Chapitre 26
Write by Jennie390
⚜Chapitre 26⚜
Emile Biyoghe
Je n’ai pas apprécié la remarque de cette vieille chouette qu’on appelle Odile Odjele. Oh il ne faut plus lui apporter ce genre de jouets, fien fien fien! Je vais continuer à lui apporter ce type de choses justement parce que mon but est de la garder dans cet état. Je n’ai pas du tout envie qu’elle progresse sinon elle ne me sera plus d’aucune utilité. J’aurais même dû dès que j’en ai eu l’occasion, retirer Melissa de cet endroit. Ils font tout là bas pour la réparer pourtant moi je veux qu’elle reste cassée.
En parlant de Melissa, je n’ai pas aimé son regard aujourd’hui, je ne saurais le qualifier mais une chose est certaine, il était bizarre. Pour qu'elle me dise bonjour ou merci, il a fallut qu’Odile le lui rappelle et j’avais le sentiment qu’elle n’avait pas oublié de le faire, elle n’en avais juste pas envie. À ce que je vois quand sa soeur n’est pas là , mademoiselle me multiplie par zéro. En tout cas, plus que quelques mois et elle pourra venir vivre ici. À ce moment, je remettrai les pendules à l’heure.
Je dépose le repas de Yolande sur un plateau et je le lui apporte. Elle le récupère sans un mot et mange.
—Alors qu'est-ce que ça te fait de te rendre compte que petit à petit le temps avance et bientôt Mélissa viendra vivre ici?
Elle m'ignore comme d'habitude.
—Et figure toi que je l'ai vu aujourd'hui, dis je avec le sourire. Elle est de plus en plus jolie, les formes sortent de plus en plus.
—Qu'est-ce que tu es allé faire à Oasis ?
—Oh juste payer le chèque de sa pension. Je paye quand même un million et quelques par mois, je voulais aussi voir le produit de mon investissement. Toutefois sa présence à Oasis m'agace déjà beaucoup. Je peux décider de la faire sortir plus vite et là je ne le dis pas juste pour te faire peur, je suis vraiment sérieux.
Elle ne me répond pas encore...
—Tu continues avec cette manie de m'ignorer, la dernière fois que tu t'es comportée comme ça, la soirée s'est mal finie pour toi.
—Tu es sûre que ce jour là c'est ma soirée qui s'est mal finie ?
—Yolande le jour où je vais sérieusement te bastonner, te plier en deux, tu vas arrêter de me parler avec autant de condescendance.
—J'attends, il faut me bastonner. Ça tombe bien justement je suis en manque de sang actuellement.
Je la regarde de travers, cette femme est dérangée en vrai. Je la trouve un peu trop calme à mon goût. J'ai beau la menacer elle ne réagit pas. Je parle d'emmener Melissa, rien. Soit elle a jeté les armes, soit elle a développé une capacité à faire semblant qui est extraordinaire, elle doit peut-être préparer un coup en douce.
Je ne rajoute plus rien.
Je récupère les plats vides et je sors. Je vois encore un énième message de Grâce la copine de Yolande qui me dit qu'elle a des problèmes actuellement et qu'elle aimerait que je lui fasse un prêt. Je vais m'occuper de son cas plus tard. Si je lui donne de l'argent, il faut bien que je gagne quelque chose en retour. Mais pour l'instant, je ne vois pas en quoi, elle va m'être bénéfique.
Je m'assois sur un fauteuil et je pense à tous les millions que j'ai déjà dépensés pour pouvoir avoir Mélissa à ma merci. Le mariage avec Yolande, le voyage, les cadeaux, cette maison, Germain...
J'espère vraiment que je n'ai pas mis autant d'argent et d'énergie pour qu'au finish je termine déçu. De toutes les manières, la déception n'est même pas une option. Plus que 6 mois et Melissa aura enfin 18ans, rien ni personne ne va m'empêcher d'atteindre mon but.
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2 mois plus tard
Bertille Otando epouse Makaya
Je m’étais tellement battue pour mon commerce qui est parti en fumée du jour au lendemain. J’avais pris du temps pour mettre de l’argent de côté pour acheter petit à petit les appareils électroménagers de ma maison et en un rien de temps, tout a été volé. Même l’argent de la tontine, j’avais eu du mal à le rassembler.
Quelques jours après cette tragédie, tout a été très compliqué pour nous. On avait du mal à manger, pas d’argent pour l’électricité, pour donner aux enfants de quoi prendre le bus pour aller au lycée. Et comme si ce n’était pas suffisant, la femme qui prenait la tontine m’a m'a portée plainte à cause de son argent. J’ai fait une semaine en cellule avant qu’on me libère finalement lorsque Germain a remboursé 300.000 FCFA. On m’a ensuite fait signer une reconnaissance de dettes pour les 400.000 FCFA restant.
Depuis lors, Germain m’a m'a donné 100.000 FCFA pour lancer un petit business pour que je puisse rembourser ma dette. Pour nos besoins quotidiens, c’est Germain qui sort de l’argent. C’est vrai que je suis contente qu'il prenne enfin ses responsabilités pour s’occuper de nous.
Toutefois, je ne sais pas d’où sort tout l’argent qu’il a dépensé. Il m’a dit qu’un de ses amis lui a fait un prêt mais lequel de ses amis va lui donner quoi que ce soit? Ils sont tous des débrouillards. J’espère juste qu’il n’a rien fait d’illégal.
Je remballe ma marchandise pour rentrer à la maison, en chemin je m’arrête chez la voisine pour lui donner les 50.000 FCFA que j’ai pu rassembler ces jours ci puis je rentre à la maison. J’envoie ma fille cadette acheter un kilo de poulet, de la tomate en boite et un kilo de riz pour le repas du soir. Dès son retour, je me mets à cuisiner lorsque Germain débarque avec des jeunes qui portent un énorme carton que je remarque à l’emballage être un frigo. Ils le déposent et reviennent quelques minutes plus tard, avec une gazinière.
—Papa tu as acheté un frigo et une gazinière! s’extasie une de nos filles.
—Je vous ai dit de ne pas vous inquiéter, votre papa gère, dit Germain tout fier.
—D’où sors tu l’argent pour acheter tout ça? Je lui demande. Et s’il te plait ne me dit pas que ce sont tes amis qui t’ont fait un prêt.
—Pourquoi j’ai l’impression de percevoir un reproche dans ta voix? Je me plie en quatre pour nous sortir la tête de l’eau mais tu n’as pas l’air contente. Quand je croisais les bras et que je te laissais tout gérer, tu passais tes journées à me traiter d’irresponsable. Finalement que veux-tu Bertille?
—J’ai le droit de savoir d’où tu sors l’argent que tu dépenses depuis ces deux derniers mois. J’espère que tu n’as rien fait de grave pour pouvoir avoir autant d’argent en ta possession.
—Rien fait de grave? Demande t-il visiblement agacé. Quoi tu penses que j’ai volé cet argent ou que j’ai rejoins un gang ou pire j’ai adhéré à une secte? Tu es sérieuse Bertille?
—Tu n’as besoin de te fâcher pour ça, je veux juste savoir d’où tu sors l’argent pour tout ça.
—Depuis lors tu prépares au feu de bois, donc j’ai mal fait de t’acheter une gaziniere pour te faciliter la vie. J’ai payé une partie de ta dette pour éviter que tu ne restes en cellule. Si on mange dans cette maison c’est grace à moi. Tu devrais en être reconnaissante Bertille.
Je suis finalement convaincue qu’il y a un truc qui ne va pas. Sa réaction est exagérée, il doit forcement cacher quelque chose.
—Je suis vraiment déçu de toi Bertille et sache que j’ai trouvé un boulot, voila d’où sort tout cet argent avec lequel je maintient toute la famille.
Il termine de parler et sort de la maison en claquant la porte, il faut que je découvre d’où cet argent sort. Mais une chose est sûre, je sais déjà que quand j’aurais trouvé la réponse, ça ne va pas me plaire du tout.
Plus tard, dans la nuit...
Aujourd'hui particulièrement, je n'arrive pas à trouver le sommeil à cause de Germain.
Toutes ses dépenses commencent sérieusement à m'inquiéter, sans oublier sa réaction que je n'ai pas compris. Il dit avoir trouvé du travail, mais quel boulot Germain peut-il trouver en aussi peu de temps qui peut lui permettre d'acheter un frigo et une gazinière neufs. J'ai remarqué aussi de nouveaux vêtements, des chaussures et même une montre qui a l'air d'avoir beaucoup de valeur.
Je regarde Germain qui est profondément endormi, je me lève doucement et récupère son téléphone. S'il y a quelque chose à découvrir, son téléphone peut contenir des éléments de réponse. Je navigue dans le journal des appels et je remarque un numéro qui est très présent mais il n'est pas enregistré. Je constate qu'ils se sont beaucoup appelés, quand je rentre dans les messages, tout est effacé.
Mais je remarque aussi qu'il y a des messages de Airtel Money, mon cœur bondit dans ma poitrine quand je vois les sommes faramineuses qu'il a reçues de cette même personne. Je récupère mon téléphone, je recopie le fameux numéro et j'ai l'impression de rêver quand sur mon écran ça marque Emile Biyoghe.
Emile a envoyé de l'argent à Germain? Pourquoi? Je regarde les dates de réception, ça correspond au jour où j'ai dit à Emile que je passerai voir Yolande. Tout comme le jour où toutes mes affaires ont dérapées.
Je suis assise avec les deux portables dans les mains, je me tourne les ménages pour comprendre ce qu'il se passe. Mais je sais déjà au fond de moi qu'il n'y a rien de bon dans tout ça. Pourquoi Biyoghe va envoyer des sous à Germain?
—Qu'est-ce que tu fais avec mon téléphone Bertille?
Je me lève et lui fais face sans répondre. Vu que je ne dis rien il se lève brusquement et vient m'arracher le portable des mains.
— Tu n'as aucun droit de fouiller mon téléphone! dit-il en colère.
—Je suis ta femme et j'ai donc tout les droit, je gronde avec les yeux piquants.
—Tu n'as aucun droit!
—Tu caches quoi dans ton téléphone? De toutes les façons je sais déjà tout. Je veux donc que tu commences à me donner des explications sur l'argent que Biyoghe t'a envoyé par Airtel Money.
—Je ne vois même pas un peu de quoi tu parles Bertille mais sache que je n'apprécie pas cette attitude.
—Comment tu justifies que tu aies reçu des millions de ce garçon? Quelle affaire vous traitrez ensemble ? Et surtout pourquoi les dates de réception de ces sous correspondent à la période où les choses ont mal tourné ici?
—Je vois que tu t'es mise à délirer toi!
—J'ai vu les messages, ne me prend pas pour une conne !
—J'ai reçu de l'argent mais ça ne vient pas de lui, je n'ai aucune affinité avec lui, répond t-il agacé.
Je sais qu'il ment, je le sens. Mon cœur est affolé parce que mes pensées vont dans une direction qui me brise. Germain m'aurait-il vendue?
—Tu n'as jamais su me mentir Germain, à chaque fois que tu m'as raconté des bobards, je l'ai flairé. Tu n'es vraiment qu'un pauvre type ! Mais ne t'inquiète pas, tu n'as plus besoin de me répondre, j'ai compris.
Il s'avance vers moi en colère et me saisis le bras.
—Il faut que tu corriges cette manie que tu as de constamment m'insulter Bertille. Tu vas me traiter de pauvre type pendant que c'est moi qui fait vivre cette famille ? Je t'ai sortie de cellule, j'ai remis ton commerce à flot, je...
—Et comme par hasard tu réussis à faire ces choses depuis que tu as reçu de l'argent d'Emile. Ça veut donc dire que j'avais raison sur toute la ligne concernant ce type! Il a forcément fait quelque chose à Yolande, c'est à savoir si cette fille est encore en vie.
Et toi tu es son complice. Franchement tu es la plus grosse déception de ma vie! Vaurien un jour, vaurien toujours, dis-je avec les larmes qui me roulent sur les joues.
Dès que je termine ma phrase, il m'applique deux gifles me font tomber sur le lit. La colère qui monte en moi me fait prendre la lampe de chevet et je la balance avec fureur dans sa direction. Il esquive mon projectile qui va se briser contre le mur. Il fonce sur moi, me roue de coups de poings et de gifles.
Je ne sais vraiment pas ce que j'ai fait pour mériter un tel mari qui a passé toutes nos années de mariage à jouer les irresponsables et à me frapper à chaque fois que je lui crachais mes vérités.
Je me débat de toutes mes forces et crie pendant de longues minutes. Je sens une douleur atroce au niveau des côtes, elles sont sûrement brisées. Avant que je ne perde connaissance, j'entends mes filles qui frappent à la porte en grondant.
Bonne lecture.