Chapitre 26

Write by Meyroma

Lorsque les agents de police font irruption dans la salle d'attente, un vertigineux tresaillement s'empare de mon être, m'emportant dans un tourbillon de crainte et de méfiance.


J'ai déjà été victime d'une erreur de justice et je ne permettrais jamais qu'il m'arrive la même mésaventure. Il y'a un adage chez nous qui signifie littéralement : On ne piétine pas les testicules d'un aveugle deux fois. Autrement dit, la deuxième fois il aura eu assez d'expérience pour prendre les mesures de protection adéquates. 


Aujourd'hui , il est hors de question que je sois en proie à un quelconque abus. 


Un des agents dont tous les indices semblent indiquer qu'il est le chef d'équipe avance vers nous d'un pas despotique. De sa voix éraillée, proportionnée à sa corpulence imposante, il nous pose une question en nous scrutant, comme si la réponse s'afficherait sur nos visages.


- Qui était en compagnie de la victime Djibril Issa au moment de l'agression?


Un énorme ouf de soulagement retenti dans mon coeur qui s'etait déjà mis en etat d'alerte.


ils sont là pour mener l'enquête contrairement à ma peur d'etre injustement accusée. 


Rassurée, apaisée, délivrée, je m'approche de lui, manifestant un réel intérêt pour cette enquête, en y espérant une aubaine pour mettre définitivement fin aux scélératesses de Fati.


- J'étais avec lui, monsieur l'agent. Lui répond-je avec précipitation . 


Plus tôt l'enquête commencera,  plus vite le coupable sera arrêté. 


- Je suis l'inspecteur Cissé. J'ai quelques questions a vous poser.


- J'y repondrais volontier, mais faisons ça ici . Ne me demandez pas de vous suivre au poste de police car je n'ai pas l'intention de m'eloigner de Djibril d'une semelle. 


Après une brève hésitation, il fini par concéder, sort un bloc note et un stylo de sa poche, et commence l'interrogatoire. 


- je voudrais que vous me racontiez comment tout ça est arrivé. 


Au fur et à mesure que je lui raconte le déroulement des faits, il prend note en hochant la tête et en me jetant un regard attentif. 


- Vous êtes sûre que vous n'avez pas aperçu l'agresseur?  Remuez encore vos souvenir. Le moindre détail pourrait nous être util.


- j'en suis absolument certaine, inspecteur. De mon angle de vision,  il m'étais quasiment impossible de voir le tireur parce que le choc est venu du sens opposé.  Mais il y'a de fortes chances que Djibril l'ait aperçu car juste avant de s'effondrer, je me souviens qu'il avait soudainement changé d'expression. Son visage s'est subitement figé de surprise, comme s'il avait vu un démon.


Puis je me marque une pose, dûe au chagrin  que ravive en moi l'évocation de ces souvenirs amers, avant de continuer péniblement.


- Malheureusement, il n'est plus en état de témoigner. 


Cette dernière phrase est accompagnée d'un léger sanglot. Certainement que dans sa carrière, l'inspecteur a dû croiser des cas plus tragiques et dramatiques que le nôtre  car il semble immunisé contre les émotions. Mes pleures et ma douleur ne paraissent pas l'effleurer le moins du monde. Impassible, il continue à poser les questions. 


- Auriez vous des soupçons sur quelqu'un de particulier?


- Oh que oui! Son ex fiancée Fati. Je mettrai ma main au feu que c'est elle la coupable. Elle n'en est pas à son premier coup d'essai. Djibril n'est pas sa cible. C'est moi qu'elle visait et le pauvre s'est interposé pour me sauver.


Là aussi, je me lance dans une série de narration sans négliger aucune miette. Même si l'inspecteur reste de marbre face à mon histoire, j'ai au moins la certitude qu'il me croit sans l'ombre d'un doute. Son regard sur moi dépeint une crédulité et une confiance qui me rassurent. 


Sans être y être invité, l'oncle de Djibril qui nous observait silencieusement se mêle à la conversation.


- Bonjour inspecteur. Je suis le père de Fati. Si vous le permettez, je voudrais apporter quelques informations qui j'en suis sûr,  vous seront très utiles dans le cadre de l'enquête.


Curieux, l'inspecteur lui donne feu vert, à travers un geste de la main.


-Tout a l'heure, quand j'ai appris la terrible nouvelle de cette agression, mon instinct de père connaissant les antécédents de cette histoire, m'a poussé à vérifier si ma fille n'y était pour rien. C'est pourquoi je me suis précipité vers mon coffre-fort dont Fati est la seule qui en connaisse le code d'accès. Je voulais m'assurer que mon arme à feu, que j'ai légalement le droit de posséder était intact. Malheureusement et à mon plus grand regret, il a disparu. 


Suis-je entrin de rêver ou-bien ce père protecteur viens de dénoncer sa fille?


Très intéressé par ces aveux, l'inspecteur se lance dans la chasse à de plus amples informations.


- Quel type d'arme est-ce?


- un pistolet semi automatique de calibre 22.


L'inspecteur se retourne vers l'un de ses coéquipier qui lui confirme d'un signe de tête que l'arme correspond.


Pour la première fois depuis le début de l'entrevue, le visage de l'inspecteur affiche une expression. ses yeux scintillent car il viens de dénicher une précieuse information qui pourrait illustrer cette affaire. Il se retourne à nouveau vers l'oncle de Djibril.


- Où se trouve votre fille en ce moment? 


- Je n'en ai aucune idée. La dernière fois que je l'ai vu, c'était ce matin au petit déjeuner. Néanmoins, comptez sur ma sincère collaboration. Je ferais tout mon possible pour vous aider à aller de l'avant dans cette enquête. Je sais que cela vous semble bizarre que j'expose ma propre fille. Mais sachez que je l'ai assez protégé. Le jeune homme qui se bat entre la vie et la mort est également mon fils. L'injustice n'en a que trop duré. Je ferais tout pour me racheter, si cela est encore possible.


L'inspecteur note nos adresses respectives, ainsi que celle du lieu de l'agression avant d'annoncer :


- Je vais retourner sur les lieux du crime. Peut-être pourrais-je en recueillir d'autres informations. Entre temps, tenez moi au courant dès que vous avez des nouvelles de Fati, en tendant à chacun de nous sa carte de visite.


Après le départ des policiers, l'oncle de Djibril prend congé de moi sur ces mots:


- À présent je vais rentrer. Prend bien soin de Djibril et surtout, n'hésite pas à me contacter au besoin. Je suis entièrement disponible. Je reviendrai vous voir le plus tôt possible.


J'avoue que le comportement  de l'oncle me laisse perplexe. D'un côté, l'attitude sympathique  dont il vient de faire preuve me donne envie de lui être reconnaissante. De l'autre, les cendre encore tiède du tord qu'il m'a causé me contraingent à  emettre des réserves dans les sentiments qu'il m'inspire.


D'ailleurs,  qu'est-ce qui me prouve qu'il ne s'agit pas encore d'une manigance pour me nuire?


De toutes façons,  je n'ai aucune preuve solide de sa sincérité.  Je me contente de repondre à son beau discours par un simple Merci.


****


Je me retrouve enfin seule au chevet de mon Djibril. Je l'observe si profondément endormi tandis que son visage angélique et attendrissant exalte à la fois ardeur et fraîcheur. 


Du canapé d'angle où je sui assise, je me sens bercée par le haletement de sa respiration poetisée au bruit de tous ces appareils dont la fréquence me rassure que son coeur bat normalement. Finalement je me laisse emporter dans un sommeil aussi leger que furtif.


Je ne sais pas si ce sont mes propres ronflements qui m'ont réveillé ou si mon subconscient a réellement réagis à cet appel qui me viens de si près, mais   j'ouvre les yeux et je me retrouve nez à nez avec Djibril,  mon regard plongé dans le sien. 


Un déluge l'allégresse s'empare de tout mon être que j'en tremble. 


- Tu tu tu es bien réveillé? Balbutié-je les yeux remplis de larme.


Il essait de parler, mais les mots restent prisonniers dans sa bouche. Il se contente alors de  sourire, du plus beau sourire que l'on m'ait jamais adressé.


Je m'approche de lui et  l'étreint délicatement en guise de bienvenue dans le monde des vivants, un accueil digne d'un revenant du fin fond des ténèbres.


Il essaye à nouveau de me parler, mais je l'arrête d'un baiser en lui chuchotant:


- Ne dit rien mon amour. Économise tes mots pour toutes les fois que je compte t'exiger une déclaration d'amour. J'ai eu tellement peur de te perdre que dorénavant, je ne laisserai pas s'échapper une seconde sans profiter pleinement de ton amour.


Entre temps, J'accours informer le médecin du réveil de son patient. Celui ci procède à un bref examen après quoi il déclare:


- Le patient est maintenant hors de danger. Il a juste besoin de reprendre des forces. Nous le garderons en observation quelques jours pour écarter tout risque.


Quand le médecin sort, je retourne dans mon canapé pour laisser Djibril se reposer, conformément aux prescriptions du médecin, mais je ne le quitte pas du regard. 


Nous nous fixons longuement, yeux dans yeux, et échangeons d'un dialogue muet, mais tellement expressif. Souvent, les silences les plus profonds s'avèrent plus éloquents que les mots. 


Peu à peu, nous sombrons dans un délicieux sommeil...le réveil dans le prochain épisode

Stage pré-embauche