Chapitre 27
Write by Meyroma
Par la grâce de Dieu, mon Djibril va beaucoup mieux ce matin. Son état de santé périlleux, qui m'avait valu toutes les larmes de mon corps la veille, s'est maintenant stabilisé, me rendant la joie de vivre dont il m'avait dépossédé. A le voir si radieux, on ne croirait pas qu'il s'agit de l'homme qui hier seulement, était à un pas de rejoindre nos ancêtres. Il a même retrouvé l'usage de la parole dont il se sert délicieusement bien pour m'abreuver de beaux et mielleux discours.
- Yasmine, comment te dire merci? Je ne trouve aucune formule de gratitude adaptée à la reconnaissance que je voudrais t'exprimer.
- Je n'ai rien fait qui mérite autant de remerciements voyons, ne me fais pas attraper la grosse tête Djibril, lui réponds-je en riant.
- Ta seule présence à mes côtés dans ces moments difficiles est inestimable. Revenir d'un voyage si lointain et que tu sois la première personne sur qui je tombe en ouvrant les yeux, représente beaucoup pour moi. Quand je suis arrivé à la frontière entre la vie et la mort, j'ai vu mes parents qui m'attendaient de l'autre côté de la ligne. Mais je me suis retournée et je t'ai aperçu divinement belle, vêtue d'une robe de mariée blanche comme neige, qui me tendait la main.
Il s'arrête un instant, son regard évasif comme s'il rapiécait la scène, puis il poursuit.
- J'ai su à ce moment précis que mon heure n'était pas arrivé, que j'étais destiné à t'épouser et à te rendre heureux.
Un léger toussotement le saisi, l'obligeant à marquer une pause. Je m'empresse de lui servir un verre d'eau et lui demande de ne plus parler car il s'épuise à force de fournir des efforts. C'est moi qui prend le relais.
- Si tu te sens reconnaissant pour si peu Djibril, comment dois-je me sentir envers toi qui n'a pas hésité une seconde à te sacrifier pour moi?
Ses lèvres affichent un sourire espiègle, qui me fait deviner le caractère taquin de ce qu'il compte répondre.
- Donc tu ne me prenais pas au mot quand je te disais que je pourrais donner ma vie pour toi?
Face à ma mine sérieuse, il ajoute d'un ton serein:
- Si c'était à refaire je n'hésiterai pas. En fait si j'avais mille vies, je pourrais toutes les sacrifier par amour pour toi.
Là, c'est le comble de l'euphorie!
Il y'a rien de plus réjouissant que de se sentir l'objet d'un amour inconditionnel. Les paroles de Djibril m'imbibent d'une joie indescriptible, que jamais auparavant je n'avais soupçonné qu'on puisse ressentir à ce point. Je réalise que mon existence pré-Djibril se résumait au sens propre du terme, vivre tout simplement. Mais depuis que mon chemin à croisé le sien, j'ai découvert les entrailles de la vie regorgeant d'un bonheur illimité.
Soudain, quelqu'un toque à la porte et s'invite dans la chambre.
- Bonjour. Comment se porte le malade?
Avant que j'ouvre la bouche, Djibril repond.
- Comme vous le voyez, je me porte mieux, Dieu merci.
Discernant la curiosité de Djibril sur l'identité de notre visiteur, d'autant plus qu'aujourd'hui, ce dernier n'est pas en tenue de policier, j'interviens.
-Djibril, je te présente l'inspecteur Cissé. C'est lui qui est en charge de l'enquête sur ton agression.
Comme pour en apporter la preuve à Djibril, l'inspecteur s'y met.
- Je viens vous informer de l'arrestation de votre agresseur.
Il se tourne vers moi.
- Vos doutes étaient bien fondés madame. La présumée coupable n'est nulle autre que votre suspecte, la fille de l'homme qui était là hier. C'est d'ailleurs grâce a lui que nous avons pu lui mettre la main dessus.
Je me retourne vers Djibril, pour l'éclairer sur ce détail.
- Effectivement ton oncle était là hier. Je te raconterai après.
Linspecteur reprend la parole.
- Votre oncle nous a appelé à l'aube pour nous informer d'une conversation téléphonique qu'il a intercepté, dans laquelle sa fille confiait son crime à son interlocuteur. Elle avouait que Djibril l'avait aperçu au moment où elle appuyait sur la gâchette et craignais que s'il survit, il la denonce. Elle planifiait sa fuite au Burkina Faso où son interlocuteur, apparemment déja sur les lieux, était supposé l'accueillir. Fort heureusement nous avons eu ces renseignements assez tôt pour l'arrêter à makolondi, la frontière nigero-burkinabé. Le meilleur, c'est que votre oncle a eu le bon réflexe de filmer ces aveux. Désormais sa fille est derrière les barreaux pour un bon bout de temp. Elle ne pourra plus vous nuire.
J'avoue que je me sens soulagée par les nouvelles que nous a apporté l'inspecteur. Au fil de ces drames, Fati est devenue à mes yeux un danger ambulant. Tant qu'elle sera en liberté, je me sentirai aliénée et ma sécurité menacée. J'en arrive à rêver d'elle et me réveiller en sursaut et en sueur, presque toutes les nuits. A vrai dire, elle me terrorise à tel point que son arrestation me réjouis le coeur.
Malgré la satisfaction qui m'anime, la désolation qui se manifeste sur le visage de Djibril me contraint à maîtriser mes sentiments. Je conçois qu'il s'agisse de sa soeur et quelque soit le mal qu'elle lui ferais, il ne se rejouirai jamais de la voir dans une mauvaise posture.
Après le départ de l'inspecteur, je m'abstiens de faire des commentaires par égard pour la douleur de Djibril.
Pour lui remonter le moral, je lui raconte comment son père a donné son sang pour le sauver, comment il m'a demandé pardon et s'est montré gentil et disponible.
Quand on parle du loup, on voit sa queue.
L'oncle de Djibril débarque dans notre chambre juste au moment où je prononce son prénom.
- Comment allez vous ce matin?
Je lui répond aimablement en me levant pour lui céder mon canapé d'angle et m'asseoir a coté de Djibril.
- Très bien oncle, et vous même?
Quand à Djibril, il est resté d'un mutisme alourdissant l'amosphère. Son oncle fait une nouvelle tentative pour rompre le silence.
- Qu'est- ce que les médecins ont dit concernant l'évolution de ton état de santé?
- Que je suis hors de danger et qu'ils me gardent en observation par mesure de precaution.
-Alhamdulilah, rendons grâce à Dieu.
A nouveau le silence s'installe, me mettant dans une situation des plus inconfortables. Je décide de les laisser en tête à tête, espérant qu'ils pourront régler leurs différends à huis clos.
Comme s'il avait lu dans mes pensées, Djibril me saisit par le poignet aussitôt que je me lève du lit.
- Où vas tu Yasmine? Reste avec moi s'il te plaît. Je ne peux survivre une seconde sans toi à mes cotés.
Très mal à l'aise, je me recroqueville en silence, en lorgnant furtivement l'oncle pour voir sa réaction. Celui-ci ne tarde pas à nous faire part de ses sentiments.
- Vous êtes si beau ensemble. Je réitère mes exuses pour tout le mal que je vous ai fait . J'espère en vous l'art de me pardonner.
Le visage de Djibril brille d'une joie immense d'entendre son oncle revenir à de meilleurs sentiments. Une fois encore, sa bonté et son amour l'emportent sur son orgueil. Il tend la main à son oncle qui s'empresse de la serrer, scelant ainsi la réconciliation. La flamme de la paix scintillent de milles feux, reflétant sur nos trois visages un rayonnement éblouissant.
Djibril à dû apercevoir cette ombre sur le visage de son oncle parce qu'il évoque le sujet qui, sans nulle doute est l'objet de sa préoccupation.
- Papa, je te promets que je mettrai tout en œuvre pour aider ma soeur Fati. Je deployerai toutes mes capacites et mon savoir-faire sur ce cas precis. Je compte plaider la folie car admettez avec moi que Fati ne va pas bien. Au moins, nous pourrons obtenir qu'elle soit internée dans un centre pshychiatrique qui est nettement mieux qu'une prison. Après quelques années, si elle se stabilise, elle pourra rentrer a la maison.
Soudain, les yeux de l'oncle regagnent toute leurs brillance.
- merci mon fils, merci infiniment.
S'il fallait intituler le scénario, "ma famille d'abord" serait le titre idéal. ça illustre à quel point quelque soit le différend qui existe entre les membres d'une famille, l'amour fini toujours par triompher. Je ne sais pas si je suis hypocrite ou sincere, ou si je le fais juste par devoir, mais je m'entend prononcer:
-vous pouvez compter sur moi aussi.
Après tout, en y réfléchissant, fati est victime d'un trouble psychologique. Elle a agit sous l'effet de pulsions. L'aider ne me rendais que plus humaine.
Nous causons quelques minutes, puis l'oncle demande la route.
C'est au tour de ma mère qui nous apporte à manger. Elle est venue accompagnée de Mariam .
Plus tard, arrivent Jamila et les collègues du cabinet.
Toutes ces visites nous font énormément plaisir. C'est si agréable de se sentir aimé et soutenu dans l'épreuve.
La nuit, après le départ de tous nos visiteurs, quand nous nous retrouvons seuls, Djibril me demande de le rejoindre sur le lit, tellement étroit que nous y sommes comme des sardines.
Nous y causons longuement, amoureusement jusqu'à ce que sommeil s'en suive.