Chapitre 25: Pardon?

Write by Lalie308

La vie est une chaîne de surprises,

L’amour est un invité surprise.

Les deux sont un déluge de supplices.

**** 


Jack est mort. Il a tenu la soirée et est mort ce matin, ce dimanche matin. Je pourrais me réjouir qu'il ne soit plus présent pour mettre en danger ma relation avec Harry, mais je me sens mal, très mal pour lui, pour sa famille. La mort, ça doit être dur. C'est dur. Elle ne laisse jamais les choses comme elles étaient, elle éteint pour toujours. Liam, Luc, Harry, Abdou et moi sommes dans le salon. 


Abdou était venu nous annoncer la nouvelle. Harry a d'ailleurs fui son regard durant toute la matinée. Harry a beau dire que tout va bien avec Abdou, mais je sais que ce n'est pas le cas, je sais qu'il verra les choses différemment. Aliyah m'a appelé ce matin pour savoir comment j'allais, je l'ai rassurée. 


             Je ne suis à présent qu'avec Harry et Abdou dans le salon vu que Luc se fourre dans les histoires de Liam et passe le clair de son temps déjà dans les révisions. Je suis assise au milieu d'eux, très inconfortable. 


            — Aller, arrêtez-moi ça, leur reproché-je. Je sais que c'est bizarre, mais essayer de rester amis. Vous savez quoi, je vous laisse discuter, je reviens dans trente minutes. 


            Je me lève sans leur laisser le temps de dire quoi que soit et cours vers ma chambre pour me plonger dans une petite séance lecture. 


Harry


            Michelle s'en va sans même nous laisser le temps de parler. Quand j'ai appris les sentiments qu'avait Abdou pour moi, j'ai paniqué. J'ai paniqué parce que c'est étrange d'apprendre que son meilleur ami, son frère, ait des sentiments pour soi, encore plus quand vous n'avez pas la même orientation sexuelle. 


Et j'ai surtout ressenti une grande culpabilité pour n'avoir jamais interrogé le célibat d'Abdou, jamais, et au grand jamais. Je me sens indigne de lui.  Et ça, avec tous les derniers évènements produit un réel court-circuit dans ma tête. Les choses se sont enchainées trop vite, trop fortement. Jack Gelbero est mort. 


Je ne le portais pas dans mon coeur, mais je n'arrive pas à y croire. Et quelque part, je me reproche aussi cela. Peut-être que si je ne m'étais pas battu avec lui, rien de tout cela ne se serait passé, peut-être que ma Michelle n'aurait jamais assisté à une pareille scène. Michelle, j'ai vraiment cru la perdre pour de bon. 


            — Je suis désolé pour hier, pour Michelle, commence Abdou, très tendu. 


            Je lui lance un regard en biais avant de reporter mon attention sur un point invisible en face de moi. 


            — Moi aussi, soupiré-je. J'ai l'impression d'être un meurtrier. 


            — N'dis pas de connerie, tu as défendu Michelle et c'est l'important. Il serait encore vivant s'il n'avait pas ingurgité toute cette drogue. 


            — Oui, je pense vraiment que j'apporte le malheur dans la vie de Michelle. Mes parents sont morts par ma faute, et je ne me pardonnerai pas...


            Malgré tout, j'arrive aussi facilement à me confier à lui. On pourrait faire comme si de rien n'était et continuer notre vie, mais ce serait injuste pour Abdou, il a droit à des explications, de savoir qu'il reste mon frère.


            — Ce n'était pas de ta faute Harry si tes parents sont morts. Arrête de penser ça, tu t'empêches de vivre. 


Je reste silencieux pendant un moment avant de parler à nouveau:


— Tu es vraiment un frère pour moi, celui sur qui je peux compter pour autant défendre Aliyah que moi je le ferai. D'ailleurs tu lui as bien parler de tes... 


LE mot me reste dans la gorge. 


— On n'a pas besoin de parler de ça, avance-t-il, mais je continue. 


— Sentiments. Elle pensait que je méritais de savoir et que tu méritais que je sache. C'est bien vrai. J'ai l'impression de n'avoir jamais cherché à te connaitre.


— Ne dis pas ça, je sais juste bien cacher ces choses-là. 


Il serre les poings – ce qu'il fait quand il cherche à contrôler ses émotions- puis expire bruyamment.


— Je ne t'ai jamais expliqué pourquoi mes parents m'avaient laissé à l'orphelinat, continue-t-il, la voix secouée par l'émotion. J'y ai atterri un mois après vous, le jour même où ils ont tout compris. En un mois, j'ai essayé de me masculiniser au maximum pour effacer cette partie-là de moi, mais c'est devenu mission impossible dès que tu es entré dans ma vie.


Abdou n'a jamais été aussi ouvert, il a toujours préféré garder l'ombre sur ces choses là– je n'imagine d'ailleurs pas l'effort qu'il fait en ce moment.


 — Sache que tu restes mon frère et que rien ne change. Je suis là pour toi et j'espère que tu trouveras une personne qui te mérite. 


Je parle sincèrement. On se sourit rapidement avant de se checker. 


— Une partie, ça te dit? l'invité-je. 


— Toute occasion pour te faire perdre est bonne, rétorque-t-il. 


Michelle


Lorsque je finis enfin un autre chapitre, je me rends compte que j'ai passé environ une heure ici. Je me dirige donc rapidement dans le salon où je découvre Harry et Abdou en pleine partie. Un sourire se fraie un chemin sur mes lèvres. 


Les vraies amitiés savent passer au-dessus des situations du genre. Je me rappelle Tania, un pincement au coeur survient, mais je le balaie. Tania est comme une soeur pour moi, elle me manque, mais je suis trop fière et un tatiné rancunière pour lui pardonner. 


            — Faites-vous un câlin, les encouragé-je. 


            Ils se retournent vers moi hésitants, mais le font finalement. Je ne pourrais pas être jalouse étant donné qu'Harry est clairement hétéro. OU...


            — Est- ce que je dois maintenant avoir peur pour mon couple? les tancé-je, blaguant moitié. 


            Harry roule des yeux, mais Abdou affiche un petit sourire. 


*


            C'est vendredi. Tout Homel sait ce qui s'est passé. Mais personne ne dit rien, comme s'ils n'en avaient pas le droit. Mais leurs regards sur Harry en disent clairement beaucoup. Il est le mec qui s'est battu avec un autre qui est à présent mort. Harry a par ailleurs eu beaucoup de travail cette semaine, entre les dédicaces et rencontres de ses auteurs, le travail sur les oeuvres, l'aspect légal. Il s'est donné à fond pour laver la nouvelle image qu'ont les gens de lui. 


Nous avons également pris nos distances en public pour ne pas éveiller les soupçons. Bien évidemment, Harry n'a jamais été aussi proche d'un auteur qu'il l'est de moi, mais le fait qu'Audrey aussi réponde à cette affirmation rend les choses plus simples. Cette dernière m'a mille fois demandé si j'allais bien, et de même pour Harry. 


Audrey. Je me sens de plus en plus coupable à son égard. Cette une femme bien, une personne exceptionnelle, presque pure je dirai. Je pense essayer de lui parler de toute cette histoire, quitte à prendre un tel risque, mais je sais que je peux lui faire confiance.


Homel organise une grande séance de dédicaces aujourd'hui donc tout l'immeuble est submergé de personnes, je rencontre des tas d'auteurs et de lecteurs. Je ne suis là qu'en tant que lectrice. Être présente me fait du bien, me permet d'oublier les derniers évènements, de me ressourcer. 


— Je crois qu'on doit parler avec Audrey, tenté-je en posant mon regard sur Harry pour analyser sa réaction. 


Je suis assise au comptoir de sa cuisine, un verre de jus de pomme ainsi que quelques viennoiseries sont posé sur le comptoir. Il est debout en face de moi, de l'autre côté du comptoir, légèrement tendu. Il se passe une main nerveuse dans les cheveux en soupirant. 


Puis il dépose ses mains à plat sur le comptoir, me laissant entrevoir ses jointures encore bleutées. Mon regard analyse son visage qui reprend doucement son aspect normal grâce aux soins qu'il reçoit, et ma mémoire me présente cette horrible soirée qui a vite dégénéré. 


— J'aimerais vraiment tout lui dire parce que... 


Il s'arrête comme s'il avait peur de finir sa phrase. Je me penche en avant et lui prends doucement la main en souriant avant de retourner à ma position initiale. 


— Dis-moi, je ne le prendrai pas mal. Et puis je l'aime beaucoup Audrey maintenant. Elle est exceptionnelle et c'est pourquoi je ne veux plus lui mentir. 


— Je ne sais pas si elle le supportera, commence-t-il, pensant. Avec toute la pression que lui impose Victoria, je ne sais pas comment elle le prendra. Elle me dit quasiment tout, me fait confiance. 


— Elle t'aime, terminé-je dans un murmure. 


Je sais qu'il a peur d'utiliser cette expression, alors je l'aide. Je suis toujours jalouse d'Audrey, certes, parce que je la trouve à un niveau de bonté, beauté, humanité que je n'atteindrai peut-être jamais. 


Nonobstant cela, je lui dois l'honnêteté, et je me dois également de reconnaître ses sentiments pour Harry. D'un autre côté, je ne pourrai la détester ou l'avoir en horreur à cause de ses sentiments, puisque ni elle, ni Abdou, ni personne ne peut contrôler ce qu'il ressent.


— Et j'ai peur de la faire souffrir. Je ne veux pas qu'elle souffre. Je lui dois un peu qui je suis aujourd'hui. À peine sorti de la Fac, elle m'a permis de faire mes preuves chez Homel et voilà où j'en suis aujourd'hui. Elle a été une vraie amie, un soutien. 


Il passe une fois encore une main nerveuse dans ses cheveux, comme s'il menait une bataille intérieure. Il se sent clairement coupable. 


— Harry, l'appelé-je d'une petite voix. 


Il remonte son regard sur le mien. 


— On ne vivra pas cachés toute notre vie, et même si j'ai peur, à un moment, on devra ne plus vivre cacher. J'ai compris à mes dépens que la vie n'était pas un conte de fée. Il faut assumer. Et moi, je ne peux plus lui mentir. Parce que quand elle l'apprendra d'une autre manière, là elle sera vraiment dévastée. 


Il m'observe silencieusement avant de se rapprocher de moi pour entourer mes épaules de ses bras avant de poser un léger baiser sur mon front. 


— Bonsoir ! 


Nous nous tournons vers Aliyah qui vient d'entrer, sourire aux lèvres. 


— Hey Liyah, la salué-je en retour en lui faisant un câlin. 


Elle avale un petit four avant de se servir un verre de jus d'orange. 


— Alors, comment récupères-tu ? me demande-t-elle en s'installant près de moi. 


— Ça va, lui souris-je. Je n'aurais juste pas souhaité la mort de cet homme même si c'était une mauvaise personne.


Aliyah hausse les épaules. 


— Le karma, se contente-t-elle de répondre. 


Le lendemain, je suis assise sur la table basse dans le salon de mon appartement tandis que Luc est installé dans le sofa. Je l'aide à réviser ses cours. Il doit reprendre la quatrième année. 


Il a réussi tous les examens pour un transfert direct sinon il aurait été beaucoup régresser dans son cursus. Dès que son téléphone sonne, il ne fait plus attention à moi, se contentant de directement poser son regard dessus. Je lui donne une tape à la tête. 


— Tu tueras tes patients à cause de ton téléphone ! le tancé-je. 


Il roule des yeux. Il a l'air un peu triste. Je dépose les fiches de révision sur la table puis m'installe près de lui. 


— Dis-moi... 


Il hésite pendant un moment, mais finit par parler. 


— Il y a cette fille, je crois qu'elle me rend fou, n'avoue-t-il plus sur un ton plaignant. 


— Vraiment ? Toi le Luc ? Luc le bourreau des cœurs ? 


— C'est fini, je ne te raconte plus, marmonne-t-il en voulant se lever. 


Je le tire par le bras pour qu'il se rasseye. 


— Aller dis-moi tout petit frère. 


— Bon. On s'est rencontré sur internet. Elle est britannique, je sais qu'elle vit actuellement à Londres, mais elle ne veut pas me voir. 


— Comment ça ? 


— Elle... Je ne sais pas. Elle évite le sujet. Tout va bien tant que c'est virtuel, c'est comme si elle avait peur de la réalité. 


— Comment elle s'appelle ? Elle a quel âge ? 


— Aliyah, 18 ans. 


Je fronce les sourcils en restant silencieuse. 


— Tu permets ? 


Je lui prends son téléphone des mains puis va sur le profil de la fameuse fille. Mon cœur s'arrête pendant un instant tandis que je cligne plusieurs fois des yeux. 


Ça sent très mauvais. Je vois une photo d'Aliyah sur laquelle elle porte un col roulé — on ne voit donc que son visage. Elle est très belle sur la photo. Je mets ma main sur mon front, en soupirant bruyamment. 


— Que se passe-t-il ? me demande Luc, inquiet. 


— C'est la sœur de Harry. 


Luc fait les gros yeux, visiblement tout aussi surpris que moi. 


— Il a une sœur ?! 


— Oui et laisse-moi te dire que personne n'approche la sœur de Harry. 


Il me regarde de plus en plus éberlué et perdu. De toutes les filles de cette terre, il a fallu que Luc soit attiré par la seule qui soit actuellement quasi intouchable. Harry ne le prendra clairement pas bien. 


*


Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je sonne une fois, les mains de plus en plus moites. Lorsqu'il ouvre enfin la porte, je lui expose un grand sourire avant de l'embrasser. 


— Hey, fais-je doucement. 


— Hey, rétorque-t-il en me souriant. Joyeux anniversaire petite folle.


Puis il pose son regard sur celui qui se trouve derrière moi : Luc. Il me regarde, puis le regarde à nouveau. 


— Je dois te parler Harry. 


Contrairement à son habitude en face de Harry, Luc est étonnamment calme et nerveux, peut-être parce que maintenant ce n'est pas sa sœur qui est en jeu. Harry hésite longuement, mais nous laisse tous les deux entrer. Oui, aujourd'hui c'est mon anniversaire. C'est pourquoi j'ai choisi aujourd'hui, soit le lendemain de la révélation de Luc pour tout dire à Harry en espérant que le fait que ce soit mon anniversaire sauve les choses. 


On était censé tous se retrouver chez moi, mais je n'ai pas prévenu Harry qu'on viendrait chez lui. Bien sûr, Aliyah ne venait pas et elle était sacrément remontée, mais je lui ai promis qu'on ferait quelque chose tous ensemble plus tard. On est déjà dans l'avant-dernière semaine du mois d'août, précisément le 24 août et j'ai vingt-quatre-ans aujourd'hui. Abdou entre quelques minutes après nous, mais se contente de rester en retraite. Après de très longues explications, Harry pose son regard une fois de plus sur Luc, la bouche entrouverte. 


            — Donc, tu as conduit ton frère ici pour voir ma sœur alors qu'elle ne veut pas le voir et que tu sais très bien pourquoi ? me reproche-t-il visiblement en colère. 


            Snipper traîne à mes pieds, se frottant à ceux-ci et en les léchant.


            — Écoute Harry, la vie d'Aliyah ou même celle de Luc ne nous appartient pas. Je veux juste qu'ils aient l'occasion de discuter. Je n'ai jamais vu mon frère ainsi et je peux te dire qu'il est sincère. 


            — Et est-ce qu'il sait au moins ? 


            — Non, soupiré-je. 


            Harry ne dit plus rien, se contentant de sortir en furie de la maison. Je le suis en courant derrière lui. 


            — Harry, Harry s'il te plait. 


            Il s'arrête violemment en pleine entrée de la forêt. Malgré mon pull-over en coton gris, la fraîcheur de l'automne qui prévient me fait frissonner. Il a les poings serrés, comme s'il voulait taper sur quelque chose. 


            — Fais-le comme cadeau d'anniversaire, lui demandé-je. 


            — Je t'ai laissé mettre ma vie en sens dessus dessous, mais pourtant ça ne te suffit pas Ginger, pourquoi veux-tu aller à cette extrémité ? s'emporte-t-il en rougissant de colère. 


            Aliyah est le sujet sensible.


            — Tu sais autant que moi combien c'est douloureux d'avoir des gens qui t'empêchent d'être avec la personne que tu aimes, celle avec qui tu veux être. Alors, ne leur faisons pas ça. Aliyah m'a parlé d'un garçon, je n'aurais jamais juste pensé que c'était Luc. 


            — Amour ? s'indigne-t-il. Mais voyons, ils ne se connaissent même pas. Comment peux-tu dire de pareilles choses ? 


            — Je sais de quoi je parle Harry, rétorqué-je d'une voix un peu forte avant de reprendre la parole plus calmement. Je sais que tu as peur qu'il lui fasse du mal à cause de son physique, mais ces cicatrices n'enlèvent rien à la beauté d'Aliyah que ce soit celle intérieure ou celle extérieure. Et si Luc ne le remarque pas, alors je lui ferai la peau moi-même. Mais si tu fais ça, ils n'auront jamais l'occasion de savoir. 


            Harry ferme ses yeux en respirant doucement puis les ouvre. 


            — Elle n'a que dix-huit ans, elle n'a pas besoin d'un cœur brisé. 


            — Je pense qu'elle en a déjà un. Parce qu'en agissant ainsi, tu l'empêches de savoir qu'elle est belle et qu'elle n'a pas à avoir peur du jugement des autres et encore moins de celui dont elle est amoureuse. 


            Là, je me retourne vers la maison, un peu agacée par le comportement de Harry. Je ne suis définitivement pas d'accord avec sa méthode. 


Lorsque j'entre dans la maison, Luc et Abdou n'ont pas bougé d'un poil. Peut-être que j'aurais dû parler des raisons d'Aliyah à Luc, mais je pense que c'est bien mieux qu'ils parlent entre eux. 


            — Je suis désolée Luc, fais-je doucement. Je vais juste dire au revoir à Liyah et on s'en va. 


            Puis je monte sans même oser regarder en arrière, sans même oser voir la tristesse et la déception dans les yeux de Luc. J'ai déjà vu cet éclat triste dans le regard de mon frère, cet éclat qui m'a brisé le cœur, mais je ne peux rien y faire si Harry est aussi têtu. 


Dès que j'entre dans la chambre d'Aliyah, je la découvre allongée dans son lit, écouteurs dans les oreilles. Voilà pourquoi elle ne nous a pas entendus. Je lui touche la jambe, elle se lève avec un grand sourire puis me saute au cou. 


            — Joyeux anniversaire, chante-t-elle en retirant ses écouteurs puis se tournant vers moi. 


            — Merci ma pucinette, la taquiné-je avec un sourire. 


            — Mais que fais-tu ici ? Je pensais que vous alliez dîner tous les trois entre traitres ? 


            — Mais ne dis pas ça, tu sais bien que si ça ne tenait qu'à moi, tu te joindrais à nous. 


            Harry apparaît dans la pièce, visiblement gêné. Il se racle la gorge :


            — Liyah, quelqu'un veut te voir. 


            Elle me regarde, perdue tandis que moi je regarde Harry, surprise. 


            — Ton frère, comprend-elle directement. 


            — Tu savais ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? m'étonné-je. 


            Elle me tourne le dos en soupirant.


            — Regardez-moi, il ne voudra plus de moi s'il me voit. 


            Harry me regarde avec culpabilité, semblant enfin comprendre ce que je lui disais. 


            — Si c'est le cas, il ne te mérite pas. J'ai peut-être mal fait de te faire croire ça parce que je te regarde et je pense que tu es l'une des plus belles femmes au monde, lui intime Harry. Et le monde mérite de te voir. 


            Elle sourit timidement. Qu'importe nos handicaps et craintes, nous méritons tous définitivement de vivre librement sans craindre le jugement des autres. Ceux qui nous méritent verront toujours la beauté en nous, même quand nous ne la voyons pas nous-mêmes.


            — Donc tu me laisserais le voir si jamais ? Et tu me laisserais aller dans une vraie université comme celle dont je t'ai parlé ? J'ai déjà été admise en plus. 


            Harry me regarde et je l'encourage. Il prend Liyah dans ses bras. 


            — Un pas à la fois, chuchote-t-il.


            À ce moment précis, je suis vraiment fière de lui. Liyah pose sur moi un regard timide, je me rapproche d'elle puis lui prends les mains.


            — Pardonne-moi de t'avoir caché ça, s'excuse-t-elle en détournant son regard.


            — Tu n'as rien à te faire pardonner ma puce, la rassuré-je. Allez, viens.


—  Devancez-moi, je descendrai tout à l'heure.


            Je prends la main de Harry puis le tire à l'extérieur de la chambre. Elle a sûrement besoin d'un peu de temps avant de sauter ce grand pas. Harry me tire dans sa chambre puis colle mon dos au mur en ne laissant que quelques petits centimètres entre nous. Il pose sur moi un regard très attendrissant qui me fait fondre de l'intérieur.


            —  Chamboule ma vie comme tu le veux, souffle-t-il en caressant ma joue de son pouce. Je suis trop idiot pour la chambouler seul.


            Je laisse échapper un petit rire. Je sens qu'il est tendu et je comprends bien pourquoi et je suis d'ailleurs aussi tendue à ce moment. 


            —  Avec plaisir, murmuré-je avant de poser un chaste baiser sur ses lèvres.


            — Joyeux anniversaire, souffle-t-il une fois encore avant de poser un baiser sur mon front.


            Nous nous rendons finalement au salon dans lequel Abdou est debout près des escaliers et Luc est quasiment à la porte de sortie, les traits tendus. Son regard se pose sur nous dès que nous descendons. Personne ne parle, nous nous contentons de nous observer dans le silence jusqu'à ce que je n'aperçoive Aliyah qui descend à son tour, très lentement, comme si elle redoutait ce qui se trouvait au pied des escaliers. 


Son regard croise celui de mon frère, leurs expressions restent neutres, nous empêchant de savoir ce qu'ils pensent exactement. Luc ouvre sa bouche pour parler, mais finit par la fermer puis sort en trombe de la maison. 


Aliyah s'arrête, le visage tout d'un coup crispé, lèvres entrouvertes et mains tremblantes. Je sens Harry se tendre près de moi, d'autant plus que sa main est dans la mienne. 


            Luc réapparaît pourtant rapidement, les yeux rougis. Je n'ai jamais et jamais je n'aurais pensé un jour voir Luc dans cet état. Il marche doucement jusqu'à elle, s'arrêtant au pied des escaliers avec un petit sourire sur les lèvres.


Vu qu'il est maintenant de dos, je n'arrive plus à voir son visage, mais je vois clairement celui d'Aliyah qui descend en tremblant. Elle s'arrête en face de lui, toujours plus petite malgré la montée.


 Ils se prennent soudainement dans les bras, avec tellement d'attention et d'affection que je sens mon cœur pleurer d'émotion ; ensuite Luc pose un baiser sur ses lèvres avant de la reprendre dans ses bras et de la serrer fortement. 


            —  On vous laisse discuter, on sera dans la cuisine, déclaré-je en tirant Harry qui reste un peu réticent.


            Abdou nous emboîte le pas.


            — S'il était parti, je lui aurais fait la peau, menace Harry lorsque nous nous installons.


            — Il est revenu donc tout va bien, le calmé-je en souriant. 


            — Ils sont tellement mignons, remarqué-je, rêveuse.


            Je lance un regard à Abdou qui a l'air amusé par la situation, et ému ? Mon téléphone ayant sonné, je jette un coup d'œil à l'écran. Audrey m'appelle, j'ai complètement oublié que je devais lui parler... avec Harry. 


            —  Hey Audrey, commencé-je en décrochant. 


            Harry me regarde, ayant sûrement pensé à la même chose que moi. 


            — Coucou Michelle.


            Sa voix...


            — Tout va bien ? lui demandé-je.


            Sa voix morne laisse entendre qu'elle a pleuré, et pas qu'un peu.


            —  Oui, oui. Je me suis juste disputée avec ma mère. Joyeux anniversaire. J'aurais aimé venir te voir, mais je dois aller en mission dans un village asiatique et je serai probablement hors ligne pour quelque temps.


            Les garçons m'observent.


            —  Oh, je vois. Merci beaucoup d'avoir pensé à moi. J'aimerais bien qu'on se fasse une sortie entre filles à ton retour. 


            —  Ah oui ? Avec plaisir Mich. Allez bye, bisous.


            Puis elle raccroche.


            —  Audrey voyage, on lui parlera dès son retour, indiqué-je à Harry. Je n'en peux plus de lui cacher ça. 


            Je me demande tout de même ce que sa mère lui a fait cette fois. D'après les dires de Harry, Victoria Davis traite sa fille très mal. Je n'ose même pas imaginer. J'espère juste qu'en avouant tout à Audrey, elle comprendra et qu'on pourra être de vraies amies, et surtout qu'elle me laissera l'épauler dans cette situation avec sa mère. 


Luc et Aliyah apparaissent enfin quelques minutes après, main dans la main. Harry pose son regard sur eux avec un sourcil haussé, poussant Liyah à rougir puis retirer sa main. Je laisse échapper un soupir de soulagement. 


            —  Tout est bien qui finit bien. Alors on va le fêter cet anniversaire ?


            — On va se préparer Liyah ? 


            Nous posons tous des regards très étonnés sur Harry qui vient de parler. Aliyah fronce les sourcils puis son visage s'illumine.


            —  Vraiment ? Je peux ? 


            —  Bien sûr que tu peux, l'encourage Harry. 


            Elle lui saute au cou en gloussant comme une fillette. 


            —  Oh merci Harry.


*


            Je monte en voiture avec Harry tandis qu'Abdou et les deux tourtereaux se trouvent dans l'autre voiture. Harry me tend un paquet avant de démarrer la voiture. Je ne m'attendais pas forcément à un cadeau de sa part. Abdou m'a offert un casque Bluetooth parfaitement assorti à mon mac. Luc m'a offert une paire de baskets Nike à couper le souffle. 


Liam quant à lui m'a offert un très beau bracelet en or. Aliyah m'a offert un petit carnet avec quelques mots adorables en plus de quelques poèmes qu'elle a magistralement bien écrits. Le coach et sa femme m'ont transmis leurs meilleurs vœux et papa a gentiment décoré mon compte en banque. Je reporte mon attention sur le paquet que j'ai en main. 


Je l'ouvre avec grande douceur puis découvre un collector de la saga Harry Potter, une version assez rare que j'ai toujours rêvé d'avoir. Et ce n'est pas tout, je découvre également Harry Potter et l'enfant maudit ainsi qu'une autre version d'Hamlet. Et dans ce dernier figure une petite dédicace : 


            << Il suffit d'un atome pour troubler l'œil de l'esprit.>> Acte / Scène : Hamlet, IV, III (1603). Il a suffi d'une Michelle pour troubler ma vie... et mon cœur. Bon anniversaire Ginger. 


            Mon cœur bat la chamade tandis que mon regard reste posé sur chacun des mots écrits si délicatement sur ce papier fragile. Chacun de ces mots se détache de leur support pour me caresser le visage, enivrer mon âme d'un bien être incroyable. 


Son cœur. J'ai troublé son cœur. Je lui lance un regard chargé d'émotions auquel il répond par un sourire, un sourire charmant qui remet toute mon existence en cause, parce qu'il m'obsède et me possède. 


            — Merci, soufflé-je en souriant, un puissant sentiment de béatitude emplissant mon esprit.


            — Je t'en prie, répond-il en se concentrant sur la route. 


            Je serre mes précieux présents contre ma poitrine parce qu'il vient de lui, de Harry, de l'homme qui a bouleversé ma vie. Je laisse mon regard se perdre dans le paysage londonien qui m'éblouit toujours autant par sa beauté.  


            — Je suis tellement fière de toi et de tous les efforts que tu fais, lui intimé en poursuivant toujours ma séance de contemplation.


            Je pense définitivement qu'il y a deux types d'amour : celui superficiel que je définirais comme celui qui nous prend au premier abord. Puis il y a l'amour profond qui intervient plus tard, au moment de la symbiose des âmes, lorsque tu apprends à connaître en profondeur l'être que ton cœur a choisi d'aimer ; cet amour-là dure éternellement puis vieillit doucement avec toi. 


C'est quelque chose de bon et de pur, et je ne souhaite que ça, vieillir avec Harry. Une fois arrivés au restaurant japonais, nous sortons de la voiture, suivis des trois autres. Aliyah observe autour d'elle puis laisse échapper un soupir qui est tout de suite suivi d'un sourire. Luc entoure son épaule de son bras puis ils marchent vers nous. 


            — Alors comme ça tu n'avais même pas encore tes vingt-quatre ans, remarque Aliyah en fourrant un sushi dans sa bouche.


            — Je ne me souviens pas avoir dit que j'avais déjà ces 24 ans, et puis c'est du pareil au même, me défends-je. 


            J'affiche un énorme sourire avant de satisfaire mes papilles qui commencent à beaucoup aimer la nourriture asiatique.


            Le reste de la journée se passe à merveille. Tout semble reprendre doucement sa place pour mon plus grand plaisir. Liyah a tenu à visiter des tonnes d'endroits, et elle a été très proche de Luc même s'ils restent réticents puisqu'ils ne s'étaient jamais vus auparavant. 


Malheureusement, Harry a beaucoup de travail à rattraper pour demain, donc ils n'ont pas pu monter à l'appartement. Et encore plus malheureusement, pas de baiser d'au revoir pour nous étant donné le fameux contrat. Luc et Liyah ne se sont pas gênés pour autant. Mais les voir si heureux me rend vraiment heureuse. Liam a travaillé toute la journée donc il est venu nous rejoindre avec la team chez moi. Nous passons une soirée tranquille à jouer à la console. 


            — Merci pour cette journée merveilleuse, chanté-je en m'emmitouflant encore plus dans mes couvertures au moment de dormir.


            — Je t'en prie, c'était super, répond Harry depuis l'autre bout du fil. Bonne nuit Ginger. On se voit à Homel demain après ton boulot chez le coach ? 


            —  Affirmatif. Bonne nuit chéri.


            Et je pense que cette nuit sera bonne, très bonne d'ailleurs. Je fais ma petite prière puis me laisse bercer par la musique que me chante mon ange gardien.


*** 


Retour au calme dis donc. Me connaissant, vous savez que ce n’est qu’avant la tempête lol.


Je serais très très heureuse si vous preniez un peu de votre temps pour répondre aux questions suivantes ( même les lecteurs fantômes MDR svp) :

- perso préféré? Perso moins préféré?

- moment favoris?

- ce qui vous plaît plus dans cette histoire et moins ? 


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Lalie.

Tentation en édition