CHAPITRE 23
Write by Emyam
LYDIA
Depuis un moment, j’ai l’impression de sentir des mains au
niveau de mes cuisses. Au début je pense que cela doit être une illusion mais
la sensation persiste. La main abandonne mes cuisses et parcourt maintenant ma
gorge. Loin de me faire ressentir du plaisir, c’est un frisson de dégoût qui me
traverse, me poussant à ouvrir les yeux.
Ce que je vois a le don de me glacer le sang. Deux hommes
sont arrêtés au-dessus de moi. En plus de celui qui me caresse le cou, l’autre
s’approche et essaie de me tenir les cuisses. Comme si mes neurones se
mettaient finalement en place, je dégage ma cuisse de sa main et essaie de
m’échapper mais son complice me maintient violemment pas le cou, me clouant sur
le lit.
Non mais c’est quoi ce délire ? Quelqu’un peut m’expliquer ce qui
se passe ici ?
Mon cœur bat tellement la chamade que j’ai l’impression
qu’il va sortir de ma poitrine.
-Maintenez la bien ! Crie la voix d’une troisième
personne que je n’avais remarquée.
Cette voix...
Oh mon DIEU !
Transpirant à grosse gouttes à cause de toutes les pensées
et frayeurs qui me traversent, je regarde Marc-Ariel sortir de sa cachette.
Son regard n’a plus rien de chaleureux ou de passionné. Il
est rempli d’une sorte de négativité que je ne saurai décrire. Une haine pure
l’habite.
Comment ai-je pu tomber dans ce piège ?
-Alors Lydia ? Comme ça tu croyais m’avoir dupée ?
Pauvre petite ! J’ai depuis le début vu clair dans ton jeu...Je n’ai fait
que prolonger le plaisir de te briser...Tu subiras le même sort que celui subit
par ta sœur...Et même plus encore. Les gars, faites ce que vous avez à
faire ! Crie-t-il aux deux brutes qui me regardent avec une concupiscence
qui me donne envie de vomir.
Je me rends compte que je crie et pleure que lorsque je sens
mon visage mouillé et mes cordes vocales enrayées.
Qu’ai-je mal fait ? Comment a-t-il pu savoir ?
Les deux brutes se jettent sur le drap que j’ai sur moi,
seul élément qui me protégeaient d’eux et le balancent hors du lit.
Non non non non non non ! Ça ne peut pas m’arriver ! Non...
Pas ça...Pas ça...
J’ai tellement mal de m’être débattue que je ferme les yeux,
refusant de les regarder user de mon corps. Je les entends baisser leurs
fermetures éclairs et c’est là que je me rends compte que mon sort est réellement
scellé...J’ai joué aux idiotes et au lieu d’être en train de faire souffrir
Marc-Ariel, c’est lui qui me détruit.
La peur et l’abattement aidant, je me mets à faire toutes
sortes de prières, moi qui avais mis DIEU hors de ma vie pendant une si longue
période...
Je continue de pleurer quand je sens une main douce me tapoter
l’épaule. Comme si tout ce qui se passait autour de moi n’existait plus, je
vois le visage de ma sœur qui me regarde d’un air triste.
-Tu sais maintenant à peu près ce que j’ai vécu...Ne les
laisse pas s’en sortir aussi impunément.
Comme si j’avais subis un électrochoc, mes yeux s’ouvrent et
je réalise que tout cela n’était qu’un rêve...
Je tourne la tête et vois Marc-Ariel qui est couché
paisiblement, le torse dévoilé.
Les images du rêve me reviennent en tête comme des
flash-backs me faisant sortir discrètement mais rapidement du lit pour aller
vider dans la cuvette des toilettes le contenu de mon estomac.
Pendant plusieurs minutes, je vomis et pleure en silence la
fin de ma sœur.
Ce rêve m’a réellement bouleversé. Mais maintenant que j’y
pense, il fut bienvenu. Au moins il aura permis de recadrer mes pensées et
priorités dispersées.
Je sais que pour faire illusion, ce serait mieux que j’aille
me coucher près de Marc mais je n’y arrive pas. Tout mon corps s’y oppose.
Je me dirige donc vers le salon et allume la télévision que
je zappe jusqu’à tomber sur un documentaire relatif à la loi de la jungle. Il
m’a l’air intéressant mais l’esprit n’y est pas. Je baisse donc le volume et me
contente de regarder les images qui passent mais très vite, le sommeil finit
par reprendre le dessus...
****
MARC-ARIEL
Je crois que je n’ai jamais aussi bien dormi depuis des
années. Par reflexe, je tends la main, espérant trouver Lydia mais c’est un
vide glacial qui me répond.
J’ouvre les yeux pour constater qu’elle n’est effectivement
pas là. La place qu’elle occupait est si froide qu’il est clair qu’elle a
quitté le lit depuis un bon moment déjà.
L’idée qu’elle soit rentrée chez elle au milieu de la nuit
me traverse l’esprit et m’agace au plus haut point...Mais je vois posée dans un
coin sa robe et cela a le don de me calmer.
Je récupère donc mon boxer que j’enfile et fait un tour dans
la salle de bain...Vide.
J’arrive au salon et la trouve recroquevillée dans le divan,
la télévision allumée et la « regardant ».
La voir ainsi, couchée et inoffensive dans ma chemise a le
don de remuer quelque chose en moi.
Je m’approche doucement et lui caresse le visage. Sa peau
est vraiment douce. Elle est magnifique. Même si ses yeux ont l’air cernés...
Je me demande pourquoi elle a senti le besoin de venir se réfugier
ici.
Parce que tu t’es comporté comme une vraie brute machiste hier idiot !
Me souffle mon
esprit.
Bon...D’accord...Hier après qu’elle ait furtivement
mentionné ses amants précédents j’ai (sans le vouloir ni le prévoir je vous
assure) eu une réaction un peu excessive mais j’ai bien vu qu’elle avait pris
du plaisir et n’avait l’air nullement en colère ou attristée. Alors que
s’est-il passé au milieu de la nuit ?
Je m’assieds doucement près d’elle pour ne pas la réveiller
et m’apprête à lui faire un baiser dans le cou mais reçoit en retour un coup au
visage. Comme une lionne enragée, elle se débat, me donnant des coups au
passage.
Mais c’est quoi ce délire ?
Elle est toujours endormie en plus...Je fini par la
maintenir en lui chuchotant doucement de se calmer. La cause a l’air perdue au
début mais petit à petit, elle finit par se calmer et sa respiration s’apaise
pendant qu’elle répète en boucle une même phrase : « Je suis désolée...».
Mais désolée de quoi ? Pour quoi ? Envers
qui ?
Cette histoire n’est pas simple, je le sens. Mon premier
instinct ne m’avait donc pas trompé. Lydia a l’air d’avoir une histoire plus
complexe que celle qu’elle m’a montré et je compte bien savoir en quoi. Là elle
avait l’air de vraiment souffrir...Je veux savoir ce qu’il en est. Je veux
pouvoir l’aider.
Je lui caresse donc les cheveux jusqu’à ce qu’elle se
rendorme paisiblement. Je la porte dans la chambre et la pose sur le lit. Elle
a besoin de repos je le sens.
Je me couche près d’elle et la borde doucement.
Lydia Koffi, ton histoire, je finirai bien par la découvrir.
Et mon aide tu l’auras de gré ou de force !
****
CYNTHIA
Je suis tellement enragée que je balance contre le mur mon
téléphone.
Comment a-t-il osé ? Comment a-t-il osé ? Comment ont-ils
osé ? Se foutre ainsi de moi !?
-Ma chérie tout va bien ? Me demande tante Aya qui
vient de faire irruption dans la chambre.
-Oui tantie tout va bien, merci. Mon sourire est tellement
forcé que j’en ai mal aux amygdales.
Vous vous demandez pourquoi je ne me confie pas à elle ?
Et bien cette dame je ne la supporte pas ! Oui, c’est ma tante, oui elle m’a
si on peut le dire élevée mais elle est tellement naïve cette vieille ! Toujours
à croire qu’en ne faisant que du bien autour de soi on peut avoir le bonheur. Ce
qu’elle ignore c’est que le monde aujourd’hui est une jungle. Une jungle dans
laquelle seuls les durs survivent. Et moi Cynthia, je suis une dure.
Mais que fait-elle encore là à me regarder cette vieille peau ?
-Tu es sûre ma chérie ? Insiste-t-elle.
-Yoann et moi t’avons entendu hurler. Tu peux te confier à
moi tu sais.
-Je t’ai dit que j’allais bien ! Je crie sans pouvoir
me retenir. Je vais bien. Merci tata. Je réponds plus calmement en lui souriant
hypocritement.
Elle finit par s’en aller et la première chose que je fais
est de me précipiter vers mon téléphone dont l’écran est légèrement brisé.
Je fais défiler les images que j’ai sous mes yeux et au fur
et à mesure, je sens mes yeux et mon cœur se remplir. Non pas de larmes ou de
tristesse mais de haine pure et dure tout simplement.
Mes soupçons étaient donc avérés. Cette petite pétasse veut
marcher sur mes plates-bandes.
Depuis quelques jours, je sentais Marc-Ariel distant, comme
ailleurs. Il y a eu un changement d’attitude chez lui depuis ce fameux samedi
où Stéphane avait été invité chez nous. Lorsque nous sommes au lit, il fait
toujours celui qui est fatigué et a envie de se reposer mais je sais que c’est
du mensonge. Je le vois bien lorsqu’il rentre les soirs reluquer cette fille. Je
savais qu’il n’avouerait jamais si je le mettais face aux faits. Et vu que je n’avais
aucune preuve, il aurait nié.
D’ailleurs, le faire avouer n’est même pas le but recherché.
Les hommes ont souvent des attitudes bizarres...Il ne faut pas toujours les
confronter au risque d’avoir des réactions des plus inattendues.
La dernière image me donne le coup de grâce. Sûrement prise par
le détective de l’immeuble opposé, on y voit à travers les rideaux légèrement
écartés par le vent sûrement Marc-Ariel et la petite pute qui s’embrassent. L’image
est floue vu la distance, mais je vois bien que ce sont eux.
Dans l’ancien appartement de Marc. Un appartement dans
lequel j’ai été. Un lit dans lequel j’ai couché.
Je sors de la galerie de l’appareil et écris au détective Miézan
un message :
Bon boulot. Maintenant faites-moi une enquête en bonne et due forme sur
cette fille. Je veux tout savoir d’elle. De sa naissance à ce jour. Je veux qu’elle
soit suivie, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je veux savoir avec qui elle
est lorsqu’elle quitte notre maison. Plus tôt vous m’enverrai les résultats de
vos recherches plus généreuse je me montrerai. A très vite.
Je reviens incessamment sur les photos reçues du détective
Miézan, et à chaque image, des scénarios aussi tordus et revanchards les uns
que les autres me traversent l’esprit. Même la tempête qui s’est abattue sur
Marianne il y a cinq ans ne sera rien comparée à celle qui se prépare dans mon
esprit.
Longue attente je sais...Mais trop de bouleversements ces derniers
temps dans ma vie m’empêchaient d’écrire.
La vérité est que rien même ne laissait présager que je publie aujourd’hui.
Ce n’était pas prévu. Cela a été possible grâce aux messages de certaines
personnes. Merci spécial à Mcm26042.
Ça fait toujours du bien de savoir que quelque part, nos écrits comptent pour
certains.
Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite. Bisous bisous !