Chapitre 26: Vengeance

Write by Lalie308

Et tout bascula...

Et tout s'envola.

Reviens moi.

——


Harry


            Qui suis-je ? 


            Je pense que tous, à plusieurs moments de notre vie, nous nous posons cette question de savoir qui nous sommes. Qui suis-je sous cette carapace, sous tous ces défis, désirs et attentes ? Qui suis-je et surtout... Qui ne suis-je pas ? 


Je suis Harry Daniels, j'adore danser, j'aime lire et faire lire, ma famille est le plus important pour moi, ma couleur préférée est le gris, je suis une âme confuse qui cherche à se retrouver, j'aime Michelle Lawson, de tout mon pauvre cœur de cendre et de toute ma fortune âme égarée. Nous sommes en plein mois de septembre, début automne. Tout est marron-rouge autour de moi, la végétation, les cœurs. 


            —  Ils sont magnifiques. 


            Je pose mes yeux brillants sur Michelle qui scrute d'un œil attentif un cadre photo de ma famille. Je devais avoir sept ans et Liyah n'en avait qu'un. J'ose aussi mon regard sur la femme brune à la beauté d'Ishtar, fines lèvres toujours roses, nez crochu, cheveux courts puis à l'homme au visage rond près d'elle. On semblait tellement heureux sur cette photo, à cette époque-là où je n'avais pas encore tout foutu en l'air. Michelle dépose le cadre puis se tourne vers moi avec un léger sourire. 


            — Ils te manquent n'est-ce pas ? me demande-t-elle en posant ses petits yeux désarmants sur moi.


            Comment lui dire qu'ils me manquent un peu plus chaque jour, que j'ai juste l'impression d'avoir déchiré des pages importantes du livre de ma vie avant même d'avoir pu les lire et les vivre. 


            — Oui, réponds-je doucement. 


            — Ma mère me manque aussi.


            Michelle ne parle également jamais de sa mère. Nous sommes deux voies d'apparence neuves qui cachent des sentiers de traumatisme. Mais comment fait-on pour oublier des parties de notre vie, celles qui nous ont permis d'exister et font de nous qui nous sommes ?


            — Mais d'où sortent tes cheveux blancs ? me questionne-t-elle en fixant mes cheveux de ses beaux yeux de fée.


Je hausse les épaules.


— Je suis simplement né ainsi. Certaines choses ne s'expliquent pas.  


Elle entoure ma taille de ses bras avant de coller sa joue à mon torse. Aliyah est avec Luc à une de ces soirées de début de session dans leur fac. Je crains toujours ce moment là où ma sœur que j'ai tant protégée de ce monde de brute aura à l'affronter, ce moment-là où elle devra y faire face, sans moi. Mais elle doit le faire, ce n'est qu'ainsi qu'elle grandira. Je détache Michelle de moi en prenant son visage en coupe, caressant ses pommettes de mes pouces.  


            — Un long et bon bain, ça te tente ?


            —  Tu insinues quoi ? me provoque-t-elle avec son regard malicieux.


            Je lui adresse un sourire aux coins des lèvres, dispose correctement le cadre avant de la prendre en princesse dans mes bras. 


            —  J'insinue toi et moi dans un bain chaud et relaxant, affirmé-je. 


            Elle glousse, entoure mon cou de ses bras tandis que je la porte jusqu'à la grande salle de bain. Je la pose au sol puis actionne le levier pour que la baignoire se remplisse, je veille à ajouter du savon et quelques huiles fantastiques qui donneront un aspect romantique à la chose. 


            — Je reviens.


            Lorsque je reviens quelques secondes après, je découvre Michelle dans ses sous-vêtements, assise sur la cuvette des toilettes, le regard perdu dans le vide. Ses cheveux crépus sont relâchés, formant une touffe épaisse autour de sa tête avec quelques mèches tombant de part et d'autre. Je dépose les deux verres et la bouteille de jus de pomme au sol. Je tends ma main à Ginger qui se lève pour y glisser la sienne. 


            —  Tu es d'une beauté... 


            Sa proximité me déconcerte tellement que j'en perds le verbe. Elle se colle plus à moi. M'exposant sa poitrine plus que généreuse. 


            — D'une beauté ? minaude-t-elle en feignant un regard innocent. 


            Je fais glisser mon index sur son visage que j'admire autant que je le peux. 


            — Tu es une beauté, réponds-je vaguement pour couper court à son plaisir.


            Je dépose un léger baiser sur ses lèvres avant de retirer mes vêtements. Je me rapproche d'elle puis lui retire ses sous-vêtements, lentement. Une fois dans la grande baignoire, elle se colle à moi, puis pose sa tête sur mon épaule. Elle se met ensuite à me raconter des tas d'histoires qui n'ont absolument rien en commun. Je laisse ma tête tomber en arrière pour savourer le son de sa voix. 


*


            Je dépose un baiser sur son front, puis sur chacune de ses joues enfin sur ses lèvres avant d'entourer la serviette autour de son corps. Ses cheveux mouillés couvrent son front, tombent sur ses épaules et dans son cou. Elle les maintient rapidement dans une serviette avant de se retourner vers moi. J'entoure ses épaules de mes bras avant de laisser quelques baisers sur son visage, son cou. Je la prends dans mes bras en les serrant fort contre moi tandis que la musique jouée par mon téléphone résonne dans toute la pièce. 


Nos corps bougent à l'unisson. Soudain, pills and automobiles de Chris Brown retentit. On se détache l'un de l'autre pour danser comme des fous. Les images de quand j'étais plus jeune et que je dansais avec ma famille me reviennent. Je ne m'en souviens que comme de beaux moments que j'aimerais vivre et revivre éternellement. 


Michelle 


            Je me trouve dans une pièce sombre, les murs sont délabrés et toutes les lumières grésillent. Une odeur forte et nauséabonde règne dans la pièce. Je suis au centre, pieds nus, et le corps tremblant.


— Coucou, chante une voix qui remplit la pièce.


Je reconnais cette voix. Jack. Je recule lentement en regardant partout autour de moi, paniquée. Je cogne quelque chose, me retournant brusquement pour découvrir le corps froid et bleu de Jack, yeux fermés. Il se redresse subitement puis saute sur moi, un cri strident déchire ma gorge. Je le repousse avec toute la force dont je peux encore disposer. Lorsqu'il tombe enfin au sol, je marche lentement vers lui, attirée par une force inconnue.


 Ce n'est plus Jack, c'est maman, tout d'un coup plus vieille, trop vieille. Elle se redresse également violemment pour s'accrocher à mon pied. Je n'ai pas le temps de hurler que je me retrouve devant le bar, une voiture renverse Jack. Soudain, je me retrouve à sa place et la voiture me renverse. 


— Michelle, Michelle.


Je me réveille en sueur et haletante. J'analyse rapidement l'endroit où je me trouve : la chambre de Harry. Ma respiration ne se calme pas malgré mes efforts, Harry me tend un verre d'eau que je bois d'une traite alors que des larmes dévalent mon visage. 


— J'essaie de te réveiller depuis cinq bonnes minutes, tu ne faisais que hurler. Tout va bien, ce n'était qu'un cauchemar, tente-t-il de me réconforter. 


Je contrôle enfin ma respiration, mais les battements de mon cœur restent acharnés. 


—  Il y avait Jack et ma mère et l'accident et...


Un sanglot déchire ma gorge. Harry me prend dans ses bras tandis que je tremble, toujours secouée par ce cauchemar qui semblait tellement vrai. 


— Tout va bien maintenant, m'intime-t-il doucement en me caressant les cheveux puis il me pose un baiser sur le front. 


Tout va bien. Ce n'était qu'un rêve, un simple cauchemar qui n'est pas vrai et qui ne le sera jamais. 


*


            — On se voit ce soir alors ? demandé-je à Harry qui est trop occupé aujourd'hui pour me conduire à la banque.


—  Oui, je passerai te voir chez toi. Je viendrai avec Liyah. 


— D'accord, à ce soir. Pleins de bisous. 


Puis je raccroche. J'ai des papillons dans le ventre, des milliers de papillons qui volent en pleine euphorie dans tout mon estomac, mais aussi mes intestins.  J'embarque dans la voiture avec un sourire. 


—  Hey Abdou.


— Tu vas bien Michelle ? 


— Perfecto et toi ?


— Je vais bien, me répond-il en démarrant. 


Une fois à la banque, Abdou me suit comme un garde-corps et c'est bien ce qu'il est. Audrey n'est toujours pas rentrée de sa mission en Asie et je suspecte que ce soit surtout pour échapper à sa mère. Il y a du monde aujourd'hui, ce qui m'agace un peu. Lorsque c'est enfin mon tour, je me rends vers le comptoir. 


— Bonjour, madame, que puis-je pour vous ? me demande la femme en face de moi. 


Elle a de longs cheveux bruns et un visage atrocement symétrique. 


— Je suis venue voir monsieur Styles, mon conseiller. J'ai un rendez...


Des coups de feu et des hurlements me poussent à laisser ma phrase en suspens. La femme appuie sur un bouton avant de s'effondrer au sol. Abdou me tire vers l'arrière et nous allons nous réfugier au niveau des autres comptoirs. Des hommes armés débarquent dans la banque avec de gros sacs en main. Ils ne perdent pas de temps pour se rendre vers les caisses pour les dévaliser. Certains membres se dirigent vers l'autre côté, probablement vers le coffre de la banque. Je ferme mes yeux puis les ouvre en respirant lentement pour ne pas hurler. Tout le monde est à terre, exceptés les mercenaires. Tout le monde et effrayé.


— Fais-moi confiance et tout ira bien, me dit Abdou. 


Personne n'ose toucher son téléphone puisque des hommes armés montent la garde. 


— Ne fais pas n'importe quoi et bouge-toi, il faut partir, crie l'un des mercenaires à un de ses collègues qui caresse le visage d'une fille non loin de moi.


            Elle ne doit même pas avoir dix-huit ans, elle tremble de peur en serrant fort la main de la femme près d'elle. 


            — Je vous en prie, laissez-là. Elle n'a que dix-sept ans, supplie la femme. 


            — Est-ce que je t'ai sonné moi ? s'emporte l'homme en tirant en l'air. 


            La détonation nous fait sursauter. Il assomme la femme de son arme, la jeune fille éclate en sanglots. 


            —  Jordy. J'ai dit que c'était bon, hurle l'homme qui le mettait en garde quelques minutes plus tôt.


            Il se lève en tirant la fille avec lui. 


            — Je finis et on s'en va et puis les mecs sont au coffre, se contente-t-il de dire. 


            Je lance un regard à Abdou. 


            — Ne fais pas de bêtises Michelle, me prévient-il.


            Je ne sais même pas à quel moment je me lève, mes jambes opèrent sans mon consentement jusqu'à ce que je ne repousse l'homme qui laisse tomber la jeune fille. Il se retourne brusquement vers moi, son arme pointée sur mon front, me poussant à reculer. J'espère juste gagner du temps et que la police vienne mettre fin à tout ça. Il se rapproche doucement de moi avec son arme. Soudain, il fronce ses sourcils et finit par marcher vers un des hommes pour lui souffler quelque chose à l'oreille. Et là, l'homme pose son regard sur moi.


            — Michelle, reviens ici, m'appelle Abdou, mais je reste paralysée. 


            Lorsqu'il revient avec l'autre homme, ils se saisissent de moi en me retenant par le bras. Abdou sort soudainement de sa cachette puis se met à se battre avec eux, mais soudain, je vois un trou se planter en plein centre de son front. Un hurlement me déchire la gorge. 


            — Non ! 


            Des larmes dévalent mon visage, mais je sens une pression contre mon cou, une douleur se répand dans tout mon être et soudain, le néant. 


            Harry


            Michelle a été kidnappée. Michelle a été kidnappée. Michelle a été kidnappé. J'ai beau tourné et retourné la phrase dans ma tête, je n'y trouve aucune logique. Pourquoi elle ? Les témoins disent qu'elle a cherché à défendre une jeune fille. Mais pourtant, ils l'ont laissée en vie, mais pourquoi la kidnapper ? Et comment ont-ils pu échapper à la police ? Ma tête est en ébullition, ma raison et mes idées sont de plus en plus floues. 


            — La police va la retrouver, avance Aliyah qui a pourtant l'air tendu.       


            —  Quelle police ? Ils n'ont même pas été fichus d'arrêter ces malfrats, hurle Luc en donnant un coup de poing dans le mur. 


Je tente de rester calme. Et je prie. Je prie pour que nous retrouvions Michelle le plus vite possible. Je prie pour qu'un de ces foutus médecins sorte pour me dire qu'Abdou va bien. Je sais juste qu'il est blessé, rien de plus. Mais il est enfermé déjà depuis plusieurs heures et la panique monte de plus en plus en moi. Juste ce matin, je les avais tous les deux. Ma femme qui me parlait de sa voix de princesse au téléphone et mon frère qui prenait soin d'elle. Et maintenant... maintenant, je ne sais plus. Je ne sais vraiment plus. 


— Monsieur Daniels ? m'appelle enfin le médecin vers qui je me rends à pas de courses. 


Il laisse échapper un soupire puis pose sur moi un regard. Le regard dont j'ai horreur. Ce regard qu'ont posé les gens sur moi pour me dire que... pour m'annoncer la mort de mes parents. Ma respiration s'arrête et ma vision se brouille de plus en plus. J'ai peur d'entendre ce qu'il me dira. 


— La balle s'est logée dans le cerveau de votre ami. Dans une zone relativement fragile. Il y a eu des complications et...


Je n'entends plus rien. Absolument plus rien jusqu'à ce que je ne sente le corps de Liyah contre moi puis ses larmes mouiller mon pull-over. Je reviens brusquement à la réalité. Mais est-ce vraiment la réalité ? Non. Abdou ne peut pas... Il ne peut pas partir ainsi. Non, pas après que je lui ai promis autant de bonnes choses, pas sans que je ne lui aie dit combien il était génial. Pas sans que la vie ne lui ait rendu le quart de ces choses géniales qu'il a faites. 


Non, ce n'est pas juste. Une larme dévale ma joue, rien de plus. Certaines douleurs sont trop grandes pour pouvoir tenir dans des larmes, trop lourdes pour pouvoir être portées. J'entoure les épaules d'Aliyah de mes bras avant de fermer mes yeux pour contenir tout ce que je ressens.


La voilà la vie. Si fragile, si traître. Elle nous quitte sans prévenir, et plus jamais elle ne revient.


— Je suis vraiment désolé. Il vous a signalé dans son dossier comme seule famille. Veuillez me suivre pour les formalités.


Après la paperasse, nous nous rendons dans la chambre où se trouve encore son corps. Il est allongé, déjà blanc et froid. Aliyah n'ose pas entrer, elle reste dans les bras de Luc. Je m'arrête près du lit de mon meilleur ami qui plus jamais ne pourra me regarder dans les yeux, qui plus jamais ne sera là. Et quelque part, c'est de ma faute. 


Tous ceux qui rencontrent mon chemin n'en finissent que mal. Michelle est bien quelque part, dans les mains de ces personnes inconnues, sans moi, par ma faute. Je prends Abdou dans mes bras une dernière fois en pleurant à chaudes larmes cette fois-ci. On a tort de penser que les hommes sont éternels et qu'ils ne partiront que lorsqu'on sera prêts. En réalité, on n'est jamais prêts pour ça. 


Michelle 





Mes paupières papillonnent. J'ouvre lentement mes yeux pour découvrir l'endroit où je me trouve. Ma tête me fait atrocement mal tandis que les derniers évènements me reviennent lentement en tête. Abdou ! J'espère qu'il va bien. Je l'espère vraiment ou sinon je me sentirai coupable pour toute ma vie. Mes poignets sont ligotés avec une espèce de corde qui brûle ma peau. La pièce est trop sombre pour que je ne puisse distinguer quoi que ce soit. Harry doit s'inquiéter comme un malade, et Luc et Liam. 


Et si papa l'apprenait ? Oh mon Dieu ! J'ai juste voulu aider cette pauvre fille et maintenant, je me retrouve je ne sais où. Une porte s'ouvre avec un grincement effroyable puis la lumière remplit la pièce pour laisser apparaître deux hommes qui passent certainement toute leur vie à s'entraîner. Mon cœur bat de plus en plus fort tandis que j'invoque tous les saints pour qu'une aide, n'importe laquelle fasse jour. 


— Que me voulez-vous ? sifflé-je en tirant encore sur les cordes, ce qui n'a que pour seul effet d'accentuer la douleur. 


La vieille odeur d'excrément s'explique. Des tas de pailles fanées, des abreuvoirs et de petits enclos m'entourent. Il s'agit d'une vieille étable.  


— Michelle Lawson m'appelle l'un des hommes sans que je ne puisse le reconnaître.


Une cicatrice barre la moitié de son visage. 


— Comment me connaissez-vous ? Mais que voulez-vous ? 


— Calme-toi princesse, me dit-il en me caressant la joue. 


Je secoue ma tête pour retirer ses doigts de malade de mon visage.


— Lâche moi espèce de salop...


Il se saisit violemment de mon menton puis rapproche son visage du mien, son visage dégage une haine qui me donne froid dans le dos. 


— Tu vas bientôt moins faire la maligne espèce de garce, siffle-t-il entre ses dents, son haleine me frappant le visage. Nous allons d'abord te laisser mourir lentement de faim pendant quelques jours puis... boum, c'en sera fini de toi.


— Tu vas payer pour la mort de Jack et pour avoir foutu en l'air l'organisation des patrons avec ton idiot de Harry Daniels.


Ça fait tilt dans ma tête. Il s'agit des mêmes hommes de l'organisation de contrebande. Ce qui signifie que Jack était la taupe et qu'il a probablement dû leur vendre des tonnes d'information sur nous. Et s'ils s'attaquaient ensuite à Harry ? Ils ressortent sans un mot de plus, me laissant dans l'obscurité, toute seule. Et c'est à ce moment-là que je me rends compte de la situation. Mon Dieu, aide-moi.





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Opinions? Je serai ravie de les lire. 











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Lalie.

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