Chapitre 25

Write by Myss StaDou

Chapitre 25


Je regarde Junior, paniquée. C’est quoi cette histoire ? Il me fait des signes de supplications avec les mains, me demanda de rester assise. Je me lève tout de même. Victor s’est approché et me regarde :

 

− S’il te plaît, ne t’en va pas. Je vais faire tout ce que tu veux. Mais reste.

− Hum… Tu es sûr ?

− Sûr et certain. Assois-toi. Nous allons parler.

 

Je me tourne et regarde Junior :

 

− Ne t’inquiète pas pour lui. Au moins, tu sais que tu es en sécurité.

− Qu’est-ce qui se passe ici ?

− C’est simple. Je vais t’expliquer.

 

Je le regarde un instant avent de m’asseoir. Il s’assied face à moi et me regarde.

 

− Je peux commander à boire ?

− Oui.

 

Il passe sa commande à la serveuse qui attendait derrière lui. Il profite aussi pour commander à manger une fois et envoie la serveuse prendre la commande de Junior. Une fois seuls, je le regarde en attendant la suite.

 

− Je t’écoute.

− Que veux-tu savoir ?         

− Explique-moi d’abord ce qui se passe maintenant.

− Il me fallait trouver un moyen de te parler. Tu ne réponds pas à mes appels. Tu m’as chassé de chez toi l’autre jour, frappé même d’ailleurs.

 

J’ai un peu honte de ma réaction mais bon… Il continue de parler.

 

− Jeanne m’a dit tout à l’heure que tu as refusé mon invitation à manger après les cours, pour une soi-disant migraine. Mais tu guéris vite, dit-il en riant.

− Tu es là pour parler ou te moquer de moi ?

− Détrompe-toi. Ce n’était juste une blague. Je ne te comprends pas ces jours-ci.

− Je suis tout à fait normal.

− Mais d’ailleurs, pourquoi m’as-tu frappé l’autre jour ?

− Parce que tu l’as mérité ! Tu t’es très mal comporté envers moi. Tu veux abuser des sentiments que j’ai pour toi.

− Ce n’est pas vrai !

 

Je soupire, pour garder un peu de calme. Je sens encore la colère monter, mais hors de question de faire une scène en public.

 

− Tu ne m’as pas répondu.

− J’avais pris le numéro de ton frère hier au cas où. Je l’ai appelé tout à l’heure pour organiser tout cela. Je savais que lui au moins tu le suivrais.

− Vous vous êtes payé ma tête ?

 

Victor soupire :

 

− Non, calme-toi. J’ai juste trouvé un moyen pour pouvoir te rencontrer. Je lui ai expliqué qu’on avait des soucis de couples et que tu me boudais.

 

Je l’observe en coin.

 

− Et il a juste voulu aider. Ne lui en veux pas pour ça.

− Ok.

 

Je l’observe. C’est moi ou entre-temps cet homme est devenu plus beau. Beau de quoi ? Les fraicheurs de l’Europe ou du mensonge ?

 

− Et pour le reste ?

− Quel reste ?

− Ne joue pas à l’idiot !

 

Je roule des yeux en regardant au ciel. Il fait exprès ou quoi ?

 

− Que s’est-il passé les jours avant ton départ ? Je te sentais absent. Et le pire, tu m’as prévenu par SMS. Même pas un appel, Victor ! Je compte si peu pour toi ?

 

Il me regarde et semble réfléchir. Il expire et se décide à parler.

 

− J’ai beaucoup de soucis et de pression dans ma vie depuis quelques temps. Entre le stress au boulot, les exigences familiales et mes autres petites affaires à gérer, ce n’est pas toujours facile à garder la tête posée sur tous les fronts.

   

Je l’écoute consciencieusement.

 

− Sache tout d’abord que tu es très importante pour moi et que je tiens énormément à toi. Je suis désolé de m’être comporté comme un idiot. Je ne sais pas quel mot te dire pour que tu effaces cette peine en toi.

− Tu ne fais aucun effort non plus.

− Mais tu n’as pas reçu mon cadeau ?

− Quel cadeau ?

 

Il me regarde, surpris.

 

− Mais je t’ai fait livré un paquet quelques jours avant mon voyage. Une robe.

 

Je tchipe.

 

− Ah… L’autre…

− Ça ne t’a pas plu ? demande-t-il avec inquiétude.

− Que j’ai même d’abord touché ça ? 

− Ça veut dire quoi ?

− À cause de ton paquet, je me suis battue avec ma sœur Carole.

 

Il ouvre les yeux, choqué.

 

− Mais pourquoi ?

− Parce qu’elle a détourné le paquet voilà ! Si tu m’avais prévenu, tout cela ne serait jamais arrivé !

− C’était censé être une surprise. Désolé que ce soit devenu autre chose. J’ai été trop pris après.

− Ouais c’est ça ! commenté-je narquoisement.

− Vraiment désolé. Je t’emmènerai choisir une autre. Promis.

− Si tu le dis.

− Crois-moi. Mes sentiments envers toi sont sincères.

 

Je ricane un moment sous son regard intrigué.

 

− Ouais ouais. Où sont passé tes top models ?

− Quels top model ?

− Les deux belles femmes du restaurant. C’est quoi ? Elles sont parties et tu t’es souvenu de la pauvre étudiante qui meurt d’amour pour toi ?

 

Il éclate de rire et secoue la tête.

 

− C’est quoi ? Tu serais jalouse ou quoi ?

− Ne joue pas au beau. Je t’ai vu !

− C’est pour ça que tu es si énervée ?

− Et puis, ça fait quoi ? N’en ai-je pas le droit, si je te vois avec une autre femme ?

− Et toi madame, tu n’étais pas seule… Je ne te fais pourtant pas la guerre.

− J’étais avec un simple ami et je peux le prouver. Je ne suis pas sûre que tu puisses faire pareil.

− L’amour t’a vraiment aveuglé.

− C’est-à dire ?

− Sinon tu aurais vu la ressemblance.

− Avec qui ? demandé-je faiblement, déjà un peu honteuse.

 

Il s’arrête d’abord pour secouer la tête et rire :

 

− C’était ma sœur Jumelle, Sonia, et sa copine.

− Sa copine, tu dis ?

− Oui, je ne mentirais pas qu’à une époque, j’ai flirté avec elle. Mais je suis avec toi maintenant et avec personne d’autre.

 

Je le regarde. Vraiment je vis des choses. Peut-être, voyant le doute dans mes yeux, il sort son portable de sa poche et me montre une photo avec la deuxième femme. Ils se tiennent dans les bras et regarde l’appareil : ils se ressemblent vraiment. Mais de loin, comment aurais-je su ça ? Il pouvait me dire cela ce jour-là. Mais ma propre position n’était pas simple. Donc …

 

− Et pourquoi m’as-tu menti ?

− Menti ? À propos de quoi ?

− La durée de ton séjour.

 

Il expire et me regarde dans les yeux.

 

− J’avais une mission de cinq jours en France pour acheter du matériel pour ma compagnie. J’ai profité pour prendre dix jours de congés et aller en Belgique me reposer un peu.

− Et ta sœur sort d’où dans ce programme ?

 

Victor roule des yeux :

 

− Celle-là… Elle me suit toujours partout. Quand elle a su que j’étais là, elle a accouru. Sa copine et elles ont programmé un voyage spontané pour le Cameroun et j’ai dû rentrer plus tôt pour leur tenir compagnie.

− Sans rien me dire ? demandé-je avec une once de déception.

− Je t’ai appelé madame, mais apparemment tu étais trop occupée pour me parler.

− Qu’est-ce que ça veut dire ?

− Je t’ai appelé samedi soir. Mais la communication devait être mauvaise car je parlais mais tu ne m’entendais apparemment pas.

− C’était toi ? demandé-je sous le choc.

− Oui, c’était moi ! Et je t’entendais très bien.

 

Je me tiens la bouche, honteuse. Il a donc dû entendre ce qu’Olivier disait et mes remarques bizarres.

 

− Je suis désolée. C’était mon ami du restaurant. Il était de passage en ville et nous sommes sortis manger.

− Deux fois ?

− Oui.

 

Son regard sur moi se fait plus perçant. J’ai envie de rentrer dans ma chaise et disparaître.

 

− Sans plus ?

− Si je te le dis.

 

Je ne vais tout de même pas lui dire que nous étions à Kribi ensemble.

 

− Et tu es rentré quand ?

− Dimanche après-midi.

− Et tu n’as pas fait signe de vie ?

− J’ai essayé, mais ton numéro ne passait toujours pas.

− Mon téléphone était tombé dans l’eau donc…

− Je comprends mieux.

− Et ensuite ?

− Ensuite, nous sommes vus au restaurant où j’accompagnais les filles prendre à manger. Je ne pouvais décemment pas te parler dans cette situation. J’ai préféré reporter cela à plus tard.

   

Nous nous regardons un moment.

 

− Mais tu étais belle ce soir-là.

− C’est ça !  Un moustique devant les deux femmes qui t’accompagnaient.

− Jamais ! Tu es magnifique et naturelle comme j’aime.

 

Je tchipe :

 

− Laisse-moi les flatteries. Et après cela ?

− J’ai voyagé pour Douala, Kribi, le village. C’était trop compliqué de te parler.

 

Je le regarde un moment, sans rien dire. La serveuse a apporté nos repas depuis un moment.

 

− On peut manger d’abord ?

− Bien sûr. J’ai une faim de loup d’ailleurs.

 

Nous mangeons avec appétit en silence. Nous nous observons, chacun plongé dans ses pensées. Je me demande bien ce qui se passe dans sa tête, comment agir après tout ce qu’il m’a dit.  Vingt minutes plus tard, nous avons fini le repas et nous sortons du restaurant. Junior nous attend déjà dehors. Il s’éloigne d’ailleurs et monte dans une voiture inconnue. Paniquée, je me lance à sa suite.

 

− Qu’est-ce qu’il y a ? demande Victor.

− Où s’en va mon frère ?

− Nulle part. Je vous ramène à la maison.

− À la maison ? C’est ta voiture ?

− Oui. J’ai une nouvelle voiture.

 

Je suis juste ébahie. Je suis perdue devant tout ce qui se passe. Je monte à l’avant du bijou que Victor venait d’acquérir. Un très beau modèle. Les sièges en cuir sont un rêve. Nous roulons en écoutant la musique. Personne ne parle. Une fois garés devant la maison, Junior descend et entre dans le portail. Je descends aussi et Victor me suit venant de mon côté de la voiture.

 

− Nick, je tiens vraiment à toi.

− Peut-être bien. Mais tu as fait tant de choses bizarres que je suis perdue. J’ai besoin de temps pour être sur que cette relation est vraiment sérieuse.

− Elle l’est, je peux t’assurer. Sinon je ne serais pas là.

− L’un n’implique pas l’autre. Je ne suis même pas sûre que ton histoire de la copine de ta sœur soit vraie. Vous m’aviez l’air trop intimes.

− Je t’assure que je n’ai touché aucune autre femme que toi. Je me réserve pour les bonnes choses. Ton corps me manque vraiment, murmure-t-il avec sensualité.

− Pas maintenant. J’ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça.

− Donne-moi quand même l’occasion de pouvoir te parler. Je ne supporte plus de vivre comme ça.

− Laisse-moi le temps, s’il te plaît. Je viendrais à toi si je le sens.

 

Sans un baiser d’adieu, je rentre dans la concession de la maison.

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