CHAPITRE 25

Write by Maylyn

Je me levai d'un bond et courut presque dans la chambre chercher mon téléphone. Le raffut que je faisais réveilla Risna. D'une voix ensommeillée, elle me demanda :


-Que fais-tu debout à cette heure Chéri ? 


-Lève-toi Risna ! J'ai besoin de toi ! 


-Quoi ? Mais...


-Je te dis que j'ai besoin de toi ! Elevai-je la voix. Alors vas te débarbouiller et rejoins-moi au salon !


Elle comprit sans doute qu'il y avait un souci. Alors, sans dire un mot elle s'exécuta. Je retournai dans le salon et composai le numéro d'urgence inscrit en bas de l'écran. Merde ! Ça sonnait occupé ! Après plusieurs essais infructueux, je me sentir bouillir de rage. Entre temps, Risna m'avait rejoint et apprenait elle aussi la nouvelle.


-Seigneur ! Oh PM je suis vraiment désol...


-Arrête ok ! Nous ne savons pas encore ce qui s'est passé !


-Mais à la télé, ils disent qu'apparemment, il n'y a eu aucun survi...


-Je t'ai dit de LA FERMER ! Yélen est vivante d'accord ?! Tout ce que je te demande, c'est de faire le boulot pour lequel tu es payée ! Rien à foutre de tes commentaires à deux balles ! Réserve-moi une place pour le premier vol en partance pour Abidjan et continues d'essayer de joindre le numéro d'urgence ! Moi je vais dans la chambre faire mes valises...


Je fus interrompu par une photo de ma femme qui apparaissait sur l'écran. L'envoyé spécial expliquait qu'il se pourrait bien que « le célèbre mannequin soit malheureusement à bord de ce vol » d'après les informations qu'il a reçu sur les passagers.


-Imbécile ! Journalistes de pacotilles ! Comment peuvent-ils affirmer sans preuve formelle ?! 


-Pierre-Marie, je sais que c'est diffi...


-Tu as terminé ce que je t'ai demandé de faire ?


-Non pas encore. Je voulais...


-Alors active-toi ! Je n'ai pas que ça à faire !


Je me ruai dans la chambre pour empiler quelques vêtements dans une petite valise puis revins au salon.


-Alors ?


-Le numéro sonne toujours occupé...


-PUTAIN !


-...Mais j'ai réussi à t'avoir un billet sur le prochain vol qui part à 7h30. 


Encore au moins 2h à attendre ! Je me mis à marcher de long en large.


-Tu ne crois pas qu'il serait mieux d'appeler tes parents ?


-Tu es folle ou quoi ? Il est 1h là-bas ! Ils doivent être en train de dormir ! Je ne veux pas les inquiéter pour rien ! 


-Justement PM, ce n'est pas rien !


Je lui lançai un regard noir. 


-Tu sais Pierre-Marie, tu peux me crier dessus autant que tu veux mais ça ne fera pas changer les choses ! Je sais bien à quel point tout cela te bouleverse mais...


-Tu ne sais RIEN DU TOUT !


Elle se tut un instant, me regardant fixement.


-Ok, j'ai compris !


Elle s'assit les bras croisés et le visage boudeur. Je savais qu'elle avait raison et que j'étais injuste de lui parler comme ça. Mais je me sentais tellement frustré et impuissant ! Je m'arrêtai et poussai un soupir.


-Tu as raison Risna ! Je ne devrais pas déverser ma colère sur toi. Pardon ok ?


-Oh ce n'est pas grave, je sais que ce n'est pas facile à gérer. Bon, vas prendre une douche. Ça t'aidera à te calmer. Moi je vais continuer à essayer d'appeler et si jamais il y a du nouveau, je te préviens automatiquement. D'accord ?


J'eus un semblant de sourire.


-D'accord ! Merci Risna.


-C'est mon boulot Patron ! Renchérit-elle avec un clin d'œil. 


Quelques heures plus tard, j'étais dans l'avion qui me ramenait dans mon pays. Heureusement que c'était un vol sans escale. Assis à bord du Boeing, je ne fis que répéter intérieurement encore et encore la même prière : « Seigneur, je Vous en supplie, ne m'enlevez pas la femme de ma vie ! Je sais que je ne la mérite pas mais je Vous promets de prendre soin d'elle désormais jusqu'à mon dernier souffle !» Après 8h de vol, j'étais épuisé et le manque de sommeil et d'appétit n'avait rien arrangé. Après les formalités d'usage, j'empruntai un taxi. Une fois devant la maison de mes parents, je m'arrêtai quelques secondes pour inspirer. Puis je sonnai. Siaka l'un de nos agents de sécurité me reconnut immédiatement et vint me prendre ma valise.


-Bonne arrivée PM ! C'est une belle surprise ça ! Tes parents seront très contents de te voir !


-Merci Siaka ! Ils sont là ?


-Oui oui. Tout le monde est là.


Je pressai mes pas en traversant la cour, montai les marches du perron et ouvrit la porte d'entrée. Il régnait y un silence mais ce n'était pas étonnant. La maison était tellement grande qu'il fallait parfois entrer d'abord dans une pièce pour s'apercevoir qu'il y avait du monde. 


-Il y a quelqu'un ?


J'entendis des pas précipités qui venait d'un des salons. C'était ma mère.


-Pierre-Marie ! Oh Mon Fils, cela fait des heures que nous essayons en vain de te joindre !


-J'ai éteint mon téléphone dans l'avion.


Elle vint se blottir dans mes bras.


-Où est Yélen Maman ? S'il te plaît, dis-moi qu'elle n'a pas pris ce vol...


-Calme-toi PM ! Tout va bien d'accord ? Ta femme est dans sa chambre. Elle avait oublié...Pierre-Marie !


J'étais déjà dans les escaliers, grimpant rapidement les marches. J'ouvris la porte de la chambre devenue la nôtre quand nous venions en visite et je la vis. Elle était en train de lire assise sur le lit, ses lunettes de correction lui donnant un air sérieux que je qualifiais de « sexy ». En m'apercevant, elle ouvrit de grands yeux en posant ses lunettes sur la table de nuit :


-Pierre-Marie enfin ! Cela fait des heures que j'essaie de te contacter pour ne pas que tu t'inquiètes...Oh Mon Chéri...


J'étais agenouillé à ses pieds, la tête dans les mains et pleurant comme un bébé. Elle me regarda sangloter un petit moment, émue elle aussi puis elle me prit le bras pour que je la rejoigne dans le lit. Ce que je fis, les larmes coulant sans retenue sur mon visage. Elle posa tendrement sa tête sur ma poitrine et passa un bras autour de moi. Quand enfin, les spasmes s'espacèrent, elle leva son visage humide vers moi. Je constatai qu'elle pleurait elle aussi en silence. Nous éclatâmes soudain de rire.


-Regarde-nous en train de pleurer comme des madeleines alors que tout va bien ! C'est stupide non ?


-Très stupide ! Approuvai-je. 


Lui caressant les cheveux :


-Mon Dieu ! Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie !


-C'est ce que je voulais éviter justement. Avec les parents, nous avons essayé de te joindre dès que nous avons appris la nouvelle aux infos ce matin.


-Je devais être déjà dans l'avion. J'ai pris le vol de 7h30. Mais que s'est-il passé ?


-Tu ne me croiras jamais mais j'ai oublié mon billet à la maison. Tu crois ça ? Mon billet d'avion !


Elle eut un petit rire.


-Rendons Gloire à Dieu alors ! Pour moi, c'est un signe Sun ! Tu ne devais pas être dans cet avion c'est tout !


-Oh !


-Quoi ?


-Tu m'as appelé « Sun ».


-Mais oui ! Qu'il y a-t-il d'étonnant ?


-Cela fait des lustres que tu ne m'as pas appelée ainsi PM ! Tu peux répéter ?


Je pris son visage entre mes mains.


-Bien sûr Sun ! Tu m'as terriblement manqué Sun ! Le choc de voir cet avion et surtout d'entendre ces fichus journaleux supposer que tu étais à bord...Tout cela m'a fait comprendre à quel point tu comptes pour moi Sun ! Je t'aime Sun ! Je ne sais pas comment nous nous y prendrons mais nous allons nous en sortir Sun d'accord ? 


Elle eut un petit rire de m'entendre répéter ce surnom affectueux autant de fois.


-Je t'avoue que moi aussi j'ai pensé à tout cela et je me suis imaginée une seconde dans cet avion avec ces pauvres personnes qui ont péri. Et quand je pense que je ne vous aurais plus jamais vu ni serré dans mes bras Lily et toi,...J'ai des frissons rien que d'y repenser. Moi non plus je ne veux pas vous perdre PM ! Je t'aime Mon Chéri !


Je lui donnai un long baiser. Le goût sucré de ses lèvres pleines m'avaient tellement manqué !


-Papa !


J'eus juste le temps de lâcher ma femme avant que Nielini ne me saute dessus. 


-Oh doucement jeune fille ! Comment vas-tu Lily ?


-Maintenant que t'es là, c'est trop bien ! Tu pars plus hein ?


Elle vint se coucher entre sa mère et moi.


-Non je ne vais nulle part ! Je suis trop bien dans ce lit avec mes deux femmes préférées !


-C'est vrai ? S'écria Yélen, le regard plein d'espoir.


-Bien sûr Chérie ! Tu sais que je ne lance jamais des paroles en l'air non ?


Elle eut ce magnifique sourire que je croyais ne plus jamais revoir.


-Yeah ! Chouette ! Tu vas voir Papa, c'est trop bien ici ! Tout le monde est encore à Abidjan donc on s'amuse bien ! Et tu sais quoi ? Maman a dit que je serai l'égérie de sa fondation ! Trop bien non ?


-Ah bon ? 


-Oui c'est vrai. Ça te dérange Chéri ?


-Non ! Au contraire, je suis agréablement surpris en fait. C'est bien que tu reprennes vraiment tous tes projets. Je suis très fier de toi Mon Amour. 


Puis m'adressant à ma fille :


-Alors comme ça, nous avons un autre futur Top Model dans la famille !


-Oui et j'espère que je serai aussi belle que Maman sur les photos !


-Tu es très photogénique Mon Cœur donc je ne me fais aucun souci. En plus, tu es très intelligente, généreuse et volontaire alors je ne pouvais pas trouver mieux comme ambassadrice non ?


Notre puce prit un air modeste.


-Je sais Maman, je sais.


Ce qui nous fit rire aux éclats. 


Ce soir-là, revenu enfin de mes émotions, j'appelai Risna pour lui annoncer la bonne nouvelle.


-Dieu soit loué ! Tout va bien alors ! Tu peux enfin respirer. Tu rentres quand ?


-Euh...Justement, je voulais t'en parler. Je ne rentrerai pas maintenant. Je vais demander à l'un de nos associés de reprendre le projet en cours. Tu comprends Risna, ma famille a besoin de moi et...


-C'est bon, j'ai bien compris. Tu veux sauver ton mariage c'est ça ?


-Oui, c'est cela en effet.


-Alors fais-le PM ! Je vous souhaite sincèrement de retrouver le bonheur. Je te ferai parvenir toute tes affaires restées ici.


-Merci infiniment pour tout Risna ! Tu es vraiment une femme exceptionnelle !


-Je le sais Patron ! Acquiesça-t-elle, un rire dans la voix. Allez, vas prendre soin de ta famille maintenant. Bye !


-Bye !


-C'était qui ?


Me retournant, je vis Yélen arrêtée sur le seuil de la baie vitrée qui donnait sur la cour arrière.


-Oh ce n'est rien ! Je prévenais juste mon assistante que je ne retournais pas à Dubaï.


Elle vint se blottir contre mon torse.


-Ah ok ! Je suis tellement heureuse que tu décides de rester. Tu sais Pierre-Marie, pendant un moment, j'ai bien cru que notre couple était brisé. 


-Mais non Chérie ! Il fallait juste qu'un déclic se fasse en nous et nous rappelle pourquoi nous nous sommes mariés. Je t'aime tellement. 


-Et moi donc ! Promets-moi qu'on va travailler à faire marcher notre couple dorénavant et non à le détruire.


-Je te le promets Sun !


Un baiser passionné vint sceller ces paroles.


Après deux semaines de détente, de rires et de sorties avec les autres membres de la famille, nous rentrâmes à New York, les vacances d'été s'achevant pour Nielini. Avec Yélen, nous décidâmes de consulter sa nouvelle psychologue pour une thérapie de couple. Elle nous aida beaucoup à y voir plus clair, à comprendre toutes ces phases par lesquelles nous étions passés. Et au fil des semaines, nous recommençâmes à redevenir ce couple soudé et amoureux que nous étions avant le décès de notre Sami. Trois mois environs après notre retour, nous eûmes enfin le courage de retirer toutes les affaires de notre petite disparue pour les offrir à une association caritative. Pendant que nous rangions, Yélé assise par terre, un petit tee-shirt rose dans les mains me demanda :


-PM ?


-Oui ?


-Nous faisons le bon choix n'est-ce pas ? Sami ne nous en voudrait pas et n'irait pas penser qu'on veut se débarrasser de ses affaires et l'oublier hein ?


-Mais non Sun ! Rappelles-toi comment à son jeune âge elle était généreuse avec les autres, toujours un mot gentil, un câlin. Elle partageait spontanément ses goûters avec ses petites copines de la maternelle. Même ses maîtresses faisaient ses éloges. Crois-moi Chérie, elle serait heureuse de voir que ses affaires seront données à des enfants moins chanceux.


Elle essuya une larme qui perlait à son œil.


-Oui tu as raison. Alors, dépêchons-nous. Il est presque l'heure d'aller chercher Lily et je lui ai promis que nous irions avec elle à l'association. 


Le samedi qui suivit, Nielini eut son premier shooting. La veille, elle avait été tellement excitée que nous avions eu un mal fou à la convaincre d'aller au lit. Elle se réveilla très tôt ce matin-là et vint réveiller Yélé. 


-Allez Maman, on va être en retard !


-Lily, il n'est que 7h du matin ! Lui répondit sa mère d'une voix ensommeillée.


-Oui mais il faut que tu te lèves, que tu prennes ta douche et que tu fasses le petit-déjeuner et tout ça prend énormément de temps ! Maman !


-Bon d'accord ! Vas prendre tes céréales ! Je te rejoins dans trente minutes !


-Quinze !


-Vingt et c'est mon dernier mot !


-Marché conclu ! 


Et elle sortit aussi vite qu'elle était rentrée. Je pouffai en les regardant.


-Pourquoi tu rigoles toi ?


-Elle me rappelle quelqu'un à presque le même âge c'est tout !


Elle me tira la langue et me lança un coussin à la figure. Ce qui me fit encore rire.


-C'est ta faute si j'ai autant sommeil ce matin ! Tu m'as tenue éveillée presque toute la nuit !


-Je ne t'ai pas entendu te plaindre pourtant ! Au contraire, c'était des « oh oui PM ! Encore Chéri ! » .


-Pierre-Marie Aka ! S'exclama-t-elle faussement choquée.


Une seconde plus tard, j'étais sur elle, lui tenant les poignets au-dessus de la tête. 


-Avoues que tu as adoré !


-Je suis au regret de t'annoncer que tu te fais vieux Chéri. Contra-t-elle malicieuse.


-Ah bon ? 


-Humm humm !


De ma main droite, je lui caressai lentement l'intérieur de la jambe.


-Tu es sûre que tu n'as pas aimé ?


-Certaine...haleta-t-elle soudain frissonnante. 


Ma main continua son investigation et bientôt atteignit son entrejambe humide. Plongeant mon majeur en elle, je lui chuchotai à l'oreille :


-Et là, tu as changé d'avis ?


-PM...


Au moment où je la sentis abdiquer, on entendit notre fille crier depuis les escaliers :


-Il reste quinze minutes Maman !


Je retirai immédiatement mon doigt et m'écartai de ma femme. Elle grogna, frustrée.


-Rappelles-moi pourquoi j'ai choisi cette petite comme ambassadrice déjà ?


-Parce que c'est ta petite fille chérie et que tu l'aimes plus que tout. 


Elle se leva, excédée :


-Heureusement pour elle alors !


Je partis dans un énième fou rire.


J'étais dans mon bureau quand elles rentrèrent. Toute heureuse, ma fille vint me présenter son book. En le parcourant, je reconnus la photogénie transmise par sa mère. Les photos étaient parfaites : pleines de vie et de malice, à l'image même de Lily. 


-Alors qu'est-ce que tu en penses ?


-Elles sont magnifiques ! Pas sophistiquées du tout, naturelles,...Il a su montrer son âme d'enfant, on la sent heureuse de vivre tout simplement ! 


-C'est exactement ce qu'on voulait, que ça reste authentique tu vois ?


-Eh bien, c'est réussi ! Bravo Lily !


Elle vint me sauter dans les bras.


-Merci Papa !


Apparemment, nous venions de découvrir le prochain mannequin de la famille.


***


Le samedi avant la semaine de Noël, Yélen et Lily partirent passer la journée chez Zeinah. Je ne pouvais pas y aller parce que je tenais à terminer mon travail en cours pour être libre les deux semaines à venir. Cette année, nous tenions à offrir des fêtes de fin d'année magiques à Lily. Elle le méritait amplement : non seulement ses résultats scolaires étaient plus que satisfaisants mais surtout, elle avait assez souffert de nos problèmes de couple. Nous voulions lui consacrer autant de temps que possible pour qu'elle se sache aimée par ses parents. J'étais penché sur des plans dans la bibliothèque quand j'entendis la sonnerie de l'entrée. Marisa avait certainement oublié ses clés. Je descendis et quand j'ouvris, mon sourire amusé laissa la place à la stupéfaction. Devant moi, se tenait Risna, des valises posées près d'elle. Souriant de toutes ses dents, elle s'écria :


-Surprise !


-Risna ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?


-Je suis venue t'offrir un cadeau de Noël avant l'heure !


-Un cadeau ?


-Oui Chéri ! Félicitations, tu vas être de nouveau Papa !

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