Chapitre 23

Write by WumiRa

- C'est vraiment ce que tu penses de moi ? demanda Malik, d'un ton infiniment posé. Tu trouves que je n'ai aucun respect envers les femmes ?


- Envers celles avec qui tu couches, nuance, répondit Maya. Chrystal avait raison. Il n'y a qu'à voir comment tu t'es comporté avec elle aussi, alors qu'avec Rachel par exemple, c'est différent. 


Elle lui tourna complètement le dos, pour se concentrer sur la préparation de son gâteau. Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, elle avait réussi à lui clouer le bec. Cette fois, il n'avait trouvé rien à redire et elle en était satisfaite. 


Le dîner se passa dans le silence absolu et même après, aucun des deux ne se résolut à prendre la parole. Pour éviter d'être tentée de revenir sur ce qu'elle avait dit, ou de lui faire des excuses, Maya quitta le salon, où il était en train de travailler et monta se coucher. Elle ne mit pas beaucoup de temps à s'endormir.


***


(UNE VINGTAINE D'ANNÉES PLUS TÔT)



Plusieurs garçons d'environ dix et onze ans jouaient aux billes, dans la cour d'un orphelinat lorsque le bruit d'un voiture se fit entendre. L'un d'entre eux, sans doute le plus âgé se redressa et fit signe aux autres de se taire.


- Taisez vous, murmura t-il. Mais continuons à jouer.


- Rhyan est revenu ? demanda un autre, au visage joufflu. Il est revenu ?


- Non, Umar, il ne reviendra pas. Jamais.


Un grand silence s'installa entre les enfants, qui terrorisés à l'idée d'etre les suivants sur la liste, cessèrentde jouer. Au même moment, le grand portail s'ouvrit et une mustang noire pénétra dans l'orphelinat. 


- Zayn ! cria une voix. Zayn ! 


Il se détacha automatiquement de ses amis de jeux et se dirigea vers le bureau de la sœur principale. 


- Oui, Sœur Léa ?


Elle désigna une chaise en face de son bureau.


- Là. Assieds-toi. 


Il obtempéra, comme à chaque fois depuis qu'à l'âge de huit ans, les services sociaux avaient décidé de l'envoyer dans cet orphelinat, parce qu'aucune famille n'avait voulu l'adopter. La plupart préféraient les enfants de moins de cinq ans et même s'il avait eu cet âge là, aucune famille n'aurait accepté d'élever le fils unique d'un homme dont le nom avait longtemps été synonyme de « disgrâce ». Même sa propre famille l'avait rejeté.


Zayn s'était longtemps résigné ; jamais il n'allait partir de cet endroit détestable. Au début, il s'était montré très récalcitrant, mais ensuite il avait compris que rien n'allait changer. Ses parents ne reviendraient jamais le chercher. Sa mère était morte de chagrin et son père était condamné à perpétuité. 


Il fixa intensément la sœur en face de lui. Cette femme était loin d'être la bonté incarnée, mais elle lui avait quand même appris beaucoup de choses. Par exemple que les gens ne rendent pas forcément le bien par le bien et qu'il ne faut jamais rien attendre d'eux. S'il avait également appris très tôt, à masquer ses émotions, c'était grâce à elle. 


- Après avoir vécue une vie comme la tienne, on ne peut pas se permettre d'être émotif face à certaines situations, disait-elle, à chaque fois qu'il était nécessaire qu'elle le dise. La vie ne te fera pas de cadeau, Zayn, ce sera à toi de lui arracher ce que tu mérites. 


Il l'écoutait toujours en silence, répondant quelques fois, en acquiesçant de la tête. Pour une femme d'église, les paroles de sœur Léa pouvaient paraître dures, mais s'il était par la suite devenu plus mature et plus réaliste que la plupart des garçons de son âge, c'était en partie grâce à elle. 


- Tu pars, dit-elle, sans détourner les yeux, d'un papier sur lequel elle écrivait. 


Il ne dit rien.


- Tu pars, Zayn. Je t'ai trouvée une famille qui n'a pas d'enfants.


- Mais sœur Léa, je ne veux pas partir. 


Elle releva la tête et posa sur lui son regard le plus glacial.


- Et pourquoi donc ? Tu vas me faire croire que tu aimes être entre ces quatre murs ? Tu iras faire ta valise et tu partiras avec tes nouveaux parents. D'ailleurs, ils devraient déjà être là.


Des coups resonnèrent à la porte, elle se leva.


- Entrez.


Une femme entra suivit d'un homme, qui devait sans doute être son mari. Tous les deux avaient l'air très jeunes et si la femme elle, semblait enthousiasmé à l'idée d'adopter, l'homme, lui en revanche, avait le visage fermé. Comme si le simple fait d'être dans un tel endroit, le répugnait. Étonnant que sœur Léa ne l'ait pas remarqué, autant que lui, pensa Zayn, qui priait pour que leur demande soit rejetée, par n'importe quel miracle. 


- Madame, monsieur Sako, soyez les bienvenus. Nous vous attendions depuis hier. 


La femme prit la parole, un sourire sur les lèvres. 


- Désolée ma sœur, mon mari a eu un petit empêchement. Mais maintenant nous sommes là. 


Ils s'assirent, avant que la jeune femme ne se tourne vers Zayn, qui se faisait tout petit sur sa chaise. 


- C'est bien lui le petit ange dont les photos nous sont parvenues ? demanda t-elle, d'une voix douce. Bonjour Zayn. 


Elle allongea le bras, pour lui caresser la tête. 


- Il est tellement mignon ! Chéri, regarde il a le même menton que toi.


Un sourire éclaira brièvement le visage de l'homme qui allait devenir le nouveau père de Zayn.


- Zayn ? Dis bonjour, intervint sœur Léa.


- Bonjour madame, dit-il, comme un robot.


La madame Sako se tourna vers sœur Léa. 


- Nous sommes prêts, ma sœur, déclara t-elle, la main sur le cœur. Je veux absolument devenir la mère de Zayn. Il sera heureux avec nous.


- Mais je suis heureux ici, s'opposa Zayn. 


Personne ne sembla l'avoir entendu, puisqu'on ne lui prêta pas attention.


- Je veux être sûr qu'il s'épanouira dans sa nouvelle famille. C'est un garçon très timide, il a vécu des choses traumatisants pour un enfant de son âge. Êtes vous sûrs...


- Nous sommes certains. Quels sont les formalités à remplir ?


***


- Malik ?


Maya lui tapota la joue.


- Malik, regarde moi. 


Il ouvrit les yeux, avant de se servir de son bras comme barrière. 


- Fiche le camp, gronda t-il. 


- Mais... 


Il était vraiment somnambule ? s'interrogea t-elle. C'était incroyable ! 


Elle lui agrippa le bras.


- Réveille-toi. Tu es en train de faire un rêve. 


Il la repoussa brutalement, mais elle revint à la charge et cette fois, elle prit son visage entre ses main.


- Réveille-toi, bon sang !


Il la repoussa encore et marcha jusqu'à la salle de bain. Elle le suivit, quoique un peu choquée. C'était la première fois qu'elle voyait quelqu'un être victime du somnambulisme. Elle se mit à nouveau devant lui et se mit à claquer des doigts.


- Allez, mon vieux, reviens. Ce n'est qu'un rêve et tu vas te réveiller. 


Comme s'il était pertubé par quelque chose, il se mit à tourner en rond, comme elle ne l'avait jamais vu le faire avant. L'homme qu'elle avait en face d'elle n'avait rien à voir avec le Malik Sylla qu'elle connaissait.


- Mal...


- Je ne veux pas partir, sœur Léa, dit-il en se massant la tempe. Je ne veux pas retourner là bas.


Interdite, Maya le regarda parler et dire des choses n'ayant aucun sens durant quelques minutes de plus. Puis lorsqu'il s'agenouilla sur le carreau de la salle de bain, elle fit de même et se rapprocha de lui. Ne sachant que faire, pour qu'il sorte de l'état dans lequel il se trouvait, elle n'eut d'autre solution que de le prendre dans ses bras. 


- J'aurais pu te mettre une gifle pour te réveiller, mais je ne connais rien aux somnambules, dit-elle, pour plaisanter, tandis que son cœur battait frénétiquement contre le sien.


Ils demeurèrent ainsi durant un bon moment, jusqu'à ce qu'elle se sente enlacée à son tour. Avec force.


- Ce n'était pas trop tôt, grimaça t-elle.


Pas le moindre insensible à l'odeur d'eau de cologne qui émanait de lui, elle ne bougea pas, même lorsqu'elle fut certaine qu'il était à présent complètement réveillé. Pourquoi avait-elle la soudaine impression qu'elle ne saurait jamais qui il était réellement ? Qu'elle ne parviendrait jamais à complètement le cerner ?


L'étreinte prit fin, quand il l'éloigna de lui, avant de se relever.


- Tu vas bien ? demanda t-elle.


- Ouais. Merci de m'avoir réveillé.


Puis sans rien ajouter, il retourna dans la chambre à coucher. Elle le vit enfiler un T-shirt et prendre un oreiller.


- Je serai dans la chambre d'ami, si tu as besoin de moi.


Ce fut tout ce qu'il dit avant de sortir.  








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