Chapitre 27

Write by EdnaYamba

Chapitre 27:

Mélanie BOMO

-         Allo, oui c’est urgent ? enttends-je Gnomba demander au téléphone. Ok j’arrive.

Elle raccroche.

-         Pardon Mélanie, fais d’abord un détour, accompagne-moi !

-         Où encore ?

-         Ah c’est ma collègue, l’enfant est malade. J’ai son argent de la tontine, donc je vais lui remettre ça…tu as les babouches dans la voiture j’espère ?

-         Pourquoi ?

-         Parce qu’on va dans les bas fond hein, c’est pas avec les talons que tu pourras …

-         Mais donc je t’attends dans la voiture !

-         Ah toi aussi, si je vais seule je vais durer alors que si je vais accompagner , elle sera obligée de me laisser rentrer, je n’ai pas envie de l’écouter me reaconter tous ses problème pardon !

-         D’accord ! tu donnes l’argent et on part. je dois aller à l’hopital voir papa et m’entretenir avec ses médecins !

-         Oui on ne durera pas.

C’est dans le bas fond de Plein ciel que Gnomba m’entraine. Un quartier dans lequel je ne me suis jamais aventurée de ma vie, j’espère seulement que ma voiture que j’ai garée en pleine route sera en bon état à notre retour. Je fais comme je peux pour ne pas tomber tout en évitant les flaques d’eau par ci et là, le paludisme doit bien sévir dans la Zone.

Bientôt nous arrivons près d’une maison en demie-dure. Gnomba interpelle son amie qui nous demande d’entrer.

Quand nous arrivons une dame est vêtue d’un pagne rouge blanc le visage maquillé de kaolin rouge, avec une calebasse remplie d’eau qu’elle asperge sur l’enfant. Je fais signe à Gnomba de donner l’argent à son amie et qu’on s’en aille mais elle me chuchote.

-         Pardon attendons un peu, j’essaie de lui faire signe mais elle ne me regarde pas.

Puis un moment donné la dame se tourne vers moi et me fixe avant de continuer ses traitements sur l’enfant.

Ce qui devait nous prendre une à deux minutes fini par nous prendre plus d’une demi-heure.

Quand c’est enfin fini, je vais attendre Gnomba dans un coin dehors quand la guérisseuse s’approche vers moi.

Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là.

-         chaque acte qu’on pose a des conséquences, ton cœur est noir ma fille….

-         Foute moi la paix ! lui dis-je , Gnomba tu me retrouves devant !

Je presse le pas alors que je l’entends crier

-         Le sang appelle le sang ! Une vie tuée pour une vie tuée….

-         Qu’est-ce qu’il y a ? me demande Gnomba en me rejoignant,, que raconte cette vieille folle !?

-         C’est une vieille folle comme tu l’as dit, elle ne dit rien de bon…

Grace Jeannie MOUKAMA

 Quand j’entends le bruit du portail que le gardien ferme, je sais déjà que papa est parti au travail.  Et quand je renifle l’odeur de son parfum Bleu de Channel répandu dans ma chambre, je sais qu’il est encore passé me donner un baiser alors que je dormais sur la tempe avant de partir.

C’est devenu le rituel depuis 5 jours je vis avec papa, le lendemain de ma première nuit ici, alors que je dormais, il est venu dans ma chambre m’embrasser et quand je me suis réveillée, il m’a dit le sourire aux lèvres :

«  Rendors toi chérie, je venais juste te dire au revoir. Bonne journée à ce soir, si tu as besoin de quoi que ce soit tu m’appelles »

Cinq jours déjà depuis l’altercation avec tonton René.

Je n’avais pas prévu que les choses se déroulent ainsi. Ce jour-là j’avais pu convaincre papa de me ramener au moins chez tonton Richard chez qui j’étais en vacances ; il ne pouvait pas me récupérer comme ça.

Il avait cédé et était venu s’entretenir avec tonton Richard qui avait dit comprendre et approuvé la démarche.

Mais dès qu’il a tourné le dos, sous un ton de reproches, mon oncle  m’a dit :

-         Tu es contente n’est-ce pas c’est ce que tu voulais ?

J’étais éberluée, ne comprenant pas !

-         Mais le père a les moyens gué , c’est pourquoi elle veut aller vivre là-bas… a dit sa femme ironiquement en me toisant.

-         Ce n’est pas moi qui ai décidé d’aller vivre avec papa, c’est lui-même qui a dit que …

Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase qu’il m’a interrompue

-         J’ai eu René au téléphone. Grace pourquoi veux-tu détruire le foyer de ta mère ! »

Détruire ?

-         Il n’était vraiment pas content, pourquoi as-tu emmené ton père au restaurant d’Isabelle ?

-         Mais ce n’est pas moi….et puis papa venait juste pour discuter avec maman et lui dire qu’il voulait pour cette rentrée scolaire me prendre chez lui

Je n’ai pas eu la force de continuer que je me suis tût.

-         Tu ne peux pas te mêler des affaires des grandes personnes, c’est une histoire compliquée oui on l’a tous écoutée mais ta mère est mariée maintenant, et  tu ne dois pas te montrer ingrate envers cet homme qui t’a toujours traitée comme son enfant ! tu as vécu chez lui, manger sa nourriture…

-         Ça suffit pour dire qu’il m’a traitée comme son enfant, il a toujours fait la différence entre les garçons et moi, répliqué-je piquée, de toutes les façons, papa a dit que…

-         Ton père, ton père mais tu nous fatigues à la fin ! m’a grondée tonton Richard, on ne peut plus respirer avec cette histoire

-         Mais c’est comme ça depuis, a renchérit sa femme, mon père par ci mon père par-là, mon père m’a achetée ci, mon père m’a achetée ça, c’est pourquoi elle méprise l’autre

Elle m’a toisée.

-         C’est vraiment de l’ingratitude ça ,a-t-il continué, ok va préparer tes affaires vu que tu veux aller vivre chez ton père ! 

-         Elle est devenue trop orgueilleuse… MATSOTSE

C’est en larmes que je me suis rendue dans la chambre faire mon sac.

De quelle ingratitude me parlait-on, je n’avais jamais manqué de respect à tonton René tout le temps que j’étais dans sa maison, même quand je me sentais frustrée par les traitements de faveur qu’il accordait aux garçons. Depuis le bas âge, j’avais compris que je n’avais pas à espérer qu’il m’aime autant qu’eux, ça n’avait pas empêché que je le respecte toujours, il n’avait pas à se plaindre d’un quelconque comportement.

Je n’avais jusque-là souhaité qu’une chose, retrouver mon père et bénéficier de cet amour moi aussi, riche ou pauvre. Je voulais juste un père c’était tout.  Maintenant que je l’ai retrouvée, je n’ai pas le droit d’être heureuse qu’il me gâte, on m’accusait d’orgueil ? De vouloir détruire le foyer de maman, Dieu sait que la seule chose que je veux c’est qu’elle soit heureuse.  Je sais qu’elle en assez bavé pour lui ajouter des soucis, de quoi m’accusait-on ?

Maman m’a appelée le lendemain, elle me semblait épuisée.

-         Tu sais que tonton René ne pensait pas tout ce qu’il a dit….

-         Ce n’est pas grave maman, tu vas bien ?

-         Tu vas me manquer toute l’année Gracie, a-t-elle pleuré au téléphone, je ne suis pas habituée à ce que tu vives ailleurs longtemps.

-         Je ne vais pas à l’autre bout du monde maman, ai-je essayé de la consoler, je suis encore dans Libreville je viendrais te voir tous les jours au restaurant… et puis faut pas pleurer comment feras-tu quand j’irais en France après le bac ?

-         Je dois certainement déjà m’habituer….

Elle n’était pas la seule à devoir s’habituer. Moi aussi j’ai dû m’habituer à vivre avec papa, et je dois avouer que ça n’a rien de très difficile.

Papa sort tôt le matin, et ne rentre que le soir. Nous discutons ensemble, puis il se met devant le journal et nous commentons ensemble l’actualité ou parfois même les films quand il n’est pas trop fatigué pour en suivre avec moi.

Je me lève du lit. Je vois le mot qu’il a laissé.

«  Ne touche pas à la cuisine aujourd’hui, repose-toi ! Nous irons manger au restaurant ce soir »

La veille, j’ai dormi avec un peu souffrante.

Je me dirige à la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner, afin de prendre mes médicaments. La dame de ménage qui vient tous les jours à 08h est déjà là.

-         Ton papa m’a dit de garder un œil sur toi, il a dit que tu ne te sentais pas bien

Je souris.

-         Papa croit que je suis encore un enfant.

-         Il t’aime ! si tu es trop fatiguée, je peux t’aider avec la nourriture aujourd’hui, me propose-t-elle

-         Non ça ira , papa a dit qu’on ira manger dehors, mentis-je sachant que papa n’accepte plus manger la nourriture de n’importe qui avec ce qu’il a vécu.

C’est bien compréhensif.

Avant mon arrivée, il allait manger chez tante Julie. D’ailleurs les seules personnes qui cuisinent pour lui sont mamie, tante julie et moi depuis quelques jours.

-         D’accord,  bois ton lait et repose-toi !

Elle s’éclipse avec son seau d’eau et la serpillère.

Je prends un bout de pain et un peu de lait mais j’ai aussitôt la nausée.

Je vais m’allonger au salon, m’enveloppant dans mon drap et espérant que le malaise passerait, discutant avec Jonathan qui se met en chemin en apprenant que je ne vais pas bien.

Il est 11H quand Jonathan arrive.

-          Ça va ? me demande-t-il inquiet en me trouvant allongée au salon

-         J’ai maintenant mal au ventre. Lui dis-je, mais ça va, assieds-toi. Tu aurais dû me voir marcher comme un canard tout à l’heure.

Il n’a pas l’air trop rassuré, mais s’assoit tout près, alors que je me redresse péniblement.

-         Tu es sûr que ça va ? répète-t-il

-         Oui, J’ai dû manger un truc qui passe mal…

-         Je n’aime pas te voir comme ça, me dit-il, tout comme quand tu es peiné….je n’aime pas te voir souffrir tout court.

Il soupire.

-         9 mois c’est long !

-         Vous avez déjà une date ? demandé-je triste

-         Moi je monte la semaine prochaine, me dit-il triste aussi, on m’a appelé pour un stage, je dois y être avant mercredi

-         Avant mercredi ? répété-je en me rendant compte de son imminent départ.

-         Oui , j’ai dû convaincre Sandra et Loïc de ne pas venir aujourd’hui pour nous laisser profiter du temps qu’il reste.

Dans un geste affectueux, il m’attire près de lui et je laisse tomber ma tête sur son épaule et il pose un baiser sur ma tempe, exactement comme papa.

-         Gracie, tu es brulante de fièvre, remarque-t-il, on devrait peut-être aller à l’hôpital…

-         Non, redonne moi juste un peu d’Efferalgan posé là-bas sur la table, je suis sûre que ça va passer !! lui dis-je en me rallongeant.

 

Antoine BOUMI

Je prends une pause au travail pour me rendre à la banque après le documentaire d’hier, j’ai beaucoup réfléchi en allant me coucher.

Les erreurs des uns sont souvent des leçons pour d’autres, en voyant cette famille sans le moindre sou dans les faits divers du quotidien, j’ai pensé à Grace. Avant je n’avais pas d’enfant, et donc pas de raison d’y penser mais aujourd’hui avec une Mélanie qui refuse de m’accorder le divorce, je pense à son avenir.

Ce fichu code civil, il aurait dû prévoir un article pour des personnes dans ma situation, là je vais devoir être patient si je ne veux pas qu’en plus d’avoir gâché ma vie, elle prenne aussi les économies de toutes ma vie.

-         Quelle est la démarche à suivre  pour ouvrir un compte à ma fille, elle a 17 ans ? demandé-je au conseiller que je trouvais à BICIG.

Il me tend une fiche des différentes pièces à fournir que je prends avec moi avant de prendre congé.

Quand je sors mon téléphone sonne. C’est le numéro de Grace.

-         Allo, chérie, ça va mieux ?

-         Bonjour monsieur, ce n’est pas Grace, je suis Jonathan un ami à elle, elle se sent très mal et on l’a emmené d’urgence dans….

-         Dites-moi où vous êtes et je vous rejoins !

Je conduis aussi rapidement que je peux.

Sur les lieux se trouve déjà Isabelle et Mireille qu’ils ont dû prévenir aussi, avec un jeune homme à peine plus âgé que Gracie que je suppose être mon interlocuteur de tout à l’heure.

-         Ils l’ont emmené faire une radio ! me dit Mireille. Tiens voilà le médecin qui arrive.

C’est un jeune homme d’une trentaine d’année, en blouse blanche qui tient une radio en main qui s’avance vers nous.

-         C’est une appendicite ! nous dit-il en soulevant la radio face à la lumière et en essayant de nous montrer ce que c’était sur la radio. On va devoir l’opérer de toute urgence !

-         Opérer ? dit Isabelle apeurée, y a pas un autre moyen…le bloc…

-         Nous devons l’opérer pour éviter d’autres complications ! explique-t-il

-         Faites donc ! lui dis-je, Docteur c’est mon unique enfant !

-         Ne vous inquiétez pas c’est une opération courante, elle n’est pas longue non plus et votre fille est dans de bonnes mains, essaye-t-il de nous rassurer.

-         On la prépare pour le bloc !  vous verrez tout se passera bien !

Il faut que tout se passe bien. Ces médecins ont intérêt à bien opérer ma fille.

L’opération dure environ 45 minutes qui me paraissent être de longues heures,  j’ai le cœur qui bat, je passe par mille émotions et sentiments en même temps, stress, peur …..Mais au final, c’est soulagé que j’apprends que l’opération est finie et qu’elle est en salle de réveil.

Quand on la transfère dans sa chambre une heure plus tard, nous pouvons enfin la voir, elle a l’air sonnée par l’anesthésie.

Isabelle avec qui nous, ne nous sommes échangés aucun mot, se met à son chevet ; lui caressant le front.

Interpellé par le médecin, je sors pour me rendre à la caisse de l’hôpital.

J’attends la caissière qui est allée chercher un papier dans la salle d’à côté quand j’entends des cris.

-         Oh le monsieur qui avait fait l’AVC là est mort, dit une infirmière triste o une autre

-         Ah bon hein !? fait l’autre, mais il semblait aller bien non

-         Oui gué, mais curieusement il a régressé en un rien de temps .

Les pleurs se rapprochent de plus en plus,

-         Désolé me dit la caissière en revenant, tenez voilà la facture

-         Merci , lui dis-je en réglant la somme

Quand je me retourne j’entends :

-         Toi  BOUMI,  toi ici ? le jour où mon père meurt !? Tout ça  c’est de ta faute.

Je fais face à une Mélanie en larmes.

C’est donc son père qui est mort ?

                             

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