Chapitre 25 : Une lueur d’espoir

Write by Max Axel Bounda

Le lendemain, Jessica me devança au rendez-vous avec Lema. A mon arrivé, je les trouvai assises au fond restaurant. Sur les dernières tables près des cuisines. Jessica détestait cet endroit. Elle n’aimait pas entendre les bruits des ustensiles et le remue-ménage des coulisses.Pourtant elle était assise là, preuve de sa détermination à mener à terme cette affaire.

Quand je m’assis près d’elle qui sirotait un cocktail de fruit, je trouvai le décor louche.

— Que s’est-il passé entre Jodi  et Rhianne ?

— Pour tout vous dire, le papillon n’était pas du genre à céder aux caprices des profs. Elle l’a fait parce qu’elle y était obligée. On devait se faire sauter ou ne jamais soutenir. Ces porcs nous tenaient. Lema se passa les mains dans les cheveux comme si elle souhaitait se les arracher. Nous nous sommes dit que nous n’allions pas gâcher toutes ses années d’études, juste pour ça. Nous avons essayé de négocier mais ils ne voulaient rien entendre.

—Ils ? Qui ?

— La bande à Mav.

—Le chef de département, précisai-je à Jessica qui notait dans un calepin ce qu’elle considérait comme élément important.

— Je sais, ton pote…

Après son départ d’ailleurs la dernière fois,Yitu avait l’air plutôt bizarre. Il m’a posé des questions sur toi. J’avoue que je ne comprenais pas pourquoi. Surtout que je ne te connaissais même pas.

— C’est parce que je lui avais dit pour la lettre.

— Je vois.

— Bon à présent, il est mort, dis-je.

—Mais ce n’est pas le seul. Il y’a aussi son adjoint et plusieurs profs qui font la même chose à d’autres étudiantes.

— Vous les connaissez tous ?

— Non. Mais ils procèdent de la même façon. Comme Yitu et Jodi ,on vous les impose comme tuteurs. Sans leur avale, vous ne soutenez pas. Quoi que vous fassiez.

— C’est un réseau bien ficelé alors, nota Jessica.

— Oui. Très bien rodé. Après avoir cédé à leurs caprices, nos soutenances auraient dû n’être qu’une formalité. Mais ils n’ont pas tenu leur parole. Nos noms ne sont pas sortis sur la  liste suivante. Cela a plongé le papillon dans en colère noire! Elle avait décidé de tous les faire payer. C’est comme ça que je lui ai proposé de filmer ces types. Mais au final, c’est tous les profs que nous avons filmés durant les trois derniers mois. Nous voulions juste avoir de quoi faire pression sur eux.

— Je crois que ça a plutôt marché, vu que Rhianne a finalement soutenu.

— Ça a marché pour le papillon, parce que Jodi est mort peu de temps avant sa soutenance. Yitu avait aussi accepté de me laisser soutenirquand je l’ai menacé. Il avait accepté toutes mes conditions. Du coup, je suis assez surprise de ne pas être sur la liste encore une fois.

— Que comptes-tu faire ?

— Je ne sais pas. Je réfléchis. Si ce n’est pas réglé dans les prochains jours, j’envoie au chef adjoint un bout de sa vidéo avec Yessi. Si vous acceptez vu que c’est vous qui les avez.

— Vous n’en avez pas de copies ?

— Non. On ne voulait pas les garder. On comptait les supprimer juste après notre soutenance. C’était trop risqué de les multiplier.

— Qui d’autre était au courant de leur existence ?

— Juste Rhianne et moi… Et Jodi  et Yitu.

— Sauf que tous les trois sont morts maintenant, remarquai je. Il eut un bref silence à l’évocation de cette curieuse coïncidence. Des quatre personnes ayant eu vent de ces vidéos, tu es la seule encore en vie.Et si tu ne fais pas attention, tu risques d’être la prochaine. Qui d’autre veut ces vidéos ?

Lema se redressa. Il y’avait comme de la peur dans ses yeux. Elle était effrayée.

— Sérieusement, je ne sais pas. Le jour où Rhianne est morte, elle était partie pour les ranger dans notre coffre-fort ici au bureau. Mais vous connaissez la suite.Elle n’est jamais revenue et les vidéos n’y étaient pas. C’est là que j’ai compris qu’elle n’estjamais arrivée au restaurant ce jour-là.

—Nous n’avons pas les moyens pour enquêter. Espérons que la police finisse par trouver qui se cache derrière ces meurtres. Mais en attendant, soyez très prudente, conseilla Jessica.

— Voilà pourquoi je dois soutenir au plus vite et quitter le pays. Nous devionsnousinstaller au Canada, Rhianne et moi. Depuis sa mort, j’ai fait venir des amies à la maison. Je ne dors plus seule et je vérifie à chaque fois si je suis suivie.

— C’est très bien, fit Jessica. Elle réfléchit un instant. Pour votre soutenance, je crois que j’ai une petite idée.

— On peut se tutoyer Jessica.

— D’accord. Euh… As-tu le numéro du vice chef de departement?

— Bien sûr.

— Passez… Pardon,passe-le-moi !

Lema pianota le clavier de son téléphone et le tendit à Jessica qui saisit le numéro sur le sien. Je me demandais bien ce qu’elle comptait faire. Soudain, elle lança l’appel.

« C’est quoi son nom ? » murmura-t-elle ?

«  Nzué Robert »

L’homme décrocha.

— Bonsoir Monsieur Nzué. Ici Maitre Jessica Nyingone du Cabinet KN and Associates. Seriez-vous disponible demain pour échanger au sujet d’une plainte vous concernant ? Avant qu’on aille plus loin.

— Une plainte, me concernant ? Franchement, je ne vois pas de quoi il est question. Pouvez-vous m’expliquez ?

— Nous sommes sur le point de porter un recours collectif chez le juge. Mais c’est rien que nous ne pouvions régler à l’amiable. Vous savez, c’est toujours mieux qu’aller au tribunal. Ce qui risque de vous couter votre poste et beaucoup d’argent. Mais rassurez-vous, j’ai une proposition à vous faire.

— Je vous écoute maitre.

— Plusieurs de vos étudiants affirment que vous les empêcher de soutenir depuis plusieurs mois…

— C’est un tissu de mensonges ça. C’est des conneries ça. D’ailleurs, notre prochaine session est dans deux semaines.

— Ce n’est pas ce qu’ils affirment tous. Et surtout, leurs noms ne figurent pas parmi ceux qui doivent soutenir à la prochaine session. Mais si vous souhaitez laisser le juge décider qui dit vrai, ce sera leur parole contre la vôtre. A plusieurs contre un.C’est sans espoir.

— Je …

— Compte tenu de votre réputation qui risque d’en être ébranlée, nous vous proposons un règlement à l’amiable qui consiste à permettre à tous les étudiants que vous avez injustement recalé au cours des trois derniers mois, de pouvoir soutenir lors de la prochaine session.

— C’est mon ancien supérieur qui est à l’origine de ce…

— Je vois que vous préférez le tribunal. Dans ce cas, rendez-vous devant le juge.

— Attendez maitre. C’est d’accord. Puis-je avoir les noms des étudiants en questions ? Afin que je puisse faire imprimer une nouvelle liste.

— Vous n’aurez qu’à retrouver leurs mémoires où vous les avez entassez. Sinon rendez-vous au tribunal.

— C’est d’accord. Ce sera fait dès ce soir. Merci pour votre coup de fil.

— Tout le plaisir est pour nous. Et au cas où vous chercherez un cabinet pour vous représenter dans d’autres affaires, n’hésitez pas à nous contacter.

— Sans aucun doute !

Jessica raccrocha sous nos regards interloqués. Cette fille était une surprise sur pattes. Lema et moi n’en croyions pas nos oreilles.

— Vous en faites une tête, dit-elle en riant. Si demain ton nom n’est pas sur cette fichue liste, on repasse à l’assaut, dit-elle en riant. Satisfaite, elle avala la moitié de son cocktail de fruit.

— Waouh ! Je… ne sais pas quoi dire. Je suis sans mots. Merci Jessica. Merci infiniment.

— Remercie-moi, s’il tient parole. Elle se redressa et reprit son calepin. Alors où en étions-nous ? Savais tu que Rhianne était enceinte et séropositive ? Et que Jodi  était le père de son enfant ? Avait-elle un mec? C’est peut-être lui qui l’a tué par jalousie, interrogea Jess.

— Bien sûr que je le savais. Sa fille allait porter mon prénom. Mais elle n’avait pas de mecs.Elle n’aimait pas les hommes en fait, dit-elle en baissant la tête.

— Elle était…

— Lesbiennes? Oui. Jodi ne voulait pas qu’elle garde. Mais cet enfant avait changé sa vie. Elle voulait se ranger. C’est pour cela qu’on avait décidé de fermer l’agence d’hôtesses et refaire notre vie au canada après l’UPG.Le visage de Lema devint plus triste. Elle fit couler une larme qu’elle s’empressa d’essuyer. Je lui pris les mains et fixai mon regard dans le sien. Je ne savais pas trop ce qui m’avait pris. Je n’avais même pas pensé à la réaction de Jessica. Elle allait surement me bouffer tout cru au sortir d’ici. Mais je ne comptais pas rester insensible à la détresse d’une femme innocente.

— Pourquoi comptiez-vous fermer l’agence? demanda Jess. Elle avala une gorgée de son cocktail.

— Red Butterfly n’est pas qu’une agence d’hôtesses. Vous devez vous en douter. C’est Rhianne qui a eu l’idée de la créer.Et les choses ont commencé à devenir simples pour nous deux. Jess me regarda.Moi-même je ne comprenais pas encore. Mais cette histoire semblait intéressante. Je vous offre une pizza?demanda Lema en souriant, révélant deux belles fossettes nichées sur ses joues, mais la tristesse dans ses yeux ne disparut pas pour autant.

— Non, merci on ne veut pas abuser de ta charité, dis-je en riant. Elle me rendit mon sourire.

— Disons que c’est le Papillon qui offre, et l’histoire est longue. Vous aurez besoin d’avaler quelque chose.

— Mais on ne veut pas abus… commença Jessica.

— Le papillonaurait été ravi de savoir que vous voulez nous aider. C’est si gentil de votre part. Grace à toi, je pourrais soutenir dans quelques jours et elle ne sera pas là pour le voir, dit Lema en sanglots. Ce restaurant, lepapillon bleu, c’était notre plus grand rêve.

La vue des larmes ruisselant sur son visage me fit une sensation toute étrange. Jessica se leva, s’assit près d’elle et la prit dans ses bras. Ma petite amie semblait encore plus touchée que moi.

Lema se redressa, essuya ses larmes et demanda à une serveuse d’approcher. Elle commanda une pizza vosgienne. Puis nous conta la véritable histoire de cette agence atypique.

«Pour le commun de mortel, nous dirigeons une agence normale d’hôtesses d’évènements d’affaires. C’est juste une couverture. Elle a été créée pour échapper aux avances des profs à la base. Je regardai Jess en face de moi, elle n’était pasaussi stupéfaite que moi. Tout a commencé quand le papillon a emménagé avec moi au Campus. On avait beaucoup de problèmes d’argent. C’était difficile d’étudier à l’UPG.Entre les fascicules, les livres et les lois non écrites qui disaient que l’on devait forcément redoubler nos classes, c’était difficile. Et ce n’était rien, à côté du harcèlement dont on était victime. Quand on nous a dit que le système voulait que l’on couche avec les profs pour avancer à l’UPG, nous avons refusé de le faire. Mais la réalité nous a vite rattrapés. On avait beau étudier jamais on ne serait allée en classe supérieure. Quand un prof t’a dans le viseur, à moins de baiser avec lui, ta vie devient vite un enfer. Notre plus gros défaut était de n’être pas laides. Ça aurait pu nous arranger les choses. Mais on était jeunes et jolies. Deuxcanons tout justes sortis de l’adolescence. Leurs langues pendaient à notre passage. Deux petits agneauxau milieu d’une meute de loups. Je n’en ai réellement pris conscience que quand un de nos enseignants me l’a dit cash, qu’il me voulait dans son lit. Et que je n’irais nulle part si je ne le faisais pas.

À l’évocation de cette phrase, je vis le visage de Jessica se renfermer. Elle était en rage.

Tous les soirs on se retrouvait en larmes, avec des copies bourrées de sous moyennes et des résultats de plus en plus catastrophiques aux examens. Non pas, parce qu’on n’avait pas le niveau bien au contraire, il n’y avait pas plus studieuse que Rhianne.Et avec une amie comme elle, bouquiner et apprendre ses leçons, devenait un jeu d’enfant. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un de plus intelligent qu’elle. Mais cela ne servait à rien, vu que les choses étaient foutues pour nous. Passer sur le lit ou échouer à tous les coups. On a changé de départements, mais c’était pareil partout. Des rumeurs couraient que c’était ça l’UPG, que certaines filles le faisaient, et que d’autres se prostituaient même. Et croyez-moi, on était tellement fauchées qu’on aurait fait n’importe quoi pour nous en sortir. On passait des nuits et des jours entiers affamés. Et l’inévitable a fini par arriver. On a dû se donner à deux ou trois hommes en échange d’argent.

Elle se redressa, se servit un verre de son habituel jus carotte, attendit de l’avoir vidé avant de reprendre. Nous l’écoutions avec attention, subjugués par son récit.

Vous savez, c’est si soudain, qu’on ne réalise pas combien c’est réel avant de se retrouver sur un lit avec un homme qu’on n’aimera jamais et n’avoir en tête que la liasse de billets qu’il remettra.

Au début c’est difficile, mais on finit vite par s’y faire. Et en plus, ça paie bien. On ne faisait pas le trottoir, on était au-dessus. Deux à trois mecs chacun nous avaient permis d’avoir un peu d’argent pour survivre. En plus, ils étaient accros.

De ce côté, les choses avaient vite évolué. Il fallait maintenant régler le problème des études. Sur son lit d’hôpital, Rhianne avait promis à sa mère d’obtenir son diplôme. Et elle voulait coûte que coûte la respecter. Alors, on s’était dit que si on pouvait s’offrirà de parfaits inconnus, pourquoi pasaux profs? La seule différence était que là, on le faisait pour les notes. Alors on l’a fait. Moi, deux fois, et elle une, parce qu’elle avait trouvé un moyen de nous faire passer au travers du système.

Un jour, en deuxième année l’actuel adjoint lui avait demandé si elle pouvait lui arranger le coup avec une de nos amies de l’époque. D’ailleurs, je crois qu’ils sont toujours en couple. Le papillon lui a dit qu’elle pouvait convaincre n’importe qu’elle fille de lui accorder une chance, mais que ce n’était pas gratuit. Le mec lui a donné de l’argent pour ça. En principe elle voulait troquer ce service contre des notes, mais elle avaitréussi à en tirer les deux. C’est comme ça que nous est venue l’idée de recruter des filles pour faire le boulot à notre place.

Les choses sont allées très vite. On avait dit aux profsque nous pouvions leur apporter toutes les filles qu’ils voulaient sur un plateau doré et en échange, ils devaient nous noter gracieusement. Du coup, nous navions plus besoin de nous allonger pour avoir des moyennes vu que les autres le faisaient pour nous et on les payait sans qu’elles ne s’en doutent. Ce n’était pas correct, mais il fallait bien que l’on s’en sorte. Et nous étions toutes gagnantes.

Les choses se sont enchaînées si vite qu’on n’a pas compris par où on était passé. Et l’on n’a plus rien contrôlé. On avait un gros succès auprès des hommes extérieurs à l’UPG qui voulaient des filles pour la nuit. Et tout est parti de là.

On était devenue des passeuses de filles. On plaçait des filles chez des hommes riches, ces jeunes pleins aux as et qui sont prêts à se taper une fille différente tous les soirs pour quelques centaines de mille. Nous nous sommes retrouvés au milieu de tout ça, à se faire de l’argent et passer en classe supérieure. On n’avait plus besoin de réellement faire un examen, mais Rhianne disait qu’on se devait d’avoir quelque chose en tête.

Donc même si on savait qu’on aurait toujours de bonnes notes, on bossait quand même pour le mériter. Et en plus, c’était une bonne couverture d’aller en classe tous les jours. Voilà pourquoi nous étions dans la même classe, l’une devait être en classe quand l’autre s’absentait pour les affaires.

Au bout de deux ans, nous avons commencé à investir ce qu’on gagnait. Nous avons quitté le campus pour louer un appart. On a créé l’agence qui a depuis un an, 68 % de prestations d’hôtesses réelles. Ça aide d’avoir des clients dans les cercles du pouvoir. Ils nous filent tous les marchés évènementiels qu’ils organisent. Nous avons ouvert ce restaurant et avonscommencé à bâtir notre maison. Elle sera achevée dans quelques mois. Mais Rhianne ne sera plus là pour l’habiter.»

 

En terminant son histoire qui m’avait beaucoup ému, elle fit couler une larme. C’est fou comme le monde est cruel! Je n’arrivai plus à dire un mot.

— Voilà vous savez tout. Pour certain, c’est ignoble de gagner de l’argent de cette façon, en se vendant pire en vendant les autres. Mais c’est mieux que tuer ou vendre son âme au diable. Et en plus ce n’est pas comme si on l’avait planifié.

— Rassure-toi Samirah, personne ne vous juge, répondit Jess. Nul ne peut savoir par quoi vous êtes passées. Beaucoup n’auraient même pas supporté le quart de tout ce que vous avez enduré.

J’avais l’impression de mal entendre, mais Jessica était en train de réconforter Lema. Elle n’était pas choquée, mieux elle acceptait sa justification. Je reportai mon attention sur la fille qui était dans les bras de ma petite amie. Un détail m’avait fait tiquer.

— Lema, si vous viviez,Rhianne et toi, dans un appartement, pourquoia-t-elle pris une chambre au campus?

— Ce n’était pas pour elle, mais pour Yessi… Une fille de l’agence. Elle avait des problèmes avec sa famille qui apparemment avait découvert comment elle gagnait sa vie. Je ne maitrise pas ce qui s’est passé entre les deux, mais je sais que les choses ont mal tourné entre elles. Mais Rhianne était trop bonne. Une sainte qui voulait toujours sauver tout le monde. Elle avala une gorgée de jus de carotte. Apparemment, Yessi avait fini par réaliser que cela faisait des années que l’on passait sous le radar. C’est à cause de cette petite peste que les deux autres chiens-là, nous ont eus dans le viseur! Cette salope a ouvert sa longue bouche et Jodi  a commencé à nous faire chanter. Je lui avais pourtant dit que l’on devait donner une leçon à cette poufiasse de Yessi!

Lema se redressa et prit une part de pizza. La serveuse était passée la déposer pendant que l’on discutait. Elle prit son verre, remua la paille l’air absent quand une fille fit son apparition dans le restaurant.À son entrée, je sus immédiatement qu’elle venait vers nous. Elle avait le fameux papillon en orautour du cou. En la regardant, je ne pus m’empêcher de me demander comment Rhianne et Lema choisissaient leurs filles. Il n’y avait que des canons dans leur agence.

La fille qui se présentera des minutes plus tard comme Bella, avait des cheveux blonds laissés au vent et une paire de lunettes noires sur le visage. Elle portait unbodyassorti à son petit sac à main. Celui-ci ne couvrait que sa poitrine laissant son beau ventre plat et musclé à la vue de tous les regards.Le spectacle était agréable. En dessous, un slimblanc qui lui collait à la peau, moulait avec perfection les formes envoûtantes de son corps de mannequin.

Bella s’assit à côté de moi, salua Jessica, avant de me faire un baiser sur la joue. Hum qu’elle sentait bon. Lema l’interrogea sur un rendez-vous en rapport avec l’agence. Je crus comprendre qu’elle était allée négocier un contrat qui semble-t-il s’était bien soldé. Un couple souhaitait avoir une vingtaine de papillons à leur cérémonie de mariage dans une semaine et un ambassadeur en voulait une trentaine pour une conférence internationale.

Après nous être présentés dans les détails, Lema nous expliqua que la nouvelle arrivante était leur comptable, la troisième personnalité de l’agence. Que Rhianne, Bella et elle, ne se cachaient rien. Elle lui fit alors le point de notre conversation. La comptable sembla ravie de notre démarche. Elle réagit avec beaucoup de questions qui démontrait son intérêt pour notre démarche.

— Bah, si tu es partante, je vous suis! dit-elle à Lema en souriant. J’en connais des personnes qui seraient ravies d’apprendre qu’on peut faire payer ces sales profs pour avoir posé les mains sur nous. On sait tous quel enfer on a vécu les deux premières années d’université. Si quelqu’un nous avait aidés ou juste proposés une telle solution, on aurait sauté dessus. Quand je pense que je suis allée voir plusieurs enseignants qui m’ont répondu que je n’avais pas de preuves, et qu’en plus ils ne pouvaient rien faire contre un des leurs. L’un d’eux m’a même dit un jour «Qu’est-ce que ça te coûte de donner toi aussi, quoi tu es une sainte ni touche? Lorsque tu voudras évoluer, tu passeras me voir». Ce jour-là, j’ai compris que c’était ça ou rien. Ils étaient tous pourris jusqu’à la moelle.

Entendre Bella parler ainsi me fit énormément sourire. Franchement de savoir que notre action était accueillie avec autant de ferveur nous fit du bien à Jess et moi. Surtout que je n’avais pas souvenance de l’avoir vu sur l’une des vidéos que l’on avait visionnées.

— Tu accepterais toi de témoigner lors d’un procès à huis clos? Si Jamais on entamait une procédure.

— Même tout de suite, si voulez, sourit-elle. Elle prit une tranche de pizza et fit signe à la serveuse. Elle retira ses lunettes et je remarquai qu’elle avait un hématome près de l’œil gauche. Tu sais toi que le cacique du Pavillon F là, comment il s’appelle déjà? demanda-t-elle à Lema. Frank, il a été retrouvé mort il y a une heure dans sa chambre.

Pendant qu’elles discutaient, je me demandais si j’avais bien entendu en fait. Le Pavillon F, c’était mon Pavillon. Et Frank, c’était le véritable prénom de Capello. Il fallait que j’en aie le cœur net.

— Bella, le Frank en question comment était-il? Gros, noir avec un accent fang.

— Oui c’est lui. C’est quoi son petit nom déjà? Elle reprit une autre tranche de pizza. Je remarquai qu’elle parlait d’une façon si calme, si posée avec une telle assurance comme s’il ne s’agissait pas de mort d’hommes. Elle n’éprouvait aucune peur. C’est… Capella… Capolle…

— Capello, rectifiai-je.

Mon cœur se mit à battre très vite.

— Oui, c’est cela. Capello. On dit que c’est la malédiction du papillon. Que c’est le fantôme de Rhianne qui l’a tué, dit-elle comme si elle ne croyait pas un seul mot de ce qu’elle était en train de raconter. Elle reprit une autre tranche de pizza dans un calme imperturbable. Un étudiant du Pavillon D dit qu’il a aperçu le papillonqui sortait du bâtiment au milieu de la nuit et il l’aurait reconnudepuis sa chambre du quatrième étage.

Nous nous regardâmes Jessica et moi. Est-ce qu’il fallait croire en cela? Je commençais à me demander pourquoi Rhianne s’en prenait aussi aux étudiants alors que c’était les enseignants qui les avaient martyrisées.

— Tu y crois toi? demanda Jessica à Bella. Son attitude était déconcertante du coup, elle nous intriguait vraiment.

— Bof il doit porter des lunettes en bois celui-là.

Je me mis à réfléchir un instant. Rhianne m’était apparue une fois. Et, cet étudiant disait l’avoir aperçu. Je constatai ne pas être le seul.C’était une bonne chose.

Cependant, cette histoire me faisait un peu peur, Rhianne semblait être revenue pour se venger. Capello était le troisième mort sur le campus depuis lundi depuis sa disparition. D’abord Monsieur mav., que j’avais rencontré ;Yessi s’était sans doute retrouvé au mauvais moment, au mauvais endroit et maintenant Capello, que je soupçonnais d’avoir fouillé ma chambre. J’étais désormais sûr de sa culpabilitémaintenant.

Un frisson me traversa le dos, quand je réalisai que toutes les personnes retrouvées mortes avaient été en contact avec moi d’une façon ou d’une autre.

Et s’ils mourraient à cause de moi ?

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