Chapitre 23
Write by Djelay
Elle n’a pas le temps de crier. L’homme lui couvre la bouche en une fraction de seconde.
- Comme on se retrouve ma petite Ciara. Lâche cyniquement Bamba.
Ciara pose instinctivement sa main sur la sienne et essaie de la retirer mais sans succès. De son autre main Bamba la maintient fermement contre le siège conducteur. La peur au ventre, elle tente par tous les moyens de se libérer de son emprise. Rien à faire, Bamba est bien trop costaud et beaucoup plus fort. Sa main répugnante appuie sans douceur sur ventre. Putain ça fait un mal de chien. Elle est au bord des larmes. Comment a-t-il fait pour monter dans sa voiture ? Se demande Ciara tétanisée, le cœur à un doigt d’exploser dans sa poitrine.
- Tu trembles ?
Le souffle de Bamba est tout proche de son oreille. Et le sentir aussi près lui donne la nausée. Sa main quitte son ventre pour venir encercler son cou. Celle-ci fait mine de l’étrangler. Il ne serre pas trop fort mais assez pour qu’elle commence à manquer d’air. Et pendant que cette sale main presse le cou de Ciara, sa langue aussi dégoutante que le reste de son corps lèche l’arrière de son oreille en grognant de plaisir. Quand elle sent le contact de cette chose humide sur elle, elle se balance de toutes ses forces espérant lui échapper mais encore une fois sa tentative est vaine. Sa voiture n’étant pas dans le champ de vision du vigile, c’est impossible qu’il vienne à son secours à moins qu’il ne remarque qu’elle n’est toujours pas partie et qu’il vienne vérifier que tout va bien. Mais serait-elle encore en vie d’ici là ? Convaincue qu’elle ne s’en sortirait pas, elle laisse enfin couler les larmes qu’elle retenait depuis longtemps.
- Non, ne pleure pas. Tu vas faire couler ton maquillage. Dit-il sur un ton moqueur.
- Tu sais Ciara, ce n’est pas bon de se mêler de la vie des autres sinon on s’attire des ennuis. Reprend-il. Si tu ne nous avais pas dénoncés tout ça ne serait pas en train de t’arriver.
Il marque une pause et renifle son cou.
- Tu sens tellement bon. J’ai envie de te baiser là mais dommage que le vigile soit dans les parages. Il ne tardera pas à rappliquer. De toute façon je n’ai pas l’intention de te faire du mal du moins pas ce soir. Je voulais juste que tu saches que je suis dans le coin, tout près de toi et que je ne te lâcherai pas tant que je ne me serai pas vengé.
Ciara a les yeux fermé. Elle s’est résignée à accepter son destin. Si son heure est arrivée, qu’il en soit ainsi. Elle espère seulement que ce sera assez rapide pour qu’elle ne souffre pas trop. Elle attend mais rien ne se passe. Bamba est en train de lui parler mais elle n’écoute pas. Son esprit est loin. Ses larmes ne cessent de couler. Les images de Lala, sa famille et…Stéphane défilent dans sa tête. Ils vont terriblement lui manquer. Elle est tellement absorbée par ses pensées qu’elle n’entend pas les coups frappés contre sa vitre. Dans sa tête, elle entend une voix lointaine crier son nom. Elle essaie de l’identifier mais non elle ne la reconnait pas. Comme cette voix se fait insistante alors elle ouvre les yeux. Elle ne sent plus aucun contact. Elle pose sa main sur son cou, rien, se touche les lèvres, libres. Elle se retourne et constate que Bamba n’est plus là. Quand elle regarde par la vitre, elle sursaute de peur en voyant l’homme posté devant sa portière. Elle a cru que c’était lui mais non c’est le vigile. Il l’a sauvée. Elle se demande ce qui se serait passé s’il n’était pas là. Il cogne de nouveau sur la vitre. Elle la baisse.
- Vous allez bien mademoiselle ? Demande-t-il inquiet.
Elle le regarde mais sans le voir. Ses yeux sont dans le vide. Elle ne parvient pas à faire sortir un mot.
- Mademoiselle ? Est-ce que ça va ?
Elle revoit Bamba à l’arrière de sa voiture, elle repense à sa main sur son cou, sa langue sur elle et elle vomi.
- Merde ! siffle le vigile.
Il sort son téléphone et prévient son collègue pendant qu’il essaie d’ouvrir la portière. Quand il réussit enfin à l’ouvrir, il porte Ciara dans ses bras et la conduit en haut. Elle n’a aucune réaction. Lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvre sur eux, l’autre vigile qui les attendait les rejoint et aide son collègue à transporter Ciara à l’infirmerie de l’entreprise. Heureusement que le médecin n’est pas encore parti.
- Qu’est-ce qui se passe ? demande ce dernier en voyant les vigiles entrer avec Ciara.
- Je l’ai trouvée comme ça dans sa voiture. Elle n’a rien dit et elle a vomi. Répond Abou, le sauveur de Ciara.
- Posez-la sur le lit. Et contactez un membre de sa famille. Ordonne le médecin.
- Nous n’avons aucun contact. Répond l’autre vigile.
- Alors regardez dans son téléphone, où est-il ?
- Sans doute dans la voiture, je vais voir. Déclare Abou avant de quitter la pièce suivi de son collègue.
Le médecin examine Ciara en lui posant des questions comme quoi quel est son nom, où se trouve-t-elle, quel jour sont-ils et que lui est-il arrivée mais Ciara est incapable d’ouvrir la bouche. Elle se trouve toujours dans le même état. Abou est de retour avec le portable de Ciara.
- Il est verrouillé docteur. Informe-t-il.
- Bon sang, comment fait-on pour prévenir sa…
Au même moment sonne le téléphone de Ciara. Abou le tend au médecin qui décroche sans perdre de temps.
- Tu en mets du temps pour rentrer ma belle.
- Bonsoir mademoiselle. Je suis M. Koffi le médecin de Food’s Industry. Etes-vous une parente de Mlle Kipré ?
- Je suis son amie, que se passe-t-il ? S’empresse de répondre Lala d’un air angoissé.
- Votre amie a eu un malaise. Elle est à l’infirmerie de l’entreprise pouvez-vous prévenir sa fam…
Lala ne le laisse pas terminer. Elle sort de l’appartement à la hâte en composant le numéro de Stéphane. Elle l’avait enregistré le jour où Bamba a téléphoné à Ciara. Et elle a eu raison de le faire.
- Allo ?
- Stéphane ?
- Oui, qui est-ce ? Demande-t-il froidement.
- Lala.
- Tout va bien ? le ton de sa voix est inquiet.
Il est 22h et si Lala l’appelle à cette heure c’est qu’il est arrivé quelque chose.
- Ciara a eu un malaise. Répond t-elle.
- Un malaise ? Où est-elle ? Il a presque hurlé.
- A l’entreprise, dans votre infirmerie.
- Quoi ? je m’y rends tout de suite.
Il raccroche sans rien ajouter. Une boule s’est nouée dans son ventre. A peine rentre-t-il de voyage que les mauvaises nouvelles s’annoncent. Il a peur qu’il soit arrivé quelque chose à Ciara. Que fait-elle là-bas à une heure pareille ? Mon Dieu faites que ce ne soit rien de grave. Stéphane rentre brusquement dans le cabinet de l’infirmerie sans prendre la peine de toquer. Il découvre Ciara étendue sur le lit, Lala à son chevet. Ciara tourne la tête dans sa direction et ses larmes coulent aussitôt qu’elle le voit. Steph se précipite vers elle et la prend dans ses bras. Elle se blottit contre lui et le serre à l’étouffer.
- C’est la première réaction qu’elle a depuis qu’on l’a retrouvée dans sa voiture. Annonce faiblement Lala.
Les yeux de cette dernière sont aussi rouges que du sang. C’est la première chose que Steph a remarqué quand qu’il l’a vue. Elle a dû beaucoup pleuré. Pauvre Lala, elle aime tellement son amie.
- Mais que lui est-il arrivé ? Demande Steph au médecin.
- Aucune idée monsieur N’Goran. Les vigiles l’ont retrouvée dans sa voiture dans cet état. Elle n’a encore rien dit.
- Hey ma douce.
Il s’arrache doucement à son étreinte et lui tient la tête entre les mains. Oh seigneur, il peut lire de la peur dans ses yeux. Qu’est- ce qui s’est passé bon sang ?
- Dis-moi ce qui t’est arrivée Ciara.
- C’est Bamba. Murmure-t-elle avec un tremblement dans la voix.
Le regard de Stéphane se remplit aussitôt de colère, de rage. Elle baisse la tête et tente de réfugier de nouveau sur le torse de Steph.
- Non, regarde-moi… (le ton de sa voix trahit sa fureur)…il t’a touchée (elle le regarde en silence)… Dis-moi si ce connard t’a touchée bon sang. Hurle-t-il en la secouant brutalement
- Arrête Stéphane. Intervient Lala. Tu ne vois pas que tu lui fais mal. Voilà bravo, elle pleure encore plus.
- Non non ma douce…(il la serre contre lui) excuse-moi… ne pleure pas s’il te plait. Dit-il sur un ton plus doux.
- Je vais le tuer…je vais le buter cette andouille…
Il s’énerve de nouveau. Il est conscient de faire peur à Ciara mais il ne peut pas se contrôler bien qu’il essaie. Ce salaud a osé toucher sa femme. Et il va le payer. Sur ce, il se sépare sans douceur de Ciara et fonce vers la sortie.
- Stéphane où vas-tu ? Ne fais rien qui pourrait te causer du tort. S’écrie Lala.
Stéphane ne l’écoute pas. Rien ni personne ne pourra l’empêcher de retrouver cet enfoiré et de le tuer à coups de poing. Déjà il a atteint la porte et est sur le point de la franchir.
- Ne me laisse pas seule s’il te plait.
La détresse dans la voix de Ciara l’immobilise au seuil de la porte. Il reste là un bon moment, les poings serrés. Il virevolte et quand il croise son regard suppliant il cède. Il la rejoint en un rien de temps et la reprend dans ses bras. Alors seulement, elle laisse tout sortir sans rétention. Elle pleure de toutes ses forces sur les épaules de Steph et lui essaie tant bien que mal de la réconforter en lui murmurant des mots apaisants. Lala ne tient pas longtemps et pleure à son tour mais en silence.
- Regarde-moi Ciara. (Stéphane la tient pas les joues) S’il te plait raconte-nous ce qui s’est passé.
Elle renifle afin de refouler les mucosités prêtes à dégouliner de son nez puis regarde longuement Stéphane avant de se décider à parler.
- Il s’est introduit dans ma voiture et m’a menacée. Dit-elle encore sous le choc.
- Quoi ? Comment ? Et les vigiles, où étaient-ils pendant ce temps ? Hurle Lala en colère.
- Calme toi Lala ce n’est pas le mom…
- Non mais ne sont-ils pas censés veiller sur tout le personnel partout dans toute l’entreprise ? Ajoute-t-elle sans décolérer.
- Bon sang Lala ! Tu veux bien te taire et laisser Ciara terminer.
Le ton élevé de sa voix fait tressaillir Lala et même le médecin qui choisit ce moment pour s’éclipser. Elle croise alors les bras et boude.
- Aller ma douce. Est-ce qu’il t’a touchée ? T’a-t-il fait du mal ? Reprend Steph.
- Non… il m’a juste dit qu’il se vengerait de moi. Il va me faire du mal Steph…Ne le laisse pas me faire du mal s’il te plait. Supplie-t-elle affolée.
- Non non, calme-toi. Te jure qu’il devra d’abord me passer sur le corps avant de toucher une mèche de tes cheveux.
- C’est un taré ce type. J’espère que la police va vite l’attraper. S’écrie Lala de nouveau.
- Tu vas devoir aller déposer une plainte demain pour qu’on le foute en prison. Informe Steph.
- Je ne veux pas y aller seule.
- Tu ne seras pas seule, je serai avec toi ma douce.
Fin du vingt-troisième chapitre. Bizbi.
P-S : Et si on jouait ? Une tragédie va se produire. Celles qui trouveront auront droit à un bonus à la prochaine publication. A vos claviers. Bizbi.