chapitre 24 : à l'hopital

Write by leilaji

 

Chapitre 24

 

 

***Gabriel***

 

Je me sens tétanisé. J’ai comme l’impression de me vider moi-même de mon sang à la vue de Mickael dans cet horrible état. J’ai mal, la douleur dans mes côtes est lancinante ! J’ai terriblement mal. C’est lui qui est blessé et c’est moi qui ai le souffle court. Il m’a regardé un bref instant l’air de me dire : « tu le vois bien frangin, quoi que je dise, je veillerai toujours sur toi bien malgré moi». Je sais que c’est ce qu’il pense à l’instant même. C’est l’instinct qui guide ses actions pas sa volonté propre.

Seigneur. Si je pouvais avancer d’un pas vers lui, juste d’un pas, je le ferai mais la vue de tout ce sang me révulse complètement. Et les réactions de Mickael sont tellement imprévisibles. Je pourrai avancer et me faire rejeter encore une fois. Mais devant tout le monde ce serait tellement … humiliant.

Je m’agrippe à la main de Lola. Il faut qu’elle reste près de moi, qu’elle me donne la force d’agir, de faire quelque chose. Elle seule peut me sortir de ma léthargie.

 

Mais sa main me lâche et elle s’avance vers Mickael qui reste immobile.

 

Il ne lui est rien arrivé de grave, ce n’est qu’une blessure superficielle même si elle saigne abondamment. J’essaie de m’en convaincre pour ne pas paniquer. Je … il ne peut rien lui arriver. C’est Mickael. Il a beau être réservé et toujours dans son monde, il a beau avoir cet air doux et le regard pale mais moi je sais que c’est un guerrier. Il a toujours pris les coups… C’est Mickael. Il ne peut pas me laisser et s’en aller. Jamais !

 

***Le lendemain à El Rapha (polyclinique de Libreville qui appartient à la famille de Denis)

 

Monsieur Khan insiste pour tout prendre en charge mais je reste catégorique la dessus. Les affaires des Valentine se règlent entre Valentine. On peut se haïr à mort mais je ne pense pas que c’est à un étranger de prendre soin d’un membre de la famille. J’ai voulu payer mais quand papa a su ce qui s’était passé, il s’est rendu au chevet de Mickael afin de tout régler. Papa, lui et ses regrets ne font que tout compliquer. Mais je ne peux lui en vouloir de vouloir rattraper le coup avec Mickael, parce qu’avec moi c’est mort…

 

Je reste hors de la chambre pour le reste des formalités. Comme il a perdu beaucoup de sang, j’ai dû donner une poche de sang pour qu’il se fasse transfuser le plus rapidement possible sans avoir à attendre un donneur compatible d’autant plus que notre groupe sanguin est assez rare. Heureusement pour nous, bien que nous soyons de faux jumeaux comme on le dit communément, nous sommes compatibles. C’est une chance que je sois là pour lui même si c’est d’une manière moins héroïque. Quand je récupère enfin le téléphone de Mickael, je fouille son répertoire pour retrouver le numéro de ma grand-mère. Il faut que je prévienne Eugénie de ce qui est arrivé à son petit-fils. Elle est comme une mère pour lui alors elle doit savoir. De toute manière connaissant Mickael, quand il se réveillera, il fera partir tout le monde en restant muet et en nous ignorant tous. Eugénie seule pourra rester et le faire parler.

 

Dans son téléphone, j’hallucine, juste 3 numéros enregistrés : Mamie, Lola, Raphael. Le reste des numéros figurent dans le registre des appels reçus. Comment peut-on vivre aussi coupé des autres ? Mamie, Lola, Raphael. Il a enregistré Lola et Raphael ? Ca fait me fait froid dans le dos parce que j’imagine déjà très bien dans quelle étrange situation nous allons nous retrouver.

 

Ce fait illustre bien mon intuition : Mickael veut Lola, peut-être autant que moi.

 

Je lance l’appelle. Au bout de deux sonneries, Mamie décroche et parle en myènè.

 

— Hé Nyambiè (Dieu) Mickael, tu passes quand ? Je t’ai fait du nyembwe (sauce aux noix de palme)…

— Mamie !

 

J’ai un peu du mal à lui parler, les mots se coincent dans ma gorge et sortent avec difficulté. Trop d’émotions depuis hier, trop de personnes disparues qui réapparaissent, trop de blessures à peine fermées qu’on entaille encore et encore.

Ca fait tellement d’années que nous ne nous sommes pas vus. Elle a définitivement coupé les ponts avec son fils et moi quand elle a pris Mickael avec elle. J’ai été le dommage collatéral de sa guerre avec ma mère.

 

Au bout du fil, elle se met à pleurer parce qu’elle sait que c’est moi. Même après autant d’années, elle reconnait ma voix au bout du fil.

 

—Gabriel ! Seigneur Dieu c’est toi.

— Oui mamie c’est moi, tu peux continuer à parler en myènè (une des langues du Gabon) tu sais, je comprends aussi.

 

Elle se met à rire… d’un rire tellement gai que je me mets à sourire malgré moi.

 

— (en myènè)Hé l’enfant là tu n’as pas changé. Toujours aussi taquin.

 

Les larmes et la douleur contenues dans sa voix me troublent au plus haut point. Je respire un grand coup pour me calmer. Je ne vais quand même pas me mettre à pleurer en plein milieu du couloir d’une clinique.

 

— Tu as vu ton frère ? Si vous venez ensemble me voir, ça me fera plaisir.

— Mamie…

—Ne me dis pas non ! Après autant d’années il est temps d’enterrer les rancunes. Moi-même j’ai beaucoup péché avec toi.

— Mamie…

— Viens s’il te plait.

— Mamie Mickael est à l’hôpital. Il est blessé mais sa vie n’est pas en danger.

— …

— Tu habites toujours à Louis (quartier de Libreville) ? Je viens te chercher.

— Viens je t’attends.

 

Je me lève et préviens les infirmières à la réception que je reviens dans quelques temps. C’est encore l’heure des visites, si je fais vite, elle pourra le voir.

 

***André (père des jumeaux)***

 

J’entre dans la chambre de Mickael qui dort profondément. Apparemment les effets des antalgiques qu’on lui a donnés ne se sont pas encore dispersés. Je m’approche du lit incertain de l’accueil qu’il me réservera quand il ouvrira les yeux et soupire.

 

Qui a dit qu’être parent était naturel et aisé ? Au crépuscule de ma vie, je ne peux que dire que c’est … difficile. Ce n’est pas comme écrire sur une feuille blanche au crayon, se rendre compte qu’on s’est lamentablement trompé et avoir une gomme blanche pour tout effacer et recommencer.  Je n’ai pas vu Mickael grandir et l’homme que j’ai en face de moi me rappelle toutes mes défaillances.

 

J’ai tellement aimé sa mère ! Tellement ! A en crever. Mère me disait que ce n’était pas vraiment de ma faute, que les personnes descendantes de mon clan étaient condamnées à aimer ainsi selon une vieille légende familiale. Je l’ai aimé dès le premier regard d’un amour qui me privait de toute volonté propre. Au fil du temps, j’ai fini par constater la différence de traitement entre les deux enfants mais je n’ai jamais rien tenté pour ne pas contrarier Isabelle qui craignait pour quelques obscures raisons son propre fils. Alors je la laissais s’occuper des jumeaux pendant que moi je m’attachais de plus en plus à ma fille Eloïse, portrait craché de sa mère.

Plus rien de tout cela ne compte désormais. Je n’ai plus personne dans mon giron. Tous mes enfants volent de leurs propres ailes.

 

En levant la tête, je vois Gabriel faire des va et vient dans le couloir puis s’en aller. Son frère est couché là mais il n’est pas entré dans la chambre le voir ne serait-ce qu’un instant.  Peut-être qu’un jour les jumeaux sauront me pardonner ma faiblesse. Pourquoi pas… l’espoir est toujours permis tant qu’on vit.

 

J’ai brisé ma propre famille. Que ne donnerai-je pour tout recommencer… à zéro. Je pose une main sur celle de Mickael qui est un peu froide et la presse légèrement.

 

Une infirmière en blouse blanche entre dans la chambre pour vérifier l’état de Mickael. Elle triture quelques boutons, lit sur sa feuille de soins les informations dont elle a besoin et me fait un sourire.

 

— On surveille ses fonctions respiratoires, cardiaques, rénales, la plaie, le pansement et les drains qui ont été posés. Il a ouvert les yeux ce matin et là il dort ne vous inquiétez pas. On prévient les  phlébites aussi par l'administration d'un traitement. Il va bien. Vous êtes son père ?

— Oui.

 

Ce oui est difficile à prononcer.

 

—C’est la coqueluche de la clinique vous savez ! Toutes les infirmières veulent l’aider pour la toilette mais c’est moi qui ai l’honneur de m’en occupe. Dit-elle en souriant rigolant elle-même de sa remarque. Il est marié ?

 

Je secoue la tête parce que visiblement, il ne porte pas d’alliance à son annulaire mais en réalité je n’en sais pas plus qu’elle sur le sujet.  Qu’est-il devenu après avoir été porté disparu par l’armée française ? A-t-il des enfants ? Je n’en sais rien ! Quel piètre père je fais !

 

Je m’installe sur la chaise réservée aux visiteurs et attends patiemment. L’infirmière nous quitte quelques instants plus tard.

 

***Eugénie***

 

Ca me fait tellement de bien d’être ainsi assise à côté de mon autre petit fils. Il est venu me chercher à la maison, celle dans laquelle sa mère n’a pas voulu qu’il mette les pieds pendant son adolescence, pour m’emmener voir son frère blessé. Je ne pensais pas pouvoir assister à une telle scène de mon vivant. Dieu soit loué, mille fois loué.

 

Il gare devant le portail d’El Rapha et descend de la voiture pour m’aider à en descendre à mon tour. Mon arthrite me fait souffrir dans mes déplacements et c’est une chance qu’il soit si prévenant.

 

Doucement, j’avance pendant qu’il gare sa voiture ailleurs. Je ne pense pas que de ma longue vie je sois déjà montée dans pareille voiture. De même, ça ne me dit absolument rien de me retrouver à l’arrière de l’horreur que Mickael appelle moto. Hum. Gabriel est aussi clinquant que Mickael est discret. Ces deux là me donnaient mal à la tête quand ils étaient enfants et maintenant, il va falloir que tous nous mettions la main à la pate pour tout régler.

 

Une fois dans la clinique et après avoir demandé la chambre de Mickael, je me dirige vers celle-ci. Mon cœur est tranquille. Je sais tout au fond de moi que sa vie n’est pas en danger et qu’il ira bien. Il ira très bien très bientôt.

 

Quelques minutes plus tard, j’ouvre la porte de sa chambre et me fige quand je croise le regard de mon fils. Il se lève et se met légèrement en retrait pour me permettre d’occuper le siège vacant. Je ne dis rien et m’assois.

 

— Bonjour mère.

— Bonjour André. Comment vas-tu ?

— Ca va. Merci.

 

Le silence dans la chambre est profond et marqué par les rancœurs mais j’ai tellement prié Dieu pour que cet instant arrive de mon vivant que je mets tout ceci de côté.

 

— Je te pardonne tu sais. Tu es mon fils et je prie pour toi chaque jour que Dieu fait. Je te pardonne pour qu’à ton tour tu te pardonnes à toi-même et que nous puissions avancer… je ne suis pas éternelle et emporter toute cette douleur avec moi ne m’apportera rien.  A toi non plus…

 

Je tourne ma tête vers mon fils qui regarde le sien. Trois générations de malheur… Accablé par la douleur, André se met à genoux devant moi et pose sa tête sur mes cuisses comme quand il était enfant.

 

— Tu m’as manqué, dit-il tout simplement.

 

Je caresse sa tête sans oublier de le bénir dans mon cœur. Qui suis-je pour le juger ? Je lui pardonne ses erreurs et prie pour que Dieu me pardonne moi d’avoir contribué à séparer deux frères nés du même ventre.

 

Il se lève et essuie ses larmes du revers de la main aussi dignement que le peut un homme de son âge et de sa situation sans se sentir faible.

 

Je me lève à mon tour et m’approche du lit de mon petit-fils.

 

— Mickael, mon bébé, réveille-toi. Je suis là.

 

Il ouvre les yeux tout doucement, les cligne un bref instant puis se rend compte de la présence de son père et se crispe.

 

— Ca va ?

— Oui. Que fait-il là ?

— Il est venu te voir.

 

Il ne dit plus rien et ferme les yeux.

 

****Lorelei****

 

J’ai fait un petit plat de bouillon de carpe. Bon à vue d’œil c’est plus une soupe qu’autre chose mais puisqu’il est convalescent, je suppose qu’il ne faut pas bourrer son estomac avec nos plats gras habituels. J’ai attaché le plat dans un Tupperware couvert d’un torchon tout propre. C’est le seul torchon neuf de la maison, heureusement qu’il est beau. Je ne sais pas pourquoi, entrer le voir me rend nerveuse depuis que je n’arrive plus à défaire son visage de ma mémoire.

 

Raphael me pousse du coude. Rhhoooo ! Le petit là commence à me manquer de respect hein !

 

— C’est quoi ?

—(En LSF) Ca fait un quart d’heure qu’on est planté devant sa porte ! s’indigne-t-il, quand comptes-tu entrer… A force d’attendre, les heures de visite vont passer et on nous refusera l’entrée !

 

Je soupire et pousse la porte avec un sourire sur les lèvres.

 

****Mickael****

 

Je sens comme un léger frisson me parcourir la peau. Je sais qu’elle est là bien avant d’ouvrir les yeux. Elle reste figée devant la porte quand elle se rend compte que je ne suis pas seul.

 

— Je ne vais pas rester longtemps et te déranger … je suis juste venue t’apporter ça, dit-elle en me montrant un plat emmailloté.

 

Je suis bien content qu’elle soit là. Je me redresse complètement et elle s’avance après avoir salué mon père et ma grand-mère qui ne la quittent pas des yeux une seconde. Raphael quand à lui s’est approché de moi et m’a salué de la main. Je lui ai souri en retour, je suis très heureux de le voir. C’est un garçon vif d’esprit avec qui je m’entends maintenant assez bien.

 

— Bonjour, lui dis-je en langue des signes, comment vas-tu ?

 

Lola me regarde ébahie et je la rassure tout de suite.

 

— C’est lui qui m’a appris c’est la seule chose que je sais dire.

 

Elle éclate d’un rire franc et communicatif qui me donne des frissons sur tout le corps. La voir ainsi heureuse et décontractée … me rend heureux alors que je suis dans un sale état et que les médicaments me saoulent complètement. La preuve c’est que je n’ai pas encore foutu mon père dehors. Je l’observe juste du coin de l’œil. Il a drôlement vieilli le bonhomme. 

 

— Tu as réussi à survivre à un cours avec Raphael ? Félicitation !

 

Il me parle en langue des signes et Lola traduit.

 

— Il dit qu’il est un professeur exigeant et que c’est moi qui suis une élève indisciplinée. Bon, je te laisse le plat sur la tablette et on va y aller… Te laisser en famille. 

— Je suis gaucher.

— Pardon ?

—J’ai le bras gauche hors circuit alors je ne vais pas pouvoir manger ton plat.

— Oh. Je vais … t’aider si tu veux, dit-elle sans trop réfléchir.

 

****Lorelei****

 

Je me rends compte qu’on n’est pas seul dans la chambre et que ça pourrait devenir gênant de lui donner à manger comme si on était intime.

 

— Je suppose que c’est elle Lola, dit doucement celle que je devine être sa grand-mère tellement Mickael lui ressemble.

 

Il ne dit rien.

Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi le voir dans cet état me met moi en émoi. L’image de l’homme invincible, intouchable et sûr de sa force que j’avais de lui m’empêchait de laisser un quelconque sentiment s’installer.

 

Et aujourd’hui, il est là devant mes yeux avec des bleus sur tout le corps, le bras gauche immobilisé, bien plus touchant qu’il ne l’a jamais été. Alors lui aussi peut être affaibli ! Il peut avoir besoin … de moi ? J’ai envie de prendre soin de lui comme il a pris soin de moi pendant la soirée. Et ça, ça faisait longtemps qu’un homme ne m’avait pas donné l’occasion d’être celle qui comble un besoin et non celle qui a besoin d’être comblée. 

 

— C’est ta femme ? demande l’homme qui jusqu’à présent c’était fait très discret.

 

Je manque m’étrangler avec ma propre salive en entendant cette supposition qui me tire de mes pensées.

 

— Non.

— Oh pardon ! Comme ta grand-mère la connait, j’ai cru… commence –t-il à dire à son fils puis il me dit : excusez-moi mademoiselle.

— Il n’y a pas de mal Monsieur Valentine. Je suis une de ses rares connaissances. Puis détournant mes yeux de Mickael dont les pupilles pétillent d’amusement, je me retourne vers Raphael. Qu’est-ce qui te fait sourire ? je demande lui pour faire diversion et cacher ma gêne.

 

Je m’assois à ses côtés et j’ouvre ce que j’ai emmené. Je prends les couverts qui avaient été disposés à côté du plat de laitues accompagnées de tomates fraiches servi par la clinique. Je tire la cuillère du lot et remets le reste à sa place.

Sa grand-mère me regarde en souriant. Toute cette situation est assez déstabilisante car plus personne ne parle et tout le monde nous observe. J’ai comme l’impression qu’ils se font des films. Enfin, peut-être que c’est moi qui me cache des choses aussi. Je dois avouer que je suis bien contente de lui venir à mon tour en aide. Raphael me parle et je me mets à traduire.

 

— Raphael demande si tu as réellement battu un homme qui faisait 2 mètres et demi et pesait deux cent kilos.

— Il faisait 2 mètres pour 130 à 140 kilos pas plus.

 

Raphael me regarde avec des yeux courroucés, déçu que j’aie exagéré les faits de son nouveau héros. Je me justifie.

 

— Bah quoi ! je n’étais pas là et on me l’a raconté ainsi.

— Racontez moi aussi ma fille. Demande la grand-mère.

 

Alors je me mets à parler et parler encore… heureuse de lui faire sentir qu’il en a fait beaucoup pour nous et que son intervention a été magistrale. Lui par contre ne dit rien tandis que tous boivent mes paroles comme du petit lait. Raconter la soirée me permet aussi de lui donner à manger sans pour autant me sentir trop observée par sa famille. Alors dès qu’il a fini, je me dépêche de tous ranger et de me lever du lit sur lequel j’avais dû m’assoir pour être proche de lui. A la fin de mon récit, je lis de la fierté dans les yeux de son père et beaucoup de gênes dans son regard à lui. Peut-être en ai-je trop dit. Je le sais bien que c’est quelqu’un de très réservé mais je n’ai pas pu m’empêchée de parler.

 

La porte s’ouvre sur … Eloïse.

 

Elle rentre dans la chambre toujours aussi impeccable qu’à son habitude et tiens la porte ouverte un instant.

 

— Gabriel, il me semble que je t’ai demandé d’entrer…

 

La tension dans la chambre s’intensifie lourdement tandis qu’Eloïse salue sont père et prend sa grand-mère dans ses bras.

 

Gabriel finit par entrer, la mine fermée et les mains dans les poches du pantalon de son costume et marque sa surprise de me voir au chevet de son frère en me fixant. C’est vrai qu’on ne s’est pas encore parlé depuis les évènements traumatisant de la soirée…

 

— En plus ta copine est déjà là. Tu fuyais quoi ?

 

Merci Eloïse de mettre ainsi les pieds dans le plat mais alors là merci beaucoup. Le père des jumeaux fronce les sourcils d’incompréhension. Le regard de la grand-mère passe de premier petit-fils au second sans rien dire.

 

Raphael se met à parler pour dissiper la tension.

 

— Raphael demande quand tu pourras reprendre les cours ?

— Dès que je serai sur pied, répond-il sans quitter son frère des yeux.

— Bon, on va vous laisser… lui dis-je en essayant de détourner son attention de son frère.

 

Mickael me regarde enfin. Puis il fait un geste, un geste tellement simple que je ne comprends pas pourquoi il m’émeut ainsi.

 

Il pose tout simplement sa main sur la mienne et la porte à ses lèvres un bref instant. Et le temps de ce bref instant, j’oublie toutes les personnes qui nous entourent et je sens mon corps frémir quelques secondes intenses. La seule sensation sur mon corps qui persiste c’est la brulure causée par ses lèvres sur ma peau et le frisson qui m’a traversé à ce contact. Tout ce la me bouleverse étonnamment…

 

— Reviens demain. A-t-il murmuré, puis il a fermé les yeux.

 

Le temps de répondre, Gabriel sort de la chambre aussitôt suivi par Eloïse et les parents.

 

Raphael lui dit au revoir et sort aussi m’attendre à l’extérieur.

 

— Mickael… « reviens demain » qu’est-ce que ça veut dire dans ton langage ?

— Ca veut dire reviens demain… Je veux te voir, dit-il sans ouvrir les yeux dans un murmure à peine audible.

 

Il est fatigué. Je dois le laisser. On en reparlera demain et j’espère de tout cœur que d’ici là, il n’aura pas changé d’avis.

 

***Gabriel***

 

Je démarre la voiture et regarde partir papa et sa mère dans une voiture conduite par son chauffeur.

 

Eloïse cogne à la vitre.

 

— Descends.

 

Putain ! De quoi se mêle-t-elle ? Je ne suis pas d’humeur, merde ! J’ouvre tout de même la portière, descends et m’adosse. J’ai juste besoin d’un instant pour reprendre mes esprits.

 

— Gabriel, regarde-moi.

 

Je lève les yeux et la regarde. Je ne lui cache pas l’immense colère qui m’habite.

 

— Je ne veux pas perdre une nouvelle fois mon petit-frère… depuis quand Lola le connait-elle ?

— Pourquoi ? Est-ce important ?

— Je ne sais pas ce qui se passe exactement mais il me semble qu’elle vient de faire un choix.

— Je ne laisserai pas Lola.

— Il ne s’agit pas de Lola, Gabriel. Mais de famille…

— Mais on n’a jamais été une famille Eloïse ! Descends de ton petit nuage…

— Ne dis pas ça. C’est notre seconde chance. Regarde on était tous unis dans sa chambre, là pour le soutenir et il n’a rejeté personne…

— Et tu crois vraiment que je vais la laisser partir ainsi… Pour qu’elle choisisse … Mickael ! Jamais. Je l’avoue je suis en colère et jaloux… Mais toi et moi savons qu’il ne lui fera que du mal. C’est tout ce qu’il sait faire … briser ceux qui sont autour de lui. Et je ne le laisserai jamais briser Lola.

— Tu ne laisseras jamais qui me briser Gabriel ? demande Lola que ni moi ni Eloïse n’avons entendu arriver. 

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