Chapitre 26 : Convocation

Write by Nobody

Je n’ai pas dormi, encore une fois. Pas vraiment. À peine une poignée de minutes, étouffées entre deux souvenirs. Mon matelas me grattait, la pénombre me brûlait. Mes pensées tournaient en boucle, comme si le sommeil n’osait même plus frôler ma peau. J’ai gardé les yeux ouverts presque toute la nuit, étendu sur le dos, le regard collé au plafond, à ce vide immense qu’aucune lumière ne venait griffer.

Le matin s’était levé sur Pointe-Noire avec cette douceur moite qui colle à la peau et ces bruits encore timides de la ville qui s’éveillait. J’étais là, assis sur ce vieux lit qui connaissait tous mes secrets, toutes mes nuits blanches, le regard perdu dans le vide, incapable de bouger ni d’oser fermer les yeux. Le silence de la maison de Maman Élise pesait lourd, écrasant, comme si chaque respiration retenue déployait son poids sur mes épaules fatiguées. Autour de moi, le silence pesant, ce poids lourd qui ne se dissipait pas malgré les heures qui passaient.

La veille avait tout fait basculer. Les images de la veille tournaient en boucle dans ma tête, sans me laisser le moindre répit. Le visage de Maman Élise, marqué par le temps et les blessures, ses mains abîmées, le pagne qu’elle avait retiré d’un geste désespéré, dévoilant ce que je n’avais jamais osé imaginer : les traces invisibles et pourtant si réelles de vingt-cinq ans d’enfer. La révélation de Maman Élise, sa colère déchaînée, ses mots tranchants qui résonnaient encore dans ma tête. Ces blessures qu’elle m’avait montrées, ses cicatrices gravées dans la chair, non pas de combats héroïques, mais de violences sourdes, quotidiennes, de souffrances invisibles. J’avais toujours cru que notre père avait disparu dans l’oubli, qu’il n’avait plus jamais été là pour nous. Mais non. Pendant vingt-cinq ans, elle avait été là, à subir, à soigner, à protéger, à encaisser pour nous préserver de ce secret honteux. Tout s’était mélangé dans ma poitrine, un tourbillon d’émotions que je n’avais jamais eu à affronter.

Je restais là, les yeux ouverts, fixant le plafond. Mes pensées se perdaient, se heurtaient, se déchiraient. Une partie de moi voulait hurler, tout casser, tout brûler. Une autre, plus petite, voulait juste pleurer, se laisser tomber, s’effondrer enfin.

Mais rien ne venait.

Juste le silence.

Le poids du secret.

Le poids de l’ignorance.

Je me sentais vidé, vidé d’espoir, vidé de colère. Tout ce que je pensais savoir sur ma vie et mon passé s’effondrait comme un château de cartes. Combien de ce genre de révélations il y avait-il encore ? Je suis las de tout ça, j'en ai marre d'être perpétuellement suspendu à ce fichu ascenseur émotionnel. 

Mes pensées tournaient en boucle, s’entrechoquaient, et je n’arrivais pas à trouver le repos. Comment faire la paix avec ça ? Comment pardonner ? Et même, comment continuer ? Quel sens donner à tout ça ?

J’ai l’impression qu’on m’a jeté dans un film dont je ne connais ni le scénario, ni les acteurs, ni la fin. Tout ce que je pensais savoir a volé en éclats. Ma mère… non, ma grand-mère. La femme la plus forte que je connaisse. Et moi, pendant tout ce temps, j’ai râlé, critiqué, fui… sans jamais poser les bonnes questions. Sans jamais comprendre qu’elle se battait pour nous protéger d’un mal bien plus profond que la pauvreté. La folie, la démence.

Il est 6h48 quand je regarde pour la première fois l’heure sur mon téléphone. L’écran me pique les yeux. Une notification de Naïla. Un message envoyé à 21h12 hier. Juste : « Tu dors ? »

J’ai reposé le téléphone sans répondre. Trop tôt. Trop lourd. Trop de tout.

Je me lève les jambes lourdes comme du plomb avec la sensation d’avoir vieilli de dix ans. Je passe rapidement sous l’eau, sans savon, sans énergie. Je m’habille machinalement, sans prêter attention à ce que je mets. Un vieux tee-shirt, un jean froissé. Pas question d’aller au boulot. Pas aujourd’hui. J’envoie juste un message à Sandra pour lui dire que le cours de ce soir est annulé. C’est la seule chose que je peux gérer. Dans l'état dans lequel je me trouve impossible de donner cours et encore moins de me retrouver encore nez à nez avec Inès.

En descendant dans la cour, j’entends les oiseaux chanter, comme si tout allait bien dans le monde. Je déteste ce contraste. Je déteste que la nature n’ait aucune idée de la douleur des hommes.

Je trouve Maman Élise dehors, en train de balayer la poussière du petit jardin de devant. Balayer machinalement. Comme si ça pouvait effacer la veille. Son dos courbé, ses gestes lents et précis, son souffle un peu rauque… Elle n’avait rien d’une héroïne, pourtant elle avait été la plus forte de nous deux.

Elle ne me regarde pas. Je ne dis rien non plus. On est là, deux âmes cassées dans la même maison, à s’éviter pour ne pas exploser. C’était étrange, cette proximité muette, cette solitude partagée.

Je m’installe sur la chaise bancale en plastique, celle qui traîne toujours au coin du manguier. Je la regarde de loin, elle continue son geste répétitif, presque vide. Ce silence-là, je crois que c’est lui le plus dur à avaler.

Midi. Je suis encore là, toujours au même endroit. Je n’ai pas mangé. Pas soif non plus. J’ai passé des heures à fixer la clôture. J’ai besoin de comprendre, mais je ne suis pas encore prêt. Il faut d’abord digérer, même si je sais que ça va me brûler le ventre pendant longtemps.

Vers 15h, je retourne dans ma chambre. Le lit est toujours défait. Mon téléphone a encore vibré : deux appels manqués de Naïla. Je les regarde sans bouger. Un troisième. Puis un message.

« Je suis là. Quand tu voudras parler. »

Je me mords la lèvre. Je sais qu’elle s’inquiète. Mais je suis un homme. Et ce monde ne nous autorise pas à nous effondrer. Pas en public. Pas même devant celles qui nous apprécient et qui ne nous jugera pas.

Je pose le téléphone à côté de moi. Je ferme les yeux. Et cette fois, je dors. Une heure. Peut-être deux. Mais c’est déjà ça

Il est 18h42 quand je la rappelle enfin.

— Allô ?

Sa voix est douce. Presque un souffle. Elle n’a pas décroché avec empressement. Juste… avec tendresse.

— C’est moi Moussif.

— Je sais, j'ai enregistré ton numéro tu sais.

Silence. Et puis :

— Tu veux en parler ?

Je respire. Longtemps. Je n’ai pas la force de mentir, ni de faire semblant.

— Oui… J’en ai besoin.

Elle ne m’interrompt pas. Alors je parle.

Je lui raconte tout. Le choc. Les blessures sur le corps de Maman Élise. La vérité qu’elle m’a balancée à la figure comme un torrent, comme une gifle froide, la peur de ce père dont j’ignorais tout, sauf les blessures qu’il avait laissées.. Je parle lentement, comme si chaque mot devait traverser une rivière de honte avant de sortir.

Elle ne m’interrompt jamais. Parfois, je l’entends souffler doucement. Comme si elle voulait m’envoyer un peu de paix par le téléphone. Et à la fin, quand je n’ai plus rien à dire, elle murmure :

— Tu es fort, Moussif. Tellement plus que tu ne le crois. Je ne te dirai pas que ça va aller parce que je suis sûre que ce n'est pas ce que tu veux entendre mais tu peux supporter Moussif, courage je suis de tout coeur avec toi et tu n'hésites pas à me dire si je peux t'aider d'une quelconque façon.

Je ferme les yeux. Une larme me glisse sur la joue. Mais je ne l’essuie pas.

— Je crois que je vais essayer de le voir, dis-je. Mon père. Même si je ne sais pas dans quel état je vais le retrouver il faut que je le voie, j'en ai besoin Nai

— Tu en es sûr ?

— Oui. Et je crois qu’il le faut. Pour comprendre. Pour me libérer. Pour savoir à qui je ressemble quand je suis en colère.

Elle rit un peu. Elle ne panique pas, non elle reste là avec moi.

— Tu veux que je t’accompagne ? propose-t-elle

Je secoue la tête. Même si elle ne peut pas me voir.

— Non. C’est… c’est entre lui et moi.

Elle comprend. Elle ne cherche pas à insister, elle respecte mon choix et c'est très bien ainsi.

Et dans ce silence, je ressens quelque chose de rare : le soulagement.

On reste encore au téléphone. Pas pour parler. Juste… pour être ensemble, malgré la distance.

Quand on raccroche, il fait nuit.

Je me lève, sors dans la cour, lève les yeux vers le ciel. Il n’y a pas d’étoiles ce soir. Mais pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression que quelque chose s’éclaire.


POV Naila


Je suis restée longtemps immobile sur le bord de mon lit, le regard fixé sur un point invisible du mur blanc. Les mots de Moussif résonnaient encore dans ma tête, cette histoire de son père, sa santé mentale, tout ce qu’il m’avait raconté. J’avais du mal à trouver le sommeil, coincée entre la fatigue et un trouble profond.

Je repensais à ce que lui avait dit Maman Élise, à la violence silencieuse qu’elle avait subie, aux blessures qu’elle lui avait montrées, aux sacrifices invisibles pour entretenir un homme perdu dans ses démons. Comment pouvait-on porter ça, toute une vie ? 

Mais ce n’était pas seulement ça. Je me sentais aussi à la croisée des chemins, prise dans un tourbillon d’émotions contradictoires. D’un côté, il y avait ce désir tout neuf qui s’insinuait en moi quand je pensais à Moussif, cette force qui me tirait vers lui malgré tout le poids du passé, du pacte, de l’inéluctable.

De l’autre, il y avait cette culpabilité oppressante, comme un filet qui m’empêchait de respirer pleinement. Ce pacte, cette chaîne invisible, ce poids sur nos épaules que j’avais du mal à porter sans me sentir étouffer. Ce n’était pas juste une obligation, c’était une menace qui planait sur tout ce que je pouvais espérer construire.

Je sentais une colère sourde monter en moi, contre ce destin imposé, contre moi-même parfois. Pourquoi devais-je être prisonnière des histoires familiales, des promesses douloureuses ? Pourquoi l’amour, ou ce qui pouvait en ressembler, devait-il forcément être compliqué, tordu par ces histoires qui nous dépassaient ?

Perdue dans ces pensées, je n’ai pas vu Maïssa entrer dans la chambre. Sa silhouette s’est dessinée dans la lumière tamisée, ses yeux cherchant les miens, hésitants, presque tristes. Elle s’est arrêtée, puis s’est assise au bord du lit, sans un mot.

J’ai ressenti ce pincement au cœur que je connais trop bien. Maïssa, à treize ans, à l’aube de son adolescence, commençait à se forger son propre monde, souvent éloigné du mien. Et moi, dans mon tumulte intérieur, j’étais devenue maladroite.

Elle a finalement brisé le silence d’une voix douce, presque fragile :

— Maman… ça va ?

J’ai forcé un sourire, un peu cassé, et répondu :

— Oui, ma chérie. Pourquoi tu demandes ?

Elle a haussé les épaules, regardant ses mains :

— Tu ne m’écoutes plus beaucoup ces derniers temps. Tu es souvent ailleurs, on ne parle plus beaucoup comme on faisait avant

Je n’ai pas su quoi répondre tout de suite. Je me sentais coupable, prise au piège entre mes responsabilités de mère, de femme, et cette vie compliquée que j’essayais de gérer.

— Ce n’est pas contre toi, Maïssa. J’ai juste… beaucoup de choses en tête actuellement mon bébé.

Elle a levé les yeux vers moi, un mélange de tristesse et de reproche dans le regard :

— Mais moi aussi j’ai besoin de toi, maman. Pas juste ta présence, mais toi, vraiment. Je ne suis pas ingrate tu sais mais quelques fois j'aimerais que ça soit que toi et moi dans notre monde, sans les autres.

Je sentais une boule monter dans ma gorge. Comment lui dire que je faisais de mon mieux mais que parfois je me perdais effectivement sans minimiser ses sentiments ?

— Je sais, ma fille, je sais.

Elle s’est levée brusquement, presque sur la défensive :

— Parfois, j’ai l’impression que tu préfères penser à tout sauf à moi. Que tu me gardes avec toi par obligation !

Ses mots m’ont frappée en plein cœur. J’ai pris une profonde inspiration, tentant de calmer la tempête en moi.

— Ce n’est pas vrai, Maïssa. Tu es la chose la plus précieuse dans ma vie, je t'aime plus que ma propre vie et je veux que tu ne l'oublies jamais tu m'entends ? Tu es ma fille, je veux que ton bonheur, je vis pour toi ma chérie retiens le, c'est toi qui me maintient en vie mon amour c'est toi je dis ma voix se brisant.

Si seulement elle savait que si je n'avais pas mit fin à ma vie après les épreuves de ces dernières c'était uniquement à cause d'elle.

Elle m’a regardée, les yeux brillants de larmes retenues.

— Alors pourquoi je sens que ma maman s'éloigne de moi ? Je veux ma maman moi dit-elle en éclatant en sanglots

Je me précipite vers elle et la prend dans mes bras, je déteste la voir pleurer. Mon bébé, mon pauvre bébé

— Maman ne s'éloignera jamais de toi sois en sûre, je ne m'éloignerai jamais ma lumière. Je te l'ai dit plusieurs fois, c'est toi et moi contre le reste du monde d'accord ? je lui demande en prenant son visage entre mes mains et essuyant ses vilaines larmes qui continuaient de glisser sur son magnifique visage. C'est toi et moi ma fille, ça n'a pas changé et ça ne changera jamais

Elle a baissé la tête, les épaules affaissées.

— Je t'aime maman dit-elle en me serrant de toutes ses forces

Je l’ai serrée contre moi à mon tour, sentant son petit corps trembler légèrement.

— Je t'aime plus que tout ma lumière.

Je ne comprends pas d'où lui vient cette idée que je m'éloigne d'elle, je n'ai pas eu l'impression de l'avoir délaissé dernièrement mais si ma fille me dit qu'elle se sent mal je me dois de faire le nécessaire pour l'aider à se sentir mieux. Toutefois, au fond de moi j’avais peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur que ce pacte, que cette histoire de famille, nous déchire davantage. Peur que mon désir pour Moussif complique encore plus tout ça.

Je me suis reculée doucement, essayant de reprendre contenance.

— Viens, on va s'allonger.

Elle m’a lancé un regard mitigé, un mélange de reproche et d’espoir.

Plus tard dans la soirée, je me suis retrouvée seule, les mains posées sur le clavier de mon ordinateur, essayant de me concentrer sur le travail. Mais mon esprit vagabondait. Les souvenirs, les émotions, tout s’entrelaçait en un chaos dont je ne savais pas me défaire.

Je me suis levée, me suis dirigée vers la fenêtre, regardant les lumières de la ville qui s’allumaient doucement. Le silence m’enveloppait, mais il était lourd, chargé de ce que je n’osais pas dire. Et dans ce silence, je me suis juré de trouver une solution, de ne pas laisser ce pacte détruire tout ce qui restait à construire.

Après le dîner, alors que j'étais allongée près de Maïssa sur son lit, un poids lourd s’abat soudain sur mes épaules. Mon téléphone vibre, je reçois un mail. Je fronce les sourcils en voyant l’objet : “Convocation officielle — mise en cause pour détournement de biens patrimoniaux.”

Je n’osai même pas ouvrir tout de suite. Mon esprit courait dans tous les sens. Détournement ? Dans mon propre centre ? Comment est-ce possible ? Qui pouvait bien me faire ça ?

Finalement, je clique. Le contenu était froid, administratif, un véritable coup de massue : on m’accusait d’avoir falsifié une œuvre restaurée dans mon atelier, et pire, d’avoir détourné des biens patrimoniaux. Le mail était signé par un avocat béninois, un cabinet de la place, et me convoquait à une audience imminente sous peine de sanctions lourdes, menaçant directement ma réputation et la survie même de mon entreprise

Je reste là, figée, le téléphone à la main, incapable d’y croire. Une fausse accusation ? Un coup bas ? Qui voudrait me faire ça ? Mon cœur s’emballe, l’estomac noué. Mon entreprise, mon honneur, tout ce que j’ai construit, menacé par une simple lettre. Je relis les mots, encore et encore. Le ton est froid, sans appel. La menace est claire : si je ne me présente pas à cette convocation, la procédure ira plus loin, et ma réputation risque d’être détruite.  

Je ne peux pas rester seule avec ça. J’essaie de reprendre mes esprits. Je compose rapidement le numéro de Jocelyne, Ma fidèle alliée, celle qui gérait l’atelier en mon absence et qui connaissait les coulisses mieux que personne.

— Jocelyne, c’est… c’est sérieux, hein ? J’ai reçu un mail et j'ai vu que tu étais en copie, un truc officiel d’un avocat, ils m’accusent de ... je ne comprends rien même. C’est un cauchemar. Ils m’accusent de détournement, de falsification. Qu’est-ce que je dois faire ? C’est quoi ce bordel ?

Sa voix, à l’autre bout du fil, est calme mais ferme :

— Naïla, je redoutais que ça arrive un jour. Je crois que c'est Adèle, tu sais cette ancienne collègue qui a été virée l’année dernière à cause de ses manigances ? Celle qui avait toujours la haine au ventre ? Elle veut nous faire tomber, toi et le centre. J'avais entendu dire qu'elle traînait dans les parages, faisais courir des rumeurs et essaie de salir ta réputation.

— Mais comment elle peut oser… elle ne peut rien prouver, c'est de la diffamation.

— Justement, ils vont essayer de monter un dossier. Tu sais comment c’est, les jalousies dans notre milieu, c’est brutal. C’est une guerre de pouvoir. Ils vont essayer de te détruire, toi et le centre.

Je serre les dents. Cette femme veut ma peau. Mais je ne peux pas me laisser abattre. Ce centre, c’est ma vie, ma passion, mon combat.

Au même moment mon téléphone sonne, j'ai un double appel. C’est Moussif. Je remercie Jocelyne avant de couper et je prends l’appel, la voix tremblante.

— Naïla ? Je pensais à toi, je voulais juste savoir comment ça va

Je sens dans son ton cette sincérité, cette douceur qui m’a déjà tant réchauffé le cœur. Mais comment lui dire, alors qu’il commence à peine à entrer dans ma vie ?

— Moussif… je… il se passe quelque chose. Un problème grave. Je viens de recevoir une convocation officielle. Ils m’accusent de détournement et de faux, tu te rends compte ?

Je l’entends déglutir, un silence pesant.

— C’est… c’est sérieux ?

— Oui. C’est comme une épée de Damoclès sur ma tête, sur le centre, sur tout ce que j’ai bâti.

— Est-ce que tu veux que je… que je t’aide ? D'une façon ou d'une autre ?

Je souffle, un mélange d’émotion et de détermination dans la voix :

— Non, Moussif c'est adorable mais tu ne peux rien pour moi pour l'instant, je te ferai savoir si jamais mais merci d'avoir proposé.

Il insiste doucement :

— Je comprends. Mais si tu changes d’avis, je suis là. 

Cette promesse, cette présence, m’apaise un peu.

— Merci, vraiment.

— Promets-moi de ne pas laisser ça te briser, Naïla.

— Je te le promets. J'ai vu pire tu sais et je ne suis pas femme à me laisser abattre. Je te rappelle Moussif, j'ai besoin de passer des coups de fil. 

Je raccroche, le cœur un peu plus lourd, mais aussi un peu plus fort. Le retour au Bénin sera plus rapide que prévu finalement. Il faudra que je sois prête à me battre, à défendre mon honneur, mon centre. 

Cette menace n’est pas seulement juridique, elle est aussi politique, sociale. Elle va changer la donne.

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