J'éclatai de rire. 

-Oh Risna, toi et tes blagues idiotes ! Tu as failli m'avoir tu sais. 

-Je suis très sérieuse Pierre-Marie ! Je suis enceinte et il est de toi ! Me corrigea-t-elle imperturbable.

-Mais...Mais comment...Comment est-ce possible...

Elle entra d'un pas déterminé et se dirigea vers le salon tout en me conseillant :

-Tu ferais mieux de faire entrer mes valises avant que tes voisins ne les aperçoivent.

Complètement sonné, je m'exécutai machinalement. Je les posai dans le hall puis la suivit. Elle s'assit calmement et je pense que c'est cette sérénité qui me mit en colère :

-Réponds à ma question Risna ! Comment puis-je être l'auteur de cette prétendue grossesse alors que tu m'as affirmé être sous pilule ?

-Il faut croire que les contraceptifs ne sont pas fiables à 100% !

-TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! 

-Tu ferais mieux de baisser d'un ton Chéri si tu veux que je me montre conciliante !

J'avais soudain chaud sous mon pull. De la sueur perlait sur mon front et j'avais les mains moites. C'était quoi ce bordel, bon sang ! Juste au moment où on commençait à voir le bout du tunnel ! Il fallait que je me calme sinon je n'arriverais pas à réfléchir ! Je m'assis près d'elle et je pris une inspiration avant de lui dire presque suppliant :

-Risna, s'il te plaît, dis-moi que c'est faux tout ça et que tu me faisais juste une bonne farce...

Elle partit dans un fou rire. Quand elle put enfin reprendre son souffle, elle s'écria :

-Si tu voyais ta tête ! Tu es devenu gris Chéri ! Bien entendu que je blague Idiot ! 

Je fus tellement soulagé que je la pris spontanément dans mes bras. Elle pouffa une nouvelle fois et j'en fis autant.

-Là j'avoue que tu as fait fort ! 

-Ouais ouais c'est tout moi ça ! déclara-t-elle amusée. Tu étais si mort de trouille que tu n'as même pas remarqué qu'il s'agissait de tes valises ! Je te ramène tes affaires restées à Dubaï.

-Oh mais oui c'est vrai ! Je les avais complètement oubliés.  

Puis prenant un air faussement sévère :

-Ne me refais plus jamais une peur pareille ? D'accord ?!

-C'est noté Patron !

Nos éclats de rire emplirent la pièce encore une fois.

-Bon assez plaisanté ! J'ai envie d'un café bien chaud ! Il caille dehors ! Tu m'en offres un ?

-Oui bien sûr ! Allons dans mon bureau et je t'en servirai une tasse.

Une fois en haut, nous nous installâmes confortablement, moi dans un des fauteuils et elle en face sur le canapé, tous deux une tasse de café fumant dans les mains.

-Alors ? Elle est où ta femme qu'elle me signe un autographe ? 

-Tu n'as pas de chance. Elle passe la journée chez sa meilleure amie avec notre fille. 

-Et toi, au lieu de profiter de ce weekend pour être avec elles, tu préfères bosser ?! Pierre-Marie, tu ne m'avais pas dit que tu voulais recoller...

-Ne t'inquiète pas ! Tout va de mieux en mieux entre nous. Et justement, je veux pouvoir leur consacrer la semaine à venir donc je règle tous mes travaux en cours pour être plus libre ensuite !

-Là, tu me rassures ! Mais je t'avoue que je vous envie Yélen et toi. 

-Comment cela ?

-Vous avez tout pour être heureux ! Professionnellement, vous avez réussi tous les deux, vous avez une belle maison, une ravissante petite fille et le meilleur, vous vous aimez d'un amour qui a réussit à perdurer malgré les douloureuses épreuves que vous avez vécues. Même notre petite aventure n'a pas ébranlé les sentiments que tu éprouves pour elle. Et pourtant, je t'avoue que parfois, je l'aurais voulu.

-Oh Risna...

-Je sais, je sais ! J'avais bien conscience que pour toi ce n'était qu'un intermède, une sorte d'échappatoire à tes soucis. Mais pour moi, ça signifiait beaucoup plus. Oui Pierre-Marie, je suis tombée amoureuse de toi !

Je vis un mouvement du coin de l'œil et tournant la tête en direction de la porte, je vis ma femme sur le seuil, complètement abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Je me levai aussitôt pour aller vers elle.

-Yélen ! Je ne t'ai pas entendu rentrer Chérie. Depuis combien de temps es-tu là ?

-Assez en tout cas pour entendre cette femme m'apprendre que vous avez eu une liaison et qu'elle est amoureuse de toi ! Alors, c'était ça Dubaï ?

-Oh Seigneur ! Qu'est-ce que j'ai fait ?

C'était Risna, l'air horrifié qui venait de s'exclamer ainsi en se levant d'un bond.

-Madame Aka, je suis vraiment désolée...Tout est ma faute...Je ne savais pas que vous étiez...

D'un mouvement impératif de la main, Yélen l'arrêta. Ses yeux lançant des éclairs fixés sur moi, elle la rabroua :

-Vous feriez mieux de vous taire ! Je ne vous ai rien demandé ! Je m'adresse à MON mari ! Alors Pierre-Marie, j'attends toujours que tu me répondes !

-Sun, je vais tout t'expliquer ok ? Mais avant, il faut que tu te calmes...

-QUE JE ME CALME ? Je viens d'apprendre de la bouche de ta pétasse que durant la période la plus sombre de mon existence, vous preniez du bon temps à Dubaï et JE DOIS ME CALMER ? Heureusement que Lily passe la nuit chez Zeinah ! Au moins, ça lui évite d'assister à cette mascarade ! Je suis venue lui chercher quelques affaires et je repars ! A mon retour, je ne veux pas voir cette...femme chez moi ! Compris ?!

Sans attendre une réponse, elle se dirigea d'un pas rapide vers la chambre de notre fille.

-Je pense que je vais y aller Pierre-Marie. 

-Ce serait mieux oui !

Une fois devant la porte d'entrée :

-Tu repars à Dubaï ?

-Oui mais seulement après les fêtes. Encore une fois, désolée pour le bordel que je viens d'occasionner...Ce n'est vraiment pas ce que je voulais. Tu le sais n'est-ce pas ?

-Oui ne t'inquiète pas. Je ne t'en veux pas tu sais. S'il y a quelqu'un à blâmer ici, c'est moi. J'ai fait beaucoup d'erreurs que j'essaierai du mieux que je peux de résoudre maintenant.

-Tu es sûr que ça va aller ? Si jamais tu as besoin de mon aide pour la convaincre...

-Non non, je ne veux pas t'impliquer là-dedans. Je vous ai fait assez de mal à toutes les deux comme ça ! En plus, je connais ma femme et crois-moi, ta présence ne ferait qu'empirer les choses.

-Ok, je n'insiste pas alors ! Bon, eh bien j'y vais.

Spontanément, elle me prit dans ses bras. J'eus alors conscience que c'était certainement la dernière fois que nous nous voyions. Je lui rendis son étreinte et lui fit un baiser sur le front. Nous entendîmes à cet instant la voix sarcastique de mon épouse derrière nous :

-Désolée de vous déranger mais puis-je sortir de chez moi ?

D'un même mouvement, nous nous séparâmes.

-Yélen...

Elle me poussa et descendit rapidement les marches du perron. Une seconde plus tard, sa voiture démarrait en trombe. Les yeux rivés sur la route, Risna eut un petit sourire :

-Je pense que pour l'autographe, c'est raté n'est-ce pas ? Au moins j'aurais eu la chance de me retrouver en présence de la célèbre « Angel » ! 

Puis, elle se retourna vers moi :

-Je comprends mieux pourquoi je n'ai aucune chance de rivaliser avec elle ! En plus de sa grande beauté, elle a une présence folle ! Je souhaite vraiment que ma bourde ne vous sépare pas définitivement.

-Ok ! Alors on se dit à bientôt ?

-C'est ça oui...A bientôt. 

J'attendis de la voir rentrer dans sa voiture avant de refermer la porte sur ce chapitre de ma vie.

Il était minuit à ma montre quand j'entendis enfin la porte d'entrée s'ouvrir. Cela faisait des heures que je guettais le retour de mon épouse, avachi dans le canapé du salon. 

-Yélen...Tu as vu l'heure ? Je m'inquiétais Chérie. Ton smartphone était éteint et au téléphone, Franck m'a dit que tu avais quitté leur maison depuis un bon moment...

Sans me répondre, elle monta en direction de notre chambre. Je la suivis. Une fois à l'intérieur, je repris :

-Sun, s'il te plaît parle-moi.

-Non Pierre-Marie ! Pas maintenant ok ? Je suis trop en colère là donc je risquerais de débiter des bêtises !

-Et tu aurais totalement raison...

-J'ai dit NON ! Tout ce que je veux en ce moment, c'est prendre un bain pour essayer de me calmer et aller me coucher. Donc laisse-moi tranquille !

La porte de la salle de bain claqua comme pour appuyer ses dires. Une demi-heure environs plus tard, elle en sortit, se dirigea vers son dressing puis vêtue d'un pantalon de pyjama et d'un pull, elle se dirigea vers la porte.

-Où vas-tu ? 

-Aussi loin de toi qu'il m'est possible dans cette maison !

Nouveau claquement de porte ! Je m'assis dans le lit, le regard perdu dans le vide. Je prenais enfin la mesure de mes fautes. Quel idiot ! Un vrai lâche ! Oui PM, tu es un lâche ! Tu as fui tes responsabilités, préférant copuler avec ton assistante que d'affronter la réalité et te battre pour ton couple ! Cette fois, tu serais le plus chanceux des hommes si elle te pardonnait Imbécile ! 

Il était 6h du matin quand j'abandonnai enfin l'espoir de trouver le sommeil. Après un rapide tour à la salle de bain, je descendis à la cuisine me faire du café. J'y trouvai Yélé assise devant un mug fumant, le regard hagard. Elle ne fit pas un seul mouvement vers moi quand j'entrai dans la pièce. 

-Bonjour.

-Bonjour.

Après m'être servi une tasse du café qu'elle venait de faire, je me posai en face d'elle.

-Comment vas-tu ce matin ?

-A ton avis ?

-Sun, je suis vraiment désolé ! Je regrette tellement tout ce que j'ai fait...

Le regard toujours fuyant, elle m'interrompit dans un murmure :

-C'était l'affaire d'une nuit ?

-Quoi ?

-Cette...relation. C'était juste une nuit où durant tout ton séjour ?

J'eus pendant une fraction de seconde l'idée de lui mentir, me disant qu'une seule nuit serait peut-être plus facile à pardonner. Non ! Je lui devais au moins la vérité :

-Tout a commencé le jour de mon anniversaire en fait.

Elle eut un petit rire dédaigneux :

-Je comprends mieux pourquoi tu étais injoignable.

-Ecoute Chérie, ça ne vaut pas la peine de ressasser tout...

-Et vous avez continué à vous voir depuis que nous sommes rentrés ?

-Quoi ?...Non, bien sûr que non ! J'ai tout arrêté depuis ce jour où j'ai cru que je t'avais perdu dans le crash. Aujourd'hui, c'était la première fois que nous nous voyions elle et moi. Elle me ramenait mes affaires restées à Dubaï.

Après un petit rire de dérision, elle chuchota :

-Sacré Kady ! Tu avais raison !

-Tu as dit Kady ?

Elle me regarda enfin.

-Oui Kady ! Tu ferais mieux de l'appeler pour la remercier d'ailleurs parce que c'est grâce à elle si je suis encore ici ! Mon Dieu, je n'aurais jamais pensé dire ça un jour !

-Je suis perdu là.

-Tu ne le mérites pas mais je vais te l'expliquer quand même ! 

***

Quand je suis repartie chez Zeinah,  j'étais complètement déboussolée et je ne voulais pas que Lily le sente. Alors, j'ai décidé de m'en aller. Où ? Je n'en avais aucune idée. Tout ce que je savais, c'est que je ne voulais pas rentrer à la maison. Alors, j'ai erré longtemps dans la ville, jusqu'à ce que je reçoive un appel d'Eddy Sanders, tu sais, mon ancien collègue mannequin qui a ouvert un rooftop bar sur le toit de l'hôtel de son père situé à Manhattan. Cela faisait un moment déjà qu'il m'invitait à venir y prendre un verre et hier, son invitation tomba à pic. Une fois là-bas, je préférai m'asseoir seule malgré les visages familiers que j'aperçus. Heureusement, ils respectèrent tous ce souhait...sauf Kady ! Eh oui, elle y était ! Eddy venait juste de me laisser après m'avoir mis l'un de ses fameux cocktails entre les mains quand j'entendis :

-Je me disais bien que c'était toi !

Levant les yeux, j'avais eu la confirmation de l'auteur de cette voix que j'avais reconnue. Kady !

-Pas ce soir Kady ! Vas emmerder quelqu'un d'autre s'il te plaît !

-Oh quelle humeur belliqueuse ! Relaxe ! Je viens en paix d'accord ? 

Et avant que je ne m'y oppose, elle s'était déjà assise en face de moi. Je devais reconnaître qu'elle était toujours aussi belle malgré les années et apparemment, elle avait appris à apprécier la véritable couleur de ses yeux. Néanmoins, vu la longueur de ses cheveux, les extensions étaient toujours ses meilleurs amis ! Enfin, Rome ne s'était pas fait en un jour comme on dit!

-Alors ? Qu'est-ce que tu fais là toute seule ? Et ta chère moitié ? Ton âme sœur sans qui tu ne pourrais pas vivre ? 

-Cela ne te regarde pas !

-Ah ah ! Ça sent l'embrouille à plein nez ! Allez raconte !

-Parce que tu penses vraiment que c'est à toi Kady, celle qui a tout fait pour me gâcher la vie que je vais me confier ?

-Ouais moi-même ! Dit-elle dans un éclat de rire. Allez Yélen, ne sois pas si rancunière ! Moi je t'ai pardonné tu sais ?

-Tu...Tu m'as quoi ? Parce que j'avais quelque chose à me faire pardonner peut-être ?

-Mais oui ! Tu m'as volé mon homme sans vergogne ! Il était à moi et tu t'es toujours immiscée entre nous ! Détrompes-moi si j'ai tort!

Même si je savais que cette affirmation était en partie vraie, il n'était pas question que je l'avoue devant elle.

-Tu t'es mise toi-même dans le pétrin avec ton sale caractère ! Donc ne cherche pas de bouc émissaire pour t'aider à calmer ta conscience !

-Bon, laissons tomber car tu ne l'admettras jamais ! Maintenant dis-moi ce qui ne va pas. Promis, je n'ai pas de micro caché. Me-charria-t-elle avec un sourire.

Je réussis à retenir le mien et je ne sais pas si c'est la lueur bienveillante que je voyais dans ses yeux qui me convainquit ou simplement l'envie de me décharger un peu de mes peines mais je me mis à tout lui raconter. A la fin de mon récit, j'avais les larmes aux yeux. 

-Eh tu ne vas pas me foutre la honte en te mettant à chialer comme une gosse non ? J'ai une réputation à préserver moi !

Cela eut le mérite de m'arracher un petit rire.

-Ah là c'est mieux ! Maintenant, je vais te parler franchement ! Tu es une idiote !

-Quoi ?

-Une vraie cruche ! Comment peux-tu laisser ton mec en compagnie de cette garce et t'en aller ? Moi à ta place, elle serait à la morgue à cette heure ! Bon, d'un autre côté, elle ne vaut pas la peine que tu te retrouves en taule. 

-Crois-moi, j'en avais une grande envie ! 

-Elle est belle ?

-Mouais...on peut dire ça...

-Sur une échelle de 1 à 10 ?

-Hummm...7.

A son regard dubitatif, je me repris :

-Ok disons 8 ! 

-Et tu sais comment cela s'est passé ? Si c'était une seule nuit par exemple ?

-J'étais tellement en rogne que j'ai préféré m'en aller pour ne pas faire de bêtises !

-Bon voilà ce que tu vas faire : rentre à la maison et si en le voyant, tu ressens encore de la colère, ne lui dis rien et vas dormir dans une autre pièce. Et attends le lendemain pour lui poser sereinement les questions pour en savoir plus. PM n'est pas un mec d'une nuit donc prépares-toi à entendre qu'ils ont eu une liaison qui s'est sans soute achevée quand il est rentré. Il a sans doute eu des remords et as décidé de revenir auprès de sa famille comme un gentil toutou. Ah les hommes !

Elle leva les yeux au ciel après cette dernière phrase. 

-Et qu'est-ce que cela changera que je sache ce qui s'est passé ? L'essentiel est qu'il s'envoyait en l'air avec son assistance pendant que moi je souffrais !

-Eh mais c'est ta faute ça !

-Kady !

-Excuses-moi mais c'est vrai ! Perte d'enfant ou pas, un homme reste un homme ! Tu n'avais qu'à t'en occuper au lieu de te complaire dans ta douleur et de te foutre la santé avec ces médocs !

-Bon, eh bien, je crois que je vais y aller...

-Oh arrêtes tu veux ? Assieds-toi ! m'ordonna-t-elle. Je ne t'ai dit que la vérité ! Peut-être assez crûment c'est vrai...mais tu me connais hein ! Allez, je te commande un autre verre pour me faire pardonner d'accord ?

-Juste un alors parce que je conduis. 

-Je suppose que tu n'as rien manger non plus depuis un moment n'est-ce pas ? Attends, je vais demander en cuisine qu'on te prépare quelque chose.

-Tu bosses ici ?

Elle éclata de rire en se levant :

-Moi Kady bosser ? Tu rigoles ou quoi ? Je suis mariée à Eddy Chérie !

Elle réussit à m'enlever mon premier éclat de rire depuis cet après-midi. Quand elle revint, nous discutâmes durant un moment encore. Puis, je me décidai enfin à rentrer. Eddy et elle me raccompagnèrent à ma voiture. Une fois devant, il nous laissa pour aller s'occuper de ses clients. 

-Bon, eh bien j'y vais. 

-Ce ne fut pas si difficile finalement de te confier à ta vieille ennemie, non?

-C'est vrai ! Ce fut même très instructif !

Nous eûmes un petit rire un peu gêné. Puis elle me tendit la main :

-Alors, amies ?

J'hésitai l'espace d'une seconde avant de lui prendre la main :

-Amies ! Mais je te préviens que si tu me refais le coup de l'amie hypocrite qui me plante un couteau dans le dos, je t'étouffe avec tes péruviennes.

Elle prit un petit air scandalisé :

-Non ! Pas mes extensions ! Et je te signale que ce sont des brésiliennes plutôt !

Après un énième rire, je pris enfin congé d'elle.

***

-Waouh ! Je suis sidéré là ! 

-Et moi donc ! Ce matin au réveil, j'ai même cru un petit instant que j'avais rêvé cette rencontre. 

Nous eûmes un petit sourire complice.

-Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Tu veux me quitter ? Je comprendrais tu sais...

-Tais-toi Pierre-Marie ! Ne me donne pas des idées parce qu'une partie de moi a vraiment envie de t'envoyer au diable ! 

Je baissai les yeux, honteux.

-Cependant, comme me l'a signifié Kady, si je demande le divorce, cela voudra dire que tout ce que nous avons vécu et subit n'aura servi à rien ! Nous nous sommes faits une promesse toi et moi : tout faire pour que notre mariage soit une réussite et non un échec ! Et je compte bien la tenir ! 

Je relevai brusquement la tête, n'en croyant pas mes oreilles :

-C'est vrai ?

-Oui ! Pour notre fille, pour nos parents qui ne sauraient pas quel parti prendre en cas de séparation mais aussi et avant tout pour l'amour que je ressens toujours pour toi malgré mon ressentiment et la fureur qui bout en moi ! J'aurais préféré que tu sois franc avec moi et que tu me parles de cette liaison au lieu de l'apprendre de cette manière...

-Oui je sais et encore une fois, je suis vraiment désolé Sun...

-...Mais bon, le mal est déjà fait ! Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c'est essayer de réparer tout ça. Je suis extrêmement blessée Pierre-Marie et je n'ai plus confiance en toi. Alors, tu as intérêt à te bouger afin de changer cela ! C'est clair ?

-Oui bien sûr ! Je te promets que cela n'arrivera plus jamais ! C'est toi que j'aime Sun et aucune autre femme ne pourrait détrôner cette place que tu as dans mon cœur !

-C'est sûr qu'il n'y aura pas de prochaine fois ! Parce que je te jure Pierre-Marie que si jamais tu oses me tromper encore une fois, NOUS DEUX, C'EST FINI !

Elle se leva pour aller laver son mug. Je suivis tous ses gestes, encore abasourdi par sa décision. Merci Seigneur ! Juste avant de quitter la pièce, elle s'arrêta et sans se retourner, me dit d'une voix chargée de sanglots contenus :

-J'ai promis à ma fille qu'elle aurait cette année un Noël de rêve alors nous allons tout faire pour que ce soit le cas. D'accord ?

-D'accord. 

Elle se précipita dans les escaliers sans doute pour ne pas craquer devant moi mais j'eus le temps d'apercevoir le tressaillement de ses épaules. Oui PM, tu es vraiment un IMBECILE !