Chapitre 22

Write by WumiRa


- Tu veux qu'on sorte ce soir ? demanda Sonya.


Maya fronça les sourcils.


- Non, merci.


- Il ne t'empêche quand même pas de sortir, si ?


- Bien sûr que non. Mais justement je n'ai jamais eu l'occasion de te raconter que c'est lui qui m'a trouvée et ramenée la dernière fois que je suis sortie avec toi. Ivre, je précise...


- Ah bon...


- Si tu veux qu'on aille faire les boutiques, je suis partante, d'ailleurs j'ai à peine de quoi me mettre. 


- Et tes affaires ?


- Si Lincoln me rappelle, je vais devoir changer de garde-robe. C'est fini les petites robes, je veux qu'ils aient une bonne image de ma personne.


Elle se remit à siroter son jus de fruits.


- Tu es quand même au courant que ce type a l'habitude d'importuner ses employées ? Lui et son idiot de fils.


Maya leva les yeux au ciel.


- On croirait entendre Malik. Vous feriez une belle équipe, tous les deux.


- Tu n'as pas remarqué qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes là bas ?


- Raison de plus, pour qu'ils me prennent au sérieux. Pour ce qui est des œillades du vieux, je gère. 


Sonya déposa deux billets de banque sur la table et elles se levèrent toutes les deux. 


- Mais comment tu sais tout ça, au fait ? Comment connais-tu Hamed ?


- Oh il est sorti avec une amie à moi, c'est tout.


- C'eeest çaaa. C'est moi qui suis née de la dernière pluie hein, ma cocotte.


Elles éclatèrent de rire.


- Au fait, tu as toujours besoin de l'aide de Steve ? J'hésite à aller le voir.


- Steve ? répéta Maya.


- Tu ne te souviens pas m'avoir demandé d'aller le voir ?


- Non, pourquoi t'aurais-je demandé un truc pareil ? 


Une voiture se gara devant elle, juste au moment où elles sortait du fast-food.


- Bon, fit Sonya, mon chauffeur est là. Je te dépose ?


- Non, j'ai quelques courses à faire, mais merci ma belle. Appelle moi dès que tu rentres et embrasse tout le monde de ma part.


- Ok ! À plus, bisous ma puce, ciao !


***


- Bonjour mademoiselle...


- Madame Sylla, rectifia Maya à l'endroit de la secrétaire de Malik.


Celle ci se leva prestement.


- Désolée, s'excusa t-elle.


- Il est là ?


- Oui, mais il est...occupé.


Devant le regard fuyant de la jeune femme, Maya haussa les sourcils. Occupé ?


- Qui est avec lui ?


- Une femme.


Ah.


- C'est ce qu'il vous était impossible de dire ? Annoncez moi, s'il vous plaît, dites-lui que c'est Maya. Maya.


- D'accord madame Sylla.


Maya alla s'asseoir, le temps qu'on informe Malik de sa présence, ce qui mit du temps, parce qu'il ne décrochait pas. 


- Vous êtes sûr qu'il n'est pas sorti ? demanda t-elle. Je pourrais repasser.


À ce moment, un ascenseur s'ouvrit et une femme en sortit. Rachel.


Ne souhaitant pas être vue, Maya tourna la tête dans une autre direction, jusqu'à ce qu'elle se soit-en allé. Ensuite, elle se leva.


- C'était cette femme ?


- Oui, madame, répondit la secrétaire, d'un air désolé. Dois-je encore prévenir...


- Non, merci, je lui ferai la surprise.


Elle entra dans l'ascenseur et en moins d'une minute, elle se retrouva au dernier étage de SyllaZ, là où se trouvait le bureau de Malik.


Dès qu'elle ouvrit la porte, une voix se fit entendre.


- Je dois sortir, reviens quand...


- Salut.


Il était de dos à son arrivée. Lorsqu'il se retourna, elle constata qu'il était en train de boucler sa ceinture. 


- Maya ? fit-il, incrédule.


La deuxième chose qu'elle remarqua ensuite, fut qu'il s'était changé. Ou du moins, il avait changée de chemise. Étrange.


- Ai-je interrompu quelque chose ? demanda t-elle.


Il se ressaisit.


- J'allais envoyer quelqu'un te chercher.


- J'ai fini plus tôt que prévu, répondit-elle.


« Et je mourais d'envie de venir te retrouver », rajouta une petite voix. Elle balaya cette pensée stupide de son esprit et se mit à chercher un argument pour justifier le fait qu'elle ne soit pas directement rentrée.


- Je... pensais trouver mon père ici, mentit-elle.


- Il est injoignable ? 


- Je crois, oui...


Pourquoi avait-elle la soudaine impression que le fait qu'il ait changé d'habit avait quelque chose à voir avec Rachel qui venait de partir, presque en courant, le sourire aux lèvres ?


- Viens, je te dépose. J'ai un rendez-vous très important.


Il boutonna les manches de sa chemise et prit ses clés.


- Avec Rachel ?


Il s'arrêta net.


- Pardon ? 


C'était sorti tout seule, comme à chaque fois que quelque chose la perturbait. Mais le fait qu'il voit cette femme ne devait pas la perturber ! Où plutôt si... cela la perturbait beaucoup. Chrystal était une adversaire facile à abattre, parce que trop prévisible, mais Rachel elle...


- Tu as vu Rachel ? demanda t-il.


- Ça t'étonne ? Elle était ici, non ? Dans ton bureau.


- Bien sûr. Je n'allais pas dire le contraire.


- Et qu'est-ce qu'elle voulait ?


Malik enfouit ses mains dans les poches de son pantalon.


- Tu vas recommencer avec l'histoire de ce matin ?


Se sentant soudainement ridicule, Maya se ressaisit à son tour. « Je m'en fous », ne cessait-elle de répéter intérieurement. Que ces deux là cachent quelque chose ne la regardait pas.


- Désolée.


Il alla lui ouvrir la porte.


- Allons-y.


Elle demeura là où elle était.


- Je peux rentrer toute seule, tu peux aller à ton rendez-vous.


La vraie Maya venait de reprendre le dessus. Malik referma la porte.


- OK, dit-il. Tu as les clés ?


- Oui. 


- À ce soir, donc.


Il retourna s'asseoir et se plongea directement, dans la lecture d'un document. Sans un mot, Maya s'en alla, quoique peu déçue de la manière dont il venait de la renvoyer. Tout ça parce qu'elle avait encore insinué que Rachel était éprise de lui ? Qu'est-ce qui pouvait bien alors justifier le fait qu'elle l'ait trouvé en train de se changer, juste après avoir vu celle ci quitter l'immeuble ? C'était pathétique. 


Décidée à profiter des quelques heures qu'il lui restait à passer seule avant de le voir rentrer, elle s'offrit un long bain parfumé, à peine rentrée, puis une heure plus tard, elle descendit dans la cuisine pour préparer le dîner. Elle qui appréciait d'habitude la solitude, se sentait soudainement très seule entre les quatre murs de leur trop vaste maison. Demander à Sonya de venir lui tenir compagnie, reviendrait à devoir tout le temps jouer la compagnie et elle n'en avait pas envie. Elle voulait être libre de pouvoir exprimer tout son... mépris à son mari. En plus de quoi, il était probable qu'il ne veuille pas s'encombrer de la présence d'une visiteuse. 


Une fois l'essentiel du dîner prêt, elle téléchargea une recette de gâteau sur Internet et entreprit de l'essayer, rien que pour tuer le temps. 


Après avoir étalée la farine sur le plan de travail et cassés les œufs dessus, elle commença à malaxer la pâte, en surveillant d'un œil, le lait qu'elle avait mis à bouillir sur le feu.


Rachel. Le simple fait de penser à ce prénom, lui donnait envie de frapper dans quelque chose ; elle céda à une impulsion et donna un grand coup dans la pâte, dont la farine s'éparpilla et salit ses vêtements. 


- Shit !


Sans s'en préoccuper, elle continua à malaxer la pâte, cette fois avec un peu plus de force qu'avant. Elle repensa à la manière dont elle s'était tout bonnement laissée allé, la veille, alors qu'elle était censée le tenir à distance. Maintenant, c'était fait ! Même Djibril n'avait pas eu une telle chance en trois ans de relation. Alors pourquoi...


- Ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave...je ne recommencerai plus. 


Très sûre de sa décision, elle était en train de se calmer, lorsque deux mains vinrent se poser sur les siennes. Elle sursauta, avant de reconnaître une odeur familière.


- Ce n'est que moi.


Elle se raidit et cessa tout mouvement ; il venait de se coller à elle.


- Je me trompe ou tu es très en colère ? 


Elle se raidit encore plus. L'avait-il entendue parler ? 


- Qu'est-ce qui est si mal et que tu n'as pas l'intention de recommencer ? demanda t-il, d'un ton moqueur.


- Rien.


- N'empêche que tu es vraiment en colère.


Elle voulut se retourner, mais il la maintint dans la même position.


- Je ne sais pas ce qui te fait croire que j'ai eu un rencard avec Rachel, mais ce n'est pas le cas. Je ne suis pas à ce point pervers.


- Je n'ai rien pensé de tel.


- Ah non ?


- Je me fous de ce que vous avez pu faire ou pas.


- On n'a rien fait.


- Tu as changée de chemise, c'est sûr que l'autre était trop froissée pour que tu la remette. 


Il se tut un court instant.


- Même le canapé a été déplacé. 


Il lâcha un rire incrédule.


- Tu es sérieuse ?


- Pas idiote en tout cas. Maintenant lâche-moi, s'il te plaît. 


- J'adore tellement t'entendre me supplier. 


Il la retourna pour la regarder en face. Le visage de Maya se retrouva à hauteur du sien.


- Je n'ai pas pour habitude de donner des explications sur tout ce que je fais. Je n'aime pas être contrôlé, je l'ai été durant presque toute ma vie.


- Comme si je n'avais rien à faire.


Il la secoua légèrement. 


- Rachel était bien à mon bureau, d'accord ? Mais je n'ai même pas pu lui demander quoi que ce soit à propos de ce qu'elle m'a dit, parce qu'elle est venu en pleurant. 


- Oh, qu'est-ce que c'est émouvant !


Il soupira.


- Elle a rompu avec Samir.


- Et alors... Attends, quoi ? 


- Il l'a larguée et je ne pouvais pas lui demander de partir, alors qu'elle avait besoin de moi. 


Une alarme s'activa dans le cerveau de Maya. Alors comme ça, cette fille était prêt d'arriver à son but.


- Si tu oses me raconter qu'elle a tout manigancé, je te ferai interner.


Elle le foudroya du regard.


- Donc comme par miracle, elle a réduit ta chemise en lambeaux ?


- Je l'ai consolée et elle y a laissé des traces de maquillage.


- Comme c'est bizarre. D'abord Chrystal et maintenant elle.


- Écoute Maya, avant de t'épouser, des fois je passais la nuit au bureau. J'y ai toujours eu des habits de rechange.


- ...


- Tu es jalouse, c'est ça ?


- Moi qui ferais cadeau de ma place à qui veut. Lâche moi !


- Pourquoi est-ce si difficile pour toi de voir les choses différemment ? demanda t-il. 


- C'est plus fort que moi, répondit-elle avec sarcasme. Je n'arrive pas à raisonner comme...


Il lui saisit la nuque et rapprocha leurs deux visages.


- Il existe au moins un langage que nous parlons tous les deux, j'en suis sûr.


Il joignit ses lèvres aux siennes. Elle résista aussi longtemps qu'elle put, puis céda sous son assaut. La vérité était qu'elle avait eu envie de ce baiser depuis qu'elle était allé le trouver, quelques heures plus tôt, avant qu'il ne lui demande de rentrer à la maison. Même si elle comprenait de moins en moins son attitude, il décidait de l'ignorer, puis la minute d'après, il changeait d'avis. Tout ceci pouvait sembler être un jeu pour lui, mais et ses sentiments à elle ? La croyait-il vraiment dénudée d'amour-propre ?


Elle mit fin au baiser et s'éloigna de lui. Son regard laissait clairement comprendre qu'il n'était pas d'accord, mais elle ne s'en préoccupa pas.


- Stop, fit-elle, en allant retirer le lait du feu. 


- Tu n'as pas aimé.


- Ne te fous pas de moi, il est hors de question qu'on recommence.


- Mais pourtant tu en as envie.


Elle l'ignora et alla sortir une poêle.


- Tu es carrément une espèce à part, poursuivit-il. Je ne dois pas fréquenter d'autres femmes, mais je n'ai pas non plus le droit de faire l'amour à ma femme ?


- Je ne suis pas ta femme, rétorqua t-elle, en évitant de le regarder. Et je n'ai jamais dit que tu ne pouvais pas aller voir ailleurs. Seulement...


- Seulement pas Rachel. Tu le fais exprès ?


- Non. Je ne t'ai toujours pas pardonné de m'avoir obligée à t'épouser, j'avais une vraie vie avant tout ça. Tu as bouleversés tous mes projets et comme ce n'est pas suffisant, tu voudrais que je capitule à chaque fois que monsieur a envie de tirer un coup. À vrai dire, tu n'as jamais eu le moindre respect pour moi, Malik. Connaître les femmes c'est une chose, savoir comment elles fonctionnement en est une autre.

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