Chapitre 27 : Entre union et désunion

Write by Auby88


David N'KOUE

Deux mois sont passés depuis ma rencontre avec Cynthia. Elle est officiellement ma nouvelle petite-amie.

Il ne nous a pas fallu longtemps pour que notre amitié se transforme en romance. D'habitude, je ne reste pas avec une femme pendant plus d'une semaine, mais là c'est vraiment l'exception.

Cynthia est le genre de femme dont tout homme rêve, à laquelle on ne peut ne pas s'attacher. Elle est douce, forte, aimante, très gentille, toujours souriante, travailleuse et surtout très bonne à la cuisine et une "bombe" au lit. Eh oui, ce dernier aspect reste très important moi. Je ne pense pas pouvoir me passer de jeux sous la couette dans une relation sentimentale.(Rires).


C'est la première fois de ma vie que je me sens aussi comblé, aussi aimé. Jamais auparavant, une femme ne m'avait fait autant d'effet. C'est peut-être tôt mais je ne doute plus sur le fait que je veux construire quelque chose de durable avec elle. Me marier et avoir des enfants, pourquoi pas ? (Rires). Je me sens tout drôle en pensant à cela.


Néanmoins, je ne peux affirmer que j'ai définitivement sorti Mélanie de mon coeur, même si je m'y efforce et que Cynthia aussi m'aide beaucoup dans ce sens. Un amour étendu sur tant d'années ne peut s'effacer juste en deux mois.


D'ailleurs, Cynthia sait que je ne suis pas éperdument amoureux d'elle. Je ne ressens pas ces "papillons" dans le ventre comme quand je voyais Mélanie... Mais je l'aime quand même, plus qu'une amie. J'aime sa compagnie. J'aime lui faire plaisir… Quoi qu'il en soit, je compte jour après jour l'aimer davantage.

 

Quant à cette "folle" de Mélanie, je n'ai plus aucune nouvelle d'elle et je ne compte pas savoir non plus. Elle doit être quelque part, heureuse avec sa fille. Un rêve finalement atteint, même si les moyens utilisés ne sont pas bons. Mélanie n'aurait pas dû agir ainsi. Malheureusement, plus entêtée et stupide qu'elle, je n'en connais pas.


J'imagine la douleur des da SILVA, surtout celle de Judith. Cette femme adore Sibelle. Elle est son tout. Elle est sa force. Elle est sa joie de vivre. J'ai toujours admiré cette "grande" femme. Car il faut vraiment être une grande femme, avoir un grand coeur pour aimer autant un enfant qui n'est pas sorti de vos entrailles, un enfant qui ne partage pas votre sang, un enfant que vous n'avez pas nourri de votre sein, un enfant dont la mère existe...


C'est vraiment dur pour une femme de ne pouvoir concevoir. Ce doit encore être plus dur de se voir enlever un enfant qui vous redonnait sourire et espoir en l'avenir.


J'espère vraiment que Judith ne va pas sombrer. Ce serait bien dommage pour elle et pour Arnaud. Car si elle sombre, leur couple en pâtira, malheureusement.


La voix de Cynthia me tire de mes pensées :

- "Doudou moin", je suis prêt.

Elle sort de sa chambre à coucher et s'avance vers moi dans une robe en pagne wax très tendance qui lui sied bien : une robe à manches bien réussie qui séduit par le col et les revers de manche en blanc.

- Tu es splendide ! dis-je en l'embrassant. Je suis sûr que maman ne trouvera rien à redire.


Eh oui, j'ai décidé de concrétiser notre relation en la présentant à mes parents. Cela se fera autour d'un déjeuner familial. Ils ont bien hâte de la rencontrer et Cynthia aussi.


- Je l'espère bien. Car si j'aspire un jour entrer dans ta famille, il faudra d'abord que tes proches, en particulier ta mère, m'acceptent.

- Quoi qu'il en soit, le choix final me revient. Une vie de couple est avant tout une vie à deux.

- Tu es un amour, David !

Nous joignons nos lèvres quelques minutes, puis nous quittons son appartement...



Cynthia DOSSOU

Tout autour de moi, je regarde. On se croirait dans la huitième merveille du monde avec ce domaine si vaste, tout ce luxe, cette architecture digne d'un film hollywoodien. (Rires). J'espère que je n'exagère pas. En tout cas, on se croirait partout, sauf au Bénin.

Dans l'endroit prévu pour garer les bagnoles, je remarque trois nouveaux modèles hors de prix.

En voyant l'appartement si simple et la voiture démodée de David, je n'aurais jamais pensé qu'il était issu d'une famille aussi riche. Je me demande pourquoi il n'en profite pas, pourquoi il ne m'en fait pas profiter. Certes, j'ai un boulot qui paie bien, David n'est pas ringard, il s'occupe bien de moi, m'emmène parfois dîner dans de beaux restaurants, mais il peut mieux faire. Ça c'est sûr ! En tout cas, désormais je veillerai à ce que les choses changent !


- Bonjour, maman ! dis-je quand David me présente à sa mère.

Elle me scrute attentivement.

- Bonjour, ma fille ! Sois la bienvenue, dit-elle en souriant.

Je lui rends son sourire.

- David m'a beaucoup parlé de toi, intervient le père. C'est un réel plaisir de te rencontrer et de t'accueillir dans notre humble demeure. Asseyons-nous.


Pour des gens riches, je les trouve plutôt très humbles. Et son père est plutôt très beau, malgré son âge. Je vois d'où David tient son charme.

- Merci, papa.

- Je suppose qu'il t'a amenée ici dans son vieux tacot.

- Euh ! dis-je.

- Papa, ne recommence pas ! réplique David.

- Je me demande quand tu arrêteras de vivre comme un miséreux, alors que tu peux t'offrir une vie de rêve !

- Je ne manque de rien et Cynthia non plus. C'est mon choix de vie et jamais je ne la laisserai mourir de faim.

- Arrêtez, je vous en prie. Ce n'est ni le lieu, ni le moment ! intervient la mère.


D'autres gens s'amènent. Un homme très élégant avec un air de ressemblance avec David, même si sa barbe courte semble mieux taillée que celle de mon homme. C'est sans doute son frère. Il est suivi de deux femmes. L'une métisse me semble être son épouse. L'autre, grande de taille et bien coquette, me rappelle la mère de David. Ce doit être sa soeur.


Nous nous levons pour les présentations. Je ne me suis pas trompée. J'apprécie déjà beaucoup le monde familial de David.


Nous passons à table, puis allons nous asseoir sous une paillote derrière la maison. J'aperçois pas loin une chapelle et une énorme piscine à débordement dans laquelle j'ai bien hâte de nager. Près de mon homme, je me trouve. Sa mère me fait face. Elle me dévisage en continu. La première à parler c'est elle. A David, elle s'adresse.


- David, il me semble qu'il manque quelqu'un d'important à cette réunion familiale : Mélanie.


La simple évocation de ce prénom trouble ma quiétude. Pas que la mienne. Mais aussi celle de David. Même s'il s'évertue à me rendre heureuse jour après jour, je sens qu'il ne l'a pas complètement oubliée. Mais, je ne m'avoue pas vaincue. Je finirai bien par la remplacer dans son coeur, par l'effacer de ses pensées les plus secrètes.


- Mélanie n'est qu'une amie, pas un membre de la famille ! réplique-t-il.

- Et depuis quand ? s'enquiert son père.

- Depuis qu'elle et lui sont en froid ! lance sa petite-soeur.

David la lorgne. Elle détourne son regard. Je me rends compte que cette Mélanie occupe une place de choix au sein des N'KOUE.

- Ah bon ! demandent simultanément le père et la mère.

- Ecoutez, le moment n'est pas propice pour des explications. Vous avez souhaité voir Cynthia. Elle est là.

- Ne nous en veux pas, Cynthia.

Mon futur beau-père tente bien que mal de recentrer la discussion.

- Alors, tu es psychologue !

- Oui, papa.

- C'est admirable !

- Merci.

- Moi, pour ma part, reprend la mère, je n'ai jamais aimé les psychologues.

Vexée, je suis. Mais je ne le montre pas. David serre ma main, un signe de soutien. Je laisse madame N'KOUE continuer.

- Ces gens aiment s'approprier les pensées des autres. Et en plus, ce sont des gens très jaloux. J'espère que ce n'est pas ton cas, Cynthia !

- Non, maman.

- Cela me rassure car la jalousie, surtout excessive, est nuisible dans un couple.


En réalité, je suis jalouse, hyper jalouse. C'est d'ailleurs pour cela que mes relations précédentes n'ont pas tenu longtemps. Mais avec David, c'est différent. Il me respecte beaucoup et ne m'a pas donné de motif d'être jalouse. Du moins pas encore. C'est vrai qu'il y a l'ombre de cette Mélanie qui plane sur notre couple, mais tant qu'elle est bien loin, je ne me plains pas.

- Dis David, intervient le grand-frère resté muet depuis, j'ai une question qui me trotte dans la tête : ton amour de longue date pour Mélanie s'est-il volatilisé par miracle ?

David le toise longuement avant de répondre :

- Cher Paul, sache pour ta gouverne que tout change, tout évolue. Seuls les imbéciles ne changent pas !

- Peut-être, grand-frère, mais cela ne s'applique pas toujours en amour !

- Ariane, qu'est-ce que t'en sais toi ?  rétorque David.

- Ça suffit ! crie le père.


Une famille de "ouf" que celle de David !


- Oui, tu as raison papa. J'en ai bien marre. Je pensais que vous seriez tous heureux de me savoir engagé avec quelqu'un. Mais je vois que je me suis trompé. Sachez une bonne fois pour toutes que Mélanie DALI ou Margareth IDOSSOU ou je ne sais quoi encore n'existe plus pour moi. Celle que j'aime à présent, celle que vous verrez désormais avec moi, que cela vous plaise ou pas, c'est elle (me montrant du doigt) Cynthia DOSSOU. Alors, bonne journée !

- David, attends ! supplie la mère.

Trop tard, il me tire par la main et nous rejoignons son véhicule. En trombe, il démarre, mais s'arrête quelques minutes plus tard dans un coin de la rue.

- Je suis désolé, Cynthia, que tout se soit fini ainsi. Mais je ne supportais vraiment plus toutes ces bêtises.

- Ne t'inquiète pas, dis-je en souriant. Chaque famille a sa particularité. Tout ce qui m'importe c'est que tu m'aimes et que tu me le démontres chaque jour un peu plus.

- Oui, Cynthia, je t'aime.


En tout cas, ce déjeuner quelque peu raté, me m'a pas découragée. Je compte bien obtenir les bonnes grâces de ma future belle-famille.

- Cela te dirait un petit moment détente dans mon appartement ? J'ai acheté de la lingerie assez sexy hier et j'aimerais avoir ton avis là-dessus. Tu vois ce que je veux dire.

- Oui, ma belle, et je ne me ferai pas prier pour cela. Allons-y.



*****

Arnaud da SILVA


Deux mois se sont écoulés depuis. Pas de nouvelle de Margareth ou de Sibelle. Volatilisées. Les recherches ne donnent rien.


Quant à mon couple, plus rien ne va.

Judith est méconnaissable. Elle ne me parle presque plus et s'enferme des heures dans la chambre de Sibelle. Moi, je suis obligé d'aller tous les jours travailler à la banque, vu le poste de responsabilité que j'y occupe. Là encore, Judith trouve que je suis insensible à ce qui se passe. Pourtant, c'est faux. Je souffre autant qu'elle même si je ne le démontre pas.


Ces temps durs, nous devons les passer ensemble soudés, mais Judith préfère souffrir seule dans son coin. J'ai bien peur qu'elle finisse par faire une bêtise. Et le comble, c'est ma mère qui ne rate aucune occasion pour venir calomnier et humilier ma femme. J'ai même dû lui interdire l'accès de la maison, mais elle continue de venir en mon absence. Afi me l'a confirmé plusieurs fois.  


Du boulot, je viens d'arriver. Fatigué. Je monte directement en haut frapper à la porte de Sibelle. Je sais que mon épouse s'y trouve encore.

- Judith, ouvre-moi s'il te plaît.

Rien. A nouveau, je cogne. Elle ouvre et je la vois tirer une valise vers moi.

- Qu'est-ce que c'est, Judith ? m'enquiers-je.

- Je n'ai plus rien à faire ici. Je m'en vais.

- Quoi !

Je suis tout affolé.

- Plus rien ne me retient ici. Je m'en vais. Je te facilite la tâche. Tu peux dès demain faire venir ici la jeune femme que ta mère dit avoir choisi pour toi et qui n'est pas une "rivière tarie" comme moi !

- Qu'est-ce que ma mère a bien pu te mettre dans la tête ?

- Peu importe, Arnaud ! Tout ce que je sais, c'est que je ne supporte plus de vivre avec toi, de devoir toujours agir comme ton ombre, de devoir supporter les insultes et regards moqueurs de ta mère et de tout le monde.

- Mais moi, je me fiche de tout cela Judith. Je t'aime, tu sais.

- Moi, je ne sais plus ce que je ressens pour toi. D'autant plus que j'ai perdu une partie importante de moi, celle qui me donnait force pour tout supporter.

- Ne dis pas cela.

J'essaie de la prendre dans mes bras.

Elle me repousse.

- Non, j'ai pris ma décision. Laisse-moi partir.

- Je ne peux pas, Judith.

- J'en ai besoin, Arnaud. J'étouffe ici.

- Je t'en supplie, Judith ! Ne me fais pas cela. Nous avons plus que jamais besoin d'être unis.

- Je suis désolé, Arnaud. Je suis décidée à partir.


 Je ne sais plus quoi faire. Je m'écarte un peu de son chemin. Elle sort la valise. Il me faut la faire réagir.


- Sache que si tu pars, tu ne pourras plus revenir. Tu en es bien consciente ? dis-je, en affichant un visage en colère.

- Oui, mais je pars quand même. Adieu !


Je reste là immobile, la regardant s'en aller, mon cœur brisé en mille morceaux. Là, je suis vraiment en colère contre elle. Il vaut mieux qu'elle s'en aille au final, la traître. Oui, parce que pour moi, je ne vois pas d'autre mot pour qualifier quelqu'un qui vous rejette depuis alors que vous souffrez comme elle, et qui n'hésite pas à vous abandonner après avoir prononcé des voeux devant l'autel, devant Dieu...













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