Chapitre 24
Write by sokil
Chapitre 24 :
J’avais fait un bond sur ma chaise et intérieurement, je me dis que ces choses qui arrivent souvent aux autres commençaient aussi à m’arriver. On ne voyait que ça dans les séries télévisées, où l’on vous surprend avec une telle révélation. Frédérique et moi avions le même sang, il n’était que mon frère ! Epiant tous les deux ma réaction, plus je restai plutôt interdite, ne sachant quoi dire. Personne ne parlait, c’était le silence total ; je voulu émettre un son mais je ne sus quoi dire.
- Je… Je… Excusez moi je reviens un instant !
Je me levais en toute vitesse je couru dans ma chambre. Je m’affalais sur le lit et je levais les yeux vers le plafond. Ma tante, ou alors ma futur belle sœur vint frapper quelques minutes plus tard.
- Jaïda ? Je peux entrer ?
- Oui !
- Jaïda ! Je suis désolée que tu l’apprennes ainsi, je ne voulais pas te brusquer, je sais que c’est un peu fort, mais il fallait que tu le saches ; il fallait que tu saches que … Tu as une famille, que Frédérique est ton frère ! Mais… Tu pleures ?
- Je pleure … En fait je suis tout juste émue et … et je ne voulais pas que vous me voyiez dans cet état ! C’est toujours ce que j’ai souhaité, connaître mes origines, ma famille.
- Eh bien ! Tu auras l’occasion de les revoir !
- C’est incroyable ! Je n’en reviens pas !
- Dans ce cas viens ! Allons le retrouver, n’aies pas peur, et ne sois pas timide ! Lui aussi appréhendait cet instant !
Il parait que nous avions quelques traits de ressemblance ; mis à part le fait qu’il était aussi grand de taille, je ne voyais rien d’autre ; il était beaucoup plus foncé que moi. Curieux tous les deux d’en savoir un peu plus sur l’autre, il m’invita à m’assoir près de lui, me tint les deux mains comme s’il voulait réaliser que j’étais bel et bien cette sœur qu’ils avaient tous vu naître avant de disparaître. Confortablement assis au milieu de tante Sidonie et moi, nous l’écoutions avec beaucoup d’attention.
- C’est quelque chose… Tu as beaucoup ressemblé à ta mère… C’est terrible !
- Comment elle était ? Tu l’as bien connue ?
- Oh oui !!! J’étais encore très jeune, j’avais 20 ans si j’ai bonne mémoire ! C’est à ce moment là qu’elle venait d’arriver, …Nous t’avons tous vu naître ! On ne pouvait pas imaginer que papa puisse encore procréer à un âge si avancé !
- Et papa ? Ca me fait bizarre, je n’ai presque jamais prononcé ce mot « papa » ! Il est …
- Il est décédé un an après la disparition de ta mère ! C’est à ce moment là que les choses on commencé à dégénérer ; toute la famille s’est disloquée, la fortune de papa a été dilapidée ! Ma mère qui était la première épouse nous a aussi quittés il y a quelques années. Il y a eu beaucoup de décès…
Je l’écoutais attentivement me brosser en quelques lignes l’histoire de cette gigantesque lignée, en commençant par ce père que j’ai haï profondément, de toutes ses épouses ainsi que de leurs rejetons ; il me parla de ma mère, cette femme mystérieuse dont on n’a jamais su ce qui lui était arrivé par la suite. Il me cita un à un tous les membres de cette grande fratrie dispersée dans un peur partout. Sur les quatorze frères et sœurs, huit garçons et six filles ; quatre d’entre eux ne faisaient plus partie de ce monde.
- Je suis devenu le fils aîné, car celle que je suivais elle aussi à trépassée ça fait exactement quinze ans jour pour jour. Nous sommes actuellement dix, plus toi la petite dernière, ça fait onze. Je m’attelle à ce que nous soyons tous réunis, qu’importe les différentes mères que nous avons. Nous ne sommes que sept qui nous côtoyions, le reste on n’a pas vraiment de leur nouvelles. Toi, je viens de te retrouver et non seulement personne ne s’y attends, mais ça sera un immense plaisir de te présenter à la prochaine réunion de … famille ! Cette histoire à fait beaucoup jaser, à l’époque ! Je n’ai jamais voulu rentrer dans les querelles entre les coépouses ; nous, nous ne sommes que les enfants et j’estime que nous devons nous entendre et vivre dans la plus grande harmonie et surtout conserver le patrimoine laissé par notre père. Tout le monde sera ravi de te connaître, moi en particulier je suis très heureux de t’avoir retrouvée !
- Moi aussi c’est vraiment une grande chance de vous avoir tous retrouvés !
Il était minuit lorsque Frédérique prit congé de nous, nous l’écoutions toutes les deux très attentivement, jusqu’à ce que tout le monde commença à montrer des signes de fatigue.
- Il y a beaucoup de choses que tu auras le temps de découvrir ; mais si je reste là ce soir, on n’en finira pas ! Tu auras le temps de nous connaître, tu auras le temps d’en apprendre un peu plus sur chacun de nous !
- J’ai vraiment hâte !
- Les occasions ne manqueront pas; nous essayons de maintenir l’harmonie, et surtout de tous nous retrouver ; il y a certains qui sont encore introuvables, mais petit à petit nous finiront par être au grand complet, toute la grande famille Badjeck, et sa nombreuse descendance … J’avoue que moi-même je suis souvent un peu perdu avec tout ce beau monde! Je dois m’en aller, porte toi bien et si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite surtout pas ! Je suis là à présent, tu peux compter sur moi.
- Merci beaucoup, je suis très contente d’avoir fait ta connaissance …
Il avait un certain charisme ce frère ; il était aimant, posé, cet homme aux cheveux grisonnants et dont la maturité se lisait très bien sur son visage. D’après les dires de ma tante il avait 49 ans, très étonnant qu’il ne soit jamais marié de toute sa vie. Ce genre de questions étaient bien indiscrètes pour que je les lui pose directement.
- Pourquoi ne s’est il jamais marié ?
- Frédérique à longtemps rejeté l’idée du mariage, de fonder une famille à cause de ce qu’il a vécu, la polygamie ; il en a été traumatisé au point où il s’était dit que s’il arrivait qu’il le fasse, ce serait uniquement avec celle que son cœur aura choisi !. Lorsqu’on s’est revus la dernière fois, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait toujours cette flamme qui ne s’est jamais éteint.
- C’est très romantique… Je ne sais plus comment t’appeler, maman ? Tata ? Belle sœur ?
- Je suis ta maman et Frédérique, considère le comme ton père c’est tout ! C’est plus simple !
- D’accord … Bonne nuit !
Je la fuyais du regard, sachant qu’elle devinerait que je n’allais pas bien, j’écourtai rapidement notre conversation afin de me débarrasser d’elle.
- Tu n’as pas quelque chose à me dire ?
- Non… Ou plutôt si !
- Quand tu es rentrée toute à l’heure j’ai vue ta mine… Que se passe-t-il avec Jess ?
- On s’est disputé ! II dit que …Je l’ai piégé !
- Je ne comprends pas ! Piégé comment ? Dans quel sens ?
- Je suis enceinte !
- C’était prévisible ! Votre amourette à Paris ! Il fallait s’y attendre ! Mais pourquoi il réagit comme ça ?
- En fait il a déjà deux enfants d’une précédente relation, mais la mère des enfants est décédée ; ce qui fait qu’il n’arrive déjà pas à s’en occuper convenablement puisque ce n’est pas lui qui les élève ! Il dit qu’un troisième c’est trop pour lui !
- Il ne sent pas prêt et ça le stresse ! Je crois que vous devez dialoguer, parler plus calmement ! Faut pas aussi qu’il prenne de décision trop hâtive, car vous étiez tous les deux consentants.
- Je ne sais pas, on n’en a jamais parlé ! Mais moi je l’ai toujours souhaité secrètement, je souhaitais vraiment tomber enceinte ! Le problème c’est que Jess n’aime pas parler du futur, des projets, et du coup moi ça me frustre ! J’ai été obligée d’agir comme ça. Depuis ma fausse couche, j’ai toujours ressenti comme un grand vide, alors j’ai voulu le combler ; seulement je croyais que ça la réjouirait tout autant que moi !
- Tous les deux vous avez tort ! S’il ne voulait pas d’enfants il n’avait qu’à prendre des précautions, se protéger ! Mais est ce que toi tu aurais accepté ça ?
- C’est – à – dire que …
- Aurais-tu accepté de le faire avec Précaution tout en sachant ce que tu voulais ? Tu viens de dire que tu désirais avoir un enfant secrètement !
- Il me l’a d’ailleurs demandé, si ça ne valait pas la peine qu’on se protège, je lui ai dit non ! Je lui ai dit que je savais calculer et qu’il n’y aurait pas de risques. J’étais persuadé que cette surprise allait quand même lui faire plaisir malgré tout !
- Vous devez causer calmement… Il finira par revenir !
Malgré ma mésentente avec Jess, ce bébé faisait partie de mon petit bonheur, ma fierté et ma joie ; ce petit bout qui poussait en moi, personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais, encore moins lui ! J’avais campé sur ma position à savoir qu’il était tout simplement un lâche et qu’il passait son temps à fuir ses responsabilités. Rien n’avait changé en un mois ; un mois plein où nous passâmes tout notre temps à se disputer au téléphone ; plus le ton montait, plus ça dégénérait ; tout ça à cause d’un être, si innocent.
- Jess ! On aurait dû se protéger dans ce cas !
- Mais je te l’ai demandé à plusieurs reprises non ? Avant de me jeter sur toi comme un animal comme tu dis ; je t’ai bien demandé si ça ne posait pas un problème que je mette une capote n’est ce pas ?
- Oui mais…
- Réponds-moi !!! Qu’est ce que tu m’as répondu par la suite !
- Nous n’en sommes plus là, nous sommes devant le fait accompli !
- Putaiiin répond ! Qu’est ce que tu m’as dit à ce sujet ? Tu m’as dit que tu maîtrisais bien ton cycle et que tu savais compter et qu’il n’y avait pas de risques !
- Oui mais tout ça c’est aléatoire je…
- Je vais te le redire encore une fois de plus ; je ne suis pas prêt à avoir un troisième gosse ! Je ne suis pas prêt pour ça !
- Tu veux que je me fasse donc avorter ? C’est ça ?
- Ca ne viendra pas de moi ce genre d’idées !
- En gros tu veux me dire que … Je dois assumer ça toute seule !
- En gros tu savais ce que tu faisais !
- Toi et moi ce n’était donc pas une question de sentiments !
- Je n’aime pas cette pression que tu me fais tout le temps !
- Cet être est innocent ! Est ce que tu comprends ? Moi je vais le garder et jamais je ne ferai une chose pareille ! Tu es tout simplement ingrat ! Ton comportement est bizarre, ambigüe ! Personne n’arrive à te cerner, tout le monde se plaint de toi! Il n’y avait que moi qui voyait en toi quelqu’un de spécial, mais …
- Je te rappelle…
C’était devenu le rituel, ce dialogue de sourd. Je savais que je lui avais un peu menti sur les bords à propos de mon cycle et tout ça, mais j’étais loin d’imaginer qu’il le prendrait très mal, vu qu’il avait déjà de l’expérience en la matière, je pensais que ça nous rapprocherait, mais ce fut tout le contraire… Nos communications se faisaient de plus en plus rares et devinrent si froides qu’un jour il finit par me lâcher cette phrase si cinglante.
- Tu as agis comme une fille qui n’a rien dans la tête ! Tu as cru qu’en me faisant un enfant ça me motiverait à t’épouser ? Je ne suis pas un robot !
- Si c’est vraiment ce que tu penses de moi on n’a plus rien à faire ensemble ! Je ne sais donc pas ce que tu fais avec une sotte !
Cette fois ci c’est moi qui coupai court. La force de pleurer me manqua même si je me sentis terriblement mal bien après. Le fait de me rendre compte que Jess n’avait peut être pas des sentiments pour moi vu ses réactions épidermiques et si brusques me poussèrent à bout. J’avais espéré, souhaité et prié qu’on en reparle une énième fois et qu’on le fasse calmement sans s’emporter. Même s’il me trouvait si bête que ça, d’avoir voulu ruser avec lui de la sorte, j’avais cru encore une fois que je ne m’étais pas trompée et que lui-même Jess agissait sous l’effet de la colère. Je m’étais dit qu’il fallait qu’on se donne le temps, le temps de bien digérer.
- Prenez du recul tous les deux, vous en avez besoin ! Ca vous aidera à vous retrouver … Je connais le désir que tu as de vouloir encore un enfant, mais sache que toutes les conditions doivent être réunies ! Etre une mère célibataire je sais ce que c’est! Je t’ai élevée toute seule et crois moi ça n’a pas été facile !
- Il est bien vrai que je n’ai pas arrêté de lui mettre la pression pendant tout ce temps; je l’ai presque forcé ! Je vais le laisser se calmer d’abord …
- Laisse-le ! S’il t’aime il reviendra !
- Il m’a presque insultée ! Il m’a traitée d’écervelée, ça fait mal quand même ! Pour si peu ! J’ai menti certes, mais avec lui quand tu veux parler des projets il se braque !
- Moi je dis qu’aucun de vous n’a raison ; toi tu as menti, et lui il est tout simplement carré dans ses idées !
C’est parce que je l’aimais ! Je l’aimais au point d’en perdre peut être la raison comme il me l’avait dit. Je voulais faire partie de sa vie, je voulais la partager avec lui ; et je ne m’étais pas rendue compte que c’était peut être moi la vraie égoïste ! Ce petit être qui grandissait en moi, je l’aimais tout comme j’aimais son père. Après deux mois de silence, et après mûre réflexion, je décidai de faire le premier pas ; je m’étais calmée et je voulais faire amende honorable.
- Allo ? Bonjour Jess ! Tu… tu vas bien ?
- Oui très bien !
- C’est rassurant ! Dis, j’aimerai qu’on en reparle de cette situation, voilà je … Je tenais avant tout à te présenter mes excuses, j’ai plutôt été égoïste et je n’ai pas pensé une seule seconde que cela pouvait t’affecter, je n’ai pas pensé au fait que cela ait pu te mettre dans une situation embarrassante… J’aurai dû t écouter et être patiente. Laissons tout ça de côté tu veux bien ?
- J’ai tourné la page Jaïda…
- Ok ! C’est mieux qu’on laisse tout ça derrière nous et qu’on reparte sur de nouvelles bases !
- Je dis que je préfère tourner la page et passer à autre chose !
- J’ai du mal à te suivre !
- C’est toi qui as rompu il y a deux mois ! C’est toi qui as tourné la page il ya deux mois…
- Si … Je comprends bien tu en as pris acte ? Nous étions en colère, j’étais aussi en colère !!! Aujourd’hui je suis plus calme, pardonne moi Jess !
- Moi aussi j’étais en colère et j’ai …
Il fut brusquement interrompu par quelque chose et il avait encore raccroché, mais cette fois ci j’eus le temps d’entendre et de comprendre ce qui venait de se passer… Le regard perdu dans le vide, je mis du temps à réaliser, et cet air, ce fond de tristesse ne me quitta plus depuis ce jour, même si je tenais à garder le sourire. Mais Jess et moi c’était terminé ! Tout ça à cause d’un mensonge, je dirai plutôt à cause d’un détail. Nous étions peut être tous les deux fautifs, mais les choses se seraient arrangées, tout se serait remis en place dans les normes, s’il m’aimait. Moi j’étais sûre à 100% mais lui non ! Je venais de le comprendre et depuis ce jour, et malgré tous les efforts consentis, je décidai de ne pas pleurer ni de m’apitoyer sur mon sort. J’essayais de garder la tête haute, de prendre la vie du bon côté, et surtout j’essayais moi aussi de tourner la page.
Ma seule consolation était cet être qui grandissait en moi. Tous les matins devant le miroir je me regardais et je caressais mon bidon ! Je n’étais qu’au début du troisième mois, c’était encore trop tôt et pas du tout visible. Tous les matins je me regardais aussi devant cette glace et malgré le sourire que je j’affichais, seul mon regard ne me trompait pas. Je m’efforçais au quotidien à la rendre meilleure ma vie, je m’efforçais à faire croire à tout le monde que j’étais en pleine forme et très heureuse, mais surtout je m’efforçais devant mon patron à être la plus naturelle possible. Je savais que Victor savait ! Il venait de rentrer d’une mission de trois semaines aux Etats -Unis et à son retour, je l’avais senti ! Depuis ma dernière scène de pleurs devant lui, il s’était beaucoup plus radouci et me parlait avec beaucoup de pudeur et de pondérance ; cela s’empira lorsqu’il revint de cette fameuse mission ; nos rapports devinrent encore plus professionnels et le ton de sa voix lorsqu’il me parlait était plus calme et plus conciliant. J’avais l’impression de lui faire beaucoup de peine, j’avais l’impression de lire de la pitié dans son regard. Mais je m’efforçais au quotidien d’être normale et de faire comme si de rien n’était…
C’était aussi ça la vie, rien ne pouvait être parfait, chaque jour qui passe est un combat et il faut lutter, se battre pour le rendre meilleur ; c’est ce que je m’efforçais à faire au quotidien, mais seul mon regard ne me trompait pas ! J’avais tenu bon, je n’avais pas un seul instant craqué même si je l’avais perdu, une fois de plus ! Je venais encore de faire une fausse couche à la fin du troisième mois ; le fœtus avait cessé son évolution, et on ne connaissait pas la cause ; mais je n’avais pas pleuré, encore moins à l’hôpital lorsque tante Sidonie vint à mon chevet ; cette fois ci elle s’était allée, elle avait versé plus de larmes qu’il n’en fallait, on aurait dit que c’était elle qui venait de le perdre cet enfant. Je n’avais pas cédé, mais seul mon regard livide, hagard et perdu dans le vide ne me trompait pas…
Nous étions en fin d’année au mois de décembre ; je souriais quand même, j’étais très contente pour elle ; au moins la famille, celle que j’avais tant souhaité avoir, au moins de côté-là, mon vœu se réalisait. Tante Sidonie devenait Madame Badjeck ! La cérémonie était très belle et simple comme prévu. Presque toute la famille Badjeck était là, mes frères et sœurs et certains de leurs enfants. J’avais eu à faire la leur connaissance et j’avais bien été accueillie, surprise de constater l’harmonie qui régnait.
- Tu vois ? Je t’ai dit que tu n’allais pas être déçue ! Tout le monde n’attendait que toi ! Dis-toi bien que malgré le passé, et malgré les erreurs de nos parents, nous les enfants avons décidé de vivre en paix ! Tu es la bienvenue chez toi !
- Merci Frédérique, je me sens vraiment comme chez moi !
- Aller je te laisse … Mon « épouse » m’attend sur la piste de danse !
- Allez-y !
Pendant que les festivités battaient leur plein, j’avais remarqué la présence de Monsieur Mbela Yves, le grand ami de ma tante. Celui-ci était sur le point de s’en aller ; je causais avec elle lorsque celui-ci vint vers nous et nous dire qu’il s’en allait déjà. Nous prîmes la peine de le raccompagner jusqu’à l’extérieur de la salle.
- Mais Yves tu rentres sitôt ?
- Je suis bien obligé Sidonie… Euh ! Madame Badjeck ! Tu sais que ce n’est qu’avant-hier que je suis rentré de mon voyage ! Et avec le décalage horaire ce n’est pas facile je fonctionne encore à l’heure des Etats Unis !
- Ah ! Tu étais de ce côté-là !
- Oui ! Oui ! pour une fois ! Figure toi que j’ai été bien reçu par un de mes neveu, Jessé ! Très souvent il est insupportable, mais cette fois ci, j’ai été bien accueilli, par la mère de ses enfants ! Toutes mes félicitations encore pour cet heureux événement ; vous faites un beau couple Fred et toi !
Lorsqu’ Yves prit congés de nous, je me retournai en toute vitesse ; elle voulu me rattraper, elle voulait qu’on en parle, mais je me sentais hyper honteuse ! Tante Sidonie venait d’apprendre par le biais de l’oncle de Jess, la vraie raison pour laquelle lui et moi c’était terminé.
- Attends Jaïda !!!
- Non maman ! Je ne veux pas en parler, c’est ta fête, on risque la gâcher pour rien !
- Jaïda ! Je t’ordonne de t’arrêter ! Tu dois me dire ! Arrête-toi !!!
C’est à ce moment là que tout le flot de larmes longtemps réprimé jailli en moi, c’est à ce moment là que la blessure profonde dans mon cœur s’ouvrit à nouveau, c’est à ce moment là que je me sentis tellement mal et que mon corps fut pris de violents spasmes.
- Viens ! On va aller causer dans un coin, pleure autant que tu veux, ça va te soulager ! Donc la raison de cette rupture c’est …
C’est bien celle là… La dernière fois qu’on s’est parlé au téléphone, il a été interrompu ; j’ai entendu la voix d’une petite fille en fond sonore, sa fille… Elle lui a dit en anglais, mais j’ai eu le temps de bien comprendre, elle lui a dit « Papa ! Papa ! Maman refuse de me donner mon gâteau » C’est à ce moment là qu’il a raccroché, et c’est à ce moment là que j’ai compris…