Chapitre 26

Write by Myss StaDou

Chapitre 26


Quelle soirée ! Ma vie est vraiment riche en événements, surprises, et surtout en émotions fortes ces dernières semaines. On dirait que tout est chamboulé. Je n’ai la maîtrise de rien dans tout ce qui m’arrive. C’est vrai que je pose moi-même des actes qui peuvent prêter à confusion. Je ne refuse pas. Mais c’est tout simplement parce que dans le fond j’ai décidé de vivre ma vie à fond, tout en restant sage quand même. Je ne veux pas gâcher mon avenir.

 

Je ferme la porte du salon derrière moi. Je vais vers le couloir qui mène aux chambres à coucher et frappe à la porte de Junior :

 

− Papi ? J’entre.

 

J’ouvre doucement la porte de la chambre. Junior est en train de se déchausser. J’entre dans la chambre, ferme la porte en m’adossant dessus et le regarde un moment. Il s’arrête intrigué et me regarde.

 

− Papi, il faut qu’on parle.

− Ok, je t’écoute.

 

Il s’installe sur le lit et m’invite à m’asseoir près de lui. Je prends une grande inspiration et me décide à parler. J’ai soudain  un regard nerveux:

 

− C’était quoi l’histoire de ce soir-là ?

 

Junior a l’air un peu honteux :

 

− Nini, ne te vexe pas, s’il te plaît. Ces derniers temps, tu es la mère des colères et des bagarres. Je suis dépassée par ça. Je ne te reconnais pas.

− Alors nous sommes deux dans ce cas.

 

Je baisse la tête un moment.

 

− As-tu des problèmes ?

− Pas vraiment, réponds-je en soupirant. Je suis juste confuse.

 

Je le regarde de nouveau.

 

− Explique-toi alors.

 

Il inspire un coup et me regarde.

 

− Je t’ai observé et je me suis rendue compte combien tu aimais cet homme. Tu m’avais dit qu’il avait voyagé non ? J’ai été dépassé quand tu l’as zappé hier. Et il m’a fait pitié. Je suis sorti plusieurs fois et je le voyais toujours garé là à t’attendre. Je lui ai même parlé. Il m’a dit qu’il ne partirait pas sans te parler.

 

Quelle détermination. Il tient donc vraiment à moi.

 

− Ce qui m’a tué est qu’à mon retour de mes marches au quartier, il devait être 18h30 par là, il était toujours garé là.

− Ekié ! Il n’est parti ? Même après cette gifle ?

 

Junior écarquille les yeux, étonné.

 

− Tu l’as giflé ? Même lui aussi, tu frappes ? Qu’est-ce qui t’arrive ?!

− Ah, laisse-moi, m’exclamé-je, un peu honteuse.  Il m’a énervé !

− Nini ! Il faut te ressaisir.

− Je sais. Mais pourquoi l’avoir aidé dans son plan ? Ne dois-tu pas être dans le camp de ta sœur ?

 

Il ricane un peu :

 

− Je suis dans ton camp non. Jusqu’à la gare.

− Tu es terrible ! Alors ?

− Mama, il m’a appelé après les cours et il m’a expliqué qu’il voulait te faire une surprise. Et qu’il tenait à ce que je sois présent.

 

Je le dévisage.

 

− Ça n’avait rien de compliqué, son plan. J’ai eu pitié de lui – solidarité masculine oblige ! Je n’ai pas vu de grands soucis à le faire.

− Ok. Mais tu pouvais quand même me souffler le plan non ?

 

Junior secoue la tête négativement :

 

− Non, madame. Une surprise reste une surprise !

 

Nous éclate tous les deux de rire.

 

− Je ne t’en veux pas. T’inquiète.

− Tant mieux alors. En plus, on a bien mangé hein, dit-il en riant.

− Tu parles. C’était bon jusqu’à le feu sort.

− Maman Bouffe ! Vois déjà les joues, les fesses qui sortent partout. Le poids va te tuer bientôt.

− Mouf ! Tu es jaloux de mon bien-être.

 

Je me lève pour me diriger vers la porte. Avant de sortir, je me retourne, souriante :

 

− Merci.

− Pourquoi ?

− Tu m’as aidé à dénouer un des nœuds de ma vie. Ça ira mieux maintenant que tout est revenu en ordre.

− Ça me réjouit alors.

 

Je vais dans ma chambre pour me changer. J’ai le ventre tellement plein que j’ai même du mal à respirer. Je me jette sur le lit, regardant le plafond, les pensées ailleurs. C’est vrai que je suis assez confuse de tout ce qui arrive ces jours ci. Mais je suis heureuse que Victor soit de retour. Il est évident qu’il tient vraiment à moi. Je ne ferais pas le poids par rapport à ses femmes. Heureusement que je n’ai rien à craindre.

 

« Il est à moi et fait ma joie »… Avis aux connaisseurs (Récitation : Mon papayer, Jean Aicard).

 

Mais je suis décidée. Finis les enfantillages ! Je veux que cette relation prenne une nouvelle direction. Je veux que Victor s’investisse beaucoup plus. En parlant du loup… J’entends une vibration de mon téléphone. C’est Victor. Je prends une bonne respiration avant de décrocher.

 

− Allô ? murmuré-je.

− Allô chou, ça va ?

− Oui, ça va.

− Ok.

 

Un court moment de silence s’installe. Je l’entends respirer de l’autre côté du combiné. Je ferme les yeux et essaie de m’imaginer comment il est en ce moment.

 

− Je suis vraiment heureux ce soir.

− Pourquoi ?

− J’ai enfin pu te parler. Et surtout sans que la situation ne se dégrade.

− Ok, murmuré-je en boudant un peu.

 

Donc tout le me prend déjà pour une bagarreuse quoi ?! Toujours prête à bagarrer. Le silence s’installe entre nous.

 

− Nick, je tiens vraiment à toi. Tu ne peux même pas imaginer à quel point.

 

Je regarde mes ongles.

 

− Tu ne dis rien ? Tu m’en veux toujours ?

− Non.

 

Il faut que je me contrôle. Je ne dois pas trop jouer la dure. Pousser le bouchon trop loin n’aidera pas notre relation à avancer.

 

− Merci, Nick.

− Pourquoi ? demandé-je, intriguée.

− D’être restée ce soir, de m’avoir écouté jusqu’au bout.

− Je te devais bien ça. Et dans le fond…

− Oui ?

− Tu m’as trop manqué, dis-je d’une voix timide.

 

Il se met à rire, comme si cette phrase le libérait d’un grand poids.

 

− Toi aussi, tu m’as trop manqué. C’est dur à avouer, je suis quand même un homme hein, mais c’était dur sans toi toutes ces semaines.

 

Je souris.

 

− Pourquoi es-tu si silencieuse ?

− Juste comme ça. Je t’écoute parler.

− Qu’attends au fond de moi ? Je t’ai fait assez confiance pour ne pas t’en vouloir d’être sortie avec un autre homme. M’en voudras tu toujours pour tout ce que j’ai fait ?

− Non, ce n’est pas ça.

− C’était juste des instants de déconcentration. Que veux-tu ?

− Je tiens juste à ce que les choses changent entre nous.

− C’est-à-dire ?

− Qu’il y ait plus de clarté entre nous, que tu t’investisses vraiment dans la relation.

 

Après un moment d’hésitation :

 

− Tu pourrais être plus romantique, plus disponible pour nous deux.

 

Victor reste silencieux un moment.

 

− Je ferai tout ce qu’il faut pour qu’on ne traverse plus ce genre de turbulences. Mais le plus important, s’interrompant pour rester tout d’un coup silencieux.

 

« C’est quoi ce suspense. Parles, dis donc ! ».

 

− Le plus important, c’est quoi ?

− Je veux faire de toi une femme heureuse et épanouie.

 

Mince ! Je fonds de l’intérieur. L’amour transpire de chaque pore de mon corps. Woko, cet homme va me tuer !

 

− Mais es-tu aussi prête à y donner du tien ?

− Bien sûr.

− Ça me réjouit.

 

Nous parlons encore quelques minutes avant de nous séparer. Nous n’avons pris aucun rendez-vous. Victor tient à respecter mon choix et attendre que je vienne à lui. Le mardi matin, je reçois 10.000Francs de crédit dans mon téléphone. Victor est retour ! Les problèmes d’unité sont finis. La semaine se déroule en douceur. Je vais tous les matins en cours. Je rencontre parfois Jeanne et d’autres camarades pour réviser. C’est le mois de mai et les examens ne sont plus loin et il faut bosser.

 

Anti ! L’amour veut ma mort. Tous les matins, à 6h30 piles, je reçois un message romantique de Victor. Entre les « Tu as été la princesse au royaume de mes rêves cette nuit » et les « J’avais hâte que le matin se lève pour pouvoir entendre sa belle voix», mon cœur reçoit sa dose d’amour quotidienne. Il m’appelle plusieurs fois dans la journée, il me fait de petits messages, parfois sans sens, mais ça me fait trop plaisir. Le soir, nous bavardons jusqu’à nous endormir au téléphone.

 

Le vendredi est un jour comme les autres. Tout se déroule sans accroc, jusqu’à la fin des cours l’après-midi. Jeanne me dit quand nous sortons de l’amphi qu’un taxi nous attend dehors. Devant ma surprise, elle me dit avoir reçu un message de Victor lui disant qu’il enverrait un taxi pour qu’on aille faire faire un petit shopping à ses frais. Encore cette histoire qu’on m’informe en dernier ? Nous nous sommes parlé à midi. Il ne m’a rien dit. Qu’il ne recommence pas ! Je décide donc de l’appeler moi-même. Je l’appelle et ça sonne. Il décroche à la troisième sonnerie :

 

− Allô Nick chérie.

− Allô mon cœur, ça va  depuis tout à l’heure ?

− Oui, ça va. Le chauffeur de taxi est arrivé ?

− Oui oui. Mais c’est même d’abord quoi cette histoire ?

− J’ai un groupe d’anciens camarades de France qui sont de passage au pays et ils veulent qu’on s’organise un week-end  en beauté. Sorties en boites, piscines et autres. Tu vois un peu le genre ?

− Oui.

 

Comment verrais-je le genre ?!  me demandé-je en riant intérieurement. J’essaie  d’imaginer. Est-ce que j’ai alors des amis mbenguistes pour savoir ? Un chanteur camerounais a chanté « Un jour un jour, je serais comme toi… » Mon tour viendra bientôt.

 

− Ils ont fait le programme et m’ont appelé tout à l’heure. Je veux que tu sois présente. Jeanne aussi. Donc je veux que vous vous fassiez belle.

− Ok. Mais tu n’es pas là…

 

Victor rit sous cape :

 

− Ma go est amoureuse jusqu’à ça déborde même. Je ne suis certes pas là, étant donné que je bosse encore. Mais ça n’empêche pas que tu choisiras la robe que je t’ai promise l’autre jour.

 

Je reste silencieuse.

 

− Le chauffeur vous emmènera dans une de mes boutiques et vous ferez vos courses entre filles. Prends ce que tu veux. Dis-moi…

− Quoi ?

− Peux-tu passer le week-end à la maison ?

 

Le rêve… Mon cœur bat à cent à l’heure. Ce serait la première fois. Mais le mieux, mon corps se réjouit… Le manque de caresses veut ma mort !

 

− Chez toi ?

− Où d’autre ?

− Mais je n’ai même pas eu le temps de me préparer.

− Tu es parfaite comme tu es, Nick d’amour. Tu auras le temps après les courses de passer chez toi, prendre le nécessaire. Sinon ce qui manque, tu peux acheter en ville.

 

Je n’avais pas prévu ça. Je ne sais donc pas comment gérer ça. Mais je m’arrangerai avec Junior pour me couvrir.

 

− Alors, tu viens ?

− Ok, dis-je, plus confiante. Je serais là. Je ne suis pas allé en boite depuis. Je vais me gâter.

− Ok. On se voit alors en soirée. Amusez vous bien.

− Ok. Merci mon chéri. À plus tard.

− Bisous ma belle.

− Bisous.

 

Je raccroche, souriant en coin. Je parlais en marchant. Nous sommes déjà arrivées en route. Jeanne est assise dans le taxi, attendant que je finisse ma conversation avant que je la rejoigne. Je monte et je la rejoins à l’arrière du véhicule. Je m’assieds sans rien dire.

 

− C’est bon ? Tout est réglé ?

− Oui.

 

Soudain me frappant le front :

 

− Mais j’ai oublié de lui demander avec quoi,nous allons régler les factures !

 

Jeanne éclate de rire devant mon attitude :

 

− Ne t’inquiète pas ! Le chauffeur m’a remis une enveloppe bien fournie pour cela.

− Tant mieux.

− Nous pouvons y aller ! Allons dévaliser les boutiques.

 

Le chauffeur démarre et nous éclatons toutes les deux de rire. Il passe d’abord à la mini-cité de Jeanne pour qu’elle y récupère une fois tout son nécessaire pour le week-end. Je m’habitue vite à cette vie de délires et d’insouciances. Nous voilà partis pour un week-end qui s’annonce plein de délire.

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