Chapitre 23 : Sourire à la vie
Write by Néfi
****************Quelques heures avant la scène du chapitre 1*********************
La soirée se déroulait bien. Esther qui était assise juste à côté de moi n’arrêtait pas d’amuser la galerie. Elle nous racontait, comment à maintes reprises, elle avait pu repousser les avances des hommes, surtout ceux d’un certain âge, marié et avec une ribambelle d’enfants. Chacun de nos collègues s’offusquait, disant que jamais, ils ne seraient capables de faire ça à leur femme. Tout le monde discutait, sauf évidemment Alex et moi, qui étions comme insensibles à ce tohu-bohu.
Fidèle à sa curiosité, Esther demanda à Alex :
Et vous, Mr Fenican, êtes-vous mariés?
Il me regarda automatiquement, comme si il savait que sa réponse serait fatale pour moi. Mon coeur battait la chamade. J’essayais de ne rien montrer de mon interrogation interne.
“Calme-toi”, me dit ma J.A. “Sa réponse ne doit rien changer pour toi Dona!”.
“Mouais, mouais c’est ça”, lui répondis-je, sachant bien que c’était le contraire.
Oui, je suis marié Mlle Esther, dit-il, toujours en me regardant.
Je manquai tomber de ma chaise. Alex était donc marié. Tout au fond de moi, j’avais gardé l’espoir qu’il m’aimait toujours, qu’il ne m’avait pas oubliée. Une autre avait donc réussi, là où, moi j’avais échoué. Oui je le considérais comme un échec, cet échec qui m’avait suivi toute ma vie et m’avait quasiment détruite. Je n’avais pas réussi à le garder, à garder l’homme que j’aimais.
Esther continua son interrogatoire.
Whao, je n’aurais jamais cru ça. Vous ne portez pourtant pas de bague. ça fait longtemps que vous êtes mariés?
Environ 10 ans. J’avoue que ce n’est pas une partie de plaisir.
N’en pouvant plus, je me levai de ma chaise , bredouillai une excuse et me dirigeai vers la sortie. je tenais mes larmes qui menaçaient de sortir, durant toute la traversée du bar. Une fois dehors, j’explosai. Une douleur intense venait de me percer le coeur. C’était comme si on me poignardait à plusieurs reprises. Alex était bel et bien marié, et ce, depuis une dizaine d’années. L’idée m'avait effleuré quelques fois durant ces dernières années, mais j’avais vite fait de la refouler à chaque fois. L’air frais me fit du bien. J’avais besoin d’encore plus, de penser à autre chose. Machinalement, je me dirigeai vers ma voiture. J’avais les clés dans la poche de ma veste, comme par magie. Je m’apprêtais à démarrer quand, Alex surgit de nulle part et cogna à la vitre, du côté passager. Je passai la reverse afin de fuir au plus vite. Je ne voulais pas entendre ses explications morbides. Voyant ma volonté de ne pas le laisser entrer, il ouvrit la porte de la voiture. Je fus donc obligée de m’arrêter.
Dona stp, je ne voulais pas que tu l’apprennes comme ça.
Alex, fous-moi la paix. Je pense que j’en ai assez entendu, venant de toi.
Laisse-moi te raconter, me lança -t-il en grimpant dans la voiture.
J’étais quand même curieuse, de savoir, au fond de moi, ce qui s’était passé. Il dut prendre mon silence pour un acquiescement et grimpa dans la voiture. Je roulais en silence, tout en me dirigeant vers la plage de Cotonou. J’avais laissé les fenêtres entrouvertes, et le vent soufflait paisiblement à l’intérieur de la voiture. Cela m’apaisait. Lui non plus, ne parlait pas, comme si il préparait le speech qu’il allait me servir. Je m’arrêtai dans une rue à peine éclairée, près de la mer.
Ecoute Dona, je te mentirai si je te disais que ma femme n’était pas quelqu’un de formidable.
Rien que de l’entendre dire le mot “ma femme”, me brisa le coeur. Il me regardait, mais moi je regardait droit devant moi. Je n’avais pas envie de craquer.
“Ça commence bien dis donc”, pensa ma J.A.
Il poursuivit :
J’ai en quelque sorte été contraint de me marier.
Décidément, lui et ses contraintes, pensai-je. Entre moi, qu’il était contraint de laisser, et sa femme qu’il fut contraint d’épouser, je commençai à douter de lui sérieusement.
Il prit ma main, comme si il avait lu dans mes pensées :
Regarde-moi Dona, stp, murmura-t-il.
Je levai donc les yeux vers lui. Je le sentais troublé. Il me paraissait réellement sincère, et même triste de cette situation. Je reconnus aussitôt mon Alex, celui dont j’étais tombée amoureuse. Il serra mes doigts autour des siens et commença à caresser ma main avec son pouce.
Ce ne fut pas facile, tu sais, de te quitter encore une fois. Mais je n’avais pas le choix Dona. Je n’avais pas le droit d’être égoïste et de ne penser qu’à moi. Il n’était pas question que je te fasse courir le moindre risque.
Alex, on aurait pu en parler, trouver des alternatives. Mais à chaque fois, tu prenais la décision pour nous 2. Moi je n’avais pas mon mot à dire peut-être? Et maintenant tu m’annonces que tu es marié et que tu l’as fait par contrainte. Quelle contrainte hein Alex, dis-moi, quelle contrainte? Le même type de contrainte qui t’a fait m’abandonner plusieurs fois dans le passé? sais-tu combien de nuits blanches, j’ai fait, en pensant encore et encore à tout ça? Le nombre d’heures où j’étais concentrée sur mon téléphone, en espérant un appel de toi? Mais non, toi tu te pavanais avec une autre femme en France, et tu faisais la belle vie. Me donner un coup de fil, un sms, un mail pour m’expliquer ou me dire au revoir , aurait été de trop peut-être?
Je ne sais pas pourquoi, mais il ne lâchait pas ma main et me regardait droit dans les yeux, pendant que je parlais. Au lieu de répondre, il me caressa la joue. Ce geste me déconcerta.
Calme- toi bb, je te comprends tellement ma puce, C’est normal que tu sois en colère. Viens par là.
Il m’enlaça et me prit dans ses bras. Je ne sais pas pourquoi, les larmes commençaient à affluer sur ma joue. Je pleurai toutes les larmes de mon corps, comme pour évacuer toute cette frustration et cette tristesse que je pouvais ressentir. Je respirai son odeur. Dieu qu’elle était énivrante. Mon coeur fondit et, inexorablement attirés l’un par l’autre, nous échangeâmes un baiser, tendre et langoureux.
*********************************Le chapitre 1 se déroule*************************************
Ce coup de fil, fut comme une gifle pour moi. Je devais me réveiller de mon sommeil et faire la part des choses. “Utilise ta tête, ma fille, et non ton coeur pour une fois” pensai-je. Cela faisait presque 10 ans, que cet homme était dans ma vie, je ne m’en sortais pas émotionnellement et de surcroît, il était marié. En fait, peu importe les raisons qui l’avaient poussé à agir ainsi, je m’en fichais royalement. Je m’en foutais royalement. C’était décidé, je le voulais définitivement hors de ma vue et de ma vie ce mec. Je ne pouvais pas continuer à vivre ainsi, en espérant qu’il revienne à chaque fois. A quoi bon attendre, puisque sa décision serait toujours la même. J’étais dans une impasse, je devai replier, le plus vite possible, tel un soldat engagé dans un piège en pleine guerre. Oui, il le fallait. Je méritais mieux que ça, que ces baisers volés, ces moment de sexe, bien qu’intenses, mais dans une voiture, en plein milieu de Cotonou. Pff, qui l’eut cru, moi Dona, entrain de faire l’amour dans un coin de Cotonou, la nuit. Oh Mon Dieu, j’étais vraiment tombée bien bas. J’étais comme libérée d’un fardeau. J’avais même l’impression d’être bipolaire. Il y a à peine 10 minutes, je voyais Alex comme l’homme de ma vie et maintenat, c’était comme si je n’avais jamais rien ressenti pour lui. C’était certainement un mal pour un bien, il fallait peut être que je passe par là pour me libérer de lui. Je n’attendis pas une minute de plus, ni qu’il revienne. Je refermai toutes les portes de la voiture, démarrai et je partis en le laissant planquer là. Je le vis dans le rétroviseur, entrain de courir après la voiture. Je rigolai. J’étais enfin libre de tout sentiment de frustration, de mal-être.
Je passai la nuit la plus agréable de toute ma vie, et dormis comme un bb. Esther n’en revenait pas, lorsqu’elle me vit arrivée au boulot le lendemain, les bras chargés de croissants et pains au chocolat pour l’équipe et bonbons et marshmallows pour elle et moi. Elle m’informa qu’Alex avait cherché à me joindre dès l’ouverture des bureaux. Je lui intimai fermement l’ordre de ne pas me le passer et que je n’étais pas disponible pour lui. Je le bloquai également de mon téléphone. Bien sûr, il chercha à venir au boulot me parler, mais j’avais donné les mêmes directives aux agents de sécurité, et même chez mes parents à la maison. L’avantage , c’est qu’il ne connaissait pas où j’habitais., donc il n’y avait pas de risque qu’il débarque chez moi.
Après un bon mois de tentatives infructueuses, il finit par tout lâcher. J’appris par un message qu’il avait laissé à Esther, qu’il était retourné en France. “Bon débarras” pensa ma J.A. en faisant un salto arrière.
Je rayonnais à nouveau, j’avais retrouvé ma joie de vivre, Je sortais beaucoup plus avec les copines, faisais des voyages en Afrique, en Europe. Je profitais simplement de mon renouveau.
Mon nouveau slogan était : “La vie est belle Dona, autant en profiter”. Oui, j’en étais sûre, un meilleur avenir m’attendait. Il fallait juste que je morde la vie à pleine dents.