Chapitre 25 : Le baiser

Write by Auby88

 "J'ai lu des livres anciens

Les légendes et les mythes

Achille et son or

Hercule et ses dons

Le contrôle de Spiderman

Et Batman et ses poings

Et clairement je ne me vois pas sur cette liste.

Elle a dit : Jusqu'où veux-tu aller?

Combien veux-tu risquer?

Je ne cherche pas quelqu'un

Avec des pouvoirs surhumains

Quelque superhéros

Un bonheur de conte de fées

Juste quelque chose vers laquelle je peux me tourner

Quelqu'un que je peux embrasser.

Je veux juste quelque chose comme ça (…)

Tiré des paroles de Something just like this  (quelque chose comme ça ) -  The Chainsmokers en feat avec Cold play"


Couchée sur le grand lit d'une des chambres d'amis de la demeure des AKOWE, Sandra songe. Des bribes de sa conversation houleuse avec Richmond lui reviennent comme des flashs.


Deux semaines auparavant …

De la chambre à coucher, des cris et des pleurs fusent. Des oreilles sont collées contre la porte blindée, dans l'espoir de comprendre ce qui se passe entre les patrons. Sandra est toute nue à l'intérieur.


- Richmond, tu es tout le temps derrière elle comme son toutou ! Je peux supporter que tu la sautes mais pas que tu lui donnes plus d'importance, plus d'attention que moi. Tu en es même venu à ne plus désirer mon corps de rêve. Je me demande bien ce que tu lui trouves à cette bâtarde, cette crêve-la faim, cette sainte nitouche, cette  ...

- Assez, Sandra ! Je suis fatiguée de t'entendre te plaindre tout le temps. Rhabille-toi !

- Non, Ricky ! Tu n'es qu'un lâche ! Tu passes ton temps à me faire tourner en bourrique. Pourquoi ne me dis-tu pas la vérité une fois pour toutes, Richmond. Vous couchez ensemble, n'est-ce pas ?

- Non !

- Alors pourquoi tu ne me touches plus, pourquoi mon corps nu ne te fait plus d'effet ? Dis-le moi. Je ne peux plus continuer comme ça.

- Tu veux vraiment le savoir ?

- Oh que oui ! Dis-le moi.

- Je ressens quelque chose de profond, d'indescriptible pour elle. Je l'aime, de tout mon être, de toutes mes forces, comme jamais auparavant et je ne peux pas lutter contre cela. Je désire cette femme, je rêve d'elle toutes les nuits, je pense à elle quand je suis avec toi, quand tu es nue devant moi.

- Tu me dégoûtes, Ricky !

Elle craque et fond en larmes. Pourtant, il continue :

- Je pense à elle quand je te touche, quand je t'embrasse, quand je te fais l'amour.

- Crois-moi, tu es juste obsédé par cette fille, sûrement parce que tu ne l'as pas encore sautée, crie-t-elle avec rage. Ce n'est pas de l'amour, Richmond ! Dis-moi que j'ai raison.

- Je suis désolé, Sandra, mais ce n'est pas de l'obsession, ni juste une question de sexe. Je n'ai aucun doute là-dessus. C'est bien de l'amour !

- Tu n'es qu'un salaud, Richmond.

Elle s'agrippe à lui, lui donne des coups à répétition. Il ne se défend pas. - Comment peux-tu me faire cela après​ m'avoir promis le mariage, après avoir pris deux ans de ma vie ?

- Je ne l'ai pas programmé. En venant ici, je ne pensais pas tomber amoureux d'elle. Ça s'est fait tout seul !

- J'aurais dû tuer le mal à la racine depuis le début. Quand je pense que j'ai moi même permis que cette gangrène​ vienne changer nos projets. Je n'aurais jamais pensé que cette mocheté te volerait à moi, que tu t'intéresserais à elle. Dis-moi ce qu'elle a plus que moi ?

- Tout ce que tu n'auras jamais, Sandra : un coeur humble, pur, aimant et altruiste !

- Salaud ! Lâche !

Elle essaie de lui donner une​ gifle. De justesse, Il arrête son bras !

- Ne t'avise surtout pas !

- Comment peux tu me traiter de la sorte, Ricky ? Comment peux-tu préférer cette garce à moi ? Qu'est ce qui nous est arrivé ?

- Tu m'as toi-même éloigné avec ta jalousie paranoïaque !

- Reconnais que tu m'as poussée à bout avec tes tromperies à répétition.

- Je ne t'ai jamais caché mon penchant pour les femmes. Tu en étais bien consciente.

- Oui, mais j'espérais que tu changerais. C'est pour ça que je te pardonnais à chaque fois. Sache que je n'en resterai pas là. Elle ne paie rien pour attendre. Qui se frotte à moi se pique !

Il lui serre le bras.

- Arrête Richmond, tu me fais mal !

- Tu as intérêt à ne pas toucher un seul de ses cheveux, sinon je ne répondrai plus de mes actes vis-à-vis de toi !  

Il hausse le ton, ses yeux sont noirs de colère.

- Tu comptes me frapper, c'est cela, monsieur la brute !

- Je n'ai jamais levé la main sur une femme, tu le sais bien. Mais ne me force pas à le faire !

- Je n'ai pas peur de toi, Richmond !

Il la scrute attentivement puis continue :

- Je me demande pourquoi je n'ai pas fait ce que je m'apprête à faire depuis longtemps.

- De quoi parles-tu ?

Dans son dressing, il prend à la hâte quelques vêtements qu'il fourre pêle-mêle dans une valise.

-  Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas où ?  

- Entre nous deux, c'est fini ! Fini, tu entends !

- Ne me quitte pas, je t'en supplie.

Elle agrippe son bras, il la pousse violemment. Elle atterrit sur le sol. Elle pleure à grosses larmes.

- Je suis désolé, Sandra ! Mais tout est bel et bien fini entre nous. Je ne t'ai jamais vraiment aimé et tu le sais bien. Ce n'était que de l'attirance entre nous. On a connu des bons moments, mais c'est tout. C'est fini. Bien fini. Je ne peux plus continuer cette farce. Adieu !


Elle s'empare du premier objet qu'elle trouve sur le sol et le lance dans sa direction. Il esquive de justesse.

- Tu pourras rester ici autant que tu le souhaites, Sandra. Je ferai toutes les démarches nécessaires pour que tu puisses rentrer au Canada le plus tôt possible.

- Je ne partirai pas. Je ne m'avouerai jamais vaincue, tu entends ! Tu es à moi, à moi, Richmond AKOWE !

Elle s'accroche à nouveau à son bras. Il la repousse, prend sa valise et sort.

- Qu'est ce que vous faites-là, bande de curieux ! lance-t-il. Vous n'avez rien d'autre à faire que d'épier aux portes !


Sandra est folle de rage. Elle jette au sol tout ce qui lui passe par la main, puis se laisse choir sur le lit.

Richmond est parti. Il n'est plus là. Elle est seule au milieu du chaos qu'elle a créé dans la chambre, au milieu du chaos qu'est devenu sa vie. Sa "poule aux oeufs d'or" vient de lui filer entre les doigts. Elle ne peut se résigner à l'avoir perdu. Il lui reste une dernière carte à jouer. Elle se lève, cherche son téléphone et lance un appel.

- Vanessa ! ... Richmond vient de me quitter pour une autre, une moins que rien ! …

En parlant, elle pleure à chaudes larmes, avec des secousses dans la voix.

- Pourrais-je m'installer chez vous le temps de remettre mes idées au clair ? …

Elle se dépêche de faire sa valise et quitte la villa de Richmond.



Une voix à l'extérieur tire Sandra de ses pensées.

- Sandra, ma chérie, tu es là ? Je m'inquiétais pour toi.

Elle se lève précipitamment, ouvre la porte, s'accroche au cou de la dame en sanglotant et versant des larmes plus invisibles et plus fausses que celles d'un crocodile.

- Vanessa, je n'en peux plus ! Je souffre tellement. Cela fait deux semaines que Richmond m'a quittée mais je revis tout comme si c'était encore hier. J'espérais qu'il change d'avis, qu'il m'appelle, vienne me voir puisqu'il sait que je suis ici. Mais au lieu de cela, il ne fait aucun signe, ne se préoccupe même pas de mon état mental. Il s'est même permis de réintégrer sa maison comme si de rien n'était. Je ne mérite rien de tout cela. Je n'ai fait que lui donner mon amour sans condition. J'ai tellement​ mal.

- Oh, ma chérie. Tu sais combien mon fils est têtu ! J'essaie de lui parler mais il m'évite. Il ne répond pas à mes appels. Sois patiente. Pour l'heure, il faut que tu te nourrisses. Tu ne t'alimentes plus !

- Je n'ai plus le coeur à cela.

- Il faut que tu sois toujours aussi belle qu'avant pour séduire Richmond à nouveau. Et puis, tu m'as bien assuré qu'il n'est pas avec l'autre arriviste là ! Donc tout n'est pas encore perdu.

- Allez, viens !

Toutes deux quittent la pièce.


Du côté de Fidjrossè.

Assis à son comptoir-bar, Richmond discute, comme à son habitude avec son meilleur ami.


- Je n'arrive toujours pas à croire que tu te sois séparé de Sandra. Je suis allé la voir chez ta mère et j'avoue que je l'ai méconnue. Elle ne mange plus, ne se maquille plus, maigrit à vue d'oeil.

- Je pense que tu exagères un peu la situation, Samson ! Satine ne m'a pas fait un portrait autant morbide d'elle.

- Ok. Mais revois ta décision. Donne lui une seconde chance. Surtout qu'actuellement, tu es seul. Cica ne répond même pas à tes avances.

- Détrompe-toi. C'est plutôt moi qui ai pris mes distances avec elle depuis notre retour de Zinvié, même si en réalité, j'ai envie du contraire. Elle est tellement compliquée ! De toute façon, être loin de l'une comme de l'autre m'a permis de mieux me concentrer sur ma passion et de mieux planifier nos prochains concerts.

- Donc plus de distractions féminines, plus de jeux sous la couette ?

- Pour le moment, non. Cela peut te paraître bizarre mais il n'y a qu'une seule femme qui me fait de l'effet.

- Cica, je suppose.

 - Oui, Samson. Mais elle se refuse à être avec moi. Alors, la vie continue !

- Tu as raison !


Par trois fois, le mobile de Richmond sonne.

- Tu ne décroches pas ? s'enquiert Samson.

- Non, je n'en ai pas envie.

- C'est Sandra ?

- Non, vois par toi-même.

Samson jette un coup d'œil à l'écran.

- Cica !

- Oui. Je n'ai aucunement envie de lui parler.

- Elle t'appelle peut-être pour te donner une chance d'être avec elle.

- Je ne pense pas. Même si c'est le cas, je ne la croirai pas. Elle m'a trop repoussé. Pourtant, je ne lui suis pas indifférent. Je sais qu'elle a des sentiments pour moi, mais elle s'obstine à s'accrocher à son fantôme du passé. Elle veut que je la comprenne, que je sois patient, que je sois son ami, l'épaule sur laquelle elle peut venir pleurer. Mais moi, je ne supporte plus d'être juste son ami quand mon coeur bat autant pour elle.

- C'est vrai ! Tu n'aurais pas dû tomber amoureux d'elle.

- Peut-être. Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas de connaître ce noble sentiment. J'ai toujours cru que l'amour rend faible, mais je me suis trompé. L'amour rend plus fort, plus meilleur. L'amour nous pousse à dépasser nos limites. Alors même si le mien n'est pas réciproque, je suis content d'être amoureux.

- Parole de sage, frérot !

- A présent, laisse-moi te jouer l'une de mes nouvelles compositions : l'hymne de l'amitié en hommage à toi, Samson, mon fidèle ami.

- J'ai hâte de t'écouter.

Il décroche son saxophone du support mural.


Du côté de l'orphelinat. Vers 17 heures.

Cica est étendue sur son lit. Elle fixe le plafond. A intervalles réguliers, un soupir s'échappe de sa bouche. Son mobile repose près d'elle. Elle espère que Richmond la rappelle. Dix minutes passent, rien ne se produit. Ni appel, ni texto. Elle soupire longuement.

Un toc contre sa porte la tire quelque peu de ses pensées.

- C'est ouvert.

Soeur Grâce s'introduit dans la pièce et l'invite à la suivre dans le jardinet de l'orphelinat pour y cueillir quelques légumes. Elle se lève prestement du lit et toutes deux prennent la direction du jardinet. Cica espère pouvoir oublier Richmond, un temps soit peu.

Quelques enfants les accompagnent.

Cica pousse la petite porte qui ferme le jardinet. Panier en main, elle se baisse pour la cueillette. A un moment donné, son regard se perd dans le vide puis revient à la réalité quand la voix mature de soeur Grâce pénètre ses oreilles.

- Cica !

- Oui, ma mère ! répond-t-elle en se relevant.

- Approche.

Elle s'exécute.

Tu devrais me dire ce qui ne va pas. Depuis plusieurs jours, tu es ainsi, absente, triste et pensive. Et aujourd'hui encore plus. Qu'est-ce qui te tracasse autant, mon enfant ?

- Rien, je vous assure.

- Tu en es bien sûre ? Viens, ma fille, on s'assoit quelques minutes. Ne paressez surtout pas, les enfants ! Ne faites pas que parler, je vous préviens !

Sur un banc en pierre, elles vont prendre place.

- Allez, dis-moi tout.

- Ce n'est rien d'important, ma mère. C'est juste que parfois je pense à ma vie, à mon futur.

- Ou plutôt à Richmond !

Cica ouvre grand les yeux.

- J'ai vu la manière dont tes yeux pétillent quand il vient ici.

Cica soupire.

- A vous, oui, je ne peux mentir. C'est à lui que je pense tout le temps. Il m'a dit qu'il m'aime, mais je l'ai rejeté plusieurs fois.

- Pourquoi, si tu ressens quelque chose pour lui ?

- Parce que suis incertaine, confuse et surtout j'ai peur de me tromper. Il a plein de défauts, il est un séducteur né, une brute parfois, il est tellement imprévisible…

- Pourtant tu en es tombée amoureuse !

- Oui, ma mère.

- Ce qui veut dire qu'il n'y a pas que du négatif en lui.

Elle hoche la tête.

- En effet. Richmond est plein de contrastes, reconnaît-elle en souriant. Il lui arrive d'être la plus gentille personne au monde, la plus attentionnée. Mais cela ne suffit pas, ma mère. Et il y a une différence de classe sociale importante entre nous. J'ai peur de souffrir à nouveau, en me mettant avec lui. Vous savez toute l'amertume que j'ai eue après la mort de Leo. Je n'ai vraiment pas envie de connaître une nouvelle déception amoureuse.

Soeur Grâce lui prend les mains.

- C'est vrai que Richmond ne semble pas être l'homme idéal pour toi, mais c'est pour lui que ton coeur bat à nouveau et tu m'as dit qu'il t'aime. De toute façon, aucun homme n'est parfait. Ils ont tous leurs défauts. Ce sera à toi, grâce à ton amour, de changer ton homme, de le modeler à ta guise, comme tu l'as déjà fait avec Leo. Quant à ta peur de souffrir, crois-moi, tu souffres déjà de cette peur qui t'empêche d'être avec celui que tu aimes.

Cica soupire.

- De toute façon, il s'est lassé de m'attendre. Il a rompu avec sa fiancée mais est resté distant. Il ne repond ni à mes appels, ni à mes messages. Je suis complètement perdue.

- S'il t'aime vraiment, il saura reconsidérer les faits.

- C'est trop tard. Satine m'a dit qu'il part demain.

-  Demain ! Pourquoi ne vas-tu pas lui parler ?

- Non. Je n'en ai pas le courage.

- Rappelle toi : "Qui veut voir le pape se rend Rome !" ou si tu préfères "Si l'amour ne vient pas vers toi, à toi d'aller vers lui ".

- Je …

- Je ne veux rien entendre de plus ! Tu te lèves de ce banc, tu mets l'une de tes plus jolies robes, bien longue je précise.

- Mais …

- Tu fiches le camp d'ici tout de suite pour aller défendre ton bonheur ! C'est un ordre ! Bien sûr, tu vas juste le voir et tu te ramènes ici ! Pas de bêtises surtout !

- Soeur Anne risque de …

- Elle n'a pas besoin de savoir. Quoi qu'il en soit, je suis la supérieure ici.

- D'accord. J'y vais ! répond Cica en affichant un sourire des plus radieux.

Elle s'éloigne quelque peu, puis revient se jeter au cou de la soeur.

- Vous êtes un ange !

- Arrête ! Tu vas m'étouffer.

Elles rient puis soeur Grâce la regarde partir, bien contente de lui avoir redonné un souffle d'espoir.


A peine, elle sort dehors que la pluie se met à tomber, goutelettes fines puis grosses. Elle attend sous une paillotte, puis marche sur une grande distance avant de trouver un zemidjan qui accepte de la conduire à Fidjrossè. Devant l'Université, sur le bas-côté de la route réservé aux engins à deux routes, ils s'engouffrent dans un embouteillage monstre avant de pouvoir continuer et de se retrouver coincés derrière un camion qui fait une mauvaise manœuvre. Elle soupire. Le temps lui semble tellement long. Ils finissent par arriver à destination.

Ses chaussures sont pleines de boue. Sa robe blanche a aussi des traces de boue par endroit. Elle hésite à entrer. Elle doute qu'il soit encore là, bien que Satine le lui ait assuré. Sans qu'elle le demande, le portier, qui l'a reconnue, l'informe que son patron est là. Elle se décide à entrer. Au robinet à l'entrée, elle rince ses pieds puis passe par l'entrée du personnel qui donne sur la cuisine. Là, elle se débarrasse de ses chaussures puis entre dans le salon.


Il est là devant elle. Son coeur fait un bond. Il lui fait dos, apparemment occupé à nettoyer son saxophone.

A pas hésitants, elle avance vers lui. Il sent une ombre dans son dos et se retourne.


- Toi ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Satine m'a dit que tu partais demain.

Il est surpris.

-  Je tenais à te dire aurevoir et aussi …

- Je ne …, commence-t-il.

- Laisse-moi finir, Richmond. Il faut que je t'avoue que je n'ai pas été honnête envers toi. Si j'ai accepté d'être amie avec toi, c'est parce que tu m'offrais une zone de confort qui me gardait attachée à mon passé. Je pensais que tu ne t'intéresserais jamais à moi en tant que femme et qu'ainsi je pourrais continuer à chérir mon passé.

- Cela ne m'étonne pas, Cica ! Je ne suis bon qu'à être ton ami, de toute façon.

Il va poser le saxophone sur le support mural. Cica ne se sent pas à son aise.

- Ne dis pas cela, Richmond. Tu sais bien que j'ai des sentiments pour toi. C'est juste que j'ai peur de me tromper, peur de souffrir.

Il revient vers elle.

- Si tu t'attends à ce que je te dise que je t'attendrai toute ma vie, que je serai patient, tu te trompes. Je ne suis pas ce genre d'homme, Cica. Certes, je meurs d'envie d'être avec toi, mais je ne supporte plus de jouer au chat et à la souris avec toi. Ce que je ressens est sérieux. Ce n'est pas juste une aventure qui n'a pas besoin d'impliquer les sentiments. Je n'ai pas envie de t'embrasser ou de te faire l'amour pendant que tu seras en train de penser à quelqu'un d'autre qui n'existe même plus. (Son regard est triste ). Et je sais que je dis vrai. Tu n'es pas prête à changer, Cica ! Tu es encore accrochée à ton passé. Je préfère rester seul, souffrir en silence plutôt que souffrir avec toi à mes côtés. Et puis, Satine t'a menti. Je n'ai aucun projet de voyage actuellement. Alors va-t'en !


Il lui tourne le dos. La rudesse de ses propos la laisse sans voix. Les yeux humectés de larmes, elle se dirige vers la sortie à pas lents mais s'arrête et revient vers lui. Avec rage, colère, sanglots dans la voix, elle lui hurle :


- Tu n'as pas le droit de me rejeter ainsi, alors que j'ai bravé la pluie, je suis restée près de deux heures dans un embouteillage, je suis toute sale, je t'ai pardonné chacun de tes torts même après que tu aies essayé d'abuser de moi, même après que tu m'aies mal traitée au tout début. Alors, Richmond AKOWE, tourne-toi, regarde-moi et dis-moi si je doute encore de ce que je ressens pour toi, si je ne suis pas prête à laisser mon passé pour vivre mon présent et mon futur avec toi !


Il ne se retourne pas. Elle est profondément déçue. Elle se sent toute honteuse. Des larmes coulent sur ses joues.

- Je n'aurais pas dû venir. Bonne soirée !

Il ne dit mot. Elle attend quelques secondes puis se décide à partir, quand une main se pose sur elle. Elle se retourne, apaisée.


- Richmond, je pensais que tu ne …

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, il l'attire tout contre lui et l'embrasse avec délicatesse. Elle s'abandonne à son baiser, lui offrant totalement ses lèvres pulpeuses et délicieuses.

- Je ne suis qu'un imbécile, un idiot !

Il lui prend la tête entre ses mains et essuie ses larmes.

- Je t'aime tellement, Cica ! Tu ne peux savoir combien. Pardonne-moi !

Ses paroles sont sincères. Elle fait oui de la tête.

- Je te demande également pardon, pour t'avoir autant rejeté, pour ne pas m'être vite décidée.

Il lui sourit.

- Viens.

Ils prennent siège dans le grand canapé.


- Alors comme ça, Satine t'a dit que je partais demain !

- Oui. En plus, elle était tellement convaincante que j'ai cru son "pieux mensonge".

Il pouffe de rire. Elle fait pareil.

- Sacrée Satine ! Ma soeur ne cessera jamais de m'étonner. Hier, elle s'amusait à éloigner mes conquêtes ; tandis qu'aujourd'hui elle est prête à tout pour nous mettre ensemble.

- Oui, quel contraste ! Satine est vraiment unique, achève-t-elle en souriant.

Richmond la contemple longuement. Durant quelques secondes, un silence s'installe entre eux.

- Tu m'intimides quand tu me regardes ainsi, Richmond !

Il s'approche de son oreille et y murmure :

- J'adore te dévorer des yeux, en attendant de pouvoir dévorer ton corps tout entier.

Ses mots la déboussolent.

- Richmond !

- Chut.

Il l'embrasse encore et encore, lui laissant à peine le temps de souffler. Elle le laisse faire. Elle s'y plaît. Sentir son souffle d'homme, la saveur de ses lèvres et son parfum qui l'enivre davantage. Cela remonte à bien longtemps qu'une lèvre mâle avait touché la sienne. Certes, Richmond lui avait auparavant volé des baisers, mais ceux-là ne comptaient pas pour elle.

- Reste avec moi cette nuit ! lui murmure-t-il à l'oreille.

Elle est tentée, mais finit par décliner son invitation.

- C'est trop tôt, Richmond ! Nous devons d'abord mieux nous connaître.

- Mais je te connais assez ! Cela fait des mois déjà !

- En tant qu'amie oui, mais pas en tant que compagne. Et puis, sœur Grâce m'attend.

- Elle sait que tu es ici ? demande-t-il tout étonné.

- Oui. C'est elle qui m'a conseillé de venir ici. Elle me couvre et je ne voudrais pas la décevoir.

- Je ne savais pas que j'avais autant de partisans. Je te laisse partir, pour cette fois-ci !

Elle sourit.

- J'ai tellement de chance de t'avoir, Cica.

- Moi aussi. Ça me fait encore tout bizarre, Richmond. Hier, nous étions juste des amis et aujourd'hui nous sommes des amoureux, assis ici à se bécoter.

 - Oui. J'imagine déjà ce que tout le monde dira : le mauvais garçon​ s'est dégoté une bonne fille.

-Et moi, je leur dirai que la bonne fille, que je suis, veut un mauvais garçon qui ne soit bon que pour elle.

Les yeux de Richmond s'illuminent.

- Le mauvais garçon veut une bonne fille qui ne soit mauvaise que pour lui, ajoute Richmond.

Cica sourit en poursuivant :

- La bonne fille ne cherche pas un superhéros doté de dons, une romance digne d'un conte de fée, un homme parfait mais juste quelqu'un qui fait battre son coeur, qui la comprend, qui l'aide à combattre ses peurs, qui se fiche de son passé … et …

- qu'elle peut embrasser comme ceci, conclut-il.


Il l'embrasse à nouveau avec plus d'impétuosité. Elle est en feu mais résiste et parvient à se dégager de lui.

- Reste, je t'en supplie.

- C'est bien tentant, mais non. Il faut que j'y aille, dit-elle en haletant presque et riant aux éclats.

Il essaye de l'attraper mais elle lui échappe. Elle passe par la cuisine, il la suit mais se ravise. La cuisinière est encore là, elle les regarde avec surprise. Cica affiche un sourire vainqueur, fait un bisou de loinà Richmond puis s'éclipse.

- Je suis désolé pour le dérangement ! dit-il à la dame qui sourit.


Il revient au salon et rit longuement, un rire de bonheur, un rire d'adolescent amoureux. Il respire profondément puis monte prendre une douche bien froide, dans l'espoir d'éteindre cette "chaleur" que Cica vient de provoquer en lui.










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