerai à la maison ce soir pour qu'on fixe tout pour demain.

- C'est compris.

Il la raccompagne en bas. Elle insiste pour qu'il la laisse sur le perron. Il s'assoit sur l'une des chaises à bascule tandis qu'elle s'en va au loin. Un sourire naît à la commissure de ses lèvres puis s'élargit, laissant apparaître ses fossettes. Il se lève précipitamment, monte rapidement les marches et cherche son mobile.


- Allô Cica !

La voix de son interlocutrice est radieuse, gaie. Un doux frisson s'empare de lui.

- Je voulais juste prendre de tes nouvelles.

- Je vais bien, Richmond. C'est gentil ! J'espère que tu as pu te reposer !

Il acquiesce.

- Il faut que je te laisse. Je suis dans le bureau de soeur Grâce. Elle te salue.

- Dis-lui que je lui envoie mes salutations respectueuses.

Elle raccroche.

- Je t'ai-me ! ajoute-t-il dans le vide.

Il le crie encore et encore. Les mots résonnent bizarres, exceptionnels et tout nouveaux dans son oreille.

- Je t'aime, Cica !


Il s'esclaffe tout seul et l'instant d'après​, son visage s'assombrit. Un prénom lui revient à l'esprit : Leo, le petit-ami de Cica. Il souffre rien qu'à l'idée de les savoir ensemble, mais ne se résigne pas à perdre celle qui fait battre son coeur …


Le lendemain, dans l'après-midi. Il se gare devant l'orphelinat. Elle est là, sur le portail. A ses yeux, elle est encore plus belle que d'habitude. Elle porte une longue jupe paysanne en pagne sous un polo noir qui dessine les formes de ses seins. Les yeux de Richmond s'y hasardent. Elle ajuste prestement le foulard noué à son cou, de sorte qu'il couvre entièrement sa poitrine. Il réprime un rire.

- Après vous, belle bohémienne, fait-il en lui ouvrant la portière arrière.

Elle baisse les yeux et entre à l'intérieur. Il referme la portière et passe de l'autre côté pour s'asseoir près d'elle.

- Tu peux me dire où l'on va ?

- C'est une surprise. Satine tient à ce que l'endroit soit secret.

Elle insiste pour qu'il lui donne des détails. Il reste bouche cousue. La voiture quitte Abomey-calavi, passe par Akassato puis bifurque dans une grande descente à droite.

- On va a Zinvié visiter un orphelinat ? demande-t-elle.

- Pas exactement. Tu ne m'auras pas, Cica ! Même pas avec ces yeux qui m'implorent !

En empruntant la grande voie ferrugineuse, elle regarde le paysage plutôt désert par endroits.

- Monsieur, vous comptez toujours prendre le volant ? interroge le chauffeur.

- Non, Charles. Conduire de Fidjrossè à Abomey-Calavi m'a un peu fatigué la main. Et je suis en très bonne compagnie derrière.

Cica ne l'entend pas. Elle s'inquiète.

- Le soleil commence déjà à se coucher. Et j'ai dit aux soeurs que je rentrerai ce soir. Il reste encore beaucoup de distance à parcourir ?

- Nous ne sommes pas encore à la moitié du chemin. Satine ne t'a pas dit qu'on rentrait demain ?

- Non ! fit-elle avec étonnement. Il faut que je rentre ce soir, sinon Soeur Anne me fera toute une scène.

- Tu es pourtant assez grande pour prendre tes propres décisions, pour être indépendante. Rien ne te retient là bas, à moins que je me trompe !

Il plonge ses yeux éméraudes dans les siens. Elle tourne la tête.

- Si tu le souhaites, je peux t'aider à acquérir ton propre appartement.

- Merci, mais non. Je ne voudrais pas dépendre de toi !

- Je t'assure que je le ferai sans arrière pensée. Juste un geste amical. Et puis, si tu le souhaites, tu pourras me rembourser après.

- Je te le répète : Non ! Sujet clos, Richmond ! dit-elle en haussant le ton.

- C'est bon. J'ai compris. Ce n'est la peine de te fâcher pour cela !

- Excuse-moi. C'est juste que je ne peux m'empêcher d'être inquiète. Je ...


Charles freine brusquement. La voiture s'immobilise. Ils sont projetés vers l'avant mais restent soutenus par leurs ceintures de sécurité.

Le chauffeur descend.

- Il ne manquait plus que cela ! Que l'on se retrouve coincés au milieu de nulle part !

- Garde ton calme, Cica ! lui conseille Richmond. Je vais voir ce qui se passe.

Elle soupire profondément.

- Monsieur, j'ai bien peur qu'on en ait pour longtemps. Malheureusement, je ne vois aucun mécanicien à l'horizon. Tout semble désert par ici.

- On est dans la "merde", Charles ! Qu'est-ce qu'on fait ?

- Je vais essayer de repérer les lieux et voir si je trouve un mécanicien quelque part. Restez avec la dame !

Cica sort précipitamment de la voiture.

- Je vous ai entendus, Richmond.

- Tout ira bien. Je vais prévenir Satine qu'on aura un peu de retard.

Il essaie plusieurs fois en vain. Pas de réseau dans la zone.

- Comment veux-tu que je me calme avec tout ça ? Je suis complètement perdue ! Je ne sais ni où on va, ni où on est, ni quand est-ce qu'on quitte ici ! Et le comble, c'est que j'ai oublié mon téléphone à l'orphelinat. Soeur Anne pensera encore du mal de moi.

- Je suis désolé. Je ne voulais pas te faire du tort. Satine voulait profiter de ton anniversaire pour te faire visiter sa maison.

Elle écarquille les yeux. Il poursuit :

- Arsène, le vieux et Samson doivent y être déjà. De toute façon, la surprise est entachée. Avec toi, je ne fais que des gaffes !

Son regard s'attriste.

- Je ne suis qu'une idiote, reconnaît-elle. Je devrais te remercier au lieu de respecter là à rouspéter.

- Ok.

Il répond d'un trait, le regard fixé sur la voie. Elle se mord la lèvre inférieure.


Environ une heure plus tard, Charles s'amène derrière une vieille bicyclette, avec le mécano à l'avant. Un apprenti arrive à pied après eux.

- Panne là, c'est pas petit missié, assure le mécano qui parle un français pas trop orthodoxe.

- Vous êtes sûre que vous êtes un habitué de ce genre de véhicule de marque ? interroge Richmond.

- Oui, missié. Je suis le plus bon ici. Le  coin est village encore, mais c'est dans ville j'ai travaillé avant de venir ici.

Richmond n'est pas convaincu, mais le laisse faire.

Le soleil disparaît complètement, laissant place à une obscurité qui s'en va grandissante, colorée par le chant des grillons, les croassements des crapauds et le vent qui souffle crescendo. Cica commence à grelotter. Richmond ôte sa veste et la couvre avec. Elle le remercie du geste.

- Vous en avez encore pour longtemps ?

- Oui, missié. Faut chercher où dormir nuit là, surtout pour madame. Si vous voulez, y a chambre libre chez moi. C'est pas maison de riche, mais c'est propre.

- Je vous remercie. Mais je préférerais un hôtel ou une auberge.

-  Missié, y a pas hôtel ou auberge ici, mais cabaret. Dedans, ya chambres de passage et clients pleins de sodabi. Endroit pas bon pour la demoiselle !


Richmond demande l'avis de Cica, qui est demeurée muette depuis. Ils acceptent d'être hébergés par le mécano. L'apprenti les conduit à la demeure tandis que Charles reste avec le mécano.













 














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