Chapitre 22 : Welcome back

Write by Néfi

Il était 15h tapantes, le lendemain, lorsque j’entendis frapper à la porte de mon bureau. Ce devait être le directeur de Protech, la société nous fournissant le nouveau progiciel.

-          Entrez, répondis-je, tout en finissant rapidement ce que je faisais.

J’étais encore concentrée sur mon ordinateur lorsqu’Esther, ma secrétaire, entra et me dit :

-          Dona, Voici Monsieur FENICAN Alex, directeur de ProTech.

Je manquai de tomber lorsque j’entendis son nom. Je levai immédiatement mes yeux de mon PC, pour voir si c’était vraiment lui. Oui c’était lui. Il paraissait tout aussi surpris que moi. Plus aucun son n’arrivait à sortir de ma bouche, qui du coup était entrouverte. J’étais figée sur cet homme qui était juste derrière Esther. Cette dernière dut sentir le malaise et toussota.

-          Euh Esther, c’est ton rendez-vous. Mr FENICAN, directeur de proTech, tu sais euh, pour l’installation du progiciel de comptabilité.

Je respirai profondément, sortit mon plus beau sourire et lui dit :

-          Je te remercie Esther. Entrez Mr FENICAN (rien que de l’appeler comme ça, me faisait bizarre). Bonjour, installez-vous, lui dis-je en lui montrant les sièges de l’autre côté de mon bureau.

Il s’avança d’un pas hésitant. Il ne s’attendait certainement pas à me revoir là, tout de suite, ici, à son rendez-vous. J’en profitai pour l’étudier. Il avait pris un peu de poids, mais était toujours aussi charmant. Il avait porté une chemise blanche, savamment mise dans son pantalon bleu marine, avec des mocassins noirs. Les manches de sa chemise étaient repliées sur quelques petits centimètres, ce qui lui donnait une allure décontractée, mais somme toute professionnelle. Il était bien coiffé, bien rasé, et ses lunettes venaient rajouter la touche « geek intello » qu’il manquait. Je le trouvais séduisant et mon cœur battait la chamade. Il s’installa tout doucement et j’observais ses moindres faits et gestes.

« Heureusement que tu t’es bien habillée aujourd’hui », pensa ma J.A., avec un air mi-figue, mi-raisin. Cette rencontre ne lui plaisait guère.

Effectivement, je me sentais plutôt belle. J’avais mis une robe droite mini vert émeraude, sans manche, avec des escarpins noirs de 8 cm. J’avais savamment relevé mon lace wig en chignon « donut », au milieu de ma tête.  Je me sentais fraiche, séduisante, mais professionnelle. Je devais retrouver mes esprits, agir de façon professionnelle, et ne pas laisser mes sentiments personnels (ô combien frustrants), m’envahir.

-          Alex, Comment vas-tu ? Ça fait un bail. Je ne savais pas que tu étais de retour au pays, lui demandai-je en le fixant bien droit dans les yeux.  (hé ouais Alex, je n’ai pas peur de toi ; c’est même à toi d’avoir peur, tu me dois des explications, enfin pour plus tard).

-          Dona, comment dire, je ne m’attendais pas à te retrouver ici. Wao, je suis fier de toi. Tu es donc la directrice du service informatique ici.

-          Et oui, comme tu vois.

-          En fait, je suis de retour au pays depuis 6 mois seulement. J’avais commencé à travailler pour une banque en France il y a 8 ans, mais je me suis rapidement mis à mon propre compte. Ca fait bientôt 2 ans que je travaille sur le progiciel et j’ai décidé de rentrer au pays m’installer définitivement.

-          Welcome back ! lui lançai-je, le plus sérieusement possible.

-          Merci Dona.

-          Je te propose sans plus tarder, de rejoindre mes autres collègues en salle de réunion. Ils nous attendent.

Je me levai, fit le tour de mon bureau et me dirigeai vers la porte. Forcément je devais passer derrière la chaise où il était assis. Il se leva brusquement, se rapprocha de moi, et me prit la main. Surprise, je me détachai de lui :

-          Qu’est-ce qui te prend Alex, lâche moi !

Il ne me relâcha pas, mais se mis à me caresser le revers de ma main, avec son pouce. Je ne savais pas quoi faire. Ma tête me disait qu’il n’avait pas le droit de faire ça, mais mon cœur disait tout le contraire. Tant bien que mal, je me détachai, au bout d’interminables secondes.

-          Excuse-moi Dona, je sais que je n’ai probablement plus le droit de te toucher, mais te voir là, a ravivé des souvenirs en moi.

-          Je ne te permets pas Alex ! Et tu as perdu ce droit là depuis le jour où, une fois encore tu m’as laissée tomber.

Vu la violence des mots que je venais de proférer, il me regarda, les yeux plein de  confusion, marqués par la douleur, mais il me relâcha aussitôt. Nous sortîmes du bureau sans un mot.

 

Deux heures plus tard, Philippe, mon directeur adjoint me rejoint dans mon bureau, après la réunion.

-          Dona, je m’attendais à un peu plus de discussions et de refus de la part de proTech. Le directeur m’a paru totalement passif. On a réussi à lui faire accepter toutes nos conditions, me dit-il tout joyeux.

-          Oui j’avoue. C’est plutôt bien pour nous. Le progiciel sera livré d’ici bientôt 2 mois, le temps qu’ils fassent des réajustements. N’oublie pas de lui renvoyer le cahier des charges mis à jour.

-          Très bien chef, répondit-il, tout en quittant mon bureau. A demain, bonne soirée.

-          Bonne soirée Phillipe.

J’avais enfin du temps pour moi, pour repenser toute cette après-midi, et surtout me remettre de mes émotions. Etait-il marié, avait-il des enfants, était-il rentré vraiment définitivement ? Toutes ces questions me taraudaient l’esprit. Mais encore une fois ma raison, m’obligeait à le fuir. Non, cet homme n’était assurément pas fait pour moi.

************2 mois plus tard********

Tant bien que mal, nous avions réussi à installer ce progiciel avec succès. Nous nous retrouvâmes avec toute l’équipe de mon service et de proTech, dans un bar pour fêter la réussite. Vous-savez-qui était forcément de la partie. Depuis le jour où je l’avais revu, j’avais tout fait pour limiter nos échanges. J’avais privilégié uniquement les mails et pour les rencontres, j’avais laissé Philippe se charger de les faire. Bien évidemment, Alex avait essayé de me voir, de m’avoir au téléphone. Mais je refusais ou je rejetais immédiatement ses appels. L’équipe ne comprenait pas que pour une tâche aussi importante, que je ne m’impliquais pas beaucoup plus, personnellement. Tant pis, je n’avais pas d’explication à leur donner.

Nous étions donc une bonne vingtaine, tous assis à une table, dans un bar climatisé de Cotonou. Je sirotais savoureusement mon Mojito et j’écoutais, les discussions par ci et par là. Vous vous doutiez bien que je ne pensais qu’à une seule personne. Je m’étais arrangée pour m’asseoir loin de lui. Mais il n’arrêtait pas de me fixer, de me regarder avec ses yeux pénétrants. J’avais un pressentiment, celui qui me laissait penser que, cette soirée risquait d’être spéciale. 

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