chapitre 24

Write by leilaji

Chapitre 24


***Adrien***


Le malaise de Léonie grandit au fur et à mesure que mon regard se fait plus dur…


- Tu n’oserais tout de même pas … je commence avant de me raviser.

- Quoi ? Dis ce que tu as à dire Adrien. Dit-elle en fronçant ses sourcils.


Quand elle fait ça, elle a vraiment l’air d’une gamine malgré son âge et je retrouve la femme fragile qu’elle était autrefois.

 

- Je sais que tu n’aimes pas Elle et que tu essaie de l’éloigner de moi… mais ça Léonie, tu vas trop loin, tout ça, va vraiment trop loin...

- Ce que tu dis est tellement insultant que je vais faire celle qui n’a rien entendu. Réplique-t-elle en reprenant ses documents d’un geste vif qui les froisse au passage.


Elle range le tout dans le dossier et s’apprête à franchir ma porte puis se ravise et revient sur ses pas.


- Oui je suis amoureuse de toi. Voilà c’est dit, me dit-elle la voix tremblante d’émotions. Je pensais vraiment que tu t’en rendrais compte tout seul et que tu finirais par nous voir comme de potentiels partenaires de vie mais apparemment j’attends un miracle qui n‘est pas près d’arriver.


A aucun moment, je n’aurai pu me douter de ses sentiments envers moi… Toutes ces attentions, j’ai longtemps cru que c’était de la camaraderie tout simplement. Et puis, elle agissait pareillement avec Archange. Du moins, il me semble. Mais à bien y réfléchir peut-être était-elle encore bien plus … attentionnée avec moi.

Je comprends maintenant pourquoi, il se pouvait qu’Elle non plus n’ait rien vu de mes sentiments quand on était plus jeune… Comme quoi !


- Je te connais Adrien, tu aimes les femmes… fortes, celles qui savent ce qu’elles veulent et font tout pour l’obtenir. J’avais honte de t’avoir montré tellement de faiblesse quand je laissais mon mari me battre comme plâtre puis je me suis dis que peut-être le fait que je sois revenue allait me donner une chance de te conquérir, de te montrer la femme que je suis devenue. Et Elle est réapparue. Elle … ce sera toujours Elle apparemment. Oui je la déteste parce qu’elle t’accapare et que je n’ai plus le droit de t’approcher sinon elle sort ses griffes, ce que je comprends d’ailleurs car à sa place j’aurai fait la même chose mais là où j’ai commencé à changer d’avis c’est concernant ma nièce. J’ai été très désagréable avec elle lors du mariage, j’ai voulu lui montrer qu’elle n’était rien et que je pouvais passer au dessus d’elle. Et malgré ça, elle a reçu ma nièce et lui a réservé une place pour l’année prochaine. Elle l’a reçu dans un long entretien et lui a donné des conseils que jamais je n’aurai pensé lui donner et ma nièce est venue me voir à la maison en pleures. Elle m’a remerciée pour mon geste et décrit quelle personne merveilleuse elle venait de rencontrer. Et j’ai eu honte. Alors j’ai compris qu’elle n’était plus la petite peste du lycée que tu décrivais parfois. J’ai compris que son ex mari avait fini de faire d’elle une survivante des relations de couple compliquées. Et j’ai commencé à la respecter parce que je sais ce que c’est. Quand elle a eu la force de divorcer, moi j’ai tout simplement attendu la délivrance.


Elle reprend son souffle car elle a quasiment parlé d’une traite. Puis elle ressort les feuillets mobiles du dossier et les place devant moi. Comme si j’avais besoin de voir une nouvelle fois le nom d’Elle sur cette satanée liste de malheur.


- Quand j’ai vu les résultats, je n’ai pas su quoi faire. J’ai beaucoup hésité, je l’avoue. Je suis une femme et la femme en moi est jalouse d’elle mais je suis aussi une gynécologue très réputée et c’est la professionnelle en moi qui rend un service à un ami, comme elle a rendu service à ma nièce. Je n’ai pas l’esprit retors au point d’inventer quelque chose d’aussi grave, Adrien, comment as-tu pu un seul instant penser une chose pareille. Je me suis mise à sa place. Si tout est confirmé par une biopsie, elle va traverser un moment très difficile. Et je ne pense pas qu’elle voudrait qu’une telle nouvelle, lui soit annoncée par moi. C’est par respect que je viens t’en parler et divulgue les informations personnelles de ma patiente à son … compagnon. Mais si tu penses que j’ai mal fait, je vais l’appeler demain et lui annoncer la nouvelle moi-même.

- Non. Je … suis désolée de t’avoir … bref. Merci.

- Si tu lui racontes ce que je viens de te dire je nierai tout en bloc. Je la déteste toujours autant… même si je n’en ai pas le droit.

- T’es qu’une sale gamine ! je dis pour la taquiner…


On reprend notre sérieux quand elle s’assoit de nouveau en face de moi.


Je sais que le cancer du col de l'utérus est un cancer sexuellement transmissible causé dans la grande majorité des cas par une infection par le virus du papillome humain (HPV). Près des deux tiers des femmes ayant une activité sexuelle sont en contact avec le virus, mais seulement 1 à 2% d'entre-elles contaminées par le virus vont développer un cancer du col de l'utérus. On s’est protégé tout le temps. Je cherche dans ma mémoire les informations que j’ai sur ce type de cancer. L'utilisation de préservatif lors des rapports sexuels permet de limiter la transmission du virus mais ne permet pas une éviction complète de tout contact, car il est présent au niveau des muqueuses génitales qui ne sont pas recouvertes par le préservatif.   J’espère que ce n’est tout de même pas moi qui …


- C’est un cancer du sein Adrien, pas la peine de te mettre martèle en tête. On a fait une mammographie… Le frotis n’a rien donné, c’est la mammographie qui s’est révélée…

- Putain merde…


Je suis en plein débat intérieur avec moi-même. Il y a l’Adrien qui y croit et celui qui cherche à tout nier en bloc et pense aux échappatoires. Une campagne de détection générale dans tout le Gabon c’est bien mais le danger, c'est le "surdiagnostic". Avec les progrès technologiques, les médecins sont aujourd'hui capables de déceler de minuscules tumeurs. Mais la technique elle seule ne suffit pas, l’erreur humaine peut fausser le diagnostic, de même qu’un excès de prudence peut mener à la catastrophe. Car certaines de ces tumeurs mammaires n'ont pas vocation à dégénérer et à condamner la patiente. Certaines se résorbent d'elles-mêmes ou évoluent si lentement qu'elles n'ont pas le temps de devenir dangereuses. Et puis la détection précoce peut parfois à force d’être bien trop précoce rater complètement sa cible. Il y a des tumeurs qui, elles, peuvent devenir mortelles et que les mammographies, qui ne détectent pas tout, peuvent laisser passer.


Il y a tellement de possibilités que je ne sais pas quoi penser. J’en parle à Léonie, je lui présente mes doutes et mes arguments pour tout réfuter. Je refuse qu’Elle soit malade, il y a trop d’incertitude dans un cancer. Léonie écarquille les yeux d’effroi.


- Je t’interdis de penser ainsi. Tu es médecin Adrien, tu ne peux penser ainsi. Dépister c’est sauver. Plus on prend le cancer tôt, moins le traitement sera lourd et … Adrien. Ce n’est pas une fatalité.

- Je le sais mais…

- Si tu n’es pas capable de le gérer, je demanderai à Fernande de le faire. Elle a reçu une formation dans ce domaine. Elle est peut-être mieux indiquée que toi. J’ai l’impression que si je te laisse faire tu vas faire paniquer ma patiente.

- Elle n’est pas ta patiente ! je martèle tout doucement en la regardant droit dans les yeux.


Accepter qu’elle devienne sa patiente, qu’elle passe dans les mains d’oncologue plus tard c’est accepter cette fichue nouvelle.


- Ce n’est pas sûr, tes résultats ne sont pas sur à 100%. Ce peut très bien être un faux positif. Et puis on connait le Gabon et ses campagnes gratuites. Les choses sont toujours bâclées.

- Adrien !

- Quoi Adrien ?! Quoi !


J’ai envie d’échapper à ça. Qui a envie de dire à la femme qu’il aime : « écoute chérie, mauvaise nouvelle, tu vas peut-être mourir…Qui ? »

Léonie se lève et soupire.


- Je n’aurai jamais dû t’impliquer ça a été une grave erreur de ma part. Tu gères mal.

- Non attends.


Je reprends mon calme malgré mon cœur qui tambourine lourdement. J’ai dit à Elle que je voulais être son homme. C’est bien ce que j’ai l’intention d’être pour elle en lui annonçant la nouvelle moi-même. Le destin peut-être parfois tellement … sans cœur.


- Nous venons à peine de nous retrouver que nous devons déjà traverser une maladie de merde pareille ! on ne peut même pas souffler un peu ?


Je plonge à nouveau dans la lecture du rapport. Combien de destins bouleversés par ce dépistage ? Il n’y a pas qu’Elle qui est concernée.


Mais peut-être devrais-je me dire…


Combien de destins sauvés par ce dépistage. Parce qu’il est hors de question que je laisse qui que ce soit ou quoi que ce soit m’arracher Elle.


- Ca va aller Adrien. Je sais que ça va aller pour Elle.

- Et comment peux-tu le savoir ? T‘es devin peut-être ? je lui demande avec une pointe d’amertume.


C’est tellement facile pour nous médecins, de dire à un patient avec ce petit sourire paternaliste que ça va aller. Qu’est-ce qu’on n’en sait réellement. On a juste des statiques en tête, des pourcentages qui parfois ne veulent rien dire car en vérité chaque cas est particulier et chaque patient unique. On peut être le condamné par la médecine et guérir miraculeusement comme on peut être le patient lambda qui meurt d’une simple grippe.


Quand on dit ça va aller. Ce n’est pas une garantie. C’est un vœu. Un simple vœu alors qu’elle ne me le dise pas avec ce ton empli de pitié.


- Je sais que ça va aller Adrien. Je le sais parce que j’ai dû annoncer cette terrible nouvelle à deux autres patientes aujourd’hui. Et elles étaient seules. Il n’y avait personne pour les soutenir. Alors que toi, tu viens à peine de dire : nous allons traverser cette maladie de merde. Alors je dis ça va aller pour Elle.

Et elle s’en va. Quelques instants plus tard, Archange entre. J’ai besoin d’un moment. Je lui tourne le dos quelques instants et il ne dit rien. Il patiente tranquillement.


J’ai besoin d’un moment.

Je reprends mes esprits et ravale la boule d’angoisse dans ma gorge.  


***Elle***


Mes dossiers m’ont accaparée mais j’ai tout de même pu penser un peu à Adrien. Enfin, pas qu’un peu, en réalité je n’ai résolu qu’un seul problème et j’ai passé le reste du temps à penser à Adrien comme une stupide gamine.


J’ai horreur de ça. Il me rend bête ! Le pire c’est que même en y pensant, je souris seule dans le noir couchée sur mon lit. J’ai passé ma journée à sourire et à repenser au baiser d’hier. Celui contre la porte. Ca a été … violent mais surtout excitant… très excitant d’être soulevée par cette houle de passion et ballotée intérieurement pas la chaleur insidieuse du désir. Pourvu que ça reste comme ça pour l’éternité. Enfin, pas l’éternité, éternité hein. Voila que je me remets à penser comme une gamine.


Je ne suis pas cendrillon et Adrien n’est pas le prince charmant. C’est peut-être un prince dans sa manière d’être, sa générosité et tout mais charmant… Hum ! Ce n’est pas le qualificatif qui me viendrait à son propos.


Hier ce n’était pas un baiser charmant.


- Maman ! hurle Oxya ce qui me fait violemment sursauter et quitter mes rêves éveillés.


Oh ces enfants vont me tuer…  Je sors de ma chambre où je m’étais réfugiée pour être un peu au calme pour aller la retrouver à la douche.


- Quoi ?

- Les garçons ont coupé le chauffe-eau, il y n’y a plus d’eau chaude. Maman, comment as-tu pu faire des enfants aussi débiles.


J’entends des rires hystériques dans le couloir qui s’éloignent quand je sors mon nez de la salle de bain qui leur est réservée.

Oxya sait être tragédienne quand elle veut mais là je crois qu’elle est sérieusement énervée.


- Mais Oxya c’est la deuxième douche que tu prends de la soirée… C’est un peu exagéré question propreté non ?

- C’est parce que …

- Oui ?

- Y’avait …du …sang… dit-elle en baissant les yeux et me montrant la zone de son sexe.


Seigneur ! Est-ce que je comprends bien. Ma fille a ses premières règles. Je sens une émotion indescriptible m’étreindre et faire monter les larmes dans mes yeux. Elle est en  train de grandir, mon petit bout de chou. Pourtant, elle n’a presque pas de poitrine, c’est une vraie planche à pain mais tellement vive d’esprit. Il va falloir que je le dise à Leila, que la petite princesse de Xander, puisque c’est ainsi que son mari l’appelle, est devenue une femme.


On cogne à la porte de la douche.


- Maman dis leur de partir, dis leur… hurle Oxya, fâchée que ses frères continuent de l’embêter.

- Mais c’est moi. Fait la petite voix d’Annie.

- Entre Annie.

- Moi j’ai encore faim maman Elle.

- Ok j’arrive ma chérie.

- Et puis je veux voir mon papa. Commence t-elle à geindre.


Ouh la la ! Les garçons vont m’entendre ! Annie s’est tellement intégrée à notre petit groupe que maintenant, elle demande rarement son père. Mais l’envie de nous quitter pour le rejoindre revient toujours à la surface quand mes fils l’embêtent. Ce sont des garçons, ils aiment bien être taquins mais ils ne pensent pas à mal.


Je soulève Annie dans mes bras et vais prendre une serviette hygiénique dans ma chambre puis reviens à la douche retrouver une Oxya qui lève les yeux aux ciels chaque seconde.


- Un jour, tes yeux vont restés collés au ciel. Bon je vais t’expliquer comment…

- Maman, je sais c’est bon, donne. Dit-elle en m’arrachant la serviette des mains. Et maintenant, je voudrais un peu d’intimeté…


Intime nziaaaaaa (intimequoi) ????? Comment ça c’est bon ?


- Mais attends que je t’explique au moins…

- Pas besoin, j’en ai déjà parlé avec mes copines et j’ai googlé ça. C’est  juste que j’ai un peu paniqué. Je ne savais pas que c’était comme ça… Alors c’est bon, t’es rassurée ?

- Googler ?

- Chercher sur google.


Google c’est encore quoi ça ? C’est comme facebook ou c’est un dico en ligne pour ado ?


- On va quand même en parler dis-je sans lui révéler que je n’avais aucune idée de ce dont elle est en train de me parler. C’est pas google qui t’élève hein.


Elle lève une nouvelle fois les yeux au ciel en acquiesçant.


- C’est bon, t’as fini ?

- Oui j’ai fini.


Mais avant de m’en aller, je corrige bien madame je sais tout : « apparemment t’as pas su googler le mot intiMIté !


- Maman !


Je rigole et ferme la porte de la douche tandis qu’Annie me serre un peu trop fort.


- Mon bébé, qu’est-ce qui ne va pas ?

- C’est Ekang qui a dit qu’ils vont partir chez leur père et qu’ils vont me laisser toute seule avec le chien de leur école qui a la gale.


Ca ça ressemble bien à Ekang, mais je sais que c’est plus pour se moquer d’elle que pour lui dire de méchantes choses. Il aime beaucoup Annie sauf quand elle le suit comme son ombre.


- Mais non, ils ne vont pas te laisser…

- Si, son papa a appelé.  Dit-elle en levant ses immenses yeux pleins de larmes vers moi.

- Quand ?


Elle renifle sans me répondre. Celle là quand elle pleure, elle ne fait pas semblant. Je devine qu’elle vient de se rendre compte qu’elle a vendu la mèche. Je l’installe à la cuisine devant des miel pops et fonce au salon parler aux garçons. A les voir sagement installés devant des dessins animés, on leur donnerait le bon Dieu sans confessions.


- Alors ? je demande en croisant les bras sur ma poitrine avec une mine sévère. Celui qui parle en premier aura une réduction de peine significative.

- C’est Ekang qui a appelé papa.

- Quoi ? C’est faux. Nie le concerné.

- Si c’est vrai.

- Ekang arrête de mentir, je le sens bien que tu mens.


Même s’il adore faire des bêtises, Obiang a horreur des punitions. C’est pourquoi, il est toujours le premier à me livrer son frère en pâture.


- Je l’ai appelé.

- Mais pourquoi ?

- Parce qu’on ne le voit plus. Mais ça sonnait occupé.


Il devait voyager pourtant… aller en France avec sa dulcinée. Cependant, c’est vrai qu’il a assisté au mariage alors peut-être a –t-il annulé leur voyage. Je regarde l’heure. Il est bien trop tard. Je ne peux pas appeler, il va falloir patienter jusqu’au lendemain pour lui rappeler qu’ils étaient censés me donner une réponse claire sur ma proposition d’héberger un week-end les enfants. Quelque chose vibre dans le salon. Je pensais avoir laissé mon téléphone dans la chambre. Finalement Ekang le sort de derrière les coussins du fauteuil dans lequel il est assis. Il évite mon regard.


- Tu as intérêt à ne plus jamais refaire ça.

- Oui maman.


Je regarde le numéro affiché. Quand on parle du loup…


- Oui allo, dis-je en décrochant.


Je préfère me déplacer pour aller converser à la terrasse. Avec Gaspard, on ne sait jamais.


- Je vais récupérer les enfants.


Aka, est-ce que c’est la guerre ?


- Euh pas de souci, tu les prends quel week-end ?

- Quel week-end ? Je les récupère c’est tout. Après la démonstration de prostitution à laquelle on a eu droit au mariage tu crois que je vais laisser un béninois approcher mes enfants ? Ton corps, tu en fais ce que tu veux. Mais mes enfants, tu les laisses en dehors de ça tu comprends. Toi et ta copine, quand vous aurez fini d’écumer tous les étrangers de Libreville, tu pourras les récupérer si ça te chante.


Je suis tellement abasourdie que pendant un bref moment je ne dis rien.

Mais que puis-je répondre à pareille affirmation ? Je commence par rire doucement, puis le rire monte et monte encore dans ma poitrine, complètement libérateur de ma folie.


- Tu es avocat n’est-ce pas ?

- Oui et alors ? Quoi tu veux me comparer à ce plouc tatoué ? tu es folle ?

- Pardon Gaspard. Tu as fait quatre ans de droit et tu es allé en cabinet pour ton stage puis tu es devenu avocat. Mon plouc tatoué est médecin c’est 6 ans d’étude, je crois. Il a une spécialisation, il est pédiatre, donc tu ajoutes trois ans aux premières années. Alors non, je ne vais pas lui faire l’affront de vous comparer.


Il se tait.

Si on m’avait dit qu’un jour je serai fière des tatouages d’Adrien, j’aurai bien rigolé. Je n’ai jamais aimé les styles trop excentriques. Gaspard et Denis ont toujours été mon genre d’homme : soignés et plutôt aisés. Adrien est différent d’eux. Ses tatouages, je les aime, pas parce qu’ils lui donnent un petit air de mauvais garçon non (même si j’avoue que c’est très sexy)! Les tatouages, c’est ce qui fait qu’il est lui. Il porte toutes ses batailles sur lui comme des bijoux : les tatouages ce sont ses réussites et ses échecs qu’il porte sur sa peau. Parce qu’Adrien est comme ça.


- Je suppose qu’en tant qu’avocat, tu sais ce que veux dire divorcer et avoir la garde des enfants ?

- Je vais faire annuler cette décision crois moi et tu …


Je raccroche. Il ne va pas en revenir. Jennifer Elle Oyane qui lui raccroche au nez ?!!!! Qu’il aille méditer sur mon geste. Cette dispute me rappelle celle d’il y a quelques temps. Quand il m’avait dit que ce serait à genoux que je viendrais lui demander pardon, que je n’allais pas m’en sortir sans lui.


Je lui montre à quel point je m’en sors… je m’en sors plus que bien même. Un sourire béat se dessine sur mes lèvres parce que c’est vrai. Je m’en sors hauts les mains. Je me sens comme la reine du monde ! Que pourrait-il bien m’arriver ? J’aime mes enfants et j’ai un homme extraordinaire à mes côtés.


Le téléphone sonne à nouveau. Si c’est Gaspard, il va m’entendre cette fois ci. Non, c’est Adrien.


J’ai hâte de lui parler.


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Je t'ai dans la peau