Chapitre 25

Write by sokil

Chapitre 25 :

 

Je m’étais fait la promesse de tenir le coup aussi longtemps que possible ; j’avais presque juré de ne plus me laisser abattre, quoiqu’il arrive dans ma putain de vie.  J’avoue que moi-même j’étais une écervelée comme Jess lui-même me l’avait signifié directement.  Une fois de plus je retombais dans les mêmes travers comme par le passé avec Placide, je commettais la même erreur avec Jess !  C’était presque le même scénario, à la seule différence que le premier m’avait laissée tomber pour une poufiasse et le second me considérait tout simplement comme une poufiasse, juste pour le cul, juste pour satisfaire ses instincts ; il a préféré protéger sa compagne, qui plus est la mère de ses enfants ; au moins lui il semblait faire preuve de loyauté envers celle - ci.  Mais Jess et Placide, ils avaient en commun cette chose, le mensonge.  Une fois de plus j’avais ouvert mon cœur, une fois de plus je venais de me faire duper. 

Assises toutes les deux à l’extérieur et un peu en retrait, elle essayait de me calmer par la suite ; elle me tendit un mouchoir et me prit par les épaules ; toutes les émotions emmagasinées dans mon esprit ressurgirent violemment, m’empêchant par moment de bien m’exprimer.  Je tremblais de tous mes membres comme un patient atteint de malaria ; on aurait dit que les secondes qui suivaient allaient peut être m’être fatales. 

-         Encore une fois…  que …  que je m’ouvre de la sorte !  Encore une seconde fois que …  que j’y crois !  J’ai cru en lui !  Je…  J’ai failli avoir un arrêt cardiaque je t’assure…  Il m’a dit qu’elle était morte ! 

 

-         Je suis …  Je suis dépassée …  Jaïda !  J’avais la conviction que Jess était quelqu’un de bien, je l’ai senti, je n’arrive pas à le croire…

 

-         Toutes les fois où nous avons été ensemble… 

 

-         Sois forte comme tu l’as été touts ces six derniers mois ; je ne t’ai pas vu flancher une seconde, même si tu m’avais l’air triste par moment, continue dans cette lancée, la vie est ainsi faite !  On ne peut pas tout avoir, il faut être patiente !

 

-         Toutes les fois où nous avons été ensemble…  Je…

 

-         Laisse tomber, il n’en vaut pas la peine, il n’est pas différent de l’autre !

 

-         A chaque fois que Jess et moi étions ensemble !  Quand je pense …  Il m’ supplié de l’aimer !!!  Il m’a dit qu’il voulait m’apprendre à aimer de nouveau !  Il semblait si désespéré !!!  Son cœur était tout aussi meurtri que le mien ….  Snif ! 

 

-         Ne te tracasse plus avec c’est le passé !  Il est casé !  Qu’il reste là bas !  Laisse faire le temps !

 

-         Maman !  Jess était arrivé à un point où il me léchait souvent le visage plein de larmes, il ne me les essuyait même plus avec ses mains, mais il faisait avec sa langue…  Il a été malade ici, il mourait !!!  Je regrette de l’avoir piégé comme il dit, j’ai fais un mauvais calcul ! 

 

-         Je sais que tout ça fait mal !  Moi aussi j’ai très mal pour toi, mais dis toi bien que ce qui ne tue pas te rend plus fort !

 

-         L’une de choses qui me tue c’est d’avoir une seconde fois de plus, perdu ce bébé !!!  Je fais des fausses couches et c’est toujours lorsque je veux déjà entamer le quatrième mois que ça se gâte !  Ca…  C’est encore pire !

 

-         Prends juste le bon côté de la chose !  De toutes les façons il n’allait jamais l’accepter cet enfant !  Il  a bel et bien une vie de famille qu’il ta caché !  Moi aussi je suis inquiète à ce sujet, cela ne me semble pas normal ; on va chercher à consulter…  Mais n’oublie jamais et ne baisse jamais les bras, il faut garder la foi !  Ne la perds pas !  Le moment viendra où tu verras la lumière dans ta vie, pour le moment tu as l’impression que tu es noir et qu’il ne t’arrive que des malheurs, ce n’est rien, c’est juste des épreuves et tu dois être forte !  Ca fait très mal je sais, je sais ce que c’est que la souffrance et le fait de sentir rejetée, et surtout trahie deux fois de suite …  Mais crois-moi, et tu t’en rendras compte que tout cela te rendra  encore plus solide dans la tête.  Ce n’est pas la fin du monde !  Tu es belle et intelligente et tu n’as pas encore trouvé l’élu de ton cœur c’est tout !  Quand quelque chose est pour toi, il ne faut même pas forcer… 

 

-         Tu vois, je t’ai dit que je ne voulais pas gâcher ta fête avec tous mes problèmes qui ne finissent jamais là !  Voila Frédérique qui te cherche…

 

-         Ok !  J’ai l’intention de le mettre au courant de tout ça !  Qu’en dis-tu ?

 

-         Non !  Il n’en est pas question !  Ne lui dis rien, c’est gênant !

 

-         Et quand il va me demander pourquoi tu es dans cet état qu’est ce que je lui réponds ?

 

-         Dis lui n’importe quoi, que je souffre de tous les maux, sauf celui du chagrin d’amour !

 

Mais elle n’avait fait qu’à sa tête ; je finis par me rendre lorsque que Fred me persuada de venir habiter avec eux dans leur nouvelle et somptueuse demeure ; il venait d’être nommé en tant que représentant résidant de la Banque Mondiale au Cameroun, ce qui me surprit d’ailleurs et ce qui ne m’empêcha pas de refuser tout net sa proposition.

-         Non !  Je préfère ne pas vous déranger, je suis bien chez moi, ça me va comme ça !

 

-         Je sais que tu n’as plus cinq ans, mais avec tout ce que tu vis actuellement, il est préférable que tu sois avec nous ; s’il t’arrive quelque chose là bas en étant toute seule comment vas tu gérer ça ?  Je ne suis pas d’accord ! 

 

-         Je sais mais…  J’ai beaucoup d’affaires, les meubles et tout ça !

 

-         La maison est assez grande et tu pourras y mettre toutes tes affaires ne t’en fais pas !  Ce n’est pas une demande mais c’est un ordre !  A présent je tout aussi responsable de ce qui peut t’arriver par la suite !  Tu as assez souffert comme ça, et je pense qu’en étant chez nous, nous pourrons te suivre et t’aider par la suite !  Dis-toi que le fait de l’avoir perdu ne signifie pas que tu ne pourras plus en avoir !  C’est un phénomène tout à fait naturel et tu ne devrais pas en avoir honte !

 

-         Un phénomène naturel ?

 

-         Oui…  Avoir un bébé, et même perdre un bébé !

 

-         Je vois !

 

-         Donc ce week-end nous t’attendons ici, c’est un ordre !

Je considérais ma tante comme une grande chanceuse ; la vie ne lui avait pas fait de cadeau au départ, mais elle avait fini par être récompensée.  Ils régnaient entre mon frère et elle une si grande harmonie et une complicité qui me poussait chaque fois à les envier, les admirer.  La vie de Sidonie avait changée depuis lors, elle devint si fine, si élégante, et surtout elle devint respectée et adulée de toute la grande famille.  Plus le temps passait, plus elle gagnait le cœur de son mari.  Plusieurs fois ils firent des déplacements hors du pays, à plusieurs reprises ils s’offrirent des petites vacances en amoureux !  Plusieurs fois ils me proposèrent de souvent me joindre à eux, mais je n’en ressentais pas l’envie.  Je savais l’effet que cela me procurerait, une gêne permanente à les voir jouer les amoureux en permanence.  Ce n’était pas une très bonne idée.

-         Tiens la prochaine fois que Fred va en Italie, on t’y amène !  Ca te changera peut être les idées !

 

-         Peut être bien !  Merci quand même !

 

-         Au fait on n’en a plus reparlé, mais nous aimerions que tu consultes un gynécologue !

 

-         Je ne suis pas enceinte !

 

-         Je sais mais il faut qu’on sache pourquoi et ce qui cause tout le temps les fausses couches !

 

-         Peut être…

 

-         J’ai aussi recontacté le Père Benoît !  Il vient dîner ici le week – end :

 

-         Super !

 

-         Jaïda !  S’il te plait regarde moi et dis moi que tu ne penses plus à lui !

 

Elle me prit le visage avec une main, je n’opposais aucune résistance et je ne sus quoi lui répondre.

-         Ca fera bientôt un an que vous vous êtes séparés, un an que tu vis comme une automate, un an tu ne souris presque pas !

 

-         Je souris …  La preuve, au baptême de l’enfant d’Emilia, mon autre grande sœur, j’étais bien la marraine non ?  Tu n’as pas vu comment je me suis éclatée, tu n’as pas vu comment j’ai dansé jusqu’au petit matin ?  Je ne fais que ça !  Je couve tous mes neveux de cadeaux, de présents, j’aime les enfants tu sais ?  Je passe tous les week – end au moins chez l’un de mes frères, je joue les baby sitter !  Je pouponne tous les nouveaux nés !  Je les materne comme si j’étais leur mère…  Eux aussi ils m’aiment beaucoup !  J’ai une nouvelle vie, je me sens …  Revivre !  A chaque fois, c’est comme si je respirais un grand air…  Je me sens bien maman, tu n’as pas à t’inquiéter pour moi !  Ma vie est différente dorénavant.  Fred est un homme merveilleux et grâce à lui, grâce à vous deux notre vie n’est plus celle qu’elle était avant !  C’est que du bonheur.

 

-         Je ne parle pas de ça !  Je parle de toi-même !  Est ce que tu penses encore à Jess ?

 

-         Je…  S’il te plait je ne veux plus jamais entendre parler de lui !  Ne prononce plus jamais ce prénom…  Je ne connais pas de Jess !  C’est terminé depuis longtemps !

 

-         Si tu le dis c’est une bonne chose, il faut aller de l’avant !  Mais il faut que tu voies un médecin et le prêtre aussi viendra s’entretenir avec toi !

 

-         Il n y pas de problème !  Zut !  J’ai oublié !

 

-         Hein ?  Tu as oublié quoi ?

 

-         Ce week –end j’ai promis d’amener les enfants de Roger et de sa femme au manège !  Tu sais, les enfants m’adorent !  Je suis leur tata préférée !

 

-         Je vois ça !

Elle me le dit d’un air pensif et son regard plein de compassion à mon égard ne me fit pas me rendre compte à ce moment là que je n’étais peut être pas bien.  Mais je n’en avais cure ; je déversais toute mon énergie sur les enfants, les bébés !  C’était mon passe temps favori ; presque tous les week –end je les passais avec eux et je me sentais bien, j’oubliai tout le reste…  J’essayai de l’oublier lui !  Un soir pendant que je tentais de faire dormir certains de mes petits neveux qui étaient venus passer le week –end à la maison, ils étaient au nombre de 6 !  Peut importe le nombre, je voulais les sentir avec moi !  Je venais de les border tous et après leur avoir souhaité bonne nuit et refermer doucement la porte, j’entendis leur voix à tous les deux, Sidonie et son mari, ils parlaient de moi !  Je me rapprochais plus près…

-         Non Fred !  Je suis très inquiète à son sujet !  Elle souffre du fait d’avoir encore perdu un bébé, ça va de mal en pis ! et pire elle n’a jamais oublié cet homme ! 

 

-         Laisse-lui le temps !  Si elle aime être entourée de tous ces enfants et que ça lui fait du bien c’est tant mieux !  Au moins ça occupe son esprit et ainsi elle finira par oublier !  Il y a des gens qui auraient fait pire !  Alors laisse là déverser tout cet amour sur les enfants, ça lui fait beaucoup de bien et elle est tout le temps souriante et enjouée, tout ça l’égaie beaucoup !

 

-         Tu as sans doute raison !  Mais j’ai une idée !

 

-         Oui ?

 

-         Et si on lui présentait quelqu’un ?

 

Ils comptaient me présenter à ce laideron de Xavier, le fils du collègue à Fred !  Ils allaient tous m’entendre !  M’étant préparée psychologiquement à cette rencontre, j’avais gardé tout mon calme pendant le dîner.  Il était assis près de moi et n’arrêtait pas de me mâter toutes les secondes ; moi je faisais mine de mordre à l’hameçon jusqu’à ce que les parents de Xavier prit et même les miens se mirent à jouer à une mascarade que je flairai à plein nez.  C’est ma tante qui prit la parole en premier.

-         Ma Jaïda ?  Xavier aimerait que tu lui parles un peu de tes aspirations, ce que tu aimes bref tes projets en quelque sorte !

C’est tout ce que j’attendais, et profitant de cette occasion, je finis par mettre tout le monde mal à l’aise.

-         Quelles aspirations ?  Il n’a pas la bouche lui-même pour parler ?

 

-         Mais j’en profite juste pour l’introduire je …

 

-         Tu es devenue son mentor maman ?

 

-         Jaïda qu’est ce qui te prend ?

 

-         Rien du tout !  Au contraire je suis calme !  Eh bien Xavier ?  Toi dis moi plutôt ce que tu veux !  Hum ?  Tu viens jouer les garçons dociles, amoureux et respectueux c’est ça ?  Après quand tu auras obtenu ce que tu voudras tu vas finir par me jeter comme une serpillère n’est ce pas ?  Je parie que tu as ta poufiasse qui t’attends tout bonnement et que tu es entrain de vouloir tromper !!!  Eh bien vas la retrouver et arrête de me mâter toutes les secondes !  Je ne t’intéresse pas et encore pire, tu ne m’intéresses pas !  Sur ce, passez une bonne soirée, moi je ne joue pas à ce jeu !

 

-         Jaïda !!!  Arrêtes ça !

 

-         Bonne soirée à vous !  Excusez moi j’ai autre chose à faire que de rester là à jouer la comédie…  Je ne suis pas une très bonne actrice !

 

-         Tu vois Sidonie !  Je t’avais dit que ce n’était pas une bonne idée ! (murmura Fred à l’oreille de son épouse)

 

-         Jaïda !  C’est quel manque de respect ça !!!

Je me levais sans tenir compte de l’assistance, très énervée et j’allais m’enfermer à double tour dans la chambre, ignorant plus tard les supplications de celle-ci lorsqu’elle vint frapper en vain.  J’en avais tout simplement marre de tout ce qui avaient trait aux relations entre hommes et femmes ; je finis pas déduire que l’amour n’était qu’une question de chance ; il y en a pour qui ça marche et il y en a pour qui ça ne marche pas, je faisais partie de cette seconde option et je devais accepter ça tout simplement.  C’était aussi ça la vie, celle d’accepter ce qui arrive afin de jouir d’une paix intérieure ; cette paix intérieure j’avais finis par la trouver auprès de ces petits êtes si innocents et candides, les enfants.  Je l’évitais tout simplement ma tante ; à chaque fois que je rentrais tous les soirs du boulot, je filais m’enfermer à double tour.  Les week –end je m’arrangeais à me retrouver chez l’un de mes frères et à jouer les nounous, c’est tout ce qui m’enchantait.

Même lorsque par un pur hasard je finis par tomber sur lui…  Placide !  Mon insensibilité décupla à ce moment là lorsque je le vis en charmante compagnie, d’une autre !  Priscilla ne semblait plus être d’actualité.  La fille semblait si amoureuse qu’elle lui agrippait si bien le bras on aurait dit qu’elle allait déchirer le manche de sa chemise.  J’étais accompagnée de deux de mes petits neveux, et nous étions à cette espèce de fête foraine organisée dans la ville depuis plus d’une semaine et qui battait son plein.  Je décidai tout simplement de l’ignorer lorsque nos chemins se croisèrent.  Lui il marqua un temps d’arrêt alors que moi je passais tout simplement mon chemin.  Je tentai de distraire les enfants lorsque j’entendis sa voix derrière moi quelques minutes plus tard ; il était tout seul cette fois ci.

-         Bonjour Jaïda !  Ils sont mignons tes petits !  Où est leur père ?

 

-         De quoi je me mêle ? 

 

-         J’ai juste posé la question !  Quoi de plus normal !

 

-         Et toi ?  La prison a l’air de t’aller on dirait !  Comment était ton séjour là bas ?

 

-         Bien !  Mine de rien !

 

-         Dans ce cas tu ferais mieux de tenir éloigné de moi, si tu ne veux pas y retourner…

 

-         J’essaie de faire la conversation c’est tout !  J’ai appris que ta tante a épousé un de ces richissimes et que vous roulez sur l’or maintenant !

 

-         Tu essaies de me tenter ?  Je te  préviens !  Si tu t’approches une fois de plus de moi, tu verras les conséquences !  Ca ne te suffit pas, pauvre fille je la plains celle là que tu es entrain de baratiner, elle ne sait pas qui tu es au fond…  Un démon !  Priscilla et toi vous n’êtes que des vampires…  Qu’est ce que vous tramez encore tous les deux ?

 

-         Priscilla c’est de l’histoire ancienne, je l’ai compris, j’ai fais une grosse bêtise !

 

-         Dans ce cas tu ferais mieux d’aller te repentir à l’Eglise, tu diffuses assez de mauvaises ondes comme ça !

 

-         Et où est-il ?  Jess ?  Il a décidé de rappliquer chez sa meuf ?  Je te l’avais bien dit !  Je…  Je voulais te protéger ! Eh attends une seconde !

Je décidai de ne plus lui répondre et d’interrompre la conversation ; il ne fallait pas dessiner le diable sur la porte.  J’avais pris la direction du parking où le chauffeur nous attendait.  Lorsque je me retournai, je vis qu’il nous avait suivis, il me lança un dernier regard avant de secouer la tête en guise d’approbation.  Il est bien vrai que notre condition de vie s’était beaucoup améliorée ; Frédérique était réputé comme tel, un grand homme aisé, qui avait beaucoup de moyens, de connaissances et de relations ; il faisait partie de la même trempe que Mbela Victor, même s’il ne connaissait que son cousin Yves.  Nous vivions dans cette sorte d’aisance depuis lors et cela ne m’étonna pas que des personnes comme Placide soient au courant et soient éblouies par ce genre de choses.  

Ca n’en finissait pas ; entre diverses réceptions organisées chez nous, il fallait toujours être présentable et faire bonne figure ; Fred et Sidonie ne manquaient jamais d’avoir des invités sous le bras ; je m’y étais déjà habituée depuis un bon moment, si bien qu’après mon incartade de la dernière fois j’avais tenu à m’excuser auprès d’eux.  Cette fois ci ils avaient prévu d’inviter à dîner Monsieur Mbela Yves même et son épouse ; la raison avancée était juste celle de ne pas s’être revus depuis le mariage.  Ce dernier très enjoué, avait accepté volontiers.  Je le savais très bavard cet Yves Mbela !  Et rien que le fait de l’imaginer à table et déverser tout et n’importe quoi, finirait par me mettre très mal à l’aise.  Je savais qu’il adorait son neveu, et ne manquerait pas de l’évoquer.

-         Maman !  Le dîner avec Mbela Yves je ne suis pas sûre d’y être !

 

-         Pourquoi ?

 

-         Je ne sais pas, je ne serai pas très à l’aise !

 

-         A cause de Jess ?

 

-         Peut être…  Yves, je sais qu’il parlera de lui comme pour se vanter de je ne sais quoi !  Rien que le fait d’entendre ça me mettra très mal à l’aise !

 

-         Prête pas attention à ça !  Tu connais Fred !  Il aime avoir les gens autour de lui !  Tu dois être là ! 

 

-         Ok !  Je n’ai pas le choix de toutes les façons !

 

-         Tu as de ses nouvelles ?

 

-         Qui ça ?

 

-         Je parle de Jess !

 

-         Non aucune…  Et c’est tant mieux !

 

-         Comme tu dis !  Cela ne devrait plus t’affecter…  Je veux juste que tu sois épanouie et qu’un jour tu puisses connaître ce bonheur…  Celui de rencontrer un type bien et surtout celui d’être une mère !  Et c’est une bonne chose que tu aies commencé à suivre ton traitement pour ton problème de fausse couche !

 

-         Oui j’ai commencé, mais le problème est que pour qu’on sache si ça marche je devrai tomber enceinte, mais avec qui ?  Je ne pourrai plus faire ce genre d’erreurs, je préfère attendre… 

 

-         Sois patiente !

 

Rien n’avait été révélé à l’hôpital, encore moins à l’indigénat, mais l’on me recommanda quand même des potions à boire pour renforcer mon système.  Il n’était plus question que je me précipite et que je m’emballe ; le souvenir de mon échec avec Jess m’avait donné une belle leçon.  Ma relation avec son père au boulot était revenue au beau fixe !  Il avait fini par comprendre qu’entre son fils et moi la passade était bel et bien terminée.  Il n’avait jamais évoqué le sujet, même si au tout début de ma grossesse, il lui arrivait de porter longtemps son regard sur mon ventre, jusqu’à ce qu’il ne le fit plus et comprenne.  Il y a longtemps qu’on ne discutait plus comme avant ; il y a longtemps que nos discussions ne se limitaient que dans le cadre du travail et rien d’autre.  Mais ce matin je ne sais quelle mouche venait de le piquer.

-         Jaïda !  Comment vont Fred et Sidonie ?

 

-         Euh…  Ils vont bien monsieur !

 

-         J’ai appris pour leur mariage, je devais y être mais j’ai eu un empêchement de dernière minute !

 

-         Oui je comprends !

 

-         Vous leur transmettrez mes amitiés à tous les deux !  Je confirmerai à Fred pour le rendez-vous de la semaine prochaine !

 

-         Le rendez-vous ?

 

-         Oui ils m’invitent aussi à dîner à la maison !  Yves y sera !

 

-         C’est exact !

 

-         Eh bien nous aussi, nous y seront !

Mon frère Fred était vraiment famille, il savait réunir tout le monde, y compris les amis et connaissances ; il avait ça en lui, cette force là et personne ne pouvait l’en dissuader.  Je ne sais pas comment il avait pu nouer contact avec mon patron, de toutes les façons il y a longtemps qu’il ne me surprenait plus.  Ma tante avait exigé que j’aille me faire coiffer au salon ce jour là et que je porte une tenue décente.

-         Je veux que tu sois présentable !  Vas te coiffer …

 

-         Maman !  Ce ne sont qu’Yves et Victor !  Je ne vois pas pourquoi je dois me mettre sur mon 31 !

 

-         Leurs épouses seront là !

 

-         Et alors ?  Je te rappelle que je ne suis pas censée y être je devais plutôt être chez les Roger avec leurs enfants, ensuite chez Emilia on a prévu de…

 

-         Tais-toi et fais ce que je te dis !  Fred ne sera pas content que tu n’y sois pas !

 

-         Maman !  En toute franchise vos dîners là j’en ai par-dessus la tête je t’assure, je n’ai presque rien à dire…

 

-         Eh ben ce soir tu auras quelque chose à dire !  Vas vite te coiffer, dépêche-toi !

 

-         Quoi ?  Ne me fais pas rire !

 

Heureusement que j’avais un cœur solide malgré tout ; tous ces événements qui arrivaient par surprise auraient fini par me faire succomber d’un Accident Cardio Vasculaire, en abrégé AVC !  Ce soir là c’était la totale !  Ils avaient tous fait fort !!!  Non seulement Yves Mbela vint avec son épouse et ses deux filles, Victor fut également présent avec son épouse ; mais encore, tout le reste de la grande famille Mbela était présente, ceux là je ne les connaissais pas, il s’agissait entre autre des frères et sœurs de mon très cher patron.  Ce n’était pas un dîner mais on aurait dit qu’il s’agissait d’une réunion de concertation familiale.  Sans oublier la présence de tous mes frères et sœurs.  Mais pourquoi toute la famille Mbela était elle venue presqu’au complet ?  J’attrapai ma tante au rebond. 

-         Hé pssst !!!  Maman que se passe-t-il avec les Mbela ?  Pourquoi ils sont tous là ?  Il y a quoi comme ça ?

 

-         Je vais te dire…  Va t’assoir !

 

-         M’assoir ?  Mais…

Je n’avais pas fini qu’elle me planta la sur place tout en donnant les instructions aux cuisiniers et autres.  Fred me fit appeler et me demanda de m’assoir juste à côté de lui.  Mon cœur se mit à battre.  Qu’est ce qui se tramait ?  Encore une autre mascarade !  Fred prit la parole, sans oublier de commencer par la présentation de toute notre famille, la genèse et tout ; ensuite il conclut en disant.

-         Elle est notre bien le plus précieux !

Ce n’est pas Mbela Victor qui prit la parole, mais plutôt un de ses frères aîné que je n’avais jamais vu.  Il fit pareil et termina sa phrase ainsi.

-         Nous sommes tous venus en paix !  Il l’a demandé !  Il a souhaité le faire de cette manière et nous avons été tous d’accord ! 

Fred prit la parole à son tour et lui répondit.

-         Eh bien qu’il vienne lui-même …  Mais qu’il sache que ça ne sera pas facile pour lui ! 

J’étais sûrement en plein rêve !  Je ne comprenais rien, me demandant si on voulait me donner en mariage à un autre fils Mbela !  Il en était hors de question qu’on me jette en pâture aux lions de la sorte !  Je finis par murmurer quelque chose à l’oreille de Fred.

-         Papa !  Je ne peux pas accepter, je ne me marierai pas avec celui que vous me présenter…  Et en plus un cousin à Jess !  Ca, jamais de la vie, je préfère te le dire tout de suite !

 

-         Calme-toi, personne n’est venu te demander à mariage !  Observe juste !

L’on fit appeler le fameux prétendant ou machin chouette j’en savais rien !  Lorsqu’il apparut, je crois que c’est à cet instant précis que l’AVC vous attrape et vous foudroie tout d’un coup.  La personne en question qui entra timidement et marmonna un bonsoir presque inaudible n’était autre que Jess !  Le frère de Victor prit encore la parole et le présenta.

Voici l’homme à abattre,  notre fils Jessé Aurélien Mbela Mbela !  Que lui-même vous dise pourquoi il est là et ce qu’il compte faire…

Saignements du Coeur